Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

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Catherine P.
31 mars 2025
Textes d'ateliers

Je me souviens de Mario, le locataire de mes parents. De nature immuablement heureuse, il comblait de vie le fond de notre cour. Il était de ces hommes rudes aux traits gravés par les intempéries et aux mains rabotées par le mortier. Chaque maison, chaque construction avait imprimé sa marque dans l'...

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Sylvie Reymond Bagur Disparition
28 mars 2025
Retrouvez la bibliographie et des textes extraits de nouvelles d'Anouk en suivant ce lien. Vous pouv...
Invité - Françoise Gailliard De dos
17 février 2025
Tout est là dans cet astucieux texte court : la fine observation de la petite personne, une première...
Invité - Véronique 343
3 février 2025
Bonjour, Ce texte sait trouver les mots et le rythme pour faire ressentir le fracas des sentiments e...

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28 mars 2025
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Deux voix s’ouvrent pour l’écriture, ou plutôt trois. Commençons par la plus généreuse -  la moins en vogue - la puissance du Verbe, le mouvement que porte en elle la profusion des mots des sonorités et des images quand elle n’est pas gratuite. Et puis la voix moyenne, contemporaine, celle qui se calque sur l’oralité de tous les jours, un usage simple de la langue, direct, la commodité d’un langage transparent sans musique ni ellipse, laissant toute la place à l’histoire et à ses personnages, à la psychologie, le suspense et l’intrigue. Et enfin la voix suggestive, l’écriture qui se concentre autour des vides qu’elle prend soin de créer, ces écritures avec sous-textes, écritures allusives, fortes des espaces laissés au lecteur, au lecteur patient et attentif qui aime être sollicité -le vrai lecteur ? Car, comme l’explique Vladimir Jankélévitch : "Les lacunes que nous comblons nous-mêmes agissent sur notre imagination comme un vide attirant et exaltent les puissances de rêve qui sont en nous." Faire confiance au Verbe, ne s’en servir que comme d’un outil le plus neutre possible ou pratiquer la brachylogie* (prise en sons sens le plus large d’ellipse) ? Écrire, c’est viser un peu de ces trois cibles, chaque style d’auteur composant sa palette.  Brachylogie : provient du latin brachylogia, « Brièveté dans l’expression ». Il s’agit d’une figure de rhétorique, plus précisément une ellipse consistant à ne pas répéter un élément de la phrase comme ci-dessous : "Sa tête se mit à tourner, son cœur à battre fort."  {loadmoduleid 197} 
06 mars 2025
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Écrire : le défi des pleurs et des larmes Illustration : La Descente de croix, Rogier van der Weyden (détail) « C’est tellement mystérieux le pays des larmes… » Le Petit prince, Antoine de Saint ExupéryLes larmes ne pourraient-elles pas, détrônant ainsi le rire, être proclamées le «  propre de l’homme » ? Quelles questions les larmes posent-elles aux relations humaines, sociales ou intimes et par là, à l’écriture ? À la fiction ?   Les mots, le vocabulaire des pleurs— Le  « plorer » du Xe siècle, issu du latin plorare, « crier, se lamenter, gémir » devient « pleurer » au XIIe siècle : verser des larmes sous l’effet d’une douleur physique ou morale, d’une émotion violente. Pleurs et larmes ces « « humeurs liquides qui s’écoulent d’une glande de l’œil » semblent déjà irréversiblement liés.— Curieusement « larmer » a disparu, « pleurer » a pris toute la place, plus doux peut-être ? K. Huysmans, toujours friand de mots rares, l’utilise pourtant dans « En Rade ». Pour revenir peut-être à la réalité des pleurs ? À l’écoulement, au mouvement physique ?   Des expressions et des pleursOn peut pleurer à chaudes larmes, verser toutes les larmes de son corps ou juste avoir la larme à l’œil, être bête à pleurer, verser des larmes de joie ou des larmes de crocodile, être sur le bord des larmes, pleurer comme un veau, pleurer amèrement, pleurer sur son sort, pleurer des larmes de sang, avoir des larmes dans la voix ou une crise de larmes, il existe des larmes qui nous brouillent la vue,  on peut pleurer comme une Madeleine ou comme une fontaine, se rendre au bureau des pleurs, pleurer de rire, ou rire aux larmes, fondre en larmes (et voir changer de matière son corps ?) croire qu’en pleurant on pissera moins, avoir des larmes de joie, parcourir la vallée des larmes, être au bord des larmes, les ravaler quand elles nous montent aux yeux. Il reste encore le si poétique « Frôler les larmes »…Finalement, il s’agit simplement « d’Être » en larmes. Puis, un jour, de sécher ses larmes.   L'imaginaire des mots du "pleurer" Larme : un mot qui reste ouvert, comme en suspens. On y sent la larme apparaitre se gonfler, se détacher.La larme, la goutte de chagrin, l’émotion matérialisée, un  mot comme une sorte de bijou de souffrance. Profondeur de l’émotion, matière délicate.Transparence.Elle se forme, se sépare, roule, il y a une vie de la larme.Et puis  objet-larme, objet de peintre - comme le tissu - peindre la larme, c'est faire une prouesse, montrer du savoir-faire, maitriser l’illusion de l’émotion, un exploit qui se place quelque part.. entre le sec et le larmoyant, entre l’absence de manifestation et son débordement qui lui faire perdre sa signification, sa force. Il y a le torrent de larmes, et puis la larme unique, précieuse,une sorte de chagrin pur, essence de chagrin. La larme, la goutte de chagrin s’écoule sur son chemin de joue.Délicatesse ondoyante sur une peau parcheminé ou fruitée,elle s’étire, marque le poids de l’émotion dans sa forme de poire tansparente,lanterne magique ou se reflète l’âmeManifestation, preuve ou mesnsonge. Les pleurs, moins condensés que la pluie et sa douceur liquide. Pleurs, un mot qui se perd. Qui s'est perdu.Est-ce que les animaux pleurent ? J'ai vu la larme d'une brebis couchée, mourante, tombée de la falaise. Larme du dernier souffle et de la souffrance. Coulée d'humanité ? Du point de vue littéraire, pleurer éloigne, neutralise un peu. Les pleurs sont plus concrets et puis il y a la  larme, l'arme, si proche de la lame.  La  goute de chagrin, finalement, j'y reviens.   Et la physiologie des larmes ? Liquide constitué essentiellement d’eau salée et ionisée, il existe trois sortes de larmes, toutes trois réflexes avec des mécanismes et des buts différents.— Les larmes qui servent à humidifier, lubrifier, oxygéner nettoyer la cornée. Présentes en permanence, ce sont des sécrétions que nous partageons avec les animaux. — Les larmes produites sous l’effet d’une agression extérieure par exemple le gaz dégagé par l’oignon ou une poussière dans l’œil. Porteuses d’anticorps et d’enzymes antibactériens, elles sont utiles pour défendre, protéger la cornée. — Les larmes liées à une joie ou un chagrin, celles qui nous intéressent. Ces larmes sont aussi réflexes : des sécrétions liées aux émotions  ! « Mais son cœur était soulagé, et de ses yeux coulaient des larmes qui tombaient sur ses mains ». F.Nietzsche Une mutation génétique s’est produite dans l’espèce humaine il y a des centaines de milliers d’années. Une erreur a connecté le système limbique – les régions cérébrales qui ressentent, détectent et expriment des émotions – aux glandes lacrymales. Cette erreur s’est reproduite, un gène a muté et cette mutation a dû présenter des avantages puisque, la sélection naturelle ne s’en est pas débarrassée !Si les animaux peuvent gémir, crier, hurler, aucun ne verse des larmes d’émotion, pas même nos plus proches cousins, les primates. Les pleurs renvoient à l’humanité ou peut-être est-ce l’inverse l’humanité s’est faite par les pleurs ? "J’avance dans la ruelle des couloirs, raide dans ma tenue tel un GI mal costumé. Et puis sur le seuil de ta chambre, haut du cœur, haut du corps, le spasme, le même encore, le temps de l’étonnement douloureux, les larmes montent, leur marée pousse jusqu’au bout des yeux, le corps subit la vague. Je frissonne, une fois encore la vue s’embue. D’où vient ce flot si puissant que je me tétanise ?" Extrait de mon roman,  L’Autre d’une femme. L’origine des pleurs se trouve donc dans le cerveau. La tristesse est l’une des émotions dont les neuro scientifiques ont découvrent la nature chimique au travers du rôle des neurotransmetteurs qui se modifient face à une nouvelle grave, un choc émotionnel. Ces processus cérébraux, qui agissent un peu comme des antidouleurs, s’accompagnent de manifestations corporelles (gorge serrée, boule à l’estomac, respiration réduite) et parfois, ce message nerveux fait couler des larmes.Elles ont une composition différente des autres larmes avec plus de protéines et d’hormones qui agissent sur la douleur. On retrouve également dans ce type de larmes les molécules responsables du stress ou des toxines apparues sous l’effet du stress. On pleure beaucoup dans l’enfance, en vieillissant, on produit moins de larmes, on pleure moins, mais on peut larmoyer. Quels sont donc les effets physiologiques des pleurs ? Une sorte de catharsis physiologique : antidouleur, relaxation, élimination de toxines du stress…Les larmes, sorte de protecteur psychique, nous laissent épuisés, à cause, bien sûr de la situation qui a provoqué les larmes, mais aussi de la libération d’hormones qui vont provoquer l’accélération du rythme cardiaque, la dilatation des vaisseaux sanguins et la production d’énergie à partir de nos réserves de glucose et d’acide gras, une dépense énergétique correspondant à une sensation de fatigue. Certaines théories affirment même que pleurer conduirait le corps à libérer des endorphines de bien-être, celles qui sont libérées par l’exercice ou le sport. Il est vrai également que pleurer fait travailler des muscles habituellement peu mobilisés comme ceux du menton, de la poitrine ou de l’intérieur de la gorge.Pleurer permet donc de retrouver un état d’équilibre émotionnel. Tous ces mécanismes contribuent à diminuer les tensions psychiques : tristesse, anxiété, angoisse, peur, y compris les tensions positives : joie, rire…Vertu de libératrice des larmes ? Dimension physique et haute densité psychique ! « Pleure afin de savoir ! Les larmes sont un don. Souvent, les pleurs, après l’erreur ou l’abandon, raniment nos forces brisées ! » Victor Hugo Pleurs et féminité  L’enjeu de genre ! Les hommes qui "ne pleurent pas" et puis se mettent à pleurer.Les larmes contiennent des hormones de stress dont elles permettent de réduire la concentration dans le corps, en particulier la prolactine, hormone responsable de la lactation après l’accouchement, de l’absence d’ovulation et du déclenchement des larmes. La lactotransferrine, hormone régulant la production de lait, est aussi à l’origine de cette surproduction de larmes chez les femmes. On peut aisément imaginer que ces deux substances se trouvent en moins forte concentration chez les hommes ! C’est pour cette raison biologique que les femmes pleurent entre 4 et 8 fois plus que les hommes à l’âge adulte et elles pleurent plus longtemps et avec moins de retenue.Habitudes sociales, codes culturels, éducation spécifique et biologie ne sont donc pas ici tout à fait étrangers… Dans certaines cultures, « les pleureuses » sont encore appelées pour pleurer les morts. Pleurer est alors un travail, un rôle social aussi. Une "histoire des pleurs" ?Acceptées chez les soldats homériques et romains (Priam vient implorer Achille pour avoir le corps de son fils Hector, Achille pleure son ami Patrocle, les exemples sont très nombreux dans l'Iliade et l'Odyssée) les larmes sont, au Moyen-âge, fortement liées à la foi, à l’émotion spirituelle au travail de deuil. On observe un mouvement de laïcisation au XVIIe. Les larmes deviennent une preuve d’humanité et garantissent la valeur morale de celui qui les verse. Le siècle suivant, avec notamment Rousseau, loin de se contenter d’entériner cette évolution, la radicalise de façon saisissante en promouvant une véritable « morale du sentiment ». Désormais, ne pas pleurer dans des circonstances touchantes, c’est se montrer dépourvu d’une « sensibilité » donnée pour “premier fondement de la société et revient à s’exclure de la communauté vertueuse et à sombrer dans ce que le XVIIIe siècle nomme la barbarie.En ce qui concerne l’art, c’est surtout la promotion du pathétique, conçu désormais comme catégorie esthétique autonome, qui, en donnant les moyens de penser un plaisir qui ose enfin s’avouer pour tel, débarrasse définitivement le langage des larmes de sa soumission à « une culture du refoulement ». Le pathétique devient progressivement, durant le dernier tiers du XVIIe siècle, “une catégorie esthétique à part entière, dégagée de toute visée morale ou religieuse”, il devient enfin possible de décrire librement, indépendamment de tout horizon éthique, dans le cadre d’une rhétorique adulte et désormais soucieuse de penser l’esthétique comme objet d’étude autonome, la volupté des larmes  !  En instituant “la promotion esthétique de la sensibilité  », cette autonomisation du pathétique favorise de façon décisive l’envahissement de bon nombre d’ouvrages du siècle suivant par le langage des larmes .Le partage net entre un masculin qui ne pleure pas et un féminin associé au pleur facile, allant ainsi plus loin encore que la biologie, s’installe notamment à partir du XIXe. Le langage des larmesIl faut noter le lien des mécanismes des larmes avec le nerf facial, avec le nerf maxillaire supérieur, ce qui explique le surgissement d’expressions particulières, de mimiques spécifiques liées au fait de pleurer. Les larmes forment ainsi une partie d’une expressivité globale de la souffrance et de la douleur.Des formes primitives (signal de douleur ou de détresse), les pleurs sont devenus une forme de communication élaborée dont on peut penser qu’elle a contribué à renforcer les liens sociaux et ainsi à permettre à nos ancêtres de survivre et de prospérer. Il peut prendre le relais du langage verbal : on peut pleurer sous le coup d’une émotion qu’on ne peut parvenir à verbaliser, lorsque “les mots ne viennent plus.” Le langage des larmes, considéré comme un système de signes “muets”, assure une communication dans un environnement socioculturel donné : il dépend d’un système de règles, de normes et de modes en vigueur à une certaine époque et dans une certaine culture. Grâce à nos larmes, l’autre peut capter le message de souffrance, le degré d’émotion que nous vivons. Là où nous n’avons plus ou peu de mots, les larmes prennent en charge la communication humaine et permettent, d’autant plus que l’interlocuteur est à l’écoute, un ajustement de ses réponses envers l’autre, favorisant par là même un échange empathique. Le lien entre pleurs et visage est devenu un élément essentiel de la communication : un moyen crucial de déchiffrement de l’émotion, de la douleur de l’autre. Les larmes s’écoulent et c’est comme si quelque chose de l’intériorité se matérialisait.   Les larmes : vulnérabilité ou moyen de pression ? “À lire nos anciens, il semble que les hommes aient beaucoup pleuré. Ce n’est plus de mise. Il n’est pas grand monde pour larmoyer dans les romans contemporains comme dans la vie. Cette effusion est mal vécue. L’époque se veut cynique. Sous le prétexte d’une affreuse pudeur, on aura rayé, en condamnant les larmes, ce dernier signe corporel des vastes émotions incompressibles dans de si petits corps. Le mâle surtout, et mystérieusement, n’a plus ce droit. Il sera bientôt réduit à sa plus simple expression. Il bande, éjacule et meurt – activité de gibet. Je n’ai pas eu cette chance. Je suis des rares qui osent encore. J’en suis à mon quatorzième lacrymatoire gallo-romain offert en cadeau de rupture. C’était ce matin, au réveil, après avoir écouté une nouvelle fois la chère voix de Rodogune au téléphone j’ai fini par sangloter – l’émotion vibrante m’épuise, comment arriver jusqu’à la Nuit, par quel chemin et dans quel état ?” Michel Castanier Les larmes, sécrétions réflexes (sauf chez certains comédiens ou antiques pleureuses), nous livrent, nous libèrent, nous servent, nous révèlent, nous rendent perceptibles. Elles posent la question de la passivité / l’activité, de la force /la faiblesse. Par nos larmes, nous apparaissons dans notre vulnérabilité : pleurer c’est montrer une perte de contrôle sur nos émotions, une perte de défense. Laissant de côté le monde des apparences, de la bienséance, les larmes sont parfois des moments de vérité. “PLEURER. Propension particulière du sujet amoureux à pleurer : modes d’apparition et fonction des larmes chez ce sujet.Je, moi qui pleure toutes les larmes de mon corps” ? ou verse à mon réveil “un torrent de larmes” ? Si j’ai tant de manières de pleurer, c’est peut-être que, lorsque je pleure, je m’adresse toujours à quelqu’un, et que le destinataire de mes larmes n’est pas toujours, Je même : j ’adapte mes modes de pleurer au type de chantage que, par mes larmes, j’entends exercer autour de moi.En pleurant, je veux impressionner quelqu’un, faire pression sur lui (“Vois ce que tu fais de moi”). Ce peut être - et c’est communément - l’autre que !” on contraint ainsi à assumer ouvertement sa commisération ou son insensibilité; mais ce peut être aussi moi-même : je me fais pleurer, pour me prouver que ma douleur n’est pas une illusion : les larmes sont des signes, non des expressions. Par mes larmes, je raconte une histoire, je produis un mythe de la douleur, et dès lors je m’en accommode : je puis vivre avec elle, parce que, en pleurant, je me donne un interlocuteur emphatique qui recueille Je plus « vrai » des messages, celui de mon corps, non celui de ma langue : « Les paroles, que sont-elles ? Une larme en dira plus. » » Roland Barthes, Éloge des larmes Sincérité des pleurs?Larmes de crocodile : voici l’expression qui pose le soupçon sur les pleurs ! Elle proviendrait d’une légende de l’antiquité dans laquelle les crocodiles, cachés dans les hautes herbes du Nil, auraient attiré leurs proies par des gémissements et des plaintes. Une autre explication, moins poétique, affirme que, lorsque le crocodile ouvre très grand sa mâchoire pour croquer sa proie, il appuierait sur ses glandes lacrymales, déclenchant la production de larmes. Quoi qu’il en soit, ces deux explications ramènent au fait que les larmes de crocodile n’ont rien à voir avec une tristesse sincère, mais qu’elles illusionnent, cherchant à émouvoir de façon hypocrite quelqu’un pour le tromper. Le soupçon de duplicité de dissimulation et de mensonges existe depuis les premiers moralistes. Les larmes, fausse faiblesse et vraie puissance, se révèlent de formidables machines de manipulations de l’autre. L’extériorisation des sentiments, des émotions, peut être un moyen de pression, de culpabilisation. Sur le plan physiologique déjà, les pleurs dégagent un signal chimique volatil dont la perception par un autre individu, par le biais des récepteurs de l’olfaction serait à l’origine d’un effet sur son état d’esprit. On peut rappeler qu’une équipe de chercheurs du Weizmann Institute of Science, en Israël, a pu démontrer que les larmes des femmes envoient des signaux chimiques volatils, qui entraîneraient une chute de la testostérone chez l’homme, induisant par là même une baisse de libido.   Les larmes comme une arme ?Voici une sorte de « nouvelle tendance » que j’ai trouvée dans plusieurs livres et émissions récentes : les larmes comme arme politique. En voici un exemple dans un livre qui vient de sortir « L’Amour et la révolution » de Johanna Silva, l’ex-compagne et ex-attachée parlementaire du député de la Somme François Ruffin : « J’avais un nouveau cheval de bataille qui m’était propre : je voulais défendre l’humanité, la vulnérabilité, la bienveillance au sein du monde politique. Je sentais bien que ce n’était pas une niaiserie, qu’il y avait quelque chose à creuser. (…) J’en étais même venue à considérer mes pleurs intempestifs comme une arme. » Un rapport aux larmes, une vision des larmes, qui fait réfléchir… Quelques pistes d'écriture des larmes et de réflexion...— Mystère du surgissement, de la matière, de l’odeur des larmesForme des pleurs : sanglots ? Écrire comme des sanglots ? Poétique des larmes ?— Le moment des pleurs : immédiat, l’après-coup. Moment de pleurer ou pas ? Trop tard ? Sa durée ? Trop long ? Trop bref ?— Retenir, garder, refouler ? Surgissement des larmes : « être pleuré ? » — Être l’otage, captif de ses larmes ? — Épanchement, faiblesse, vulnérabilité. Répandre des larmes : pleurer, pleurnicher, s’épancher.— Laisser couler ses larmes, s’autoriser, ne pas même les sécher ou les réprimer.— Être submergé, débordé.— Fonte de l’identité sociale et personnelle qui craque, qui fond ?— Maitrise, souveraineté de soi ou sa disparition. — Censurer. Larme et volonté ? Aveu de faiblesse ou rage ?— Libérer, accueillir les pleurs— Pleurer = s’humaniser ?— Jamais seul quand on pleure ?— Pleur solitaire. Pleur privé, intime ? Se cacher. Larme et pudeur. Intimité des larmes et pourtant manifestation extérieure— Pleur et relation amoureuse ou amicale— Parler avec ses larmes, se taire et dire ?— Refus de voir l’autre pleurer.— Afficher ses pleurs comme un reproche. — Demander par les larmes : implorer, de justice de réparation.— S’excuser de pleurer— Prise de pouvoir : attendrissement, culpabilisation.— Appel à l’autre. Faire pression ou subir ?— Pleur social et dimension culturelle.— Émotion publique ou privée— Travail et temps du deuil. Pleurer les morts. — Les larmes du quotidien, la « vie embuée ? »— Déplorer : ressassement, lamentation.— Solidarité, contagion des larmes ? Communion par les larmes : pleurer avec, pleurer ensemble. — Pleurer au cinéma ou au théâtre. Catharsis ?— Politique et poétique, transformer le réel ou une relation ? Pas simplement une expérience de douleur : demande de consolation ou de justice, d’une future réparation— Larme comme arme politique ?— Absence, fin des larmes. Sécher ses larmes— Ne plus savoir pleurer ? Être bloqué.— Bonheur de pleurer dans un film de Truffaut : l’enfant avoue que pleurer, c’est un bon petit plaisir ! — Métaphysique des larmes ? « Au jugement dernier, on ne pèsera que les larmes ». Cioran.      {loadmoduleid 197}
01 mars 2025
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" «Vous dites vrai… mais c’était bon de votre temps. » reprit Véra, qui aimait à parler de « son temps » comme tous les esprits bornés qui sont persuadés que la nature des personnes se transforme avec les années, et qui s’imaginent savoir à quoi s’en tenir mieux que personne sur les singularités de leur époque… « Aujourd’hui... » ". Cette citation tirée de Guerre et Paix que je relis en ce moment est un bel exemple de réponse à ceux qui m'interrogent ou s'interrogent : mais pourquoi donc lire encore les classiques ? Sortir de l'illusion du caractère unique et supérieur du "contemporain" est une question qui a traversé toutes les époques.
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Sur les bords du lac Baïkal

Une isba. Une petite isba. Enfin, une cabane. Une cabane au bord du lac Baïkal, en lisière d'une forêt de cèdres, face au lac gelé. L'immensité. Le froid. Le silence. L'oncle Kusma accueille ses hôtes près du camion.

KusmaBonjour les enfants !

TatianaBonjour oncle Kusma! Je te présente Alexeï, mon compagnon.

KBonjour Alexeï. Enchanté.

Alexeï Bonjour oncle Kusma. Enchanté.

KVous avez fait bon voyage ?

TOui tonton, ça s'est très bien passé. Depuis Irkoutsk, 12 heures de route dans le vieux camion de Mikhaïl… un peu long… mais bien, ça s'est très bien passé.

K Allez, entrez vite, sinon vous allez prendre froid.

Tous les trois entrent dans la cabane. Tatiana, suivie d'Alexeï, puis d'oncle Kusma. Le Poêle. La hache, le fusil et le poignard accrochés au mur. La pendule. Le poste de radio.L'éphéméride marquant le 31 décembre.

K Pas trop de blizzard?

TSi, beaucoup de blizzard. Parfois, Mika avait un peu de mal à trouver son chemin.

K La glace n'a pas cédé ? Rire

T Ben non, tonton ! Nous sommes là ! Vivants ! Grands rires

KAllez… Installez-vous, qu'on discute un peu…

Le poêle chauffe à fond. Il est presque rouge. Il fait chaud. Très chaud. L'oncle Kusma, Tatiana et Alexeï s'asseyent sur les tabourets en bois à trois pieds autour de la table carrée. Il reste une place pour le 4ième joueur si on faisait une partie de cartes. A côté de la fenêtre, le buffet en formica jaune. Au sol, le lino bleu ciel. La lumière est blafarde. Il y a comme une odeur de vieux. Une odeur âcre, rance. La table est recouverte d'une vieille toile cirée fendillée de partout avec des motifs de chasse.

KEt si on fêtait votre arrivée, hein ?

Kusma saisit une bouteille sur le buffet et sert un verre de vodka à tous les trois.

KusmaAllez, trinquons à nos retrouvailles ! Znazdrovié ! Bonne santé à vous, les enfants !

Kusma, Tatiana et AlexeïZnazdrovié ! Znazdrovié ! Znazdrovié !

KAlors, dites-moi, les enfants, que devenez-vous ? Il paraît que vous êtes en France ?

TOui, tonton, nous sommes à Toulouse.

K Et alors, dis-moi, Tanya, pourquoi Toulouse ? Comment avez-vous atterri à Toulouse ?

TC'est Alexeï qui a dû partir pour de Moscou pour Toulouse. Tonton, je vais te faire saliver, Toulouse… c'est la capitale du foie gras !

K Hummm ! Il me tarde que tu me le fasses goûter, ton foie gras !... Mais, Tanya, tu me dis qu'Alexeï a DÛ partir de Moscou. Kusma accentue et laisse traîner le û de dû. On l'a obligé à le faire ?

Tanya et Alexeï sont gênés.

ANon, oncle Kusma, ce n'est pas exactement ça.

T Non, tonton, ce n'est pas exactement ça, nous aurions pu rester à Moscou, mais c'était un peu compliqué.

K Ah bon, un peu compliqué ?

Tanya et Alexeï se glissent un regard inquiet en se tenant la main.

ATanya, ce n'était pas compliqué, simplement, ce n'aurait peut-être pas été très simple.

TAlexeï, je trouve que tu compliques un peu les choses.

KSi je comprends bien, vous n'aviez peut-être pas vraiment le choix.

Alexeï se tourne et se retourne sur son tabouret. Tanya et Alexeï sont de plus en plus mal à l'aise.

AC'est un peu ça, oncle Kusma. Mais, pas vraiment.

TNon, pas vraiment, mais rester à Moscou, ça aurait peut-être…ça aurait peut-être pu être un peu risqué…

KRisqué ?

Alexeï se râcle la gorge. Il a une légère crispation à l'épaule.

ATanya, ma chérie, pourquoi tu dramatises ?...

TNon Alexeï, je ne dramatise pas.

L'odeur âcre s'affirme de plus en plus dans la cabane.

KAu fait… avez-vous des enfants ?...

Tanya et Alexeï sont soulagés, l'oncle Kusma ne connaîtra pas la raison de leur départ de Moscou. Kusma leur ressert un verre de vodka.

T + A + KZnazdrovié ! Znazdrovié ! Znazdrovié !

TNon, tonton… nous n'avons pas d'enfants… mais… pour ce qui est des enfants… toi, tonton… oui… heu… oui… heu…… heu………

Alexeï a un regard d'étonnement vers Tanya.

APourquoi dis-tu cela, ma chérie ?... je ne te comprends pas…

Tanya se replie sur son tabouret comme si elle avait peur de s'exprimer. Elle parle d'une voix très faible.

TQuand j'étais petite, je venais en vacances chez toi, tonton…

Kusma ne tient pas en place sur son tabouret.

K Et alors, tu n'étais pas contente de venir en vacances chez ton oncle Kusma?

Tanya hésite. Elle ne sait pas trop que dire.

TTonton, tu étais très gentil avec moi… tu étais très doux… parfois tu me…

Kusma coupe Tanya. Il a un spasme de bras. Son avant-bras trésaille.

KEt alors… ce n'est pas bien d'être gentil avec sa nièce ?

Tanya toujours hésitante, timide :Parfois… Parfois, tu me…

Kusma coupe encore Tanya. Son spasme augmente. Tanya bafouille.

TTonton… Tonton, tu me……

Kusma coupe encore une fois Tanya. Il toussote. Il essaie de faire diversion.

KAlexeï, tu fais quoi à Toulouse ?

Tanya prend de l'assurance.

TJe me souviens de tout… Comme si c'était hier… Tu me…

Kusma coupe à nouveau Tanya. Il blêmit de plus en plus.

AJe suis ingénieur. Je suis dans l'aérospatiale…

KAlors tu vas venir en stage à Baïkonour ?... rire crispé

Tanya veut garder la main. Elle s'affirme.

T… Parfois… tu allais très loin… tu me…

Kusma la coupe encore. Son spasme augmente de plus en plus. Le tic-tac de la pendule s'emballe quelque peu.

KEt si nous nous faisions un thé, maintenant ? Qu'en dites-vous les enfants ?

AOui, oncle Kusma… ça nous fera du bien… Ça nous détendra un peu……

Tanya est très contrariée. Elle est dépitée. Elle est blême. Elle jette un regard de haine vers son oncle. Elle jette un regard cinglant vers Alexeï. La lumière est de plus en plus blafarde.

Kusma est soulagé. Il lisse sa longue barbe blanche. Il a une tignasse hirsute et crasseuse.

KJe prépare le thé ! Et toi Tanya, tu es toujours danseuse ?

Tanya, surprise, bafouille.

TJe… Je… Oui… Je…

AOui, elle est toujours danseuse.

Tanya mécontente, se reprend.

T Mais enfin, chéri, je peux répondre toute seule.

K Pour toi, ce doit être moins bien qu'au Bolchoï ?

Tanya est une très belle jeune femme longiligne aux cheveux courts. Ses yeux gris-vert illuminent la cabane.

TOui, bien évidemment !

AOui, c'est moins bien qu'au Bolchoï, mais c'est quand même le Ballet du Capitole !

Tanya est irritée. Elle jette un regard noir à Alexeï.

TJ'ai dû faire un sacrifice… un immense sacrifice...

K Ah oui, à ce point, un sacrifice !?...

T Oui un sacrifice… J'ai dû faire un immense sacrifice … pour le suivre…

Alexeï contrarié.

A… « Pour LE suivre ! » … Je m'appelle Alexeï !

K… Je vois que ce n'est pas simple entre vous…

T Non, ce n'est pas simple… ce n'est pas agréable pour moi…

APas agréable pour toi ?

Tanya est courroucée. Elle se tourne vers Alexeï, la main en l'air comme pour le gifler.

TJe ne veux plus entendre parler de notre départ de Moscou ! Tu m'entends ! Ça suffit !

Kusma, la mine réjouie, arrive avec la théière.

KLe thé RUUUUSSSSE arrrrrrrrive…et voilà pour grignoter avec le thé… des skazkas… des mouraveïniks … Servez-vous, les enfants… servez-vous…

A Hummm ! Qu'est-ce qu'ils sont bons ! Dites-moi, oncle Kusma, vous êtes là depuis longtemps ?

KJe suis là depuis 15 ans.

A15 ans !?

KOui, ici, je ne suis pas dérangé… Je suis bien ici, seul… Seul… je suis bien ici…

Alexeï pointe le doigt vers la fenêtre.

AIl fait combien dehors ?

Kusma saisit le thermomètre sur le rebord de la fenêtre.

K-35°. Demain, la météo annonce un réchauffement à – 28°.

Rires de Tanya et Alexeï.

KEt si on sortait quelques instants avant que la nuit ne tombe ?

T Si tu veux, tonton.

AVolontiers, oncle Kusma.

Ils mettent leurs canadiennes, leurs grosses moufles et rabattent leurs capuches au raz des yeux.

AQue c'est triste ! Que c'est lugubre ! Que c'est sinistre ! Vous avez des voisins ?

Tanya est remontée.

TToi alors ! arrête tes provocations ! S'il te plaît, arrête tes provocations !... Je n'en reviens pas… C'est merveilleux… Le silence… Le froid… L'immensité… La glace qui craque… La solitude… Les taïgas… Un ciel de cristal…Et puis ce trou dans la glace… C'est quoi ce trou, tonton ?

K Si vous me posez des questions tous les deux en même temps, je ne vais pas y arriver… Alors, mon voisin le plus proche ?... C'est Ivan, Ivanovitch… C'est le garde-chasse… Il est à plus de 30 km…

En se tournant discrètement, Alexeï pouffe de rire.

AJe ne sais pas, moi, si je vivais ici, enfin… je trouve que c'est un endroit pour se suicider… rire étouffé d'Alexeï.

Tanya est outrée. Kusma est remonté. Le blizzard est glacial.

KToi, tu as dû lire Cioran, Sur les cimes du désespoirIci, c'est calme. Ici, c'est beau. Alexeï, je peux te dire que le luxe de l'ermite, c'est la beauté…et ceux qui s'agitent dans leurs villes, ils ne savent pas ce que c'est que le beau, ils ne savent pas déguster le beau.

Tanya a un regard presque tendre vers son oncle.

TTu as raison tonton. J'en connais un qui te provoque… Mais, il ne sait pas apprécier les belles choses. Il ne sait pas apprécier le beau. Au fait, tonton, je t'ai posé une question : ce trou dans la glace, c'est quoi ?

Kusma a un regard complice vers Tanya.

KMa petite Tanya, ce trou dans la glace, c'est pour mon bain du 1ier janvier. Le bain, c'est le contraste entre le feu et la glace. C'est excellent pour la santé. Ma chérie, si tu veux me suivre demain matin, je serai heureux que nous prenions notre bain ensemble, tous les deux !...

Alexeï remonté et peut-être un peu jaloux :Mais, vous êtes fou ! Vous baigner dans l'eau glacée ! Vous baigner à votre âge ! C'est de la pure folie ! Vous êtes un vieux… Et puis n'essayez pas d'entraîner votre nièce, sinon

Tanya saisit Alexeï et le secoue violemment.

T S'il te plaît, arrête d'insulter mon oncle. « C'est de la pure folie… Vous êtes fou… Vous êtes un vieux… ! » Mais tu te prends pour qui ? Arrête, je te prie!

KTanya, laisse-le tranquille… Tanya, rentrons, nous allons prendre froid.

Tanya glisse son bras sous le bras de son oncle.

TOui, tonton, tu as raison. Allons-y. Rentrons.

Tanya et oncle Kusma reviennent à la cabane. Le soleil se couche au-dessus des taïgas. Le ciel est d'encre. Le blizzard souffle. Le poêle ronronne. Après quelques instants, Alexeï entre. Tous les trois s'asseyent autour de la table dans le silence. Un long silence. Les bûches craquent dans le poêle. Invariablement, la pendule scande les secondes.

AEt si on se mangeait une soupe pour nous réchauffer?

T Oui, si tu veux.

Alexeï met la soupe sur le poêle.Kusma prend la bouteille de vodka sur le buffet. Tanya lui saisit le bras et l'empêche de se servir.

TNon tonton! Non! Ça suffit Tonton !

Kusma reste hébété.

TElle est bientôt chaude ?

Alexeï se lève pour remuer la soupe.

AOui, bientôt.

TOn va bientôt pouvoir la manger ?

AOui, bientôt.

TIl ne faudrait pas qu'elle soit trop chaude.

Alexeï remue la soupe.

Aça y est, elle est chaude. On va pouvoir la manger.

Alexeï met les bols sur la table, et il sert la soupe.

AElle est bien chaude.

TOui, elle est bonne.

Kusma est attendri devant Tanya et Alexeï mangeant leur soupe.

Kça va vous faire du bien.

ça va vous faire du bien…ça va vous faire du bien… »… sans doute que ça va nous faire du bien… mais avec toutes vos histoires…

Tanya est remontée et déterminée.

T« Vos histoires… Vos histoires… »C'est MON histoire ! C'est MON histoire avec mon oncle !

KQuelle histoire ?

A« Quelle histoire !?... Quelle histoire !?... » C'est votre histoire avec Tanya… Quand elle venait chez vous… Quand elle était petite... Elle en a parlé tout à l'heure…

Kusma est agacé.

KTanya, ça nous regarde nous… Alexeï, tu n'as pas à te mêler de nos affaires.

Tanya sûre d'elle.

Tc'est MOI que ça regarde ! Oui… MOI… c'est MOI que ça regarde !

Le spasme de Kusma réapparaît. La pendule s'emballe.

KQuoi encore ?

Tanya de plus en plus sûre d'elle.

TLa première fois… C'était le soir de mon premier gala de danse… J'avais neuf ans…

Kusma, d'un rire jaune.

KAh Ah Ah ! Tu te souviens de ça au bout de 20 ans !

TOui, je m'en souviens très bien… C'était dans ta chambre… Après le repas…

Kusma est de plus en plus tendu. Son spasme revient très fort. La pendule s'emballe de plus en plus.

KPourquoi tu ressasses encore ça ?

TJe ne ressasse pas… Tu étais allongé sur ton lit… Tu m'as prise dans tes bras…

Kusma la coupe, rouge de colère.

KArrête ! Arrête ! Arrête !

Alexeï serre Tanya contre lui. Tanya jette un regard assassin à son oncle.

TTu m'as prise dans tes bras… Tu m'as caressée… Tu m'as caressée mon…

Kusma la coupe, en rage, tapant très fort sur la table.

KArrête ! Arrête ! Arrête ! Non ! Ne dis pas ça ! Non, ce n'est pas vrai ! Tu mens ! Je vais te….

Alexeï se lève brusquement. Ses grands yeux gris deviennent noirs. Il lève son tabouret au-dessus de la tête de Kusma. Une rixe éclate entre les deux hommes. Alexeï est un grand jeune homme plein de vigueur. Kusma est un vieil ours russe alcoolique et ventru.

ACe que vous avez fait à Tanya est indigne. C'est monstrueux. Je vais vous le faire payer, vieille crapule !

KNon! Non! Non ! Ne me frappe pas !

Alexeï est très menaçant.

AVous allez voir, vieux pervers !… Je vais vous fracasser le crâne !...

Tanya saisit le bras d'Alexeï et le retient de frapper le vieux Kusma. Tanya reprend son souffle, et d'une voix presque calme supplie Alexeï.

TArrête, Alexeï… Arrête… Je t'en supplieArrête… Ce n'est qu'un vieil homme… Alexeï, ne le tue pas… Arrête… Je t'en supplieArrête…

Kusma est anéanti. Il a le regard dans le vague. Il dit à Tanya d'une voix hésitante, implorante :

KTanya, pardonne-moi… Je t'en supplie, ma petite Tanya… Pardonne-moi…

Ils se retrouvent tous les trois autour de la table dans le silence. Un long silence. La lumière est de plus en plus blafarde. La pendule reprend son tic-tac assourdissant.

Tanya sur un ton monocorde :Je ne pouvais plus vivre comme ça… Ç'était impossible… Je ne pouvais plus vivre avec ça au fond de mon cœur… Il fallait que je parle… Il fallait que je le dise… Maintenant, je suis soulagée… Tonton, je ne te parlerai plus jamais de ça… Tonton… je… Tonton… je te……. Tonton……… je te pardonne…………

Tanya s'effondre sur la table, en pleurs.

Alexeï comme résigné :… Ce n'est pas vrai… Tout ça pour ça…

Ils restent tous les trois un long moment dans le silence. Tanya et Alexeï se serrent l'un contre l'autre. Et toujours la pendule qui égrène ses secondes.

ARemettons-nous… il nous faut vivre, maintenant… revivre…

KMerci de m'avoir pardonné, ma petite Tanya… Tu sais… moi aussi… ça me tiraillait le cœur… Cette culpabilité… Maintenant, sortons-en !

Kusma se lève. Il saisit la bouteille sur le buffet. Il leur sert à chacun une rasade de vodka.

KZnazdrovié ! Que Dieu nous bénisse!

Kusma s'enfile son verre cul sec et s'en ressert un autre. Il en boit trois de rang. Tanya et Alexeï dégustent leur Kedrovaïa. Ils la savourent.

KEt si on mangeait maintenant ? Après tout ça, j'ai une faim de loup !

Tanya est soulagée. Elle a parlé. Enfin. Elle se remet petit à petit.

TOui tonton… si tu veux… nous pouvons manger…

AOui mangeons !

KHummm ! Goûtons le foie gras ! Et puis… j'ai préparé des zakouskis ! Régalons-nous ! Que Dieu nous bénisse!

Kusma dispose le foie gras, le caviar, les harengs fumés et les malossols sur la table. Il sert un autre verre de Kedrovaïa à Tanya et Alexeï. Il s'en ressert un, plein à ras bord, et le descend cul sec. Alexeï vide son verre cul sec. Oncle Kusma et Alexeï s'en reprennent un autre.

TFais attention chéri. Toi, tu n'as pas l'habitude.

AT'inquiète mon amour ! Faisons la fête !

KLes enfants, maintenant, je vais vous dire une chose que je n'ai jamais dite à personne.

Kusma est à moitié ivre. Il bégaye. Il cherche ses mots. Tanya et Alexeï sont blottis l'un contre l'autre.

TOui tonton.

KC'était il y a quinze ans, juste avant ma retraite. Allez les enfants… reprenez du caviar...

Kusma leur ressert du caviar et une Kedrovaïa. Il s'en ressert une nième et la descend cul sec.

TTonton… va doucement…

KT'inquiète ma petite Tanya, la vodka, il n'y a rien de tel pour être en bonne santé. Donc, je devais remplir une mission délicate, très délicate.Je vais vous dire, ça n'a pas été facile pour moi. Il fallait que je calcule tout, que je construise tout, incognito, sans que rien ne filtre, donc utiliser des gars sûrs, des gars solides, des gars fiables, des gars qui en ont dans le froc, des mâles, des vrais, pas des petits pédés, pas des petites tapettes, pas des petites tarlouses, pas des petites tafioles… Des hommes !... Il me fallait des hommes !...

TTonton, pourquoi dis-tu toutes ces grossièretés ?

Alexeï hoquette.

KMa chérie, ce ne sont pas des grossièretés. C'est la vérité. Donc, parmi mes gars, je cherche un gars sûr, un gars solide, un gars fiable à 100%.Parce qu'il faut que je vous dise… j'étais en lien direct avec le Kremlin… j'étais en lien direct avec le président Poutine… Poutine, le Pétersbourgeois… Poutine, l'honneur de la Russie… Poutine, le sauveur de la patrie… Poutine, le reconstructeur de la grande Russie…

Alexeï commence à devenir blanc. Il est très nerveux. Tanya se blottit contre lui. Kusma se sert à nouveau une Kedrovaïa qu'il descend cul sec. Le poêle est rouge. Kusma est rouge écarlate.

TOui tonton.

Alexeï hoquette de plus en plus.

KPour faire le boulot, j'ai choisi Sergueï, Sergueïevitch. Dans le service, on l'appelle S. J'ai une totale confiance en lui.

TOui tonton.

Kusma s'enfile son verre de vodka et s'en ressert un autre. Il est chaud bouillant.

TNon tonton! Non tonton! Arrête ! ça suffit ! Arrête !Tanya ouvre la porte et jette le verre de vodka dehors. Dehors, le blizzard souffle très fort. Le blizzard est glacial.

KEnsuite S a dû choisir un gars en dehors de la boîte. Avec mon accord, il a décidé de prendre Miroslav, Miroslavevitch. On l'appellera M. C'est un chef de réseau dans le trafic de drogue. C'est un homme sûr, fiable. Il vit dans le quartier de Kitaï Gorod, dans la première couronne autour du centre historique de Moscou, un quartier assez résidentiel, pas un quartier chic, un quartier résidentiel. C'est là qu'elle crèche… cette salope… Je veux dire la… Ça va les enfants ? Vous me suivez ?

Alexeï hoquette fortement. Il est très nerveux. Sa crispation à l'épaule ressurgit. Il blêmit de plus en plus. Tanya est blottie contre lui.

TOui tonton, on te suit.

KEt puis, arrive le plus difficile, le plus compliqué, le plus risqué. Il faut recruter la petite frappe, le « militant » de base dans la drogue. Lui, c'est Timur. Lui, on le nommera T, comme Tueur. C'est lui qui aura pour mission de la trucider. On le paiera 5 000 roubles. M touchera 10 000 roubles.S touchera 30 000 roubles. Et moi, je toucherai 50 000 roubles… Si tout se passe bien… Si on va au bout…

Alexeï pâlit de seconde en seconde. Il n'en peut plus. Tanya se sert très fort contre lui.

KJe vais vous dire… Enfin, je ne sais pas si je dois vous le dire… Enfin, sans doute, que vous avez déjà deviné…

TDis-nous tonton.

KBon, ben voilà, j'étais… J'étais…. J'étais le chef du KGB……

Alexeï blêmit de rage. Il se lève, hoquetant, titubant. Tanya tente de le calmer. Alexeï saisit Kusma au col. Tanya tente de le retenir. Alexeï le soulève de son tabouret. Kusma s'affale, complètement ivre.

AAlors, comme ça, tu étais le chef du KGB ! Toi, le violeur d'enfant… en plus tu étais le chef du KGB ! Sale enflure ! Sale crapule ! Sale ordure ! Alors, maintenant, tu vas me dire qui tu as tué ! C'était une femme. Tu as dit : « cette salope ». Alors dis-moi, quelle est cette femme que tu as tuée ? Dis-moi ! Dis-le-moi !

KMais, moi, je n'ai tué personne… Moi…

Alexeï, fou de rage :Comment ça, tu n'as tué personne ?

KC'est Timur qui l'a tuée… Ce n'est pas moi…

Alexeï reprend le vieux Kusma au col et le relève au bout de son poing. Titubant, il le secoue violemment. Tanya est blême.

AOk, c'est Timur qui l'a égorgée avec son couteau… Mais, c'est toi le commanditaire du crime… Alors, dis-moi tout ! Alors, dis-moi, dis-moi quelle est cette femme que tu as assassinée ! Dis-moi son nom !

Alexeï sert de plus en plus le col du vieux Kusma. Le vieux Kusma est rouge écarlate. Tanya a peur. Elle est tétanisée. Les secondes de la pendule s'affolent.

KJe ne peux pas le dire… Non, je ne peux pas…

Alexeï, d'un poing rageur, sert de plus en plus fort le cou du vieux Kusma. Il saisit le tisonnier.

A Tu veux que je te frictionne le dessous des pieds avec le tisonnier bien rouge ? Tu en as envie, vieille crapule ? Hein, tu en as envie ? Allez, crache le morceau, ça te fera du bien !

KC'est… C'est… C'est… C'est la Politkovskaïa.

Alexeï, fou de rage, fond en larmes. Tanya est livide.

A… Anna Politkovskaïa………

Alexeï fait péter la tête du vieux Kusma contre le coin du buffet.

AAnna… Anna… Anna… Tu as tué Anna… dit Alexeï en rengorgeant ses larmes… Alors, vieille ordure, tu vas me payer ça… mais avant… je vais te dire qui je suis… oui, je vais te dire qui je suis… pour que tu saches qui va t'enfoncer le poignard dans la gorge…

KNon!... Non!... Non !... Non, ne me tue pas ! Non, ne me tue pas !

Alexeï s'exprime en hoquetant, complètement ivre.

A… Je m'appelle Alexeï, Alexeïevitch Kravchenko. Je suis un ami d'Anna Politkovskaïa… Anna était une amie très proche… nous militions dans la même organisation de défense des Droits de l'Homme… c'était une femme exceptionnelle de droiture et de bonté… Tu l'as assassinée… Monstre que tu es… Alors, je ne te pardonnerai JAMAIS, moi, non, JAMAIS je ne te pardonnerai…

Alexeï fait à nouveau péter le crâne du vieux contre le coin du buffet.

KNon!... Non!... Non !... Non, ne me tue pas ! Non, ne me tue pas !

Tanya affolée :Non!... Non!... Non !... Non, ne le tue pas ! Non, ne le tue pas !...

Alexeï se saisit du poignard accroché au mur. Tremblant, imbibé d'alcool, il aiguise la lame du poignard sur le front du vieux Kusma. Tanya essaie de s'interposer. Le vieux Kusma hurle.

KNon!... Non!... Non !... Non, ne me tue pas ! Non, ne me tue pas !

Tanya tente d'arracher le poignard de la main d'Alexeï : Non!... Non!... Non!... Non, Alex !... Non, ne le tue pas !... Non, chéri !... Non !... Non, ne le tue pas !... Non, ne le tue pas !...

Alexeï enfonce le poignard dans la gorge du vieux Kusma. Il lui remue le poignard dans la gorge pour le finir. Kusma râle. Il agonise quelques instants. Il rend l'âme. Il est mort. Kusma est mort. Alexeï, complètement ivre, reste abattu, éteint, anéanti, sans voix.

Alexeï, plein de sang, hoquetant, de façon à peine audible, glisse à Tanya : Il fallait que je le fasse…

Tanya est blême, abattue, décomposée. D'une voix faible elle s'adresse à Alexeï :Non, Alexeï… malgré tout ce qu'il avait fait… tu ne devais pas le tuer… non, tu ne devais pas le tuer… maintenant, comme lui, tu es un assassin……

Tremblant, Alexeï sert Tanya dans ses bras. Il éclate en sanglots. Hoquetant, il lui susurre : « Tay…..... Tay……… Tay……… je t'aime………… Tay……………. Tay…………….. tu… es… mon… amour…...…………… Tay………………… tu es mon………………… Tay…………………… tu es……………………… Tay………………………tu……………………………………………… …» Alexeï s'écroule au sol. Tanya se jette sur lui. Elle le redresse. Il est inerte. Elle le prend dans ses bras. Elle le secoue. Elle le secoue. Elle le secoue. Elle crie : « Alex !... Alex !...Alex !... parle-moi… Alex !... dis-moi quelque chose !... Elle le secoue. Elle le secoue. Elle hurle : «Alex !... Alex !... Alex ...... mon amour…… Alex…… tu es mon amour……… » Elle prend la tête d'Alexeï dans ses mains. Elle l'embrasse. Elle tente de l'embrasser… Ses lèvres sont froides. Ses lèvres sont bleues. Ses lèvres sont glacées. Il ne respire plus. Il est mort. Alexeï est mort. Tanya fond en larmes. Elle est dévastée par la douleur. Le poêle s'est éteint. La pendule s'est arrêtée.

Tanya est perdue, hébétée, hagarde. Elle ouvre la porte. Elle part en courant sur le lac gelé. Le trou est béant.

Salon de la biographie de Nîmes, interview d'FR3 à...
Libertalia

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Commentaires 1

Sylvie Reymond Bagur le lundi 24 janvier 2022 19:20

Je vous invite à découvrir une nouvelle "noire" de Maurice, un huis clos qui se passe dans un lieu glacé et blanc.

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"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

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