Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

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Catherine P.
31 mars 2025
Textes d'ateliers

Je me souviens de Mario, le locataire de mes parents. De nature immuablement heureuse, il comblait de vie le fond de notre cour. Il était de ces hommes rudes aux traits gravés par les intempéries et aux mains rabotées par le mortier. Chaque maison, chaque construction avait imprimé sa marque dans l'...

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Sylvie Reymond Bagur Disparition
28 mars 2025
Retrouvez la bibliographie et des textes extraits de nouvelles d'Anouk en suivant ce lien. Vous pouv...
Invité - Françoise Gailliard De dos
17 février 2025
Tout est là dans cet astucieux texte court : la fine observation de la petite personne, une première...
Invité - Véronique 343
3 février 2025
Bonjour, Ce texte sait trouver les mots et le rythme pour faire ressentir le fracas des sentiments e...

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28 mars 2025
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Deux voix s’ouvrent pour l’écriture, ou plutôt trois. Commençons par la plus généreuse -  la moins en vogue - la puissance du Verbe, le mouvement que porte en elle la profusion des mots des sonorités et des images quand elle n’est pas gratuite. Et puis la voix moyenne, contemporaine, celle qui se calque sur l’oralité de tous les jours, un usage simple de la langue, direct, la commodité d’un langage transparent sans musique ni ellipse, laissant toute la place à l’histoire et à ses personnages, à la psychologie, le suspense et l’intrigue. Et enfin la voix suggestive, l’écriture qui se concentre autour des vides qu’elle prend soin de créer, ces écritures avec sous-textes, écritures allusives, fortes des espaces laissés au lecteur, au lecteur patient et attentif qui aime être sollicité -le vrai lecteur ? Car, comme l’explique Vladimir Jankélévitch : "Les lacunes que nous comblons nous-mêmes agissent sur notre imagination comme un vide attirant et exaltent les puissances de rêve qui sont en nous." Faire confiance au Verbe, ne s’en servir que comme d’un outil le plus neutre possible ou pratiquer la brachylogie* (prise en sons sens le plus large d’ellipse) ? Écrire, c’est viser un peu de ces trois cibles, chaque style d’auteur composant sa palette.  Brachylogie : provient du latin brachylogia, « Brièveté dans l’expression ». Il s’agit d’une figure de rhétorique, plus précisément une ellipse consistant à ne pas répéter un élément de la phrase comme ci-dessous : "Sa tête se mit à tourner, son cœur à battre fort."  {loadmoduleid 197} 
06 mars 2025
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Écrire : le défi des pleurs et des larmes Illustration : La Descente de croix, Rogier van der Weyden (détail) « C’est tellement mystérieux le pays des larmes… » Le Petit prince, Antoine de Saint ExupéryLes larmes ne pourraient-elles pas, détrônant ainsi le rire, être proclamées le «  propre de l’homme » ? Quelles questions les larmes posent-elles aux relations humaines, sociales ou intimes et par là, à l’écriture ? À la fiction ?   Les mots, le vocabulaire des pleurs— Le  « plorer » du Xe siècle, issu du latin plorare, « crier, se lamenter, gémir » devient « pleurer » au XIIe siècle : verser des larmes sous l’effet d’une douleur physique ou morale, d’une émotion violente. Pleurs et larmes ces « « humeurs liquides qui s’écoulent d’une glande de l’œil » semblent déjà irréversiblement liés.— Curieusement « larmer » a disparu, « pleurer » a pris toute la place, plus doux peut-être ? K. Huysmans, toujours friand de mots rares, l’utilise pourtant dans « En Rade ». Pour revenir peut-être à la réalité des pleurs ? À l’écoulement, au mouvement physique ?   Des expressions et des pleursOn peut pleurer à chaudes larmes, verser toutes les larmes de son corps ou juste avoir la larme à l’œil, être bête à pleurer, verser des larmes de joie ou des larmes de crocodile, être sur le bord des larmes, pleurer comme un veau, pleurer amèrement, pleurer sur son sort, pleurer des larmes de sang, avoir des larmes dans la voix ou une crise de larmes, il existe des larmes qui nous brouillent la vue,  on peut pleurer comme une Madeleine ou comme une fontaine, se rendre au bureau des pleurs, pleurer de rire, ou rire aux larmes, fondre en larmes (et voir changer de matière son corps ?) croire qu’en pleurant on pissera moins, avoir des larmes de joie, parcourir la vallée des larmes, être au bord des larmes, les ravaler quand elles nous montent aux yeux. Il reste encore le si poétique « Frôler les larmes »…Finalement, il s’agit simplement « d’Être » en larmes. Puis, un jour, de sécher ses larmes.   L'imaginaire des mots du "pleurer" Larme : un mot qui reste ouvert, comme en suspens. On y sent la larme apparaitre se gonfler, se détacher.La larme, la goutte de chagrin, l’émotion matérialisée, un  mot comme une sorte de bijou de souffrance. Profondeur de l’émotion, matière délicate.Transparence.Elle se forme, se sépare, roule, il y a une vie de la larme.Et puis  objet-larme, objet de peintre - comme le tissu - peindre la larme, c'est faire une prouesse, montrer du savoir-faire, maitriser l’illusion de l’émotion, un exploit qui se place quelque part.. entre le sec et le larmoyant, entre l’absence de manifestation et son débordement qui lui faire perdre sa signification, sa force. Il y a le torrent de larmes, et puis la larme unique, précieuse,une sorte de chagrin pur, essence de chagrin. La larme, la goutte de chagrin s’écoule sur son chemin de joue.Délicatesse ondoyante sur une peau parcheminé ou fruitée,elle s’étire, marque le poids de l’émotion dans sa forme de poire tansparente,lanterne magique ou se reflète l’âmeManifestation, preuve ou mesnsonge. Les pleurs, moins condensés que la pluie et sa douceur liquide. Pleurs, un mot qui se perd. Qui s'est perdu.Est-ce que les animaux pleurent ? J'ai vu la larme d'une brebis couchée, mourante, tombée de la falaise. Larme du dernier souffle et de la souffrance. Coulée d'humanité ? Du point de vue littéraire, pleurer éloigne, neutralise un peu. Les pleurs sont plus concrets et puis il y a la  larme, l'arme, si proche de la lame.  La  goute de chagrin, finalement, j'y reviens.   Et la physiologie des larmes ? Liquide constitué essentiellement d’eau salée et ionisée, il existe trois sortes de larmes, toutes trois réflexes avec des mécanismes et des buts différents.— Les larmes qui servent à humidifier, lubrifier, oxygéner nettoyer la cornée. Présentes en permanence, ce sont des sécrétions que nous partageons avec les animaux. — Les larmes produites sous l’effet d’une agression extérieure par exemple le gaz dégagé par l’oignon ou une poussière dans l’œil. Porteuses d’anticorps et d’enzymes antibactériens, elles sont utiles pour défendre, protéger la cornée. — Les larmes liées à une joie ou un chagrin, celles qui nous intéressent. Ces larmes sont aussi réflexes : des sécrétions liées aux émotions  ! « Mais son cœur était soulagé, et de ses yeux coulaient des larmes qui tombaient sur ses mains ». F.Nietzsche Une mutation génétique s’est produite dans l’espèce humaine il y a des centaines de milliers d’années. Une erreur a connecté le système limbique – les régions cérébrales qui ressentent, détectent et expriment des émotions – aux glandes lacrymales. Cette erreur s’est reproduite, un gène a muté et cette mutation a dû présenter des avantages puisque, la sélection naturelle ne s’en est pas débarrassée !Si les animaux peuvent gémir, crier, hurler, aucun ne verse des larmes d’émotion, pas même nos plus proches cousins, les primates. Les pleurs renvoient à l’humanité ou peut-être est-ce l’inverse l’humanité s’est faite par les pleurs ? "J’avance dans la ruelle des couloirs, raide dans ma tenue tel un GI mal costumé. Et puis sur le seuil de ta chambre, haut du cœur, haut du corps, le spasme, le même encore, le temps de l’étonnement douloureux, les larmes montent, leur marée pousse jusqu’au bout des yeux, le corps subit la vague. Je frissonne, une fois encore la vue s’embue. D’où vient ce flot si puissant que je me tétanise ?" Extrait de mon roman,  L’Autre d’une femme. L’origine des pleurs se trouve donc dans le cerveau. La tristesse est l’une des émotions dont les neuro scientifiques ont découvrent la nature chimique au travers du rôle des neurotransmetteurs qui se modifient face à une nouvelle grave, un choc émotionnel. Ces processus cérébraux, qui agissent un peu comme des antidouleurs, s’accompagnent de manifestations corporelles (gorge serrée, boule à l’estomac, respiration réduite) et parfois, ce message nerveux fait couler des larmes.Elles ont une composition différente des autres larmes avec plus de protéines et d’hormones qui agissent sur la douleur. On retrouve également dans ce type de larmes les molécules responsables du stress ou des toxines apparues sous l’effet du stress. On pleure beaucoup dans l’enfance, en vieillissant, on produit moins de larmes, on pleure moins, mais on peut larmoyer. Quels sont donc les effets physiologiques des pleurs ? Une sorte de catharsis physiologique : antidouleur, relaxation, élimination de toxines du stress…Les larmes, sorte de protecteur psychique, nous laissent épuisés, à cause, bien sûr de la situation qui a provoqué les larmes, mais aussi de la libération d’hormones qui vont provoquer l’accélération du rythme cardiaque, la dilatation des vaisseaux sanguins et la production d’énergie à partir de nos réserves de glucose et d’acide gras, une dépense énergétique correspondant à une sensation de fatigue. Certaines théories affirment même que pleurer conduirait le corps à libérer des endorphines de bien-être, celles qui sont libérées par l’exercice ou le sport. Il est vrai également que pleurer fait travailler des muscles habituellement peu mobilisés comme ceux du menton, de la poitrine ou de l’intérieur de la gorge.Pleurer permet donc de retrouver un état d’équilibre émotionnel. Tous ces mécanismes contribuent à diminuer les tensions psychiques : tristesse, anxiété, angoisse, peur, y compris les tensions positives : joie, rire…Vertu de libératrice des larmes ? Dimension physique et haute densité psychique ! « Pleure afin de savoir ! Les larmes sont un don. Souvent, les pleurs, après l’erreur ou l’abandon, raniment nos forces brisées ! » Victor Hugo Pleurs et féminité  L’enjeu de genre ! Les hommes qui "ne pleurent pas" et puis se mettent à pleurer.Les larmes contiennent des hormones de stress dont elles permettent de réduire la concentration dans le corps, en particulier la prolactine, hormone responsable de la lactation après l’accouchement, de l’absence d’ovulation et du déclenchement des larmes. La lactotransferrine, hormone régulant la production de lait, est aussi à l’origine de cette surproduction de larmes chez les femmes. On peut aisément imaginer que ces deux substances se trouvent en moins forte concentration chez les hommes ! C’est pour cette raison biologique que les femmes pleurent entre 4 et 8 fois plus que les hommes à l’âge adulte et elles pleurent plus longtemps et avec moins de retenue.Habitudes sociales, codes culturels, éducation spécifique et biologie ne sont donc pas ici tout à fait étrangers… Dans certaines cultures, « les pleureuses » sont encore appelées pour pleurer les morts. Pleurer est alors un travail, un rôle social aussi. Une "histoire des pleurs" ?Acceptées chez les soldats homériques et romains (Priam vient implorer Achille pour avoir le corps de son fils Hector, Achille pleure son ami Patrocle, les exemples sont très nombreux dans l'Iliade et l'Odyssée) les larmes sont, au Moyen-âge, fortement liées à la foi, à l’émotion spirituelle au travail de deuil. On observe un mouvement de laïcisation au XVIIe. Les larmes deviennent une preuve d’humanité et garantissent la valeur morale de celui qui les verse. Le siècle suivant, avec notamment Rousseau, loin de se contenter d’entériner cette évolution, la radicalise de façon saisissante en promouvant une véritable « morale du sentiment ». Désormais, ne pas pleurer dans des circonstances touchantes, c’est se montrer dépourvu d’une « sensibilité » donnée pour “premier fondement de la société et revient à s’exclure de la communauté vertueuse et à sombrer dans ce que le XVIIIe siècle nomme la barbarie.En ce qui concerne l’art, c’est surtout la promotion du pathétique, conçu désormais comme catégorie esthétique autonome, qui, en donnant les moyens de penser un plaisir qui ose enfin s’avouer pour tel, débarrasse définitivement le langage des larmes de sa soumission à « une culture du refoulement ». Le pathétique devient progressivement, durant le dernier tiers du XVIIe siècle, “une catégorie esthétique à part entière, dégagée de toute visée morale ou religieuse”, il devient enfin possible de décrire librement, indépendamment de tout horizon éthique, dans le cadre d’une rhétorique adulte et désormais soucieuse de penser l’esthétique comme objet d’étude autonome, la volupté des larmes  !  En instituant “la promotion esthétique de la sensibilité  », cette autonomisation du pathétique favorise de façon décisive l’envahissement de bon nombre d’ouvrages du siècle suivant par le langage des larmes .Le partage net entre un masculin qui ne pleure pas et un féminin associé au pleur facile, allant ainsi plus loin encore que la biologie, s’installe notamment à partir du XIXe. Le langage des larmesIl faut noter le lien des mécanismes des larmes avec le nerf facial, avec le nerf maxillaire supérieur, ce qui explique le surgissement d’expressions particulières, de mimiques spécifiques liées au fait de pleurer. Les larmes forment ainsi une partie d’une expressivité globale de la souffrance et de la douleur.Des formes primitives (signal de douleur ou de détresse), les pleurs sont devenus une forme de communication élaborée dont on peut penser qu’elle a contribué à renforcer les liens sociaux et ainsi à permettre à nos ancêtres de survivre et de prospérer. Il peut prendre le relais du langage verbal : on peut pleurer sous le coup d’une émotion qu’on ne peut parvenir à verbaliser, lorsque “les mots ne viennent plus.” Le langage des larmes, considéré comme un système de signes “muets”, assure une communication dans un environnement socioculturel donné : il dépend d’un système de règles, de normes et de modes en vigueur à une certaine époque et dans une certaine culture. Grâce à nos larmes, l’autre peut capter le message de souffrance, le degré d’émotion que nous vivons. Là où nous n’avons plus ou peu de mots, les larmes prennent en charge la communication humaine et permettent, d’autant plus que l’interlocuteur est à l’écoute, un ajustement de ses réponses envers l’autre, favorisant par là même un échange empathique. Le lien entre pleurs et visage est devenu un élément essentiel de la communication : un moyen crucial de déchiffrement de l’émotion, de la douleur de l’autre. Les larmes s’écoulent et c’est comme si quelque chose de l’intériorité se matérialisait.   Les larmes : vulnérabilité ou moyen de pression ? “À lire nos anciens, il semble que les hommes aient beaucoup pleuré. Ce n’est plus de mise. Il n’est pas grand monde pour larmoyer dans les romans contemporains comme dans la vie. Cette effusion est mal vécue. L’époque se veut cynique. Sous le prétexte d’une affreuse pudeur, on aura rayé, en condamnant les larmes, ce dernier signe corporel des vastes émotions incompressibles dans de si petits corps. Le mâle surtout, et mystérieusement, n’a plus ce droit. Il sera bientôt réduit à sa plus simple expression. Il bande, éjacule et meurt – activité de gibet. Je n’ai pas eu cette chance. Je suis des rares qui osent encore. J’en suis à mon quatorzième lacrymatoire gallo-romain offert en cadeau de rupture. C’était ce matin, au réveil, après avoir écouté une nouvelle fois la chère voix de Rodogune au téléphone j’ai fini par sangloter – l’émotion vibrante m’épuise, comment arriver jusqu’à la Nuit, par quel chemin et dans quel état ?” Michel Castanier Les larmes, sécrétions réflexes (sauf chez certains comédiens ou antiques pleureuses), nous livrent, nous libèrent, nous servent, nous révèlent, nous rendent perceptibles. Elles posent la question de la passivité / l’activité, de la force /la faiblesse. Par nos larmes, nous apparaissons dans notre vulnérabilité : pleurer c’est montrer une perte de contrôle sur nos émotions, une perte de défense. Laissant de côté le monde des apparences, de la bienséance, les larmes sont parfois des moments de vérité. “PLEURER. Propension particulière du sujet amoureux à pleurer : modes d’apparition et fonction des larmes chez ce sujet.Je, moi qui pleure toutes les larmes de mon corps” ? ou verse à mon réveil “un torrent de larmes” ? Si j’ai tant de manières de pleurer, c’est peut-être que, lorsque je pleure, je m’adresse toujours à quelqu’un, et que le destinataire de mes larmes n’est pas toujours, Je même : j ’adapte mes modes de pleurer au type de chantage que, par mes larmes, j’entends exercer autour de moi.En pleurant, je veux impressionner quelqu’un, faire pression sur lui (“Vois ce que tu fais de moi”). Ce peut être - et c’est communément - l’autre que !” on contraint ainsi à assumer ouvertement sa commisération ou son insensibilité; mais ce peut être aussi moi-même : je me fais pleurer, pour me prouver que ma douleur n’est pas une illusion : les larmes sont des signes, non des expressions. Par mes larmes, je raconte une histoire, je produis un mythe de la douleur, et dès lors je m’en accommode : je puis vivre avec elle, parce que, en pleurant, je me donne un interlocuteur emphatique qui recueille Je plus « vrai » des messages, celui de mon corps, non celui de ma langue : « Les paroles, que sont-elles ? Une larme en dira plus. » » Roland Barthes, Éloge des larmes Sincérité des pleurs?Larmes de crocodile : voici l’expression qui pose le soupçon sur les pleurs ! Elle proviendrait d’une légende de l’antiquité dans laquelle les crocodiles, cachés dans les hautes herbes du Nil, auraient attiré leurs proies par des gémissements et des plaintes. Une autre explication, moins poétique, affirme que, lorsque le crocodile ouvre très grand sa mâchoire pour croquer sa proie, il appuierait sur ses glandes lacrymales, déclenchant la production de larmes. Quoi qu’il en soit, ces deux explications ramènent au fait que les larmes de crocodile n’ont rien à voir avec une tristesse sincère, mais qu’elles illusionnent, cherchant à émouvoir de façon hypocrite quelqu’un pour le tromper. Le soupçon de duplicité de dissimulation et de mensonges existe depuis les premiers moralistes. Les larmes, fausse faiblesse et vraie puissance, se révèlent de formidables machines de manipulations de l’autre. L’extériorisation des sentiments, des émotions, peut être un moyen de pression, de culpabilisation. Sur le plan physiologique déjà, les pleurs dégagent un signal chimique volatil dont la perception par un autre individu, par le biais des récepteurs de l’olfaction serait à l’origine d’un effet sur son état d’esprit. On peut rappeler qu’une équipe de chercheurs du Weizmann Institute of Science, en Israël, a pu démontrer que les larmes des femmes envoient des signaux chimiques volatils, qui entraîneraient une chute de la testostérone chez l’homme, induisant par là même une baisse de libido.   Les larmes comme une arme ?Voici une sorte de « nouvelle tendance » que j’ai trouvée dans plusieurs livres et émissions récentes : les larmes comme arme politique. En voici un exemple dans un livre qui vient de sortir « L’Amour et la révolution » de Johanna Silva, l’ex-compagne et ex-attachée parlementaire du député de la Somme François Ruffin : « J’avais un nouveau cheval de bataille qui m’était propre : je voulais défendre l’humanité, la vulnérabilité, la bienveillance au sein du monde politique. Je sentais bien que ce n’était pas une niaiserie, qu’il y avait quelque chose à creuser. (…) J’en étais même venue à considérer mes pleurs intempestifs comme une arme. » Un rapport aux larmes, une vision des larmes, qui fait réfléchir… Quelques pistes d'écriture des larmes et de réflexion...— Mystère du surgissement, de la matière, de l’odeur des larmesForme des pleurs : sanglots ? Écrire comme des sanglots ? Poétique des larmes ?— Le moment des pleurs : immédiat, l’après-coup. Moment de pleurer ou pas ? Trop tard ? Sa durée ? Trop long ? Trop bref ?— Retenir, garder, refouler ? Surgissement des larmes : « être pleuré ? » — Être l’otage, captif de ses larmes ? — Épanchement, faiblesse, vulnérabilité. Répandre des larmes : pleurer, pleurnicher, s’épancher.— Laisser couler ses larmes, s’autoriser, ne pas même les sécher ou les réprimer.— Être submergé, débordé.— Fonte de l’identité sociale et personnelle qui craque, qui fond ?— Maitrise, souveraineté de soi ou sa disparition. — Censurer. Larme et volonté ? Aveu de faiblesse ou rage ?— Libérer, accueillir les pleurs— Pleurer = s’humaniser ?— Jamais seul quand on pleure ?— Pleur solitaire. Pleur privé, intime ? Se cacher. Larme et pudeur. Intimité des larmes et pourtant manifestation extérieure— Pleur et relation amoureuse ou amicale— Parler avec ses larmes, se taire et dire ?— Refus de voir l’autre pleurer.— Afficher ses pleurs comme un reproche. — Demander par les larmes : implorer, de justice de réparation.— S’excuser de pleurer— Prise de pouvoir : attendrissement, culpabilisation.— Appel à l’autre. Faire pression ou subir ?— Pleur social et dimension culturelle.— Émotion publique ou privée— Travail et temps du deuil. Pleurer les morts. — Les larmes du quotidien, la « vie embuée ? »— Déplorer : ressassement, lamentation.— Solidarité, contagion des larmes ? Communion par les larmes : pleurer avec, pleurer ensemble. — Pleurer au cinéma ou au théâtre. Catharsis ?— Politique et poétique, transformer le réel ou une relation ? Pas simplement une expérience de douleur : demande de consolation ou de justice, d’une future réparation— Larme comme arme politique ?— Absence, fin des larmes. Sécher ses larmes— Ne plus savoir pleurer ? Être bloqué.— Bonheur de pleurer dans un film de Truffaut : l’enfant avoue que pleurer, c’est un bon petit plaisir ! — Métaphysique des larmes ? « Au jugement dernier, on ne pèsera que les larmes ». Cioran.      {loadmoduleid 197}
01 mars 2025
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" «Vous dites vrai… mais c’était bon de votre temps. » reprit Véra, qui aimait à parler de « son temps » comme tous les esprits bornés qui sont persuadés que la nature des personnes se transforme avec les années, et qui s’imaginent savoir à quoi s’en tenir mieux que personne sur les singularités de leur époque… « Aujourd’hui... » ". Cette citation tirée de Guerre et Paix que je relis en ce moment est un bel exemple de réponse à ceux qui m'interrogent ou s'interrogent : mais pourquoi donc lire encore les classiques ? Sortir de l'illusion du caractère unique et supérieur du "contemporain" est une question qui a traversé toutes les époques.
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LES PARTITIONS DE JULES

images-157 Atelier sur les objets

Jules est solitaire. Au bureau il est entouré de toutes parts et pourtant il n'a jamais créé de liens et se contente d'observer, de loin. Parfois à partir d'une réflexion saisie malgré lui ou d'une émotion peut-être perçue, il brode et divague, ajoute des vies aux vies qui l'environnent. Oui, Jules est solitaire dans cette grande aire de travail partagé où il ne partage rien. C'est tout juste si les autres ont noté son existence mais ça ne l'étonne pas, cela a toujours été ainsi, il se sait transparent, n'arrête aucun regard, ne semble pas digne d'attention si fragile soit-elle. D'ailleurs à quoi sert-il dans cette entreprise? Les autres sont perpétuellement affairés, efficaces, utiles, comme solides, ça lui donne le vertige ce petit monde en mouvement qui distille des paroles rendues inaudibles par le brouhaha ambiant des exclamations, des sonneries, du cliquetis incessant des claviers. Cloisonné dans son petit rectangle de verre il est comme un point fixe, isolé au milieu de la tourmente, livré à son imaginaire et ne partage ni le même espace ni le même temps. Pourtant une chose le retient au travail, il aime trier, classer, étiqueter, ranger, organiser, s'évertuant à construire une harmonie entre les documents qui lui sont confiés. Il développe là un réel talent mais qui s'en soucie ? Qui l'a même remarqué ? Ça ne l'affecte pas car c'est ailleurs que cette inclination s'exprime. Jules adore chiner.

Il se rendait souvent aux puces avec sa mère quand il était petit, le dimanche en général. Il la suivait tandis qu'elle déambulait entre les différents marchés épousant à chaque fois un itinéraire qu'il ne pouvait anticiper, pour enfin en choisir un dont elle arpentait les allées, se dirigeant soudain vers ce qui attirait son attention : une forme, une étoffe, le scintillement azuréen d'une argenterie, s'éloignait un instant, semblait disparaître, revenait, sans stratégie apparente, d'un stand à l'autre, comme l'abeille qui butine sans que l'on devine quelle fleur sera finalement élue. Jules aimait la cartographie aléatoire qu'elle dessinait ainsi. Enfin, elle se décidait pour un achat qui viendrait compléter la myriade d'objets qui peuplaient indistinctement les pièces de l'appartement dans un débordement proche de la saturation repoussant très loin l'image de la ruche. C'est l'activité dont il se souvient le mieux, celle qui éclairait les ternes semaines d'école. En grandissant sa mère lui permit de vagabonder à son tour, sans qu'il ait à justifier quoique ce soit, pourvu qu'il ne s'éloigne pas trop. Avec son argent de poche, qui lui semblait une fortune en vérité, il achetait de menus objets, menus par le prix mais surtout par la taille, il s'était fixé ce critère. Il échangeait peu avec les marchands contrairement à sa mère. Jules n'a jamais été bavard, enfin, pas avec les autres. Il rentrait en général les poches garnies d'une multitude de petites choses, les installait dans sa chambre mais, comme pour s'opposer au chaos domestique, s'empressait de les classer. Il étirait ce grand moment sur plusieurs jours car le classement requérait, comme toute mission, beaucoup de soin.

Au début, il triait les objets selon leur forme, de l'angle vif d'un cube aux arrondis sensuels d'une broche, cela traçait une sorte d'écriture au fil des étagères dont le nombre à sa demande avait sérieusement augmenté.

Un petit incident le dirigea cependant vers une autre perception.

Un jour qu'il déplaçait une fois de plus quelques objets, il fit tomber une petite cloche suivie immédiatement par une bille qui roula sous le lit. La richesse des sons produits par cet enchaînement, la résonance cristalline du métal frappé, prolongée par le bondissement de la bille de verre sur le parquet, imposa la matière comme nouvelle catégorie de classement. Classement n'était d'ailleurs plus le mot qui convenait ; il agençait, associait ses trésors tels des notes sur les portées musicales que dessinaient les étagères. Il les accordait. La mission dont il s'était senti investi au début de sa récolte s'était peu à peu muée en œuvre sans qu'il en soit conscient. C'est ainsi que semaine après semaine, mois après mois, année après année, il avait constitué une sorte de collection qu'il déroulait comme une bande sonore. Poursuivant la composition d'une partition personnelle que lui seul avait le pouvoir de déchiffrer, créant tour à tour des menuets, des chaconnes ou des pièces qu'on ne pourrait qualifier, mais toujours savantes, il éloignait le silence qui régnait sur sa vie.

Dimanche. On ne rompt pas avec les rituels si facilement et la simple évocation de cet instant lui procure un frisson presque convulsif. Jules a repéré dans le journal que se tient à C…une brocante assez réputée où il pense moissonner avec succès. Avec l'âge son degré d'exigence s'est considérablement accru tant la complexité de ses partitions intimes réclame des choix rigoureux. Tandis qu'il remonte l'allée centrale, un peu en retrait, il découvre sur une table branlante recouverte d'un drap blanc trois ronds aux motifs géométriques et vivement colorés alignés comme trois points de suspension. Il perçoit cet agencement non pas comme la figure d'une incomplétude mais plutôt comme une invitation à prolonger, la promesse d'une suite à enrichir. Ces trois points lui indiquent quelque chose en passe d'apparaître

Il s'approche, hésite longuement, les effleure comme on caresse, s'empare de l'un d'entre eux puis doucement le fait tourner. Et c'est un saisissement, LA rencontre, le coup de foudre niché dans sa mémoire comme le début d'une longue liaison que rien ni personne n'est venu à ce jour troubler. Ce petit objet circulaire qui se love si bien dans la paume est un miroir, un tout petit miroir articulé au couvercle chamarré qu'il suffit de soulever pour basculer dans l'infini du reflet.« Combien ? » demande-t-il précipitamment comme si différer l'achat suspendait de manière insoutenable le désir qui l'étreint de posséder ces trois miroirs.

Il rentre chez lui sans tarder, préoccupé par le pressentiment que ces miroirs seront des notes discordantes rompant l'harmonie créée par les autres objets. Leur forme ronde, parfaite, régulière et par-dessus tout la magie qu'ils dissimulent imposent un nouvel ordre, de nouvelles règles. Ce n'est pas que Jules ait renoncé à composer, mais la mélodie qui s'écrivait sur les murs s'est brusquement tue, aussi brusquement que les miroirs sont apparus dans sa vie. Ces nouveaux venus vont lui permettre de créer une autre partition, plus visuelle que sonore cette fois-ci. C'est un choc, une révélation. Totalement exalté par ce nouveau projet il rassemble ce qu'il possède dans des sacs qui se gonflent bientôt de tous les objets accumulés à ce jour puis les étagères sont démontées frénétiquement oserais-je dire presque arrachées le tout dans une cacophonie indescriptible qui, contre toute attente,le comble.

Une montagne s'élève bientôt dans le couloir obstruant le passage, mais qu'importe, la pièce est maintenant vide, vierge, silencieuse. Il s'assoie délicieusement sur le sol, goûtant avidement cette nouvelle vacuité chargée de promesses puis il aligne ses trois conquêtes avec beaucoup de soin, directement sur le mur, pas trop haut car il veut pouvoir les toucher. Trois points qui débutent une histoire sans lien avec ce qui pourrait précéder. Saisi d'une émotion qu'il n'a encore jamais ressentie, il se recule, les contemple dans un affolement des sens, sentant surgir en lui une passion ardente.

Lundi. Jules retourne au travail, encombré de l'impatience d'être au dimanche suivant. Une sombre semaine d'attente s'annonce. Il s'installe face aux dossiers qui s'empilent. Il n'entend plus le brouhaha et songe qu'il ne va pas tenir, il transpire, pense à se lever, finalement se lève, se rassoit, se lève à nouveau, heurte sa chaise qui tombe à la grande surprise de ses collègues peu habitués à tant d'agitation de sa part, disons qu'ils le remarquent, tout à coup. Jules se confond en excuses puis file droit vers le vestiaire pour tenter de se calmer, de peur aussi que les autres ne remarquent le trouble qui l'habite et ne posent quelques questions. La porte du casier qui voisine le sien est entre ouverte. Jules n'est pourtant pas indiscret mais il se penche de côté, distingue dans la pénombre ce qui semble être le sac de M… il n'est pas certain… il reste tétanisé. « Si j'osais… » Doit-il tendre la main, risquer l'aventure d'une rencontre interdite, céder à une pulsion qui pourtant le paralyse. Alors avec un sentiment confus de culpabilité et d'intense liberté il plonge sa main dans le sac, tâtonne puis trouve le petit trésor espéré. Il l'empoche rapidement sans même le regarder et triomphe intérieurement. Avec quelle bravoure, quelle maîtrise il a mené l'entreprise. Fort de cette victoire il retourne à son poste presque irrité de devoir patienter jusqu'à la pause pour jouir de son acquisition. C'est un miroir dont les motifs trahissent le goût de sa propriétaire pour les entrelacs baroques. Il n'est guère surpris, on les retrouve jusque dans son maquillage souvent outrancier qui la font ressembler à un perroquet. Cette comparaison lui est venue un jour qu'elle arborait un chemisier imprimé de grandes ramures tropicales qui semblaient déborder et contaminer l'espace alentour. Comme il a dû piéger ses œillades enamourées, ses hésitations, ses angoisses peut-être. Il prend conscience aussi de la dimension assurément féminine de ces miroirs de poche, cela lui avait échappé, fasciné par l'objet lui-même plus que par sa fonction. Quelle perspective que de s'approprier ces modestes surfaces se sont mirés des regards inquiets ou séducteurs, des regards qui scrutent, contrôlent, corrigent l'image qui s'y reflète, la façonnent ! Jules exulte, tous ces petits gardiens d'intimité féminine vont lui dévoiler leurs secrets. Il entend déjà la pièce bruire des secrets que lui seul recueillera, il deviendra le confident unique et privilégié, l'historien, le biographe de toutes ces conquêtes. Il embrassera la totalité des émotions, il sera l'émotion même.

L'histoire débute bien. Dès ce soir, ce quatrième miroir va figurer comme la majuscule qui ouvre le récit.

En l'absence d'autres opportunités et contrarié de n'avoir pas eu l'audace d'ouvrir d'autres casiers, Jules attend les dimanches, les désire comme on attend une récompense pour sa patience, pour ce qui finit par constituer l'unique but de sa singulière existence. Il sillonne avec une frénésie qui n'a plus rien du butinage maternel brocantes et même vide-greniers dont il se détournait jusqu'à présent les jugeant insignifiants. Ses choix sont guidés par l'apparence des miroirs puisqu'il a compris lors de son menu larcin qu'elle révèle leur propriétaire.

Ainsi ce bleu pâle, ennuagé comme un ciel hésitant de printemps et sur lequel son regard coule lui susurre à l'oreille un propos délicat et serein. Ou peut-être ce rose, très proche, attentif et posé. Il adopte ce jaune lumineux aux petites écailles d'or plein d'énergie presque exubérant, ce carmin zébré d'un noir coléreux, irrité par on ne sait quelle déconvenue ou trahison,il faudra voir. Celui-ci le retient, il est un peu étrange, recouvert de fourrure et semble mélancolique, cet autre,dont les points s'affolent en tous sens, témoigne par des signes évidents d'usure d'une anxiété palpable. Celui-là sûr de son importance l'interpelle, remarquable par l'agencement de ses matériaux, mica, ambre, émaux qui lui promettent la révélation de mystères insoupçonnés, certains espiègles, d'autres surpris, maussades, exaspérés ou en passe de l'être.

L'imagination de Jules s'enfièvre au fil des mois. Comme pour sa précédente collection il se montre exigeant mais il agit non pas comme le compositeur qu'il a été mais comme l'amant qu'il est devenu.Déjà deux murs entiers palpitent et s'animent dès son entrée dans ce qu'il faut bien nommer sa thébaïde. Une foule d'émois, d'élans, de transports se conjuguent à la polychromie de la matière. Il frôle un miroir, l'ouvre tendrement, ferme l'autre avec réserve, l'effleurant à peine, il a son savoir vivre. Il les ouvre rarement tous à la fois de peur d'être débordé par un flot de confessions qu'il ne maîtriserait plus, auxquelles il ne saurait répondre. Parfois il élève la voix comme on gronde un enfant qui coupe la parole, parfois rassure, tente d'apaiser, attendri par une détresse qu'il sent poindre sans vraiment en cerner l'origine. Il crée des groupes, donne raison ou tort, tranche arbitrairement puis console, refermant d'un geste doux la paupière d'un regard effarouché par tant de véhémence. C'est un dialogue inlassablement renouvelé avec la multitude des reflets, avec le sien conjugué à celui de toutes ces femmes qui lui ressemblent et le rendent heureux. Pygmalion solitaire et souverain, il accède aux replis de l'âme de ses compagnes éloquentes qu'il sait avoir séduit.

Mais du fond de cette ivresse Jules sent, un jour, sourdre l'anxiété. Désemparé d'être traversé par tant d'épanchements il s'effondre de plus en plus souvent et se retrouve prostré dans un silence tranchant comme une lame, hostile. Cette blessure se creuse. Jour après jour le doute s'installent comme un poison et le rongent d'une fièvre permanente. Peut-il faire confiance à cette assemblée ? N'est-ce pas qu'un dialogue trompeur, des confessions mensongères. Ces regards qu'il croyait si bienveillants l'obsèdent, soudain accusateurs et sournois. Tous ces yeux le fixent, il n'y perçoit plus que son corps morcelé. La détresse l'envahit : Que se passe-t-il ? Il n'a pourtant pas été infidèle, son quotidien ne l'a-t-il pas conduit infatigablement et avec constance vers cet antre précieux qu'il vénère ? N'a-t-il pas su les écouter, leur parler ? Pourquoi tant de reproches ? Doit-il se justifier ? C'est une trahison, aucune d'entre elles pour le rassurer, apaiser sa douleur qui grandit, lui chuchoter qu'il se trompe, tout cela n'est plus conforme à la règle. Il n'ose presque plus les toucher, se dérobe, mais les reflets captent sans répit des fragments de lui-même, le déforment, l'écartèlent, le possèdent et le dépossèdent dans le même instant, son corps est à la fois présent dans une multitude et absent à lui-même. Cette constellation légère et complice pèse sur chaque partie de son corps. Se serait-il vraiment perdu dans ces doubles spéculaires ? Sa parole est un cri et déchire l'espace. Il entrevoit un monstre, ne se reconnaît pas, ferme les yeux mais les miroirs persistent dans les ténèbres, au-delà du regard, tels des surfaces d'encre devenues muettes. Alors Jules hurle, il a peur, effrayé par cette obscurité qui consacre la perte de son désir. Dans un sursaut de vanité il se dresse, haletant, casse, piétine, brise, écrase toutes ses conquêtes. Chaque éclat crépite et le blesse dans un grand rire. Une myriade kaléidoscopique jonche maintenant le sol.

Jules, au milieu, n'a jamais été aussi seul.

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mercredi 2 avril 2025

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"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

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