Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

DELPRAT Hélène
05 octobre 2025
Textes d'ateliers

Elle a grimpé par l'échelle de meunier. Le grenier est petit et mansardé, pèle mêle sont entassés une grosse malle en bois, une commode à tiroirs et plusieurs vieilles chaises. Un cadre est accroché sur le mur le plus haut avec un dessin en noir et blanc. C'est la malle qui attire Augustine en premi...

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Invité - Roussin Florence Nombril
24 septembre 2025
Ce texte résonne d'une profonde sensibilité qui allie la fascination du regard, la mystère de la cré...
Invité - Nifenecker Nombril
23 septembre 2025
J'aime bien le regard de la petite fille, sur ce centre d'elle-même mystérieux et inquiétant...entre...
Invité - Claire Pasquié Cher Monsieur
4 septembre 2025
Ça été un plaisir de lire ce journal. J'en ai beaucoup aimé le ton rempli d'humour. La critique de n...

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12 octobre 2025
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Comment commencer ? "Ami lecteur, t’attendrais-tu par hasard à me voir commencer cette historiette par : « La lune pâle se levait sur un ténébreux horizon… » ou par : « Trois jeunes hommes, l’un blond, l’autre brun et le troisième rouge, gravissaient péniblement… » ou par… Ma foi, non ! tous ces débuts, étant vulgaires, sont ennuyeux et, puisque je n’ai pas assez d’imagination pour te jeter sur la scène de mon récit d’une manière un peu neuve, j’aime mieux ne pas commencer du tout et t’avertir tout bonnement que Matteo Cigoli était, de l’aveu général, le meilleur garçon, le plus gai, le plus actif et le plus spirituel qu’eût produit son village, situé à quelques lieues de Bologne. Au moment où nous le ramassons sur la grand’route, il est dix heures du matin ; le soleil brûle la poussière et Matteo vient de faire ses adieux à monsieur son père. Que de tendresse dans ces adieux !"  Incipit de Scarmouche, roman  d'Arthur de Gobineau, 1843. Aragon évoque à juste titre "l'inquiétude qui s'empare  de l'écrivain devant le caractère conventionnel que semble prendre nécesairement l'amorce, l'incipt de tout écrit." Et  si l'on se place  du côté du lecteur, commencer à lire une nouvelle, un  texte,  un roman, un chapitre, c’est franchir un seuil et l’auteur doit réussir à attirer le lecteur de l’autre côté. Pendant ce court instant, le temps de lecture de ces premières phrases que l’on appelle l’incipit, le lecteur laisse à l’auteur le bénéfice du doute, il laisse sa chance au texte qui  doit lui. donner l’envie de poursuivre. On peut penser à l’idée d’apéritif, il faut ouvrir l’appétit du lecteur par un début incisif qui aiguise sa curiosité, le prend dans son  rythme, le touche ou le charme par son style. Alors, par où commencer ?  Comment établir ce premier contact décisif, comment construire ce lieu de passage ?  Par quoi « attraper » le lecteur ? Comment éviter des formes trop conventionnelles ? Etre original et séduisant?  Il n’y a pas de « recette », mais différents types d’ouvertures, d’amorces, peuvent être repérées.  Rappelons les mots d'Aragon : ces première phrases ont un  rôle "d'initiatrices", il leur attribue une "espèce de signification magique" un peu comme un "Sésame, Ouvre-toi !"  Cherchons donc à identifier quels pourraient être les ingrédients à notre disposition pour cette sorcellerie incitatrice... Alternatives  fondamentales  :  1.    Décrire le contexte : annoncer les thèmes, informer le lecteur, présenter le sujet, les personnages… L’objectif est alors d’intéresser, d’attirer la curiosité par un thème, une histoire, une personnalité. Il s'agit d'accrocher le lecteur par des explications, par ce qui est raconté plus encore que par la manière de le faire. 2.   Entrer directement dans l’action, sans information préalable, ce que l’on appelle commencer « in Medias res », l’objectif étant alors de dramatiser, de surprendre ou encore d’étonner : de plonger le lecteur dans une scène comme s'il y participait. 3.   Ni contexte ni plongée dans l’action : partir d’ailleurs, bousculer le lecteur par une formule, un élément étonnant. Les objectifs de ces deux dernières stratégies se recoupent, seuls les moyens divergent. L'on peut aussi exprimer ainsi les trois grandes rubriques précédentes  : —    Entrer dans le vif du sujet / poser un cadre / jouer avec le langage.  —   Une autre grille de lecture qui se recoupe partiellement avec les précédentes pourrait s'organiser autour de l'envie de :                      - s’adresser à l’esprit du lecteur  : par l’étonnement, le paradoxe, l’expression originale, la situation…                      -  s’adresser à ses  sens : par le pouvoir évocateur des mots, par leur musicalité, le rythme du style...                      - s’adresser à sa curiosité, à son goût pour l’identification au personnage, au goût pour les histoires.   La plongée brutale La première phrase plonge directement dans une scène : il s’agit de prendre le lecteur par surprise, on pourrait dire « en traitre ». D’éliminer les prémisses ! L’auteur saisit le lecteur par le collet, c’est le un début « in medias res » « au milieu des choses », procédé déjà présent chez Homère, sans préambule, sans explication préalable de contexte.   Entrer directement dans l’action :  —  Vers dix heures et demie du soir, le soldat X, sentinelle sur le chemin de ronde de l’enceinte du fort vit une ombre noire se glisser au fond des douves et grimper le long du talus.           Buzzati, Le Dernier combat —   Et c’est ainsi que j’allais chez ce Torriani qui travaillait aux forages du métropolitain milanais…          Buzzati, Le secret —    Les deux jeunes filles ont décidé de se rencontrer là, à l’endroit où la rue de la liberté s’élargit pour former une petite place.                           Le Clézio, La Ronde —   Ma mère est debout, découragée, devant la fenêtre. Elle porte sa « robe de maison » en satinette à pois, sa broche d’argent qui représente deux anges penchés sur un portrait d’enfant, ses lunettes au bout d’une chaîne et son lorgnon au bout d’un cordonnet de soie noire, accroché à toutes les clés de porte, rompu à toutes les poignées de tiroir et renoué vingt fois. Elle nous regarde, tour à tour.           Colette, La Maison de Claudine —  Ils étaient allongés côte à côte, nus sur le drap bleu pâle et ne se touchaient plus.                       Marguerite Duras Utiliser le participe présent pour donner l’impression d’assister eu mouvement : —  La Teuse, en entrant, posa son balai et son plumeau contre l’autel.                               Zola, La Faute de l’abbé Mouret Par un dialogue, une réplique : — Il n’y a rien pour le dîner, ce soir… Ce matin, Tricotet n’avait pas encore tué… Il devait tuer à midi. Je vais moi-même à la boucherie, comme je suis. Quel ennui ! Ah ! pourquoi mange-t-on ? Qu’allons-nous manger ce soir ?                                           Colette, Amour — Ce que je veux vous apporter c’est de l’eau claire. À peine ça. Mon ami le fontainier m’a dit….                 Jean  Giono,L’eau vive —   LUI : Tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien. ELLE : J’ai tout vu. Tout.                          Marguerite Duras, Hiroshima mon amour —   Veux-tu lire ce qu’il y a d’écrit au-dessus de ta partition ? demanda la dame. Non,  dit l’enfant.                             Marguerite Duras, Moderato cantabile —   Elle ne se rend pas compte-dit-il, elle ne se verra pas mourir.                                                        Madame Dargent, Bernanos Notons quel les deux protagonistes de l’histoire sont déjà dans cette première phrase. Par une adresse : Rendre le lecteur acteur par le « vous », le « nous », le « on » ou par des modes interrogatifs, exclamatifs, impératifs, des démonstratifs et prénoms personnels énigmatiques, donner au lecteur l’idée qu’il fait partie de la famille, du récit… — « Bienvenue à l’ombre »      ; « Mettons que Firmin… »                       Le Grand Pardon de Marcel Arland — Commencez par casser tous les miroirs de la maison, laissez pendre vos bras, regardez vaguement le mur, oubliez-vous.    Julio Cortázar, Cronopes —  Pensez-y bien, lorsqu’on t’offre une montre on t’offre un petit enfer fleuri….                                                Julio Cortázar — Très tôt le matin empruntez le macadam. Prenez une route tortueuse où les mares d’eau et les nids de poule sont aussi profonds que des pièges pour éléphant.                    François Nkémé, La Tragédie du chef Par un paradoxe, une présentation laconique qui n’explique rien, un exemple étonnant :  —   Ma fidèle secrétaire est de celles qui prennent leur rôle au pied de la lettre et l’on sait bien que cela signifie passer de l’autre côté, envahir les territoires, plonger les cinq doigts dans le verre de lait pour en retirer un malheureux petit cheveu.                               Julio Cortázar    —   Je m’appelle Laeticia Lizardi et je déteste le chat de ma mère.                       Carlos Fuentes, La Chatte de ma mère                           Le chat aura un rôle central dans le destin de cette héroïne. Notons l’importance du premier mot : Par exemple le « Quand » de Zola dans « la Faute de l’abbé Mouret », une façon de poser le temps comme un socle : —  Quand l’abbé Mouret ne sentit plus la Teuse derrière lui, il s’arrêta, heureux d’être enfin seul.   Le bain progressif L’attaque au cœur de l’action ou l’électrochoc ne sont pas obligatoires, on peut commencer par une introduction classique : description du personnage, du lieu, d’un détail ou de ce qui va être essentiel dans la nouvelle et ainsi créer une atmosphère. Le risque étant que le bain progressif soit un peu émollient ou trop banal . Par exemple, commencer ainsi une histoire qui se passe dans un village peut sembler "naturel"    : « Le village s’étendait sur une vaste superficie de chaque côté de la route », est-ce la meilleur solution ? Commencer par une description ou l’indication du lieu, du temps qu’il fait, mérite, et l'on peut même dire exige, de trouver une formulation originale, à moins que la banalité du début ne soit qu’un piège pour faire entrer sans crier gare dans une histoire extraordinaire. Toutes les stratégies sont permises, mais il vaut mieux en avoir une ! Une description qui « accroche » : —   Cette détestable peinture représente une veillée funèbre sur les bords du Jourdain.               Julio Cortázar, Cronopes —   Dehors, quelqu’un enfonçait des clous dans du bois dur, épais, un homme qui devait bricoler après son travail, vers six heures en juin. Les cerises étaient mûres dans les arbres, les roses entre deux floraisons, un orage avait ravivé la lumière et redonné de l’air à l’aube. On entendait aussi des enfants jouer contre les haies des jardins, devant les portes métalliques des garages où un ballon rebondissait quelquefois, tapage qui déclenchait des jurons, des menaces, criés par les fenêtres ouvertes derrière les stores abaissés là où donnait le soleil encore haut et chaud à cette heure.                Hélène Lenoir, Le Magot de Momm —   Sur un champ de bataille, un de ceux dont personne ne se souvient, là-bas, à la page 47 de l’Atlas où il y a une grande tache jaunâtre avec quelques noms contenant beaucoup de « h, » éparpillé ça et là, on a trouvé l’autre jour, lors d’un sondage effectué en vue d’une éventuelle prospection géologique, on a trouvé un général.                      Général inconnu, Buzzati Une ouverture, une annonce par un détail  ou des détails qui créent une ambiance particulière : —  Les voiles sans mouvements pendaient collées contre les mâts ; la mer était unie comme une glace ; la chaleur étouffante, le calme désespérant.                   La partie de Tric trac de Prosper, Mérimée 3. Intriguer, choquer ? Être obscur Semer un mystère qui sera éclairé ensuite, un commencement énigmatique, un hybride entre « seuil » et « boite noire ». Il s’agit de trouver quelque chose qui étonne : paradoxe, détail insolite, contradiction apparente avec le titre ou le contexte.  Commencer au milieu de nulle part, attisant la curiosité du lecteur qui va avoir envie de continuer pour reconstituer les événements antérieurs qui lui manquent comme ici dans une atmosphère spectrale, presque fantastique. —  Encore une figure blonde qui pâlit, se détache et tombe glacée à l’horizon de ces bois baignés de vapeurs grises.                             Gérard de Nerval, Promenades et souvenirs. — L’extraordinaire arriva lors de ma troisième séance chez Gustav Von Seyfertitz, mon psychanalyste venu d’ailleurs.                   Ray Bradbury, Meurtres en douceur — J’aurais dû prévoir l’étrange explosion.                    Julio Cortázar, Cronopes —  En un certain village d’Écosse, on vend des livres avec une page blanche glissée au milieu des autres. Si un lecteur débouche sur cette page quand sonnent trois heures, il meurt.       Julio Cortázar —  Quelle merveilleuse occupation que de couper une patte à une araignée….                            Julio Cortázar —  « Ça pue le bon Dieu, ici ! »                        Bloy, La Femme pauvre   Une  généralité qui englobe le lecteur : — Qui peut échapper à ce que dit le mot désir ? Ni le vêtement, ni le silence, ni la nuit, ni les fards, ni même les pensées volontaires ne dissimulent tout à fait la honte des fantasmes qui nous affolent. La femme ou l’homme qui implorerait pitié pour son désir implorerait en vain.          Augustina Izquierdo, L’Amour pur La généralité avec le « c’ » le « ça », une généralité intrigante :  — C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d’employés.                  Maupassant, La Parure — Ça ne pouvait pas durer toujours. Lullaby le savait bien.                                  Le Clézio, Lullaby  —  C’était comme si personne n’avait entendu.                                Robbe Grillet, Le Voyeur La généralité étonnante, paradoxale : —  On ne meurt pas souvent.                                    Michel Castanier —  Les fourmis mangeront Rome, c’est écrit.                            Julio Cortázar Le récit emboité : quelqu’un raconte ou lit une lettre, un article de presse, répète ce qu’il a entendu… — Je ne sais pas si je vous enverrai cette lettre, je vous en ai déjà écrit trois, mais, ou je me suis…                                              Shuzaku Endô, Le dernier souper   Autres pistes.   -     Par l’introduction directe du personnage central, mais pas à la manière d’un contexte « classique » : lieu, temps… en cherchant une  une forme d'’expression rapide, vive : le contexte est posé de façon condensée.  Entre banalité et proximité, quelque chose se pose ou s’absente dès le début, le personnage est là, mais il échappe, déroute. —  Dès son plus jeune âge, à peine sortie de la prime enfance, Sonietchka s’était plongée dans la lecture. Son frère aîné Ephrem, I'humoriste de la famille, ne se lassait pas de répéter la même plaisanterie déjà démodée au moment de son invention : « À force de lire sans arrêt, Sonietchka a un derrière en forme de chaise, et un nez en forme de poire ! » Malheureusement, il n’y avait pas là beaucoup d’exagération : son nez avait vraiment la forme avachie d’une poire, et Sonietchka, une grande bringue à la forte carrure, aux jambes osseuses et au maigre derrière aplati, n’avait qu’un seul atout : une volumineuse poitrine de femme poussée trop tôt et pour ainsi dire déplacée sur ce corps maigre. Elle rentrait les épaules, se voutait et portait d’amples tuniques, honteuse de cette opulence incongrue par-devant et de cette navrante platitude par-derrière.                           Ludmila Oulitskaïa, Sonientchka  —Le jeudi 24 octobre 1963, à quatre heures de l’après-midi, je me trouvais à Rome, dans ma chambre de l’hôtel Minerva ; je devais rentrer chez moi le lendemain par avion et je rangeais des papiers quand le téléphone a sonné.                                               Simone de Beauvoir, Une Mort si douce : un texte qui témoigne d’une expérience : je et moi sont omniprésents, mais sans se livrer. — Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait.                    La Vie tranquille,  Marguerite Duras — Jérôme est reparti cassé en deux vers les Bugues. J’ai rejoint Nicolas qui, tout de suite après la bataille, s’était affalé sur le talus du chemin de fer.                          Marguerite Duras — Il leur avait semblé à tous les trois que c’était une bonne idée d’acheter ce cheval. Même si ça ne devait servir qu’à payer les cigarettes de Joseph.                     Un Barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras — Lol V. Stein est née ici, à S. Thala, et elle y a vécu une grande partie de sa jeunesse.                                Le Ravissement de Lol V. Stein, Marguerite Duras —  Temps couvert. Les baies sont fermées. Du côté de la salle à manger où il se trouve, on ne peut pas voir le parc. Elle, oui, elle voit, elle regarde. Détruire, dit-elle.                                 Marguerite Duras — Un jour, j’étais déjà âgée, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi. Il s’est fait connaître et m’a dit : « Je vous connais depuis toujours. »                                    Marguerite Duras,  L’Amant Un personnage étonnant, une phrase à la fois banale et étonnante —    Voici, accroupi, l’ermite nu qui a dressé contre le soleil le toit de sa chemise tendue entre quatre piquets noueux, le voici accroupi torse nu sur une pierre.                              Botho Strauss   Jeu avec les temps grammaticaux et la chronologie Un travail particulier qui fera l’objet d’un article spécifique : une utilisation ambiguë des temps comme dans l’incipit le plus célèbre de la littérature française : —  Longtemps, je me suis couché de bonne heure.                  Marcel Proust, Du Côté de chez Swann Un autre incipit célèbre, cette fois-ci un jeu avec la chronologie de l'histoire : —  Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendía devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace.                 Garcia Marquez, Cent ans de solitude   Commencer par une allusion à la suite de l’histoire   Une possibilité intéressante, choisir un début à la fois prémonitoire et dissimulé, une ambiguïté, une ironie qui seront compréhensibles par la suite : en plaçant le mot essentiel, une clé encore indéchiffrable dès le début dans le titre… Une fausse évidence annonce, par opposition, la fin de l’histoire, tout le monde aurait dû de douter… — Simon Delambre n’attendit jamais.                Siloé, Paul Gadenne Début d’autant plus paradoxal que le roman sera le récit de la vie d’attente du personnage enfermé dans un sanatorium !   Chez Maupassant  — Personne de s’étonna du mariage de Maître Simon Lebrument avec Mademoiselle Cordier.                     La Dot — C’était un modeste ménage d’employés. Le mari, commis de ministère, correct et méticuleux, accomplissait strictement son devoir.                   Le Million Une allusion à la fin, le mari incapable de faire un enfant à sa femme, sera « aidé » par un ami qui ensuite sera congédié. Fin de la nouvelle : « et il faut entendre Madame Bonin parler des femmes qui ont failli par amour, de celles qu’un grand élan du cœur a jetées dans l’adultère ». — D’une lettre jetée sur la table s’échappe une ligne qui court sur la veine d’une planche et descend le long d’un pied.                                       Julio Cortázar, Cronopes La nouvelle finit par le suicide de la personne qui a reçu la lettre… Une explication de la situation qui sera lourde de conséquences : —  Avant de mourir, la mère d’Alejandro l’avait prévenu de deux choses.                                Carlos Fuentes,  En bonne compagnie Le détail qui crée la progression, concret/abstrait, détail, vue d’ensemble ou l’inverse, ou encore l'impression de mouvement, d'espace  —  Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient traversé la ville.                            Maupassant ,  Boule de suif Une négation pour un texte qui veut renverser la vision classique d’un rite : les funérailles — On n’y va pas pour….                                    Julio Cortázar, Cronopes   Du point de vue non plus du sens, mais du rythme Le rythme peut contribuer à la force, au « charme » des premières phrases - des autres aussi d’ailleurs ! La sensibilité que l’on pourrait qualifier de « rythmique » décuple le plaisir d’écriture comme de la lecture. En voici quelques exemples : Une seule phrase courte :  — Je détenais une merveilleuse idée.                     L’idée, Buzzati.  —  L’automne était pourpre.                        —   Les idées importantes en général, vous viennent dans votre jeunesse.                           Buzzati. La construction d’un espace et d’une atmosphère par une phrase courte et des répétitions.   — Elle marche sur le sable. Le sable est gris la plage est blanche et grise. La plage immense.                         La Plage, Annie Saumont Une phrase courte puis une longue —  À peine un chant. Une voix psalmodie sans fin, monotone, un peu sourde perdue dans la masse ténébreuse du château.                            Le Grand Pardon, Marcel Arland Une énigme mise en valeur par le rythme et le passage à la ligne : — Le verrait-on venir ? Tout restait sombre sur le plateau, jusqu’aux premières cimes neigeuses des alpes où, une lueur, sous me ciel nocturne, semblait veiller un autre monde. Une phrase longue puis une courte : — Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait.                                           Marguerite Duras Une phrase à deux moments puis une phrase simple : — « Tel qui rit vendredi… », mais je ne riais pas. J’ai même pleuré. Contraste, rupture entre les deux premières phrases : longue puis courte — Une odeur de gazon écrasé traîne sur la pelouse, non fauchée, épaisse, que les jeux, comme une lourde grêle, ont versée en tous sens. Des petits talons furieux ont fouillé les allées, rejeté le gravier sur les plates-bandes ; une corde à sauter pend au bras de la pompe ; les assiettes d’un ménage de poupée, grandes comme des marguerites, étoilent l’herbe ; un long miaulement ennuyé annonce la fin du jour, l’éveil des chats, l’approche du dîner.  Elles viennent de partir, les compagnes de jeu de la Petite.           Colette, La maison de Claudine — Le cœur serré, non pas par le voyage nocturne, par la maison en deuil ou par le corps rigide, serré par un visage jaune et creux que j’ai à peine reconnu. Celui d’une sœur !        Le Grand Pardon de Marcel Arland — Chambres hautes de la maison, les chambres agrandies par un balcon galbé, où la soie rose était encore lisse sur les fauteuils arrondis, aux carreaux desquelles dans les coins des portes-fenêtres le jour ne voulait plus mourir et où les tables restaient une patte en l’air à cause de la déclivité du parquet. Il descendit de ces chambres jusqu’à la terre.              Jean-Loup Trassard, Paroles de laine   Phrases en écho — Elle me regarde. Regardez…                                        Le Grand Pardon de Marcel Arland : — Qui peut être cette promeneuse, qui débouche, là-haut, d’entre les ormes et les vieux charmes ? Une Parisienne en vacances à Clermont ?   Les possibilités d'incipit sont évidemment infinies et j'ajouterai régulièrement à cet article des exemples qui me semblent proposer des options intéressantes à cette "joie des débuts".    {loadmoduleid 197}
08 octobre 2025
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  Jeux des reflets et des couleurs dans l'Incipit de L'homme invisible, une nouvelle de  G.K. Chesterton   "Dans la fraîcheur bleutée du soir tombant, la boutique située à l'angle de deux rues escarpées de Camden Town -une pâtisserie- luisait comme l'extrémité d'un cigare - ou mieux, peut-être, comme une fusée d'artificier, car cette lumière offrait mille couleurs et cent détours, se brisant de miroir en miroir et dansant de gâteau doré en confiserie bariolée. De nombreux gamins des rues avaient collé leur nez à cette unique vitrine flamboyante, car les chocolats étaient tous enveloppés de ces papiers brillants de couleur rouge, verte ou or qui sont presque meilleurs que le chocolat lui-même; et dans la vitrine, la blancheur de l'énorme gâteau de mariage avait quelque chose de nourrissant et d'inaccessible, comme si le Pôle Nord tout entier eût été offert à la consommation. Ces tentations irisées avaient naturellement le pouvoir de rassembler la jeunesse du quartier jusqu'à un âge de dix ou douze ans. Mais ce coin de rue savait aussi attirer une jeunesse un peu plus mûre; et un garçon d'au moins vingt-quatre ans observait passionnément la vitrine. Pour lui aussi, cette boutique avait un charme incendiaire, mais son attrait n'était pas le fait des seuls chocolats, qu'il était cependant loin de dédaigner. C'était un grand jeune homme costaud, aux cheveux roux, au visage résolu mais aux gestes nonchalants. Il portait sous le bras un carton à dessins de couleur grise qui contenait les croquis à l'encre qu'il vendait aux éditeurs avec plus ou moins de succès depuis que son oncle (qui était amiral) l'avait déshérité pour socialisme suite à une conférence…"              {loadmoduleid 197} 
07 octobre 2025
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Il s’agit ici de textes dont le sujet est une couleur, non pas dans son utilisation descriptive, mais la couleur elle-même dans ses dimensions symboliques,  psychiques et existentielles, des textes remarquables par l'intensité et la densité de leur expression  et la force des enjeux qui y sont à l’œuvre.     – Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline Un texte avec quelques indications de contexte, une situation qui se devine, une exploration de  l’angoisse, du sentiment de l’absurde au moyen de la couleur qui se fait présence oppressante, presque palpable.  « Le noir, c’était pas seulement la nuit, c’était autre chose, quelque chose de plus lourd, de plus épais. Un noir qui s’infiltrait partout, dans les murs, dans les poumons, dans les pensées. Ce n’était pas l’absence de lumière, non, c’était une présence, une matière qui pesait sur les épaules, qui collait aux semelles, qui bouchait les yeux. Ce noir-là, je l’ai vu dans les tranchées, dans les regards des hommes qui n’espéraient plus rien, dans le fond des verres vides qu’on laisse sur la table. Il n’avait pas de forme, mais il avait un goût, un goût de cendre et de ferraille, un goût qui restait dans la bouche des années après. Le noir, c’était la guerre, c’était la peur, c’était tout ce qu’on ne dit pas et qui vous étouffe quand même.» — Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, écrivain et poète portugais Le noir sans aucun contexte comme absence métaphysique, un paradoxe philosophique, couleur de l’intériorité fragmentée et du vide existentiel.  « Le noir n’est pas une couleur, c’est le néant qui se pare de formes pour nous tromper. C’est un noir si dense qu’il absorbe la lumière sans la rendre, un vide qui se remplit d’échos intérieurs, de ces pensées qui tournoient comme des ombres dans une pièce sans fenêtres. Je l’ai contemplé dans les nuits d’insomnie, où il s’étend non seulement sur le ciel, mais sur l’âme elle-même, un noir velouté qui caresse et étouffe à la fois, qui dessine les contours d’un moi absent. Il n’est pas froid, ce noir ; il est tiède comme un manteau usé, imprégné des regrets et des possibles avortés, un noir qui murmure des secrets inavouables, qui teinte les rêves d’une opacité fertile. Dans ce noir, tout se fond : les souvenirs deviennent taches indélébiles, les espoirs se dissolvent en encre invisible. Il est le berceau de l’intranquillité, cette couleur qui n’éclaire rien mais révèle tout, en nous laissant face à notre propre obscurité, infinie et complice.»  – Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa Le blanc comme métaphore de l’absence et de l’intériorité.    « Le blanc est une couleur qui n’en est pas une. C’est un silence, un vide qui contient tous les possibles et aucun à la fois. J’ai vu le blanc dans les matins d’hiver, quand la lumière refuse de se lever, quand le monde semble suspendu dans une attente infinie. Ce n’est pas le blanc du papier, ni celui de la neige, mais un blanc plus profond, un blanc qui avale les formes, qui dissout les contours, qui efface jusqu’à l’idée même de contour. Ce blanc-là, je l’ai senti dans mes pensées, dans ces moments où l’âme se tait, où elle se perd dans une contemplation sans objet. Il est effrayant, ce blanc, parce qu’il est tout et rien, parce qu’il est le miroir où je ne vois que moi-même, et où je ne me vois pas du tout.» Voici des exemples portant un peu moins nettement sur une couleur de façon générale, une réflexion plus liée à un contexte, un lieu, un objet : – La Route des Flandres de Claude SimonLe vert, la force immersive de la  forêt, devient un espace, une mémoire. « Le vert n’était pas une couleur, c’était un monde. Un vert qui ne se contentait pas d’être vu, mais qui s’imposait, qui vous enveloppait, qui vous avalait tout entier. C’était le vert des forêts d’août, un vert si saturé qu’il semblait suinter, goutter, respirer comme un être vivant. Il y avait dans ce vert des éclats d’émeraude, des ombres de jade, des reflets de mousse humide, et pourtant il était plus que tout cela, il était une présence, une mémoire, un temps arrêté. Ce vert-là, je l’ai porté dans mes yeux longtemps après avoir quitté les bois, il s’était incrusté en moi, comme une tache indélébile, comme un souvenir qui ne veut pas mourir. Il me parlait de la guerre, de l’attente, des hommes perdus dans les feuillages, de tout ce que la forêt avait englouti et ne rendrait jamais.» – Les Nuits de Paris de Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne (1788-1794)Rétif de la Bretonne est un écrivain libertin, prolifique -et oublié!-  du XVIIIe siècle, éclipsé par ses contemporains comme Diderot. « Le vert des feuillages nocturnes n’était pas un simple voile sur la ville ; c’était une respiration, un murmure qui s’infiltrait dans les veines des pavés humides et des âmes errantes. Ce vert-là, saturé d’humidité et de secrets, se dégradait en nuances infinies : du jade profond des haies du Palais-Royal, où les amants se frôlaient sans se voir, au vert acide des lanternes éteintes, qui teintait les visages d’une jalousie végétale. Il n’était pas statique, ce vert ; il pulsait avec le sang des intrigues, s’épaississait dans les recoins des allées sombres, où l’on sentait son goût âpre sur la langue, comme une herbe fraîchement foulée. Il enveloppait Paris d’une tunique vivante, un manteau de feuilles qui cachait les vices et révélait les rêves, un vert qui n’appartenait ni au jour ni à la nuit, mais à ce limbe où les corps se cherchent dans l’obscurité complice. Longtemps après, ce vert me hantait, imprégné dans mes vêtements, dans mes souvenirs, comme une teinte indélébile qui colorait l’absence elle-même.»  – L’Amant de Marguerite Duras La couleur du Mékong et du ciel se mêle à une méditation sur le désir et la mémoire. Le bleu devient une entité hypnotique et insaisissable. « Le bleu du fleuve n’était pas un bleu ordinaire. C’était un bleu qui portait en lui la chaleur du jour, un bleu qui vibrait sous le soleil, un bleu qui semblait vivant, gorgé de reflets d’argent et de boue. Ce bleu-là, je l’ai regardé jusqu’à ce qu’il devienne une partie de moi, jusqu’à ce qu’il dissolve les contours de mon corps et de mes pensées. Il n’était pas seulement dans le fleuve, il était dans l’air, dans l’horizon, dans le tremblement des feuilles au loin. Ce bleu, c’était l’amour, c’était l’attente, c’était l’absence. Je l’ai porté en moi longtemps après avoir quitté la rive, comme une tache dans l’âme, une tache qui ne s’efface pas.»  – Clair-obscur de François Migeot (2013) Dans ce recueil inspiré des pièces pour piano de Brahms, François Migeot, poète contemporain, explore le jaune comme une lumière incertaine, entre ombre et révélation.  « Le jaune surgit non comme une couleur, mais comme un frisson de la lumière elle-même, un éclat qui hésite entre le jour et l’ombre, entre le son d’un piano qui s’éteint et celui qui naît. C’est un jaune pâle, filtré par les rideaux d’une chambre d’hôtel oubliée, où les murs suintent une humidité dorée, un jaune qui se dépose sur la peau comme une poussière d’or fané, évoquant les pages cornées d’un livre lu à la bougie. Il n’est pas joyeux, ce jaune ; il est teinté de mélancolie, de ces heures creuses où le temps semble se dissoudre en filaments lumineux, en traînées qui rampent sur le sol de bois craquant. Dans ce jaune, je sens le poids des notes de Brahms, graves et suspendues, qui colorent l’air d’une attente infinie, un jaune qui avale les contours des objets pour ne laisser que leur essence fragile, comme un souvenir qui s’effiloche au réveil. Il persiste, ce jaune, tapi dans les plis des draps, dans les silences entre deux accords, une couleur qui n’illumine pas mais questionne, qui fait du clair-obscur non une opposition, mais une fusion intime, un murmure où l’âme se perd et se retrouve.» – Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes (fin XIIe siècle)Chrétien de Troyes, précurseur du roman arthurien, dans ce passage sur le Graal, pose le rouge comme symbole féminin et mystique. « Le rouge du Graal n’était point un rouge de sang ou de vin, mais un rouge vivant, un carmin qui pulsait comme un cœur battant au centre de la salle obscure. C’était un rouge si pur qu’il semblait suinter des parois de l’écuelle d’or, un rouge qui se répandait en nappes fluides, teignant l’air d’une chaleur intérieure, d’une passion qui n’appartenait ni au corps ni à l’esprit, mais à l’âme en quête. Il évoquait les lèvres des dames de la cour, rougissantes sous les regards, et les flammes des cheminées où les chevaliers forgeaient leurs serments. Ce rouge-là ne s’éteignait pas ; il s’intensifiait dans l’ombre, devenant pourpre profond dans les replis du tissu qui le voilait, un rouge qui chuchotait des mystères païens et chrétiens mêlés, un appel à la pureté par le feu de la chair. Longtemps après la vision, ce rouge hantait Perceval, imprégné dans ses veines comme une tache sacrée, une couleur qui guidait ses pas vers l’inconnu, éternelle et dévorante.» – Écrire la couleur : un défi poétique de Liliane Louvel (2002) Une autre approche : la couleur chez un artiste, le bleu comme « défi » linguistique, inspiré de Cézanne et la couleur devient un enjeu inter-artistique, reliant peinture et littérature. La dimension de critique d’art laisse toutefois la part belle à une quête personnelle de la couleur. « Le bleu de Cézanne n’est pas un bleu donné ; c’est un bleu conquis, un azur qui se bat contre le vert des feuillages pour émerger, pur et insaisissable. C’est un bleu qui vibre dans l’air de Provence, un bleu ciel qui descend jusqu’au sol en traînées légères, comme si la montagne elle-même respirait cette teinte, l’expirant en volutes subtiles. Il n’est pas statique : il palpite, se nuance en indigo profond dans les creux des vallées, en turquoise clair sur les crêtes érodées par le vent. Ce bleu-là, je l’ai poursuivi dans les mots, cherchant à le capturer sans le figer, car il fuit comme l’eau entre les doigts, un bleu qui évoque non la mer, mais l’infini d’un regard levé vers un horizon qui recule. Il colore l’âme d’une attente, d’un silence habillé de ciel, un bleu qui n’est ni joie ni tristesse, mais le seuil d’un monde où les formes se dissolvent en pure sensation, en une lumière qui n’éblouit pas mais enveloppe, persistante et éternelle.»        {loadmoduleid 197} 

Exil

Portrait fragmenté

Nikita ouvrit les yeux et vit les corps serrés sur les banquettes. Il y avait des enfants endormis, la tête basculée sur les épaules de leur mère, des femmes, beaucoup de femmes de tous âges, qui regardaient le mur d'en face d'un regard vide. Une dame aux cheveux grisonnants tenait un chien sur ses ...

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Violon d'Ingres

Elle pose nue, de dos, immortalisée à travers les yeux de son amant. Devant sa photographie, mise en lumière de façon magistrale, le spectateur ne voit d'abord qu'un violoncelle aux courbes gracieuses, la blancheur uniforme de l'instrument qui se détache sur le fond totalement sombre de l'arrière- p...

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L'enfant

 Depuis combien de temps est-il là, immobile, à contempler la mer ? Debout sur une butte, le dos tourné à son île, l'enfant regarde au loin. Derrière lui, l'ancien volcan semble endormi sous l'épaisse forêt tropicale, camaïeu de verts et de brumes vagabondes, de végétation et d'humid...

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​Il est seul.

Il est seul. C'est l'heure de la récréation. La cour s'égaie de mille voix, de jeux, de courses, de confidences. Lui se tient seul sous le préau. Adossé aux casiers scolaires métalliques, sa finesse d'échassier le distingue de tous les autres. Il n'entend pas crier « 1, 2, 3 soleil ». Pourtant, son ...

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Lola et le miroir

Après le petit-déjeuner, Lola trotta vers la salle-de-bains en chantonnant. Elle retira son pull, le laissa tomber au sol et glissa la pointe, puis le talon de ses pieds nus dans les plis de maille orange. Une chaleur douce enveloppait son corps. Le soleil était entré tout entier dans la pièce, tran...

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Elle...

Elle est sanguine dans sa robe de mort. Presque nue contre les gifles du vent. Au sommet du monde, sur cette montagne qui n'a ni lieu ni nom, elle s'offre toute entière à la Communauté. Elle est divine à aspirer la foule comme un rail d'adrénaline. Elle traverse la horde de fidèles béats. Son a...

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Miroitement

A travers les persiennes, filtre la lueur du jour. Il est encore tôt mais elle se lève. Elle a toujours été matinale et, même en ce jour, elle ne veut pas se mettre en retard. Un rayon de soleil réveille le miroir de sa chambre. Confident de ses humeurs, elle n'a pas de secrets pour lui. En ce matin...

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Miroir

Il se regarde écouter, avec moi chaque matin, le chuintement de l'eau, couler de son froid et léger sifflement au sommet de sa sourde chaleur. Elle mue, de sa cristalline originelle lumière vers la blancheur de son opacité. Les sens en éveil, avant même de la toucher, il sait que son idéal est attei...

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Du geste au personnage

Au milieu de la foule, il s'assoit, plie la jambe droite et pose son pied sur l'autre cuisse, sa main guide le pied pour l'accrocher à sa hanche et se fige. Lentement la jambe gauche se replie derrière lui, son corps se penche dans le déséquilibre du mouvement puis se redresse. Il donne un élan au b...

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Du geste au personnage

Dans une cuisine à l'heure du repas, un vieil homme est assis seul au bout d'une longue table. Il vient de terminer son repas et repousse son assiette. Lentement de sa main déformée, il rassemble les petites croutes éparses sur la table. Sa main aux doigts repliés balaie la nappe d'un geste len...

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L'outre-moi.

Un œil rond interroge la brume bleutée. Un pâle rayon de soleil topaze tente de s'imposer. Un dernier sursaut, il regagnerait l'eau, les algues brunes du petit canal qui borde St Lio. Mais la main de la vieille femme rattrape le poisson et le repose au milieu de ses congénères. Il est là dans la nas...

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Séducteur toutes saisons

Atelier Personnage avec Charles Julliet

Tes yeux noirs qui pétillent. Une lumière dans tes yeux. Ce ne peut être une lumière noire. Je ne saurais la définir, la lumière de tes yeux. Ta barbichette noire qui se tend vers l'avant, insolente et pointue. Ton regard de diable cherche à séduire quelqu'un. Autour de toi, les dames. Ce sont elles...

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Monsieur Neige

Stage nouvelle

Un grand hôpital blanc, voilà le lieu où je me trouve. Blancs les murs, blanches les blouses des infirmières. Le blanc égale l'absence. Le blanc égale le rien, le non- être. Un mariage blanc, c'est un mariage qui ne se concrétise pas. Une voix blanche, on ne l'entend pas. Dans un grand hôpital blanc...

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Les choux à la crème

Atelier zoom sur le corps

Comme chaque matin, au jour naissant, il reprend sa place contre le réverbère défoncé faisant face à la vitrine de la pâtisserie. Les épaisses fumées des premiers camions qui vont décharger les paysans avec leur victuaille, opacifient les lueurs de l'aube. Sali par la violence des nuits passées ...

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Folie criminelle

Atelier écrire la folie

Il a 10 ans. Il vit à la campagne. Ses parents sont gentils. Dans sa chambre, vit un chat en peluche. Il a une petite voiture Dinky Toys. Elle est rouge. Elle roule. Il y a le lit. Il y a la table de nuit. Il y a la chaise. Il est heureux. Il n'y a pas de livres. Il ne peut pas lire. Il ne lit jamai...

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éperdument indifférente

Atelier personnage

Rides creusées. Béance du regard. Ta silhouette arrondie trahit le modelage du temps. Ton dos ploie. Démarche chaotique, lancinante, lente qui laisse ta trace sur le tapis usé. Pour horizon définitif la porte de notre chambre devenue tienne et dont tu m'interdis le seuil. Drame intime aujourd'hui dé...

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Histoire d'une débutante

Atelier moment de vie

Débuts à Paris

J’ai tout juste 22 ans quand je débarque à Paris, en novembre 1979 . Dans ma valise, je n’ai glissé que quelques vêtements. Dans mes poches, je possède environ une centaine de francs.
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Un rapide passage à la réception, puis je découvre ma chambre. C'est une pièce plutôt triste, mais assez spacieuse. éclairée par une fenêtre ouverte sur l'extérieur. Au fond, un petit coin cuisine, équipé d'un réchaud à gaz, est aménagé.

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l'homme du rond-point

Atelier sur le regard

Il est au rond point, comme chaque jour, debout avec sa pancarte, barricade contre l'indifférence insouciante du monde, bâtie contre le courant, pour que le flot lent et anonyme du train-train quotidien vienne buter sur ses rivages. Et Dans les rayons du soleil de fin d'après midi, qui l'effleure su...

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Reflet dans le miroir... Dominique G. 01/2017

Atelier portrait dans le miroir

Elle se regardait et se voyait toute longiligne, maigre, et plus grande d'un tiers au moins que dans la réalité . Elle riait... Oui, c'était elle ! Et c'est ce miroir-ci qui lui renvoyait cette image-là.Puis, juste à côté, cette glace la transformait en naine - grosse, joufflue, le visage déformé co...

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Traversée d'un groupe... Christiane F. 11/2016

Atelier mouvement dans la foule

Le TGV redémarrait en douceur, la porte à glissière siffla et elle pénétra dans le compartiment, tirant une énorme valise rouge à roulettes, en plus de deux grands sacs à l'épaule. Elle se planta devant l'espace dédié aux bagages, qui débordait. Pourtant pas mal de monde était descendu à Valence.Un ...

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Description d'un lieu, scénario puis parcours d'un personnage"... Olivier B. 06/11/2015

Atelier ecriture et cinéma

LE CINÉASTE La porte est en bois massif, simple et de couleur foncée. La clenche est en métal noirci. Quand tu ouvres cette porte, tu pénètres dans une cuisine dont le sol est fait de tomettes rouges. Elles sont polies par le temps et leur alignement n'est pas très régulier. En face de la porte, une...

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" Un personnage traverse un groupe" Pierre Gaudon Novembre 2016

Une intrusion L'église était pleine en cette veillée pascale, et l'assemblée était priante. L'église St Leu, à Paris, rue St Denis, n'est pas réellement une paroisse. Les gens qui s'y retrouvent pour prier ou pour célébrer sont pour partie du quartier, certes, mais les plus nombreux sont des hommes ...

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23 mars 2023
           Il faisait beau et je n'avais définitivement pas envie de m'extraire du transat. Dorer au soleil était l'obje...
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9 janvier 2021
Il y a une petite fille près de la fenêtre, elle a huit ans, elle regarde la nuit qui tombe. La croisée se découpe en sombre sur le mur rose pâle. Le ...
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10 avril 2021
Faire un vœu et convoquer une fée pour sa réalisation, exprimer le plus cher de ses désirs, celui-là même dont on sait la concrétisation hautement imp...
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Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

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« L’émotion la plus forte et la plus ancienne de l’humanité c’est la peur, et la peur la plus ancienne et la plus forte est celle de l’inconnu. » affirme H. P. Lovecraft. Mais, sous l’évidence du mot et de l’émotion qui lui est associée, qu’est-ce finalement, la peur ?...

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