Je me souviens de Mario, le locataire de mes parents. De nature immuablement heureuse, il comblait de vie le fond de notre cour. Il était de ces hommes rudes aux traits gravés par les intempéries et aux mains rabotées par le mortier. Chaque maison, chaque construction avait imprimé sa marque dans l'...
Comment peut on ne pas connaitre Avignon, lui dit il.
La luminosité de cette journée d'hiver s'invite, le soleil surplombe chaque contour des remparts. Le tour de la ville donne une illusion de grandeur majestueuse où les portes s'ouvrent dans les 4 directions, laissent passer les rayons de ces villes lointaines où les personnages du passé défilent encore.
Elle a senti le tressaillement de leur présence lorsque nonchalamment elle est entrée par la porte principale sud est et longe une avenue sans surprise étroite bordée de larges trottoirs où fourmille la vie.
Ici les voitures forment une longue file ininterrompue de moteurs ronronnant,là les rires et le bourdonnement des causettes.
Elle s'éloigne, le silence tombe assourdissant et…
C'est lorsqu'elle trébuche sur les pavés d'une rue étroite qu'elle s'arrête, les ombres conquérantes imprègnent les murs, elle frissonne, le froid s'ébroue.
Seul le ciel révèle la présence du jour et du temps qui s'écoulent, elle se fige, les yeux levés puis flâne lourdement,dans les rues les âmes s'évanouissent, se dissipent, se sauvent, laissant leur gout de désertion, de solitude et d'obscurité.
A l'approche du palais, l'oppression s'évade, le labyrinthe de ruelles s'entrecroise, tressaute, gambade, fredonne la complainte du passé et ce sont les allées qui les unissent à toutes les places hétéroclites, singulières et dissemblables.
Elle est captivée par ce foisonnement de sensation à chaque passage qui se jette sur ces espaces, elle entend sa propre exclamation jongler avec les battements de son cœur.
La place du Palais est inondée de lumière, les pierres irradient la puissance du château et les arcanes du passé révèlent leur envoutement.
Le regard embrumé, elle flotte, tremble, chancelle et c'est à ce moment là que les cloches se mettent à sonner.
Oui dit elle cette ville m'appelle depuis longtemps déjà, il est temps que je vienne enfin.
J'ai aperçu toutes ces années de vie ici à l'intérieur des fortifications, c'était il y a très longtemps ou …. Peut être … demain, murmura t'elle le visage strié de larmes.