Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Anne B.
03 décembre 2024
Textes d'ateliers

Sa déambulation baroque, colosse barbu porté par son caddy, animait tout le quartier. Je craignais son apparition, démarche incertaine, marin bousculé par une mer houleuse. Il fendait sans un regard le flot des voitures, capitaine au long cours à la recherche d'un port d'attache, insensible aux clam...

Derniers commentaires

Invité - Françoise Gailliard La petite robe noire
2 décembre 2024
Bonjour Stéphanie et Gina Merci pour vos commentaires qui me touchent. Amicalement. Françoise
Invité - Stéphanie La petite robe noire
24 novembre 2024
Joli texte et histoire avec ses transitions de dimensions bien maîtrisées.
Invité - Gina La petite robe noire
24 novembre 2024
Quel beau texte! J'aime beaucoup, il m'a emportée !

Mon blog personnel

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Barcarolle numéro 1, jouée par Philippe si souvent le matin...
Barcarolle numéro 1, jouée par Philippe si souvent le matin...
La musique de Fauré vient et revient par vagues, allant me chercher, chaque fois, comme, un peu plus loin, elle va plus profond, arasant les défenses, elle met à nu la nostalgie. Mouvement d’émotions...

Lire

Taille du texte: +

Méditation sur un amour défunt, Emmanuel Berl

9782246795070_1_75

Un livre dont le titre livre la fin de l'histoire :  celle d'un amour mort, voilà un bel exemple de prolepse ! Tenir le lecteur pendant  160 pages en explorant les méandres d'un amour dont on connait déjà l'issue, la gageure est ici parfaitement relevée. 

La belle écriture d'Emmanuel Berl nous transporte au cœur d'une vie sentimentale et sexuelle d'un autre temps, un temps où une jeune fille de la bourgeoisie n'épousait pas un juif, un temps où les hommes avaient recours à la prostitution de manière massive et cela dès le début de leur vie sexuelle. La séparation claire de la sexualité et du sentiment chez les hommes contrastait bruyamment avec la nécessaire réserve de la jeune fille qui attendait - avec tout de même de nombreuses exceptions -  de se "donner" à celui qui serait son mari. La question de la séparation, du mariage, de la famille de ce tout début du XXème siècle, les éléments majeurs de ce récit, ne correspondent plus vraiment à notre expérience.

Alors, un tel sujet a-t-il encore quelque chose à nous dire ? Je répondrai à cette question, oui, beaucoup !

Mais à condition de quitter ses œillères lecteurs du XXIème, de s'extraire de l'état d'esprit qui anime trop souvent les lectures contemporains : les pauvres êtres du passé qui ne bénéficient pas de notre liberté ne sont pas intéressants. A condition donc de chercher, dans la lecture, la possibilité de découvrir d'autres façons de penser et de vivre et d'accepter d'y découvrir d'autres légitimités sans juger les personnages à l'aune de notre époque . Mais revenons au livre.

Remémoration des étapes de cet amour, nous revivons les phases d'un échec, et,  plus peut-être que l'amour lui-même, la femme aimée ou le contexte sociologique, c'est la manière de mener ce récit qui importe. L'auteur nous livre une méditation comme nous l'indique le titre et c'est là ce qui fascine, des cheminements subtils, une psychologie complexe, faite de réserves, d'interdits et de séparation du corps et des sentiments. 

Certes, il s'agit de refaire le trajet de cet amour, de chercher sa source, repérer ses étapes et ses retournements, mais cette  exploration, l'envie de comprendre, de se comprendre, nous amène à des questionnements plus vastes. Qu'est ce que le courage à l'épreuve des impératifs sociaux ? Qu'est-ce que " l'autre" dans le sentiment amoureux : un prétexte, une abstraction ?  Existe-t-il vraiment ?  

Le texte s'interroge aussi plusieurs fois sur la question du romantisme. Le terme n'est pas défini clairement, il semble relié à l'idée d'exaltation, de dépassement. Il recouvre des enjeux à la fois amoureux et esthétique : enjeux de style, enjeux de rapport à la vie. Car, romantisme / réalisme, n'est-ce pas une alternative essentielle et indépassable entre deux façon de vivre, d'écrire ?  «Dans les déclamations stériles ou dans les sécheresses médiocres» nous explique l'auteur :  quelle magnifique formule qui résume tant de questions contemporaines  d'écriture et de style !

Et justement, c'est la qualité du style de l'auteur qui donne à ces questionnements leur modernité comme dans cette évocation de la femme aimée :  "...à la fois inconnaissable et donnée".

Un style précis, concis et lyrique à la fois, que l'on retrouve dans cette phrase : « Le rôle de l'amour n'est pas de nous faire sentir la fragilité des choses, mais de nous faire entendre le son profond de permanence que, malgré tant d'anéantissements et d'angoisses, rend quand même l'Univers. »

Et l'on perçoit comment des fonctionnements culturels et sociaux peuvent faire vibrer la sensibilité de façon riche et complexe. Une complexité qui n'est pas surannée, elle nous parle d'enjeux toujours bien réels : ceux du rapport à l'autre et à la société.

Peu à peu, le livre se saisit de quelque chose qui dépasse cette dimension sentimentale. Quête de la source et du délitement de la vie, de ce qui fait la vie, ses choix, ses non choix, il nous offre une aventure intellectuelle et psychologique, mais va bien au-delà. 

«... et dans l'amitié que sa voix, et dans l'amour que son visage, et dans l'univers que son Verbe.»

L'existence de cet amour, l'impossibilité de se battre pour lui, est le lieu d'un expérience quasi mystique qui ouvre le texte sur une dimension métaphysique: 

Ce n'est pas de ce qu'on lui oppose que meurt un amour. Dès qu'il possède une réalité vraie, Dieu seul peut le créer, Dieu seul l'anéantir».

Ainsi, au fil de cette remémoration, le narrateur renonce  au bonheur ou même au mariage, mais rencontre une présence, celle de Dieu, présence, croyance, sur laquelle se termine le livre. 

Le texte s'interroge : " Quels ancêtres portons-nous donc dans nos corps trop imprégnés de mémoire ? Et quels animaux palpitent, fils directs du vieil Océan, dans notre sang salé autour de nos os rocheux ? "

Et nous lisons ici l'erreur de notre temps : se croire libéré de ces fils, erreur qui nous expose à en lier bien d'autres, les cordages de l'ignorance et de la fatuité de ceux qui croient avoir compris ce que doit être la "vraie humanité".

Alors, je vous invite à lire ce livre pour la subtilité de son style et de son contenu et je terminerai par un exemple de cette qualité littéraire :  cette définition que nous propose Emmanuel Berl  : 

«  L'amour était pour moi la conscience d'une poursuite déjà commencée ».

Gnossienne No. 1
​Mobile immobile

Sur le même sujet:

 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
dimanche 8 décembre 2024

Textes à redécouvrir

27 septembre 2021
Une image sur ma rétine. Le précieux jardin de mon arrière-grand-mère. Image de vacances lumineuses. Le jardin de Jeanne glissait en pente douce ...
867 lectures
16 juin 2019
Souvent, lorsque deux personnes sont face à face, elles devinent chacune les pensées de l'autre mais à cet instant... un homme s'installe, juste à côt...
1515 lectures
5 novembre 2022
Londres. 9 H du matin. Au dernier étage d'un bâtiment de briques marron de Cleveland Street, la fenêtre du toit en pente, baignée de soleil, renvoie u...
706 lectures

Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Bourreau Buzzati Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Concours Construction Corps Corse Couleur Couleurs Couple Course Covid Crescendo Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Ecrivain Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Famille Fantastique Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar La vie Langue Larmes Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lettres Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Micro nouvelles Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musée Musicalité Musique Mythe Mythes Naissance Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Obsession Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Pierre Michon Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Prison Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Recueil de nouvelles Réécriture Rencontres Résilience Révolution Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture SDF Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Souvenirs Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Venise Vie Vieillissement Ville Violence Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom