Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

sylvieB
26 janvier 2025
Textes d'ateliers

Cet après-midi là, elle était confortablement installée dans son canapé. La semaine avait été épuisante. Elle s'octroyait quelques instants de repos, un peu coupable toutefois d'abandonner un moment la tâche qui l'attendait, quand une pie vint se poser sur la terrasse, si près de la fenêtre qu'elle ...

Derniers commentaires

Invité - Manon Demain
28 janvier 2025
Quel beau texte avec la juste liberté pour faire naître l'émotion... Tant de délicatesse, en effet, ...
Invité - Roussin Florence Une pie
27 janvier 2025
Je retrouve le texte de Sylvie avec beaucoup de plaisir. J'ai même le son de sa voix qui accompagne ...
Invité - Sdaoul Demain
26 janvier 2025
Bonjour, Cela me touche aussi de penser que ces quelques mots font résonner une réalité que vous par...

Derniers articles de mon blog : conseils d'écriture, exemples, bibliographies, mes textes...

24 janvier 2025
RSS Image
Mettre en forme, trouver une forme et la suivre… Voilà l’un de mes maitres mots en écriture. Un de mes maitres mots en atelier aussi, c’est l’une des pistes qu’empruntent mes retours sur les textes qui me sont proposés. Car, derrière les mots, derrière le sens, il faut mettre en place une structure temporelle et spatiale, construire, donner une cohérence. Écrire, c’est savoir proposer un chemin au lecteur. Simple ou complexe, linéaire ou labyrinthique, le texte doit en suivre le dessin et, parfois, savoir le briser. En effet, si l’on peut chercher le désordre en tant que désordre, cela ne peut pas constituer un principe général esthétique. S’il ne contraste pas avec une mise en ordre, une mise en place narrative précise, le désordre, au sens de l’absence de soucis de la forme, peut charmer un moment, comme tout geste qui se réclame de la liberté, de la rupture, il finit par tomber à plat. Au mieux, après avoir suscité l’étonnement, la curiosité, il lasse. Pourquoi cette lassitude ?  Parce que c’est au travers de la forme que peuvent se relier l’esprit, la pensée avec la matière même du texte. L’idée qui anime le texte a besoin d’une trame. C’est là où peuvent se rencontrer le désir d’écrire, de raconter et la volonté de comprendre du lecteur, cette part naturelle de l’esprit qui cherche à se repérer dans ce qu’on lui propose. Et c’est sur ces repères que vont se développer les autres versants de la lecture : le partage des sensations et des émotions. Donner une forme au texte, visible ou souterraine, c’est installer une structure qui va donner au lecteur la possibilité d’entrer dans le texte, de vibrer et l’envie de s’y engager. La forme ne doit pas être perçue comme une limite posée à la liberté, un empêchement à créer, elle fournit un tremplin, un chemin heuristique grâce auquel l’esprit du lecteur, comblé, pourra laisser libre cours à son imagination et à ses émotions. Elle est la condition pour que le lecteur exigeant signe à deux mains le pacte de lecture, pour qu’il entre « corps et âme » dans la fiction. L’émotion n’est pas simplement faciltée par l’absence d’incohérence, elle circule aussi au travers de la forme.        {loadmoduleid 197}
13 janvier 2025
RSS Image
« Les seules pensées valables viennent en marchant. » Nietzsche Les philosophes, les penseurs et les poètes se réclament souvent de la marche, lui attribuant des vertus de clarification des pensées spéculatives ou esthétiques, l’exaltant en tant que circonstance privilégiée pour l’introspection. Rien ne détourna Kant de sa promenade journalière -excepté la nouvelle de la  prise de la Bastille qui l'écourta- et l’on pense bien sûr à Rousseau avec ses "Rêveries d’un promeneur solitaire", mais aussi à Rimbaud, Thoreau, Nerval ou encore Hölderlin. Plus près de nous, les œuvres d’Alberto Giacometti ou, de façon peut-être moins directe, celles de Francis Bacon ou les textes de Nicolas Bouvier, nous rappellent l’importance symbolique de « l’homme qui marche ». Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la marche occupe une place non négligeable dans la fiction. En effet, raconter une scène dans laquelle un personnage marche, c’est utiliser un dispositif aux larges possibilités. Un autre dispositif de ce type est celui de « la fenêtre » : le personnage à la fenêtre, thème aussi bien pictural que littéraire permet de disposer d’un cadre - c’est le cas de le dire -, d’un espace spécifique où poser un personnage et déployer les enjeux d’une histoire, d’une situation, d’une psychologie par la présence d’un intérieur (la maison et l’intériorité du personnage) et d’un extérieur (la rue et les projections du personnage vers le passé, l’avenir, la possibilité du départ…) Si ce thème vous intéresse, voici un article qui lui est consacré. L’on retrouve dans le thème de la marche, cette double dimension : s’y rencontrent l’intérieur qui n’est plus celui de la maison, mais celui du personnage lui-même, sa pensée, ses préoccupations, son monologue intérieur et une extériorité, qui n’est plus celle de la rue en surplomb, mais la présence directe d’un paysage naturel ou urbain. La marche ajoute à ces deux pôles de tension, d’un côté la pensée, la raison, le monologue intérieur et de l’autre le pôle de la perception, de la présence au monde, une troisième dimension : celle du mouvement. Il existe, selon les travaux de certains psychologues, une spécificité de l’état psychique de celui qui marche, la vigilance qu’exige la marche maintient le corps en action. Avec, là aussi, une double polarité : la nécessité de faire attention à l’extérieur, de ne pas tomber, de ne pas se perdre constitue comme une toile de fond mentale qui active l’attention, la perception, sans la mobiliser tout entière. La marche se fait le cerveau en alerte et donc mieux irrigué et laisse toutefois à l’esprit une forme particulière de liberté. L’activité du corps est là, quasi mécanique, ouvrant  la possibilité à l’esprit de divaguer.L’effort, l’action de la marche permet à la fois la conscience du corps, celle du monde et ouvre la possibilité d’une pensée. Elle crée une relation privilégiée avec le monde, à la fois participation, présence, interaction et possibilité du recul, une relation qui laisse la place à la liberté intérieure, à une dimension esthétique ou encore un sentiment d’extériorité. La marche, comme l’écriture, avance et constitue ainsi, en particulier pour le XIXe siècle, une représentation allégorique fructueuse de l’écriture. Marcher, n’est-ce pas explorer une sorte de « madeleine » qui ne serait pas seulement interne et reliée au passé ? Une madeleine certes intérieure, mais présente par le corps tout entier à la spécificité du lieu et de l’instant ? Deux exemples : —   Vous pouvez lire sur ce  blog l’incipit de mon roman la Danse de Faust qui ouvre le roman par  une marche dans la ville avec interaction intériorité /extérieur. Cette scène est un prologue qui met en place le personnage principal, son état d’esprit, certains enjeux de l’histoire et dans laquelle la marche est le support de la mise en scène d’enjeux romanesques.Un personnage marche et l’on suit à la fois son trajet (son mouvement, les interactions avec ce qui l’entoure) et sa pensée : monologue intérieur, questionnements, surgissements d’autres temps… Une situation est posée sans la livrer : ce n’est qu’un incipit. Toutefois, grâce à la marche et à la ville, le monologue intérieur peut espérer être à la fois légitime et incarné.Avancer, voir, penser, sentir, éprouver, se libérer, interroger, se perdre… le texte bénéficie d'un rythme spécifique, celui de la marche.La marche se fait en ville et avance aussi par des interactions, une dimension architecturale, sociale…  La marche n’est pas seulement une façon de raconter, une entrée en matière, mais un manière de pénétrer dans la « marche d’un cerveau », d’une sensibilité à ce qui l’entoure, de faire entendre la voix du personnage et comment son mouvement et la ville le font sonner. — Le premier chapitre de « Guerroyant », un livre  de Pierre Mari aux éditions Sans Escale repose également sur ce dispositif de marche dans la ville. — Une grande partie du premier chapitre de "Au-dessous du volcan", le grand roman de Malcolm Lowry, se construit autour d'une marche en ville puis dans des ruines et les routes aux alentours.      {loadmoduleid 197}
07 janvier 2025
RSS Image
Prologue Et c’est le diable, déguisé en veilleur de nuit qui interroge:— «Cet homme a-t-il été victime d'un accident?» Busoni - Doktor Faust J'étais parti, j'avais quitté le théâtre comme l’on fuit un danger. Je marchais au hasard dans le petit matin, ce moment où les rues sont presque désertes, où tout est disponible. Il faisait doux. Autour de moi la ville déployait son décor, les boutiques soulevaient leur rideau, sortaient leurs présentoirs, puis, au travers d’un reste de pénombre que les premiers assauts du soleil faisaient vibrer sans parvenir à la chasser tout à fait, elle s’est ouverte devant moi, soudain si grande : la place du marché, je la reconnaissais à peine. La nuit faisait mine de la tenir encore et s’accrochait par poches aux piliers de platanes, elle en rongeait l’écorce tachetée de coulées sombres comme un mal exotique qui l’aurait attaquée. Je détournai les yeux de ces géographies nocturnes, j’avançais, enjambais de longs serpents souples qui glissaient sur le sol ; les vagues silhouettes des employés municipaux semblaient jouer avec leurs gueules ouvertes qui crachaient dru, je les entendais gicler joyeusement et le pavé étincelait sous leurs jets d’eau. Calme, la tête creuse et le corps rafraîchi par le léger brouillard qui fusait, je laissais la place s’étirer sous mes pas ; les bruits, les arbres, les silhouettes jaunes qui s’affairaient, tout s’éloignait lentement comme absorbé par un espace vierge de toute émotion, je pénétrais dans une zone immense et dénudée. Le petit jour de juin se faisait cotonneux et pâle comme un matin de neige, à l’autre bout, la place me jeta sur son rivage avec la certitude soudaine et violente de n’être qu’en sursis, dans la liberté provisoire d'une anesthésie. Sans raison, je pris à droite et longeai l'avenue principale comme un fond de scène brumeux, une simple toile avec personnages peinte trop loin. Sortant de l’ombre, des maisons fripées penchaient vers moi leurs visages cireux, baillant de leurs volets de bois qui s'ouvraient en grinçant pour mieux accueillir l’aube. Dans la douceur fatiguée de ce jour qui commence, cette vie qui s'éveille n’était pour moi que l'illusion d'un monde qui s'effondre sans le savoir encore, sans savoir qu’en ce petit matin de juin, je sortais d’un second face à face avec la mort et que cela me hantait, me hanterait comme la promesse d’un mauvais rendez-vous. Il fallait avancer encore et, parfois, sur un trottoir, croiser des gens, baisser les yeux et resserrer son col devant ces créatures échappées de la toile, devant l'impossibilité de partager cette sensation de monde qui se renverse, cette certitude que ce qui commençait à poindre derrière les façades n’était pas la lumière neuve du matin, mais la nuit qui tombe dans le jour nouveau et le dissout, comme un acide. Le corps raidi, ne semblant plus tenir que par la suite instable des équilibres de la marche, j'accélérai le pas, serrai plus fort mes doigts ; il n’y avait plus que cela, la tension de mes ongles creusant le tissu des deux extrémités de mon col, deux points de résistance pour échapper au point obscur qui se mêlait peu à peu au bruit de mes semelles. Je ne savais pas encore ce que cela signifiait, je ne pouvais que m’agiter, tenter d’escamoter ce qui ne peut pas s’éviter, d’apprivoiser cette pensée brûlante et étrange, inexorable. Pour la seconde fois, un lien s’était créé entre mes désirs et la mort. Plus loin, je m’embronchai aux chaises en rotin d'une terrasse de café pourtant familière, j’étais ivre comme un homme qui marcherait au fond de l’océan, en apnée de sentiments, les poumons et le cœur trop pleins pour accueillir encore. À de rares instants, je parvenais à n'être plus que le choc régulier de mes chaussures sur le goudron humide de rosée. En vain, la ville n’était plus qu’un immense aquarium, je roulais ; bousculé, je tanguais. J’avais atteint le moment où le malaise prend corps, où une vision peut se faire douleur. Elle était là maintenant, pointue, indubitable. Son aiguille trouvait sa source dans une forme imaginaire, une figure allongée qui me perçait, me traversait de sa cascade aigre et la douleur s’en égouttait, tombait par plots, je la sentais glisser jusqu’à mon estomac qui se contorsionnait sous l’impact, la faisait rebondir. Elle s’élargissait alors, nappait tout mon cerveau d’une image d’arrière fond, un peu floue, une vision comme un sens nouveau pour voir de l'intérieur, pour se pencher vers le dedans, plonger et toujours, malgré tout, se tenir, tenter de se remplir du bruit régulier de mes semelles de cuir claquant sur le trottoir. Mais cela ne suffisait plus, des questions qui n’étaient pas faites de mots étaient là, en moi, des douleurs qui claquaient plus fort encore et remplissaient l’espace.Une mort désirée qui s’accomplit suffit-elle à vous rendre coupable ? Des secousses me parcouraient tout entier, frissons d’une fragilité qui se fraye un chemin vers la surface, ébranlements d’une lucidité soudaine qui font vibrer le corps, fendillent les apparences. La ville s’émiettait comme un puzzle qui se défait et retombe en vrac dans sa boite.Entre le désir et la mort, il y a le geste, le geste fatal. Avait-il eu lieu ? Je ralentissais, sous moi la cage de ma respiration hoquetait bruyamment.Passage à l’acte. L’ombre des mots tintait sur le trottoir, tressautait sur les parois de mon esprit. Passage à l’acte ? Je ne savais plus. La pensée annihilée par la fatigue et les émotions contradictoires, l’idée et sa réalisation, le désir et l’objet, l’accusation et la culpabilité, tout se fondait comme ces choses qui ont lieu la nuit entre deux phases de sommeil profond et dont on ne saurait dire si elles ont été rêvées, espérées, inventées ou subies.Alors je refusai de penser, je cherchai à faire le vide, j'y parvenais presque si ce n'était un corps, la vision d'un corps étendu qui s’imposait à moi, en point de mire de mes pensées et de mes pas. J’accélérai encore, j’espérais la semer, la vitrifier, je traversais des rues à l’aveugle, elles se dérobaient devant moi comme ces amis qui vous renient et se détournent avec un haussement d’épaule. Non, rien ne pourrait la dissoudre. Il me semblait pourtant encore possible de la réduire, de la tenir serrée dans l'innocence d'un simple souvenir, de l’estomper sous le grain d'une vieille photo sépia, presque touchante. Et puis, au moment où je reprenais enfin mon souffle, longeant une palissade de bois où s’écaillaient de vieilles affiches, j’ai machinalement cherché les miennes, je n’en ai pas trouvé : elle en a profité, elle a fondu sur moi. Une vision, un piège, j’étais pris dans sa glu. Je marchais, la fuyais, l'emportais, elle s'était installée si vite ; maintenant, elle tapissait tout mon ventre, me remplissait. Parfois précise, elle se faisait nappe rouge, auréole autour d’une tête invisible puis glissait plus au fond, rejoignait, réveillait l’autre rouge, l’autre vision, le filet à la lèvre de mon père, la couleur de brûlure qui purrulait dans mon estomac vide. Et si, parfois, elle semblait disparaître, c’était pour revenir, s’étaler, s’installer mieux encore ; trop grande pour moi, elle me débordait comme une nausée. Je ne voyais plus qu’elle, je marchais dans le rouge, la couleur du théâtre ! Elle recouvrait tout. Je me raisonnais, je n’étais pas un personnage de roman noir, je ne pouvais pas me penser criminel, il fallait se débattre, se dépêtrer de cette toile solide et ductile, refuser le cliché trop facile du crime, du rouge et du sang, refuser de se vautrer dans les fibres collantes et souples de la confusion et du songe, refuser la tentation de la déraison comme ultime chemin de fuite. Une femme balaye un trottoir et je flotte, étourdi. Cette chute, ce corps sur le sol, sa chute, et puis moi qui trébuche dans le petit matin, notre chute, une conjugaison, un déploiement, je valdingue, un mot sonne dans ma tête comme l’agitation qui me malmène, c’est la dé-grin-go-la-de. Un peu plus loin, devant les grandes portes cintrées de fer de la poste fermée, mon pas se fait timide, hésite, une torche grésille, fait jour à l’intérieur de ma pensée, incrédule, je plonge, j'aperçois tout au fond un lac teinté de rouge sombre, couleur de culpabilité qui se perd dans le noir, se déforme et prend consistance. Il me fait face, me nargue, grimace comme un doute. Et si tout cela, cette vision, l'émotion aux aguets avec laquelle on croit jouer à cache-cache n’était qu'un leurre, une fausse peur pour tenter d'écarter les vraies ? Une mauvaise comédie ? Une tache pour en dépister d’autres, moins sanglantes, mais tout aussi tenaces, toutes les lâchetés, les accointances, toutes les facilités qui rendent la pente glissante ? Incantation, exorcisme ? Une phrase s’est mise à tourner en boucle. Je psalmodiais :« Je ne suis qu’un danseur, je ne suis qu’un chorégraphe. » Et là, juste derrière, en embuscade, une autre phrase me chantait à l’oreille : « N’est-ce pas justement cela, un chorégraphe, celui qui transforme ses désirs en gestes ? ». Je devais avoir l’air d’un fou ou peut-être étais-je parvenu à la limite, à l’orée de cette forêt profonde, de cet autre visage de la réalité que l’on nomme folie. Quelques boutiques étaient ouvertes maintenant, celles des lève-tôt qui illuminent la fin de nuit des couche-tard comme moi et qui, cette fois, m’abandonnaient à mes pensées obscures. Peur, tache, couleur, tout entraînait tout et tout se refermait, je me jetai en avant pour forcer le passage, mais je savais pourtant, que, quelque part, plus tard, il faudrait s’arrêter et faire une place au réel. Je m’enfonçai dans de petites rues sans les reconnaître, rentrer chez moi était inconcevable et c’est ainsi, perdu, que je suis arrivé devant la porte du studio sans savoir comment j’y étais parvenu. Je ne sais pas non plus comment je suis entré, je devais avoir pris les clés. J'allumai un seul néon pour ne pas effrayer par une lumière trop vive la présence charnelle de toutes les heures vécues ici. J’espérais peut-être trouver refuge dans ce lieu du travail quotidien : le studio de danse, la coulisse de la coulisse, une pièce toute en longueur, lieu vide et solide construit d'effleurements sur ses murs, de mains agrippées à des barres de bois, un lieu fait de miroirs, de regards, érigé sur tant d'efforts, tant de gestes, ce studio de danse ou un autre, plus grand ou plus vétuste, des lieux tant de fois arpentés, habités par la danse, leur sol usé, tant de fois caressé de chaussons et de corps, un lieu désert qui porte l'écho de tant de mouvements, espace silencieux résonnant, peuplé de ses danseurs, surtout cela, oui, les danseurs qui travaillent et cherchent dans l’épaisseur de ses immenses glaces le fantôme de leur quête. Peut-être, mais là, seul au milieu du studio vide je sentais mon corps impuissant, je n’étais plus assez danseur, plus assez libre de mes mouvements pour m'exorciser par mes gestes ; depuis trop longtemps je faisais circuler mes émotions par le corps des autres. Avivée par le silence et l’immobilité, la brûlure, insupportable au creux de l’estomac, un ulcère irrigué par les fluides acides venant de mon cerveau me privait de toute ressource, une douleur faite de soupçons et de doutes, nourrie par toutes les petites douleurs enfouies, rentrées, s'agrégeant dont je sentais converger tous les ruissellements qui s’étaient dégelés. Une douleur à se jeter par la fenêtre. Alors, je me souviens de m'être assis à mon bureau, dans la petite alcôve qui fait face à la salle comme l'on s'accoude un soir de solitude à un balcon pour voir passer la foule, y chercher un visage familier, pour apercevoir un ami. Et si j'écrivais ? Antinomie du chorégraphe qui écrit ? J'avais toujours noté des pensées, des projets, des commentaires, mais là c'était tout autre chose, écrire ce que l'on ne peut plus danser, se servir des mots qui ne sont plus des gestes, mais des signes. J’ai allumé l’écran, voyageur perdu, je me suis cramponné à sa lumière, tentant de me souvenir comment, si souvent, les gestes m'avaient fait signe. La lumière du néon tombant du mur derrière moi insinuait son rayon sale, tranchait le dos de mes mains de sa lame ébréchée avant de se perdre sur les lattes du parquet de bois. Tout au fond son faisceau pâle laissait s'effacer dans l'ombre le vieux trompe-l'œil des trois grandes fenêtres en ogive qui donnaient sur la rue. Figé par l’urgence, intimidé, pressé, avec la peur d'être maladroit comme à l'instant des gestes qui précèdent l'amour, je m'accrochais à la vision de ces deux mains ainsi suspendues au-dessus des touches comme deux griffes menaçantes et, peu à peu, au travers du silence de la pièce déserte, j’ai écouté monter en moi une bouillie d’images et d’émotions. Elle a gonflé, elle est devenue si énorme que, si j'avais décalé mon regard, elle aurait occupé tout mon champ de vision, alors, j’ai posé le crochet de mes mains sur le clavier. Elles sont redevenues inoffensives et vivantes. Je me suis mis à écrire.        {loadmoduleid 197}    

Folie de l'écriture et l'écriture de la folie

Atelier écriture de la folie

      Ça gratte comme si j'avais du... Comment ils disent ?... du Lexama..., ou du Leksamin? Tsss ! va savoir... Ça chauffe sous la peau, ça brûle... Ouarzazate, le désert ; Sahara, tu m'as cuit le ciboulot... Légionnaire mon frère, prends garde à tes méninges... Ça m'brûle de partout...

Lire la suite
Mots-clés :
  1455 lectures

Oxy, more et plus

Atelier oxymores

     Tu me demandes de te la décrire sans détail, tu parles d'une gageure! Pas aussi surprenante qu'une pluie sèche ou un sel caramélisé puisque tu es un habitué des requêtes rares comme l'air. Aussi, je te le dis avec la passion indifférente qui me caractérise obscurément, en face et...

Lire la suite
Mots-clés :
  1364 lectures

Découvrir les livres de Franck Chauvereau

Franck CHAUVEREAU vit à Nîmes, Quentin LUSSAN est son troisième livre publié après: - l'Agneau Chaste - Éditions La Différence - 2001  - l’Oeuf et le Roc - Éditions La Différence - 2003 Tous deux publiés sous le pseudonyme de Franck VARJAC Quatrième de couvertureIl ne sert à rien ...

Lire la suite
  1697 lectures

"Nous"

Atelier Nouvelle

    « Ma vie n'est pas une existence... – Eh bien, si tu crois que mon existence est une vie... »    Vivre ? ou exister ? Laurent Fraga ne fera jamais les distinguos célèbres de Mme Raymonde et de Mr Edmond, loin de lui Hôtel du Nord, Le Quai des brumes, Laurent est du pays de la...

Lire la suite
  1417 lectures

Textes à redécouvrir

15 février 2023
Métro parisien,  Le quai fourmille d'une horde laborieuse, sacs sur le dos, sacoches au bout du bras, sacs à main sur l'épaule, guindée dans d'in...
592 lectures
16 juin 2019
Elle se regardait et se voyait toute longiligne, maigre, et plus grande d'un tiers au moins que dans la réalité . Elle riait... Oui, c'était elle ! Et...
1404 lectures
14 juillet 2022
Les fleurs de la clématite s'ouvrent au jour qui vient. Dehors le champ immaculé se déploie en grand continent blanc. Un mouvement pâle, subtil. Au pl...
682 lectures

Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mon blog personnel

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Faire peur au lecteur !
Faire peur au lecteur !
« L’émotion la plus forte et la plus ancienne de l’humanité c’est la peur, et la peur la plus ancienne et la plus forte est celle de l’inconnu. » affirme H. P. Lovecraft. Mais, sous l’évidence du mot et de l’émotion qui lui est associée, qu’est-ce finalement, la peur ?...

Lire la suite

Mots-clés

Absence Acronymes Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Argent Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Bourreau Buzzati Cadre Cafè Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Concours Construction Corps Corse Couleur Couleurs Couple Course Covid Crescendo Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Ecrivain Emmanuel Berl Enfance Enterrement Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Famille Fantastique Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Hôpital Humour Idiomatiques Ile Images Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar Justice La vie Langue Larmes Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lettres Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Micro nouvelles Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musée Musicalité Musique Mythe Mythes Naissance Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Obsession Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Pierre Michon Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Prison Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Recueil de nouvelles Réécriture Rencontres Résilience Révolution Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture SDF Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Souvenirs Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Venise Vie Vieillissement Ville Violence Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom