Sa déambulation baroque, colosse barbu porté par son caddy, animait tout le quartier. Je craignais son apparition, démarche incertaine, marin bousculé par une mer houleuse. Il fendait sans un regard le flot des voitures, capitaine au long cours à la recherche d'un port d'attache, insensible aux clam...
Le bruit de l'économe qui racle les carottes fait résonnance...c'est l'heure de la traite, j'allais oublier... Où est ma drôlette? Je parie qu'elle est à l'écurie encore avec les chèvres, pourvu qu'elle n'ait pas laissé la porte ouverte comme l'autre fois où nous avons retrouvé les chèvres dans le potager du Charlou. Un frôlement comme une caresse sur mes jambes, c'est la chatte blanche, elle connait l'heure celle là." Manne lève toi du milieu, tu vas me faire tomber!" Où est passé le seau? Ah! Dans la patouille et mon tablier, il en a vu celui là des caresses de mains mouillées à la saponaire ou à l'écume de lait. Descendre les escaliers devient périlleux, ses marches ne sont pas égales, un beau jour je roulerai jusqu'en bas. Aujourd'hui, mon ombre me suit, épuisée, silencieuse, je m'arrête et regarde le tilleul dans le soir, on dirait qu'il ne peut se rassasier du ciel et il semble se perdre dans la lumière de la nuit naissante. Une voix de vent passe sur le chemin, le tempsva changer, mes doigts me font mal, la traite sera difficile. Dans l'écurie ma petite Nanou est avec Grisette, leurs silhouettes se détachent sur le mur à la chaux teintée de bleu, Milou les repeindra peut-être pour la dernière fois. Allez un peu de courage ma Blanchette m'attend fidèle, qu'elle bonne laitière celle là. Je prends mon escabel et me voilà installée. Un museau chaud qui se frotte, un coup de langue, c'est Grisette.