Je me souviens de Mario, le locataire de mes parents. De nature immuablement heureuse, il comblait de vie le fond de notre cour. Il était de ces hommes rudes aux traits gravés par les intempéries et aux mains rabotées par le mortier. Chaque maison, chaque construction avait imprimé sa marque dans l'...
Je me doutais que mon petit compte-rendu aurait l'effet ridicule d'une bombe atomique dans un verre d'eau, pour lui, l'amateur des sombres évidences et des obstacles invisibles. Il fut prompte à me répondre puisque deux ans plus tard je reçus sur le coin de la figure, entre l'orteil droit et le pouce gauche, un mot gravé dans une eau molle comme le marbre qui disait : « J'ai suivi ton conseil – entre parenthèse cela n'a pas été facile car il courait trop vite pour moi –, puisque avec la fougue du mollusque je lui ai demandé sa langue, qu'elle m'a tendue avec une candeur infernale, puis nous sommes allés à l'église Sainte-Salope, à droite au fond de la piscine, immédiatement après la boulangerie chevaline où nous avons nos rares habitudes. Nous voilà donc heureux divorcés depuis très approximativement 10 ans, 3 mois, 4 jours, 6 heures et 47 minutes, et innocents assassins de deux enfants séniles.