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Le "Voyageur sur terre" est un recueil de quatre nouvelles découvert parmi les lectures de textes fantastiques que j'écume depuis plusieurs semaines : le fantastique est l'un des premiers thèmes de cette nouvelle année d’ateliers. Que ce soit au travers de romans, nouvelles ou livres théoriques, je m'y suis plongé avec, je dois le dire, une certaine volupté. On entre dans ce recueil comme dans un brouillard. Green...

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Un jour, naquit le Monde

vitrail-





C'est une île. Une île qu'on remarque en cela qu'elle n'a rien de remarquable. Pas de maisons de pêcheurs aux toits de chaume, pas de falaises de marbre. Ni trésors cachés, ni Roinson Crusoé. Juste une île. Ou plutôt un rocher de granit à peine plus grand qu'une table de monastère. Couleur rouille C'est en quelque sorte une île-rocher arrondie et potelée Elle a la forme d'un sein mais sans bouton, disent les uns D'autres, sans doute plus réalistes lui donnent la forme d'un crâne de moine. Léchée par la houle comme un chaton par la mère. L'infini de tout côté, le vent, la pluie et l'air. C'est une île de granit, d'embrun et de solitude où l'éternité passe et repasse sans jamais s'arrêter. Parfois un pétrel vient pose une fiente et repart

C'est l'île des on-dit et des mystères, mais personne ne l'a jamais vu et ne sait où elle est Alors, imaginez mon embarras, moi Ioan Blauw, cartographe du Roi. Où mettre cette île sur l'Atlas du monde ? J'attends le retour de Mr Vespucci, peut-être pourrait-il m'éclairer.

Récit d'Amerigo Vespucci  de retour de voyage, Novembre 1512

C'était avant. Bien avant. Le soleil ne faisait pas encore d'ombre, la lune ne fascinait pas les amoureux. La Terre n'était qu'une tête d'épingle. C'était le premier matin du monde. Une fuligule à tête rouge (espèce de canard sauvage) cherche un endroit où se poser et faire son nid. La voyant, Ilmatar*, la Mère de l'Eau soulève son genou hors de l'eau. L'oiseau se pose enfin, fait son nid et pond ses œufs. Neuf d'or et sept de fer.

BeauNuage est le premier à casser la coquille et sortir de son œuf. Encore ensommeillé et tout dépeigné il fait le tour de l'île en trois pas. Trop petite pour lui. Le pouce levé il arrête un un vent qui accepte de l'emmener. Un vent affable et dévoué mais qui souffre du mal-être existentiel. Tous deux s'en vont de compagnie. Au bout d'un certain temps, (à cette époque le temps n'existait pas et une seconde pouvait durer un siècle et vice-versa) BeauNuage aperçoit un morceau de terre avec une flaque d'eau au milieu. Intrigué, il descend, enlève les graviers et le fuies mortes qui obstruent la rigole. L'eau se met à couler libre et vivante, descendant les vallées jusqu'à la mer.
Ainsi naquit le Mississipi, les bateaux à aube, le country blues et l'Amérique du Sud avec son pied pointu de ballerine.

Entre temps une langue d'hiver passe et l'océan se couvre de glace et de fleurs de givre. C'est justement le moment que choisit LilaVert pour éclore enveloppée d'un manteau d'alpaga. De son œuf d'or elle a gardé quelques paillettes qu'on voit scintiller au fond de ses prunelles. Elle chausse ses skis et s'en va, nomade des neiges qu'elle a toujours rêvé d'être. Et le monde à cet instant, dans son immensité blanche et silencieuse, s'emplit de bruits, le glissement des skis sur la neige et le tintement des bracelets. Un jour elle aperçoit des bouleaux argentés immobiles, mains jointes, comme des communiants en prière un cierge à la main. Ils chantent. Un chant triste à faire fondre l'âme, le chant des forçats enchainés à la glace. Aussitôt LilaVert, qui avait le cœur sur la main, se met à creuser la glace avec sa barrette et finit par libérer les arbres l'un après l'autre. Enivrés de cette soudaine liberté les bouleaux se mettent à courir tous les sens.
Naquirent la taïga, les caribous, les airelles et le chant grégorien.

Dans la douceur maternelle de son œuf BoisJoli n'avait pas perdu de temps. Il a dessiné, mentalement il va de soi, si bien qu'àl'éclosion il a suffi de la recopier au propre. Une maquette au contour élégamment délié quoique si méandrique qu'on aurait pu le croire dessiné par un crayon ivre. Franges de sable, rochers à tempêtes, giroflées de vent, cris de gorge coupée des mouettes. Au milieu, des genêts et des cheveux d'ange et le pointillement de menhirs pour donner du relief. Puis la Cité. La cité aux mille tours et mille clochers tous plus hauts les uns que les autres, des colonnes doriques, des toits vernissés, des jardins d'orangers, l'argenterie sur les tables et la sarabande des korrigans devant les jeunes filles habillés de blanc et de fleurs. Couronnée de lumière céleste tombant de toit en toit pour se poser sur un coussin de brume lumineuse au pied des remparts donnant à la ville la légèreté des mirages.

Ainsi naquirent la Côte d'Armor, les palourdes, la ville d'Ys et le prélude de Debussy « La cathédrale engloutie »

Il y eu aussi Frère Colbert, forgeron d'aurores boréales, Plume horloger astronomique, Orpheus, Sarandin… et d'autres dont j'ai perdu la mémoire des noms.

Jusqu'au dernier, Uluru, le dernier à sortir de sa coquille de fer rouillée, les cheveux gâchés d'argile, les yeux infiniment gris de ce gris de la lumière du soir à travers un verre opaque
Assis sur son rocher qu'il n' jamais quitté, dans une position de semi-souverain, par paresse ou par sagesse . De temps en temps il broie un coquillage qu'il fait sécher De la poudre rouge obtenue il peint le rocher de signes cabalistiques. Certains prétendent qu'il envoie des messages à un Esprit Supérieur. Mais le plus clair de son temps il souffle dans sa trompe d'une sonorité ample et profonde qui fait vibrer l'air de ma même façon que les basses d'orgues font vibrer les pierres d'une cathédrale. Charmée par la mélodie mélancolique du son la Mère de l'Eau retourne dans son abysse. A mesure que l'Océan baisse le minuscule rocher à fleur d'eau devient plus haut plus haut de plus en plus beau de cette beauté nostalgique que peut avoir l'objet le plus ancien du monde.
Naquirent l'Australie, le kangourou, le koala et la montagne sacrée d'Uluru. 

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*Ilmatar, mère des Eaux, mère du monde d'après la saga finlandaise du Kalevala

Le vitrail de l'incipit représente aussi la Création d'une façon beaucoup plus compréhensible.  

Lola et le miroir
Rencontre

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Commentaires 1

Sylvie Reymond Bagur le vendredi 4 mars 2022 21:02

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