Je me souviens de Mario, le locataire de mes parents. De nature immuablement heureuse, il comblait de vie le fond de notre cour. Il était de ces hommes rudes aux traits gravés par les intempéries et aux mains rabotées par le mortier. Chaque maison, chaque construction avait imprimé sa marque dans l'...
I
Dans le ciel vitré de la fenêtre
Une ombre s'interpose entre elle et la forêt
Une ombre
Forme aux contours diffus transparents
Arrête son regard
Elle porte le paysage et les arbres en elle
Noirs
La pénombre la traverse
La forêt la contemple
L'enfant regarde l'image tremblée
Miroir inattendu de sa présence
Son absence
Elle éprouve son apparence
Réfléchie et retourne à la forêt
Et à ses monstres
II
La joue contre la vitre,
des immeubles, des routes, des arbres,
la vitesse avale tout
le paysage fuit dans une course effrénée
se désintègre
De longues bandes vertes et noires défilent à toute allure,
des points noirs, des taches blanches et rouges.
La pluie se jette sur la vitre
Tout se brouille
Les vibrations des wagons
les hurlements du train
résonnent dans sa tête lourde
comme en écho de sa vie rompue
Partir
Ne pas s'arrêter
III
Il fait doux,
Les rideaux s'envolent,
Le vent sur les jambes, comme une caresse.
Le jardin est plein de lumière.
Qu'est-ce qui l'a réveillée ?
Elles sont revenues ?
Ah ! les voilà, elles sont là ! les grues sont revenues !
Elles traversent la fenêtre, haut dans le ciel !
Oiseaux voyageurs !
Leurs cris appellent au spectacle.
Comme c'est beau, comme elle aime ce moment !
Léger !
C'est le printemps qui arrive !
Enfin !
Cécile Gravellier
26 novembre 2020