Laurent Tschumi, Le Ceiba
aux Éditions Maïa
C'est l’aventure qui est au centre de ce livre, une aventure qui mène le lecteur au cœur de l’Amazonie. Au fil des pages, un parcours de vie se révèle être un parcours initiatique. Peu à peu, la nature dévoile ses mystères, les humains tombent les masques. Une véritable descente aux enfers va permettre à de découvrir des personnages étonnants– un truand, chamans , une femme solaire, guérilleros atypiques... – l'accompagneront dans des situations , parfois drôles et déjantées, toujours intenses au cours desquelles David devra faire face à ses démons intérieurs.
Ce voyage sans retour possible permettra que surgisse le sens : celui de sa perdition, de l’épreuve, le sens de sa présence à l’autre bout du monde. Car, tout se joue là pour lui et pour ceux qui l’accompagnent dans cette forêt amazonienne, elle aussi en danger de mort. Viendra le moment où, l’arbre sacré d’Amazonie, le Ceiba, David, dans un élan fou et absolu, mettra sa vie en jeu pour renaître et rencontrer l’âme vibrante de l’Amazonie.
Laurent Tschumi, né en Suisse bénéficie de plusieurs cultures. C'est un voyageur, il aime sillonner la terre, perdre ses points de repère pour mieux s’immerger dans le quotidien des peuples rqu'il rencontre. et s’initier à leurs rites et formes d’expression. En d’autres termes, dissoudre la frontière entre lui et les autres et sonder la profondeur des aspirations les plus intimes qui nous animent en tant qu’humains.
Extraits
La nuée prit le large, s’éloignant toujours plus. Le vrombissement qui l’accompagnait s’estompa. Le déferlement avait passé. Désormais, le silence régnait en maitre. La nature alentour, encore hagarde, reprenait sa respiration. Un homme se tenait debout, près d’un grand ceiba¹. Quelques instants auparavant, il avait vécu un terrible effroi. Son corps en portait encore la marque. Mais, plus important encore, il vibrait d’émotion ; en une fraction de seconde, un retournement avait fait basculer l’épouvante vers un émerveillement inattendu. Encore estourbi, il posa le regard sur sa main. Elle diffusait une chaleur qui pulsait par vagues. Ce rayonnement portait l’empreinte d’une rencontre ineffable.
L’homme reprenait ses esprits. Il ressentait un vide creusé par l’absence et la nostalgie d’un bouleversement majeur qui avait infléchi sa vie. La reine s’était envolée. Sa venue, furtive, n’avait été qu’un ultime adieu. Mais elle avait ravivé en lui un espace de plénitude qu’il pourrait à tout moment ressusciter.
Le chant mélancolique des toucans, entrecoupé de quelques croassements diffus, s’éleva dans l’atmosphère. Fidèle à son rituel vespéral, le soleil embraya sur ces mélopées et embrasa la forêt tropicale avec ses teintes flamboyantes. L’homme releva la tête et suivit du regard l’envolée de quelques toucans. Comment faisaient-ils pour se tenir en équilibre dans l’air avec le poids de leur long bec ?
Puis, son regard se posa sur le ceiba¹. L’arbre, majestueux, semblait défier le temps. Il portait les stigmates d’un déchainement aveugle qui s’était abattu sur lui. L’homme s’avança, posa ses mains sur son écorce et ferma les yeux. Tout s’apaisa en lui.
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Grand arbre tropical
- Tu as envie de guérir ? interrogea Juan, au petit matin.
- Euh, oui ! Bien sûr ! balbutia David, impressionné par cet homme aux allures sévères.
- Faux ! coupa sèchement Juan.
David sursauta, comme s’il avait reçu une gifle magistrale.
- Pourquoi as-tu fait tout ce chemin si tu ne veux pas guérir ? insista sans ménagement le chamane.
Décontenancé, David ne savait que répondre. Il se sentait malmené. Pire : pris en faute. Dans le lourd silence qui s’ensuivit, il se voyait suspendu au-dessus d’un vide béant. Ses circuits s’étaient tout d’un coup déconnectés : le black-out total !
- Tu sais que tu peux guérir, mais tu ne veux pas. Tu n’y crois pas, scanda Juan en appuyant sur chaque syllabe, comme s’il voulait enfoncer le clou.
Les phrases prononcées par Juan percutèrent David : je peux, mais je ne veux pas, je n’y crois pas …vraiment ?
- Tu ne crois plus en la vie. Alors, je ne peux rien pour toi, affirma Juan.
- Attends, pas si vite ! Je … tout va si vite tout d’un coup. Donne-moi une chance, je ….
- Je vais te laisser tranquille pendant trois jours. Repose-toi, va te balader, fais-toi du bien ! Je te demande de faire deux choses durant ces trois jours : parle avec l’esprit de ta maladie et demande-lui pourquoi il est venu s’installer chez toi ! Deuxièmement, demande à ton âme pourquoi elle lui offre si généreusement table et couverts ! Pour le reste, abstiens-toi de tout alcool, café, sel et sucre, hydrate-toi bien et ne mange que des fruits et mes soupes de légumes ; ce sera le début de ta diète amazonienne. Tous les matins, à jeun, tu boiras l’infusion médicinale que Latica t’aura préparée. Le soir, avant de te coucher, je t’apporterai une préparation spéciale. Ellet’apaisera.
Pour se procurer le livre
editions-maia.com/livre/le-ceiba-laurent-tschumi
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