Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Claudine G
07 octobre 2024
Textes d'ateliers

Elle est là discrète, recueillie. Le toit rouge brique de la maison d'en face se découpe sur le fond gris du ciel.Un gris épais presque noir. Elle ne voit que la maison aux volets vert amande. Aux volets clos. La façade blanche est recouverte de glycine. La glycine est fanée. Derrière la fenêtre de ...

Derniers commentaires

Invité - François G. La Vague
23 septembre 2024
Poétique et sensible ! Une lecture envoutante.
Invité - KA Autoportrait en chœur
21 septembre 2024
Que dire sur ce tableau je ne suis pas sur de comprendre ?

Mon blog personnel

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Nouvelles de Julien Green

Le "Voyageur sur terre" est un recueil de quatre nouvelles découvert parmi les lectures de textes fantastiques que j'écume depuis plusieurs semaines : le fantastique est l'un des premiers thèmes de cette nouvelle année d’ateliers. Que ce soit au travers de romans, nouvelles ou livres théoriques, je m'y suis plongé avec, je dois le dire, une certaine volupté. On entre dans ce recueil comme dans un brouillard. Green...

Lire

Taille du texte: +

Méditation sur un amour défunt, Emmanuel Berl

9782246795070_1_75

Un livre dont le titre livre la fin de l'histoire :  celle d'un amour mort, voilà un bel exemple de prolepse ! Tenir le lecteur pendant  160 pages en explorant les méandres d'un amour dont on connait déjà l'issue, la gageure est ici parfaitement relevée. 

La belle écriture d'Emmanuel Berl nous transporte au cœur d'une vie sentimentale et sexuelle d'un autre temps, un temps où une jeune fille de la bourgeoisie n'épousait pas un juif, un temps où les hommes avaient recours à la prostitution de manière massive et cela dès le début de leur vie sexuelle. La séparation claire de la sexualité et du sentiment chez les hommes contrastait bruyamment avec la nécessaire réserve de la jeune fille qui attendait - avec tout de même de nombreuses exceptions -  de se "donner" à celui qui serait son mari. La question de la séparation, du mariage, de la famille de ce tout début du XXème siècle, les éléments majeurs de ce récit, ne correspondent plus vraiment à notre expérience.

Alors, un tel sujet a-t-il encore quelque chose à nous dire ? Je répondrai à cette question, oui, beaucoup !

Mais à condition de quitter ses œillères lecteurs du XXIème, de s'extraire de l'état d'esprit qui anime trop souvent les lectures contemporains : les pauvres êtres du passé qui ne bénéficient pas de notre liberté ne sont pas intéressants. A condition donc de chercher, dans la lecture, la possibilité de découvrir d'autres façons de penser et de vivre et d'accepter d'y découvrir d'autres légitimités sans juger les personnages à l'aune de notre époque . Mais revenons au livre.

Remémoration des étapes de cet amour, nous revivons les phases d'un échec, et,  plus peut-être que l'amour lui-même, la femme aimée ou le contexte sociologique, c'est la manière de mener ce récit qui importe. L'auteur nous livre une méditation comme nous l'indique le titre et c'est là ce qui fascine, des cheminements subtils, une psychologie complexe, faite de réserves, d'interdits et de séparation du corps et des sentiments. 

Certes, il s'agit de refaire le trajet de cet amour, de chercher sa source, repérer ses étapes et ses retournements, mais cette  exploration, l'envie de comprendre, de se comprendre, nous amène à des questionnements plus vastes. Qu'est ce que le courage à l'épreuve des impératifs sociaux ? Qu'est-ce que " l'autre" dans le sentiment amoureux : un prétexte, une abstraction ?  Existe-t-il vraiment ?  

Le texte s'interroge aussi plusieurs fois sur la question du romantisme. Le terme n'est pas défini clairement, il semble relié à l'idée d'exaltation, de dépassement. Il recouvre des enjeux à la fois amoureux et esthétique : enjeux de style, enjeux de rapport à la vie. Car, romantisme / réalisme, n'est-ce pas une alternative essentielle et indépassable entre deux façon de vivre, d'écrire ?  «Dans les déclamations stériles ou dans les sécheresses médiocres» nous explique l'auteur :  quelle magnifique formule qui résume tant de questions contemporaines  d'écriture et de style !

Et justement, c'est la qualité du style de l'auteur qui donne à ces questionnements leur modernité comme dans cette évocation de la femme aimée :  "...à la fois inconnaissable et donnée".

Un style précis, concis et lyrique à la fois, que l'on retrouve dans cette phrase : « Le rôle de l'amour n'est pas de nous faire sentir la fragilité des choses, mais de nous faire entendre le son profond de permanence que, malgré tant d'anéantissements et d'angoisses, rend quand même l'Univers. »

Et l'on perçoit comment des fonctionnements culturels et sociaux peuvent faire vibrer la sensibilité de façon riche et complexe. Une complexité qui n'est pas surannée, elle nous parle d'enjeux toujours bien réels : ceux du rapport à l'autre et à la société.

Peu à peu, le livre se saisit de quelque chose qui dépasse cette dimension sentimentale. Quête de la source et du délitement de la vie, de ce qui fait la vie, ses choix, ses non choix, il nous offre une aventure intellectuelle et psychologique, mais va bien au-delà. 

«... et dans l'amitié que sa voix, et dans l'amour que son visage, et dans l'univers que son Verbe.»

L'existence de cet amour, l'impossibilité de se battre pour lui, est le lieu d'un expérience quasi mystique qui ouvre le texte sur une dimension métaphysique: 

Ce n'est pas de ce qu'on lui oppose que meurt un amour. Dès qu'il possède une réalité vraie, Dieu seul peut le créer, Dieu seul l'anéantir».

Ainsi, au fil de cette remémoration, le narrateur renonce  au bonheur ou même au mariage, mais rencontre une présence, celle de Dieu, présence, croyance, sur laquelle se termine le livre. 

Le texte s'interroge : " Quels ancêtres portons-nous donc dans nos corps trop imprégnés de mémoire ? Et quels animaux palpitent, fils directs du vieil Océan, dans notre sang salé autour de nos os rocheux ? "

Et nous lisons ici l'erreur de notre temps : se croire libéré de ces fils, erreur qui nous expose à en lier bien d'autres, les cordages de l'ignorance et de la fatuité de ceux qui croient avoir compris ce que doit être la "vraie humanité".

Alors, je vous invite à lire ce livre pour la subtilité de son style et de son contenu et je terminerai par un exemple de cette qualité littéraire :  cette définition que nous propose Emmanuel Berl  : 

«  L'amour était pour moi la conscience d'une poursuite déjà commencée ».

Gnossienne No. 1
​Mobile immobile

Sur le même sujet:

 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
vendredi 18 octobre 2024

Textes à redécouvrir

16 juin 2019
- Merdour Maline ! cette niche est en soleil ! Oh c'est très lourd d'aller friche prêtement avec toi ! Dans la fourbe poile bien à épai...
1459 lectures
10 janvier 2021
Aimer la vie plus qu'un homme Être ivre de son pastis son whisky son rhum Enfourcher des soleils bleus dans les tournants Regarder avec passion les pr...
1007 lectures
15 janvier 2024
L'intérieur est bourgeois. On voit des cadres et même une assiette en porcelaine accrochés au mur. Il n'y a que les bourgeois pour accrocher des assie...
345 lectures

Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Bourreau Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Construction Corps Corse Couleur Couleurs Couple Course Covid Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Ecrivain Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Famille Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar La vie Langue Larmes Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Micro nouvelles Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musée Musicalité Musique Mythe Mythes Naissance Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Recueil de nouvelles Réécriture Rencontres Résilience Révolution Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Souvenirs Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Venise Vie Vieillissement Ville Violence Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom