Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Camille L.
13 novembre 2024
Textes d'ateliers

Un petit chapeau aux couleurs fanées sur la tête, ce matin-là, comme chaque matin, tenant à la main son cabas duquel dépassaient poireaux, fanes de carottes et plumes de volaille fermière - c'était jour de marché - Albertine Parut poussa de toutes ses forces la lourde porte de l'église, franchit le ...

Derniers commentaires

Invité - Jean-Francois La tentation d'Albertine
16 novembre 2024
Ah! Albertine...
Invité - Roussin La tentation d'Albertine
13 novembre 2024
Un récit haletant hallucinant aux parfums enivrants de l'encens qui fait perdre les sens. Plonger so...

Mon blog personnel

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Nouvelles de Julien Green

Le "Voyageur sur terre" est un recueil de quatre nouvelles découvert parmi les lectures de textes fantastiques que j'écume depuis plusieurs semaines : le fantastique est l'un des premiers thèmes de cette nouvelle année d’ateliers. Que ce soit au travers de romans, nouvelles ou livres théoriques, je m'y suis plongé avec, je dois le dire, une certaine volupté. On entre dans ce recueil comme dans un brouillard. Green...

Lire

Taille du texte: +

Rencontre

man-plays-violin-stage-close_309878-2048 Atelier Rencontres

Son nom résonne encore aujourd'hui, tel une mélodie entêtante qui vous suit tout au long de la journée, du réveil au coucher.

Notre rencontre, je m'en souviens comme si c'était hier. Je suis tombée sous le charme dès le premier instant. Je ne me souvenais pas l'avoir déjà croisé auparavant, il semblait pourtant bien connu par ici. Ce qui me fait d'ailleurs encore rougir en y repensant. Oui, une once de honte, celle que l'on éprouve après une maladresse.

C'était lors d'une soirée d'hiver, totalement imprévue. La famille Legrand de Mercey inaugurait leur toute nouvelle demeure, comme il se doit. Tous les plus fortunés du comté avaient été conviés. Jusqu'alors, je n'aurais jamais imaginé que l'on puisse être aussi riche. A part recevoir tout ce beau monde, à quoi pouvait bien servir autant d'espace. Quinze suites d'amis, ai-je entendu dire. Ma modeste chambre de bonne étant même plus petite que leur vestibule. Pour rendre service à ma cousine Françoise, j'ai accepté de remplacer la seconde gouvernante, qui devait la suppléer pour ce genre de soirées mais qui fiévreuse, était clouée au lit. Françoise proposait mes services à chaque fois qu'un membre du personnel venait à manquer. Un arrangement plutôt rare et transparent aux yeux de tous, du moment que tout se passait sans encombre.

Nous arrivâmes, avant les convives, pour le rappel des règles d'or. Ne pas s'adresser aux convives, s'ils ne nous y ont pas invités. Comme si nous avions envie de les entendre nous raconter leurs histoires de riches. Chacun sa place, ne pas faire de vague, être transparent au milieu de tout ce beau monde.

Puis, un son mélodieux me toucha droit au cœur. Plus rien n'existait autour de moi que ce son magnifique. Ma tête se détourna des recommandations cinglantes pour se diriger vers le groupe de musiciens qui s'élançaient dans leurs dernières répétitions et vérifications de leurs instruments. Tout à la perfection. Je les avais aperçus à mon arrivée, avec Madame Legrand de Mercey. Ils riaient aux éclats et elle effleurait de temps à autres le bras de l'un ou de l'autre dans un mouvement en parfait accord avec ce qu'elle semblait leur raconter. J'en conclus par leur proximité qu'ils n'étaient pas de simples musiciens engagés pour faire office de fond sonore, mais qu'ils étaient des amis, faisant eux aussi partie de cet autre monde.

Sous le charme, vous disais-je. Lorsque mes yeux se sont posés sur lui, j'ai ressenti comme une évidence, le sentiment de l'avoir toujours connu et pourtant, nous ne risquions pas de fréquenter les mêmes endroits. Pour commencer, il était fort plus âgé, c'est indéniable. Il avait tant de charisme ! Avec son violon entre les mains, une prestance à vous couper le souffle. Je le trouvais à la fois élégant, authentique, mystérieux. J'étais en totale admiration devant lui.

La soirée s'est passée, chacun retrouvant son monde. Les enfants étaient bien élevés, et ne tardèrent pas à se coucher volontiers. Nous avions la chance de pouvoir les border tout en profitant de la musique. Les discussions avaient laissé place à la danse. Je m'imaginais danser parmi eux, avec lui.

Au moment où nous fûmes autorisés à prendre congé, la musique avait cessé. Impossible de le retrouver, parmi les visages familiers. J'avançais lentement, me retournant constamment avec une seule idée en tête, le voir une dernière fois. C'est au moment de passer la porte que mon cœur s'arrêta. Le temps aussi s'arrêta, rejouant dans ma tête le morceau qui m'interpellait plus tôt. Puis alors que je le remerciai, me rapprochant de lui, il prit ma main plongeant ses yeux dans les miens, y déposa un doux baiser, puis se redressa m'envoutant de son regard, se présenta à moi et me promis de nous revoir bientôt. Je ne le revis jamais.

Une lugubre rumeur sur son passé et sa stature. Voici tout ce qu'il a laissé derrière lui. Mais depuis ce soir, sa mélodie berce mes pensées, telle l'étreinte du lierre s'enroulant autour du chêne devant la maison de maman. Elle commence dans un susurre et vous entraîne dans une danse infinie, qui recommence et recommence à chaque fois qu'elle est finie. Sempiternellement.

Triptyque
L'autre Fenêtre

Sur le même sujet:

 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
jeudi 21 novembre 2024

Textes à redécouvrir

9 mai 2023
La coulée délicieuse d'un poison défendu avait ouvert les vannes de son imagination, qui courait sur des horizons qui se dédoublaient, bleu sur ocre, ...
506 lectures
30 janvier 2023
Vers 17 heures, Nénette et Lamour sortaient leurs chaises, se posaient sur le trottoir et attendaient la sortie des écoles et des usines. Côte à c...
565 lectures
15 juin 2021
"J'ai été très prise par sa lecture. J'ai beaucoup aimé les descriptions de cette nature âpre, de ces paysages rudes qui engendrent la nostalgie.Heure...
1050 lectures

Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Bourreau Buzzati Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Concours Construction Corps Corse Couleur Couleurs Couple Course Covid Crescendo Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Ecrivain Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Famille Fantastique Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar La vie Langue Larmes Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lettres Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Micro nouvelles Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musée Musicalité Musique Mythe Mythes Naissance Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Obsession Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Prison Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Recueil de nouvelles Réécriture Rencontres Résilience Révolution Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Souvenirs Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Venise Vie Vieillissement Ville Violence Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom