Je me souviens de Mario, le locataire de mes parents. De nature immuablement heureuse, il comblait de vie le fond de notre cour. Il était de ces hommes rudes aux traits gravés par les intempéries et aux mains rabotées par le mortier. Chaque maison, chaque construction avait imprimé sa marque dans l'...
UN LIEU, UNE VILLE
La ville nouvelle paraissait agrandie ; le nouveau quartier du Médard s'étendait désormais jusqu'au fleuve. Des bruits de télévisions montaient vers le ciel étoilé tandis que des stores baissés laissaient à penser que des gens honnêtes dormaient d'un sommeil réparateur. L'ombre des tours de verre se dressait pour se noyer dans les eaux noires de la Ligrande.
Ma balade nocturne quotidienne me guidait toujours vers le même endroit. Je tombais nez à nez avec ce tag que je connaissais par cœur et qui proclamait « Rêve ta vie et vis tes rêves ! ». Les lampadaires au style art déco allumaient mes pas tandis que je me dirigeais vers le nouvel hôtel de ville. Rasée la maison de mon enfance où j'avais coulé des jours heureux. J'ouvrais grands mes quinquets afin de revivre ces instants de bonheur que noyait désormais le béton de cette construction récente.