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Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

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Delphine C.
17 octobre 2025
Textes d'ateliers

16 h ! C'est l'heure ! Vite ! J'accroche un nœud en tulle blanc sur la portière de ma voiture, et un autre sur l'essuie-glace, je les serre solidement pour le voyage jusqu'au parc Jouvet. Je règle mes pédales et mon rétroviseur pour les ajuster à la hauteur de mes jambes sur talons. Je porte la peti...

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Invité - Malclès Anne-Marie To.pierre
23 octobre 2025
Bravo, ce texte m'a beaucoup touché, la tension est magnifique ainsi que le thème.Anne-Marie Malclès
Sylvie Reymond Bagur To.pierre
17 octobre 2025
Un texte vivant, attachant qui fait suite à celui qui s'intitule Les bijoux de famille, la suite de ...
Invité - Roussin Florence Nombril
24 septembre 2025
Ce texte résonne d'une profonde sensibilité qui allie la fascination du regard, la mystère de la cré...

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06 novembre 2025
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Utilisation des couleurs chez les auteurs surréalistes Chez les surréalistes, l'écriture de la couleur se fait au travers d'associations de mots inédites, d'images inattendues. Il ne s'agit plus seulement de checher à qualifier, d'aider le lecteur à se représenter une teinte, mais de revendiquer une prise de liberté par rapport au réalisme, une liberté du Verbe visant à révéler une "réalité absolue" selon la formule d'André Breton. La couleur devient l'objet d'une interprétation suggestive, parfois d'une pure fantaisie. Si le vocabulaire des couleurs, leur imaginaire sont utilisés par les surréalistes de façon dérangeante pour convoquer l'imaginaire, les couleurs et leur écriture renouvelée cherchent, plus classiquement, à matérialiser une émotion, un enjeu amoureux, une sensation qui dépasse la couleur. Et c'est par l'utilisation notamment de synesthésies, de textures, de mouvements que la couleur devient la manifestation de forces cachées notamment psychiques. Les surréalistes revendiquent de trouver leur inspiration du côté de l’inconscient et des rêves, leurs textes témoignent aussi d'un travail des couleurs comme des éléments poétiques au sens de motifs rythmiques et sonores comme en témoigne  "Les fantastiques roses rousses de l’orage" de Paul Éluard   La couleur chez Paul Éluard (1895-1952) Paul Éluard, écrivain à l'origine du surréalisme aux côtés d'André Breton, utilise les couleurs pour tisser des métaphores amoureuses et cosmiques. Couleurs vivantes, paradoxales, creusets de fusions incongrues, une utilisation que l'on peut relier à l'écriture de la couleur chez Michel Castanier qui parsème ses textes de couleurs mouvantes, changeantes selon les humeurs, couleurs charnelles et parfois même, toxiques. - L'exemple le plus célèbre de Paul Éluard reste : "La terre est bleue comme une orange". Cette association en apparence absurde ajoute à la formule désormais classique de la planète bleue ( le bleu comme couleur dominante de la terre vue du ciel) l'imaginaire du fruit : rotondité qui s'offre, brillance et vivacité joyeuse de l'orange, imaginaire du jus et de la pulpe, de la saveur, relief de  la peau de l'agrume...  L'image, onirique, défie la perception réaliste, invite à une liberté imaginative qui enrichit la perception du globe terrestre, un effet fruité qui agit à l'inverse du "vert pomme, champignon vénéneux" de Michel Castanier où la couleur se recouvre d'une dimension hallucinogène et dangereuse. Autres exemples d'expression de la couleur chez Paul Éluard : - Couleurs pour évoquer l'aimée :  « Tes yeux sont des soleils verts qui éclatent en pluie d’or sur mes paupières fermées. »  Capitale de la douleur (1926)  « Ton corps est un ciel bleu où volent des oiseaux de lumière bleue plus bleue que le bleu. » L’Amour la poésie (1929)   - Dans "Le désert est une abeille", une couleur implicite, le jaune de l'insecte se fait couleur de sable implicite et s'associe à la vibration du vol de l'abeille pour créer une impression de vitalité paradoxale, de mouvement et de couleur. Ces images, comme chez Michel Castanier, mêlent couleurs, mouvements, activités et textures ou phénomènes inattendus réactivant et renouvelant le pouvoir évocateur de la couleur.   La couleur chez André Breton (1896-1966) Fondateur du surréalisme, André Breton intègre les couleurs dans des flux poétiques inspirés des rêves et de l’hypnose, flux souvent marqués par des contrastes intenses. Il use des métaphores comme des maquillages, des approches masquées de couleurs-personnages ou des forces actives et secrètes qui font écho aux descriptions de Michel Castanier dont les couleurs "coulissent", "dissolvent" comme des substances chimiques et peuvent être "brisées" comme du verre.  - Dans le poème  "Le Trottoir de pelure d’orange", poème extrait du recueil Le Revolver à cheveux blancs (1932), Breton évoque "la poésie au fard rouge sur une mer toute brune.". L'on retrouve dans le titre le lien texture / couleur ainsi que l'idée de couleur par la forme avec cet usage insolite de pelure d'orange. Remarquons la personnification de la poésie "au fard rouge" et une façon de faire fonctionner la couleur par rapport aux autres couleurs : le rouge apparait sur un fond tout brun. - Autre exemple : Dans le recueil  "Clair de terre" (1923), "l’aurore boule de neige des jardins nordiques" construit autour d'un moment particulier, quasiment boréal, un univers de couleurs, d'hiver et de géographie.   - Nadja (1928)  :« Les vitraux de la rue de la Huchette étaient d’un bleu si violent qu’ils semblaient saigner dans la nuit. » Breton humanise la couleur et  dramatise l'impression colorée qui se fait intensité et microfiction.   La couleur chez Louis Aragon (1897-1982) Louis Aragon, écrivain surréaliste jusqu'à son adhésion au communisme, utilise les couleurs dans des descriptions urbaines oniriques. Les couleurs partcipent à l'atmosphère trouble des lieux et symbolisent le chaos moderne.  - Exemple de cet usage de la couleur dans "Le Paysan de Paris" (1926). Aragon décrit des passages parisiens disparus avec des "lumières orangées comme des fruits pourris" ou des "bleus électriques de néons hallucinés" : fusion violente de couleurs artificielles et de matières organiques en décomposition que l'on peut rapprocher du "gris de plume arrachée" ou au "violet d’ecchymose boréale" de Michel Castanier.   - Les couleurs se font mouvements, de nouveau, la couleur dépasse la description pour devenir scène de couleur  :   « Les enseignes clignotaient en rouge acide, un rouge qui suintait comme une plaie ouverte sur le trottoir. »  « Le bleu tombe en pluie lourde sur la ville, un bleu si dense qu’on le boit à grandes gorgées. » Le Mouvement perpétuel (1925)     La couleur chez Robert Desnos (1900-1945) – Expression du sentiment amoureux par la couleur :  « Tes lèvres : deux éclats de pourpre électrique qui crépitent dans le silence. » À la mystérieuse (1926) « Ton regard : deux lames de lumière jaune soufre qui coupent l’ombre en tranches sanglantes. »  « Tes cheveux : cascades de nuit violette où s’accrochent des lucioles orange. » Fortunes (1942)   – Couleur texture pour évoquer un état intérieur : « Le ciel est un papier bleu déchiré par des étoiles en feu rouge. » Corps et biens (1930)     – Couleur mouvement, couleur sonore : « La mer crachait des vagues d’un vert phosphorescent qui grésillait comme du métal en fusion. » Calixto (1928)  : « Le soleil se lève en boule de feu turquoise, éclaboussant les toits d’un rose électrique. » Domaine public (1953)  :   Quelques inventions colorées de Boris  Vian Essentiellement des rencontres de mots  pour des teintes détonnantes : mais  or bleu   -    argent sablé  -    cuivre rouge blanc    -     améthyste vert-noir     -    pourpre de Cassius    -    vert de vessie    -   bleu de chrome   -   fer bleu.  Et puis  "L’or vert", qui  était déjà chez Eugène Fromentin !    La couleur chez d'autres auteurs proches ou héritiers du surréalisme Ces auteurs ont en commun le refus de la description réaliste au profit d’associations libres et perturbantes qui privilégient le surgissement spontané. La couleur chez Benjamin Péret Benjamin Péret (1899-1959) est un poète français. Figure majeure du surréalisme aux côtés d'André Breton, engagé dans le mouvement dès 1921, il participa à ses revues, il fut également un trotskiste militant. Poésie automatique, humour noir corrosif, imagerie érotique et onirique débridée, rejet de la logique rationnelle caractérisent son style dont l'ouvrage emblématique s'intitule  Le Passager du transatlantique (1921). Deux exemples où l'on retrouve la dimension active, vivante de la couleur –   « Les nuages rougissaient en hurlements orangés, crachant des éclairs violets sur la mer d’émeraude. » Le Gigot, sa vie et son œuvre (1934) –   « Un bleu hurlant jaillit des fissures du mur, un bleu qui mord et qui saigne des éclairs. » De derrière les fagots (1934)    Deux extraits courts de livre de Benjamin Péret. Son style se carctérise par l'idée de flux continu, non ponctué, répétitif, hypnotique et hallucinatoire avec quelques éléments de couleur :   - Soleil route usée pierres frémissantes Une lance d’orage frappe le monde gelé C’est le jour des liquides qui frisent des liquides aux oreilles de soupçon dont la présence se cache sous le mystère des triangles, mais voici que le monde cesse d’être gelé et que l’orage aux yeux de paon glisse sous lui comme un serpent qui dort sa queue dans son oreille parce que tout est noir les rues molles comme des gants les gares aux gestes de miroir les canaux dont les berges tentent vainement de saluer les nuages et le sable le sable qui est gelé comme une pompe et projette au loin ses tentacules d’araignée aux couleurs du jour qui se lève et les arbres aux feuilles de sang et de vin et les maisons aux portes de chair et de poisson et les fenêtres aux yeux de feu et les cheminées aux bouches de glace et les toits aux cheveux de flamme et les murs aux ongles de corail et les fondations aux dents de lait et les greniers aux cerveaux de miel et les caves aux cœurs de plomb et les jardins aux veines de lait et les fleurs aux lèvres de soufre et les fruits aux narines de poivre et les racines aux oreilles de sel et les branches aux doigts de sucre et les troncs aux langues de poil et les bourgeons aux cils de poix et les épines aux paupières de diamant et les ombres aux poumons de cuivre et les reflets aux reins de mercure et les échos aux testicules de zinc et les silences aux ovaires d’étain et les parfums aux ventres de verre et les couleurs aux sexes d’acier et les formes aux sexes de bois et les sons aux sexes de pierre et les odeurs aux sexes de chair et les goûts aux sexes de feu et les touches aux sexes de glace et les pensées aux sexes de vent et les rêves aux sexes de nuit et les souvenirs aux sexes de jour et les espoirs aux sexes de mort et les désirs aux sexes de vie.   - Près d’une maison de soleil et de cheveux blancs une forêt se découvre des facultés de tendresse et un esprit sceptique Où est le voyageur demande-t-elle Le voyageur forêt se demande de quoi demain sera fait Il est malade et nu Il demande des pastilles et on lui apporte des herbes folles Il est célèbre comme la mécanique Il demande son chien et c’est un assassin qui vient venger une offense La main de l’un est sur l’épaule de l’autre C’est ici qu’intervient l’angoisse une très belle femme en manteau de vison Est-elle nue sous son manteau Est-elle belle sous son manteau Est-elle voluptueuse sous son manteau Oui oui oui et oui Elle est tout ce que vous voudrez elle est le plaisir tout le plaisir l’unique plaisir celui que les enfants attendent au bord de la forêt celui que la forêt attend auprès de la maison de soleil et de cheveux blancs celui que la maison attend auprès de la forêt celui que le voyageur attend auprès de la forêt et de la maison celui que l’assassin attend auprès de la main sur l’épaule celui que la main attend auprès de l’épaule celui que l’épaule attend auprès de la main celui que l’angoisse attend auprès de la belle femme en manteau de vison celui que la belle femme attend auprès de l’angoisse celui que l’esprit sceptique attend auprès de la forêt et de la maison de soleil et de cheveux blancs. LES JEUNES FILLES TORTURÉES      La couleur chez Philippe Soupault (1897-990) On retrouve l'exploration du lien couleur et textures :  – Les Dernières Nuits de Paris (1928) :« La lune était jaune citron, si jaune qu’elle coulait en filets gras sur les toits noirs. »   La couleur chez René Crevel (1900-1935) Un développement qui bouscule la formule d'Éluard :  "Le monde est bleu comme une orange / Mais la lune est rouge comme une tomate / Et les nuages sont des éléphants volants / Qui pleurent des larmes de mercure sur les toits de zinc."   La couleur chez Valentine Penrose (1899-1978) Synesthésie et fantaisie ! "Dans la chambre aux murs verts de lichen   Un oiseau sans plumes chante une mélodie de feu  Ses yeux sont des perles noires qui absorbent la lumière Et le lit se tord comme un serpent avalant sa queue dorée."     La couleur chez Georges Hugnet (1906-1974) Microfiction en festival de couleurs : "Les fleurs de papier poussent sur les trottoirs gris Leurs pétales jaunes suintent un miel de sang rouge Et les passants les cueillent pour en faire des boucliers Contre la pluie qui tombe en éclats de verre bleu."   La couleur chez Marcel Lecomte (1900-1966) Fantaisie poétique... "La mer est un chat noir aux moustaches blanches Qui lèche les vagues roses de l’aube Et dans ses yeux verts flottent des îles de corail Où les poissons dorment en rêvant de nuages."    La couleur chez Paul Nougé (1898-1967) Absurde et poésie : "Sous le pont aux arches violettes Un fleuve de vin blanc coule à rebours Les poissons y nagent en costumes verts Et les étoiles se noient comme des bulles rouges dans l’eau."   La couleur chez Joyce Mansour (1928-1986)   Des couleurs en aplats : "Mon corps est un désert de sable rouge Où poussent des cactus aux épines bleues Et le vent y souffle des roses noires Qui saignent du miel jaune sur ma peau."    On peut conclure de ce trop bref panorama que, si comme l'on pouvait s'y attendre, les surréalistes expriment la couleur en multipliant les rencontres improbables de mots, ils ont également recours à des figures figures comme la synesthésie - notamment par des effets sonores, des personnifications, les couleurs animent leurs textes par de multiples pratiques stylistiques qui mettent les couleurs en mouvement.      {loadmoduleid 197}
06 novembre 2025
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Une dimension surréaliste de la couleur « Je voudrais retrouver la bienveillance qui fut souvent la mienne. Accepter qui ils sont comme ils sont dans une confiance et une amitié préalable. Je peine. L’exaspération est rapide. S’envisage aussitôt le banal, le terne, l’ennuyeux. La conversation poussive, la reconduite des mêmes comportements et des propos prévisibles à peu de nuances près, l’agacement d’une présence fade qui occupe tout l’espace du monde minutieusement comme l’eau s’enfouit dans la moindre anfractuosité.Monpapamamamanmesbobos.Comment rendre la nuance des coloris à ces êtres monochromes ? Plus rien n’a d’intérêt ni de goût. Ce qui a pâli pour l’œil, est-ce la faute du regard ? Où retrouver l’apaisement dans l’affection immédiate, sans restriction, sans fatigue, bienfaisante pour eux comme pour moi. Qu’à nouveau la vaste langue de la Tendresse lèche les larmes sur les joues des pauvres mortels – le cœur à battants ouverts. »  Michel Castanier   Michel Castanier nou a quitté fin 2024. Auteur à l’écriture intelligente et aiguisée, tout en étant sensible et imprévisible, il mérite que l'on s'y intéresse. Voici une recension de son utilisation de la couleur faite à partir des manuscrits qu’il m’avait donné à lire, c'est une manière de rendre homage à son formidable talent de styliste.   "Savez-vous que les trois couleurs prépondérantes au Moyen Âge sont le rouge, le blanc et le noir ? Si le loup est noir, le beurre blanc, il fallait donc que le petit chaperon fût rouge … » Michel Castanier   Un usage jouissif de la couleur "Elle n’est même pas une forme, tout juste une touche de couleur. Mais elle forme un creux en moi, elle est donc aussi une forme. » Michel Castanier   Chez cet auteur, la couleur dépasse la dimension purement descriptive, l’évocation d’une nuance ou la restitution d’une propriété de surface. Un usage protéiforme de la couleur me semble  l'un des marqueurs de son style. Chez Michel Castanier, la couleur se fait : Expression d'états émotionnels : "Flaque noire de mon cœur, liquide et stagnante comme une mare d’obsidienne. " Signe de temporalités (oxydation, pourrissement, dilution...)  : « —Mais je vous ennuie…  – Pas du tout ! s’écrie-t-on, et chacun examine avec sa­tisfac­tion ce visage chiffonné qui peu à peu se dilue et s’estompe comme une touche de couleur rouge dans du white spirit. » Adjuvant d'atmosphères oniriques :  « Ses petites bottines en caoutchouc jaune, comme des citrons écrasés sous ses pas dans la boue." Motifs narratifs : le rouge et le blanc pour des contes ancestraux, le gris pour la mélancolie quotidienne, le vert pomme pour une vitalité absurde, ou les irisations polychromes pour des scènes urbaines  : "Une petite fille avec un chaperon jaune peint tout ce qui bouge – et tout ce qui bouge en est réduit à une couleur. [...] Qui est le petit Chaperon jaune ?" Éléments mouvants, perturbants, actifs : les couleurs glissent, dissolvent, corrodent ou empoisonnent, loin des descriptions de couleurs statiques et convenues, l'on rencontre des couleurs brisées...  : -  "Un mur mou et blanc, comme une toile de lait caillé où s’effacent les ombres."  Personnages à part entière, les  couleurs sont  chargées de mémoire, de douleur ou de vitalité. :  "Les sapins sont d’un vert de jade brisé, comme si la forêt pleurait des éclats de pierre précieuse."   Moyens stylistiques de la couleur  Pour écrire la couleur, Michel Castanier mobilise : — des métaphores audacieuses : images sensorielles oniriques, symboliques ou émotionnelles— des associations de couleurs à des textures, des matières — des  combinaisons inattendues— des sensations étonnantes : le minéral, l’organique, des phénomènes naturels— des textures absurdes— des sensations décalées — des fusions conceptuelles qui transforment la couleur en élément vivant, tactile ou paradoxal.     Les couleurs donnent vie à des portraits charnels et dérangeants Relevons par exemple : « Élégance lunaire » « Pyjama blanc à pois rouges ; globes laiteux ; visage si pâle » « Beauté hémorragique d’une grandiose ecchymose ; ombrée de roux ; libraire verdâtre » « Ciré jaune ; visage blanc – blanc comme un os ; capeline rouge ; cellule violette »« Fine moustache au charbon de bois sur la lèvre supérieure »« Lèvres cyanurées »«  Son visage était d’un blanc de lait caillé, strié de veinules bleues comme une carte marine.»« Son regard avait un vert d’olive noyée dans l’huile, trouble et luisant à la fois. » « Un libraire verdâtre, comme un parchemin moisi exhalant une odeur de forêt pourrie. »   Extraits plus longs de ces portraits par la couleur :- "Ses yeux, d’un marron de café torréfié, semblaient infuser une chaleur amère dans l’air, comme si chaque regard versait une liqueur épaisse, brûlante et granuleuse, prête à tacher l’âme de quiconque y plongeait."   - "L’écharpe d’un rouge de cerise écrasée, saignant sur la laine comme un fruit piétiné, pendait autour de son cou telle une blessure textile, où chaque fibre semblait gorgée d’un jus épais, prêt à goutter sur le sol comme une hémorragie lente. »   - "Le petit Chaperon rouge, dont le manteau suinte comme une plaie ouverte sous la pluie, avançait dans la forêt, chaque goutte d’eau diluant la teinte écarlate en ruisseaux de sang pâle, comme si le tissu pleurait sa propre couleur. »   - "Un nez rouge de clown sur le nez, comme une tache de vin renversée sur un visage mort, semblait palpiter d’une vie grotesque, comme si le sang d’un rire avait coagulé en une sphère absurde, roulant sur la peau blême. »   - « Ses petites bottines en caoutchouc jaune, comme des citrons écrasés sous ses pas dans la boue." -"Un front d’un blanc de craie effacée, griffonné par le temps sur l’os du poignet." - "Un front d’un gris de cendre mouillée, où les rides coulent comme des ruisseaux de suie diluée." - "Ses cheveux d’un roux de rouille marine, corrodés par le sel des embruns imaginaires." - "Une cicatrice d’un blanc de craie effacée, griffonnée par le temps sur l’os du poignet." - "Son regard d’un noir de réglisse fondue, sucré-amère sur le bord des paupières." - " Elle disait la nervosité de la soie, en frottant son écharpe entre ses doigts délicats, et ses doigts blancs dans la blancheur de l’écharpe la disait tout entière, délicate, sensible – sensitive." - "La bouche laquée de bleu, comme si elle mâchait des fragments d’azur brisé." Plus rarement, il se sert de la couleur pour :  peindre des corps et des espaces intimes avec une sensualité tactile  évoquer la proximité des corps et le désir - "Une petite médaille bleue de la Vierge est nichée entre ses gros seins blets, comme un éclat de ciel fossilisé laissant une marque brune sur la peau, comme une vieille brûlure de chocolat fondu, où la chair semblait avoir absorbé une tache de cacao amer coagulé dans le temps. »   - "Ses lèvres d’un rouge de braise éteinte, fumant encore d’un baiser précédent, semblaient exhaler une cendre écarlate, comme si chaque mot prononcé laissait une traînée de feu mourant, prêt à s’enflammer à nouveau au contact d’un souffle. »   - "Sa peau d’un beige de sable chaud, comme si le désert avait frotté contre elle." - "Ombre d’un violet de prune mûre, suintant sur la courbe de l’épaule." - "L’ombre d’un violet de prune mûre, suintant sur la courbe de l’épaule comme un fruit écrasé, laissait sur la peau une trace juteuse, comme si le corps lui-même pleurait une liqueur sombre et sucrée."   - "Le drap froissé d’un blanc de lait tourné, où nos corps ont laissé des auréoles grises."   - "J’essaie de dire tout le champ magnétique que ma rouquine couvre pour en finir avec ce champ, avec elle, pour avoir la clé des champs, mais le champ est sans limite et la maladie de la rouille me dévore le cerveau –"     -- Il se sert aussi de la couleur pour évoquer son travail d'écrivain :   - "Mes carnets s’alignent, ocres de blé mûr, bleus d’écume figée, et un gris de cendre humide qui sent encore la braise." - "L’encre de mes poèmes, d’un noir de réglisse fondue, coulait sur le papier comme une suie sucrée." - "Mes carnets s’alignent, jaunes d’aurore, comme des lueurs d’aube coagulées sur le papier." - "Livre vert pomme, comme une pulpe acide prête à empoisonner les pages."-"L’intimité du cercueil est la plus noire des encres, une écriture indélébile de la mort." - "Mes carnets s’alignent, verts d’absinthe, comme une liqueur hallucinogène versée sur le papier." - "Il ne valait pas la peine de se faire un sang d’encre."     Création de "lieux de couleur" - « Il vous faut remonter d’abord des profondeurs de la terre par de mul­tiples escaliers, vous passez une porte ouverte et vous voici de­vant la tour de la biblio­thèque : des irisations de lu­mières – un délicat chro­matisme – se re­flè­tent sur l’encre mo­bile de vos yeux. Un ciel d’aquarelle vous accueille ! Des voiles de couleurs tombent sans fin sur le dôme poly­chrome de la tour d’angle. De vastes tentures de vert et de bleu coulissent sur des glis­sières. Des rayon­ne­ments orange ve­loutent l’asile.L’arc bo­réal émet ses ul­times lueurs."   - "Ce citron d’or, suspendu dans l’air comme un fruit alchimique, pulsait d’une lueur chaude et acide, comme si le zeste lui-même exsudait une essence de lumière métallique, prête à éclater en gouttes brûlantes. »    - "Le sol de la forêt, d’un marron de boue pétrifiée, suintait comme une croûte de pain rassis imbibée de pluie, où chaque pas laissait une empreinte molle, comme si la terre elle-même saignait une pâte sombre et collante. »   - "Une cage dorée, tissée de fils de lumière solidifiée, emprisonnait un oiseau dont les plumes semblaient taillées dans du métal en fusion, chaque battement d’ailes répandant une poussière d’éclats solaires qui scintillaient comme des pièces tombant dans le vide. »   - "Sous l’eau, une brume rougeâtre flottait, comme si l’océan avait saigné un lustre de cristal, chaque goutte de lumière réfractant une caravelle en une multitude de navires écarlates, naviguant dans un sang liquide et lumineux. »    - "Le désert plié dans une petite boîte jaune avec un chameau sur fond de sables, d’un doré de dunes pétrifiées, semblait contenir l’éternité elle-même, comme si l’or du sable s’était coagulé en un écrin de lumière fossile. »    -  "L’immense cadre doré, comme un soleil fondu emprisonné dans du bois, semblait irradier une lumière liquide qui coulait sur les murs, transformant la pièce en une flaque d’or où les ombres se noyaient comme des insectes englués."   - "La porte en bois, d’un marron de coque de noix éclatée, grinçait comme une coquille brisée sous un pied invisible, répandant une poussière de sciure odorante qui évoquait une forêt réduite à une essence brune et pulvérulente." - "Les murs de la vieille bibliothèque, d’un marron de cuir racorni, semblaient exsuder une odeur de tabac froid, comme si les pages des livres, tannées par le temps, avaient fondu en une peau brune et craquelée, prête à se déchirer sous le poids des mots."   - "Les ombres dans la ruelle ont un violet de prune blette, comme si la nuit elle-même pourrissait doucement, exsudant une teinte épaisse et maladive qui collait aux pavés comme une moisissure vivante." - "Une cellule violette, palpitante comme une contusion emprisonnée dans la pierre, vibrait dans l’obscurité de la tour, comme si les murs eux-mêmes saignaient une couleur captive, prête à éclater."   -"La forêt a une noirceur d’asphalte sous la neige qui s’est mise à tomber, comme une route oubliée engloutie par l’hiver."   - "La communauté brumeuse, quitte l’asile et s’efface par une poterne bleue dans la muraille d’enceinte comme sous l’effet d’un peu d’essence de térébenthine."    -"La forêt, d’un vert de jade brisé, comme si elle pleurait des éclats de pierre précieuse."   Proximité avec l'usage de la couleur chez les surréalistes, un surréel qui s’insère dans la fiction  À travers ses évocations poétiques et des associations (comme "vert absinthe bleu aigue-marine jaune aurore",  "rouge de cerise écrasée" ou "noir de réglisse fondue") Michel Castanier réinvente une sorte de pratique surréaliste de la couleur. Le surréalisme, mouvement littéraire et artistique initié par André Breton en 1924, vise à libérer l’inconscient, à juxtaposer des éléments irrationnels et à créer des images oniriques qui défient la logique réaliste. Les couleurs y sont souvent employées non comme de simples éléments descriptifs, mais comme des outils pour générer des associations surprenantes, sensorielles ou absurdes, mêlant le visuel à d’autres sens (tactile, gustatif, émotionnel) ou à des paradoxes. La plus célèbre des formules de cet usage surréaliste de la couleur reste celle de Paul Éluard:  "La terre est bleue comme une orange."   Michel Castanier opère lui aussi ces sortes de fusions chromatiques, réactivant de façon originale un peu de cette liberté surréaliste. Par la couleur, il transforme le quotidien en un rêve éveillé ou un cauchemar poétique. Il explore  la dimension de mouvement et de mutation par laquelle une couleur devient toxique, corrosive, elle n'est plus factuelle, mais en devenir. L'analogie ne se trouve pas dans le processus d'écriture, les modes opératoires, rien de semblable chez lui à l’écriture automatique prônée par les surréalistes, mais dans une expressivité de la couleur, un surgissement de l'imaginaire, de l'inconscient peut-être, mais ancré dans la réalité matérielle et humaine, une liberté qui se déploie toujours dans une scène qui reste réaliste. Il a un œil pétillant qui réenchante le quotidien sans entrer dans le fantastique.   Voici d'autres exemples de ce type d'usages de la couleur : - "Ses cheveux d’un roux doré, comme de la rouille marine transmutée par un soleil sous-marin, ondulaient comme des algues enflammées, chaque mèche capturant la lumière comme une flamme liquide dans un océan d’encre."   - "Une capeline rouge, éclaboussée comme un cri figé sur la toile d’un peintre fou, flottait dans l’air comme une tache de sang suspendue, chaque pli capturant la lumière comme une lame tranchant l’espace."   - "Pas une qui ne soit entreposée dans mes livres de bord vert absinthe bleu aigue-marine jaune aurore dont les couleurs varient avec les saisons, les humeurs, leur remplissage ou leur abandon...  comme des humeurs en alchimie liquide."   - "Seule veillait une lampe avec un globe en verre vert pomme, champignon vénéneux éclairant le bureau ministre et deux nains de jardin silencieux." - "Des lueurs d’aurore boréale, un rose de nacre et un violet d’ecchymose, glissent sur les vitraux comme une blessure céleste, se mêlaient aux reflets des cierges, formant une tapisserie de douleur liquide qui drapait la salle d’un éclat funèbre."   - "Ses ongles d’un rose de chair écorchée, griffant l’air comme pour y creuser une couleur neuve." - "La lumière du matin, un jaune d’œuf durci, craquelant sur le mur comme une coquille oubliée." - "Le vide de la pièce, d’un bleu de veine ouverte, palpitant sous la peau du silence." - "Le petit Chaperon bleu fit quelques brasses aller-retour dans une des cuves de couleur. La nappe molle et luisante du bleu s’apaisa quand elle en sortit." - "Le thé bu, d’un ambré de larmes séchées, laissant un dépôt orangé au fond de la tasse." - « Désormais, ayant les talons, qui ne touchaient pas terre, calés au barreau de sa chaise vert paradis, le menton enfoncé dans ses pau­mes, pen­chée en avant vers l’écran de la télévision pour regar­der au magnétoscope des VHS, Le Cirque ou La Ruée vers l’or, Alice, lais­sant chocolat in­tact refroi­dir, pensa, ce ne serait pas le tendre Charlot qui lui plairait : ce sera l’Homme brun, le bellâtre funam­bule – bien sûr déjà à peu près femme."   - "Les étoiles se refléteront en désordre dans la flaque noire de mon cœur, la chorégraphie des étoiles s’y noiera avec la confusion du monde…" - "Flaque noire de mon cœur, liquide et stagnante comme une mare d’obsidienne. "   - "Une tache rouge, comme un coquelicot éventré, s’étalait sur le pavé de la ruelle, palpitante comme une fleur blessée qui aurait vomi ses pétales dans un spasme, laissant une flaque de couleur vivante et agonisante."   - "La grimace d’un gibbon au cul rouge, comme une blessure rieuse sous la fourrure, semblait éclater en un rire chromatique, où la chair exposée pulsait comme une plaie joyeuse, moquant la gravité du monde." - "La pluie d’un gris de plume arrachée, collant aux vitres comme des duvets mouillés de corbeau."   - "Le caleçon aux rayures bleues, fripé comme une mer froissée par un vent d’oubli."   - "Le petit Chaperon rouge, dont le manteau suinte comme une plaie ouverte sous la pluie." - "Une tache rouge, comme un coquelicot éventré, s’étale sur le pavé de la ruelle."  - "Gants jaune poussin, palpitants comme des plumes de soleil arrachées." - "La lumière du matin, un jaune d’œuf durci, craquelant sur le mur comme une coquille oubliée. " - "Une petite boîte jaune avec un chameau sur fond de sables, comme un désert plié dans une poche." - "Une capeline rouge, éclaboussée comme un cri figé sur la toile d’un peintre fou. " - "Son regard d’un noir de réglisse fondue, sucré-amère sur le bord des paupières."   - "La cartouche blanche, cette somme de toutes les couleurs, explosant en silence dans l’obscurité."   - "Des graffitis maculent une rangée de vestiaires en tôle gris et cabossés, comme des pensées froissées par le temps."   - "Une végétation grise se prend à l’énorme cadre, comme des herbes de fer oxydées par la pluie."   - "Le ciel d’un violet d’ecchymose boréale, luisant d’une douleur irisée, semblait porter les stigmates d’une tempête cosmique, où chaque nuage pulsait comme une blessure ouverte dans l’infini."  -  "...loup noir, une ombre dévorante comme du goudron vivant." - "Ils ont des visages d’un noir de suie, comme des masques carbonisés dans un paradis aquatique."   - "Votre voix qui murmure au secours est gelée. Blanche, comme un cri étouffé dans une tempête de givre."   - "Le vide de la pièce, d’un noir de suie liquide, coulait sur les murs comme une peinture renversée."- "Un gris de cendre humide qui sent encore la braise, aligné dans mes carnets comme une mémoire calcinée." - "Une fumée grise qui s’évanouissait dans les airs, comme un spectre de cendre évaporé." - " Quelque chose alourdissait la poche de mon pantalon. À ma grande surprise, j’en retirais une clé d’or maculée d’herbe et de terre.La Clé des champs !"     {loadmoduleid 197} 
26 octobre 2025
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Écrire, décrire la couleur « L’art lui-même peut se définir comme la tentative d’un esprit résolu pour rendre le mieux possible justice à l’univers visible [...] C’est une tentative pour découvrir dans ses formes, dans ses couleurs, dans sa lumière, dans ses ombres, dans les aspects de la matière et les faits de la vie même ce qui leur est fondamental [...], la vérité même de leur existence. » Joseph Conrad La vue est celui de nos sens qui guide le plus fortement notre activité, construit la perception de ce qui nous entoure. La couleur, élément essentiel de ce « visible » constitue l'un des enjeux majeurs de l'écriture et de son rapport au réel. La place des couleurs est plus ou moins grande selon le projet d’écriture et le type de style, mais, même dans l’écriture la plus minimaliste, les couleurs sont rarement totalement absentes.En effet, c’est par la couleur que nous voyons la forme, elles entrent pour une part essentielle dans notre relation au monde. Elles permettent de saisir les choses, leur matérialité et, peut-être, leur essence. C’est aussi la couleur qui « donne vie » au visuel. Écrire serait même, pour Flaubert,  « rendre une coloration, une nuance », les couleurs seraient « la quintessence supérieure du livre. » La couleur dans l’écriture La couleur  résiste aux descriptions verbales, reste un défi que continuent à relever de nombreux écrivains. Défi poétique, défi lancé au langage, car il ne suffit pas de dire "le ou les mots de la couleur" pour la faire voir. Je dis « rouge » et cette couleur ne serait-elle pas ce que Stéphane Mallarmé  dit à propos de la fleur : « l’absente de tout bouquet ». Rouge, quel rouge ? Magenta, carmin, vermillon, pourpre, cinabre, un rouge sans nom, une impression vague de rouge ? Il y a donc une particularité de la couleur, mais aussi une  particularité de celui qui voit. La transmission du phénomène est, par définition, logée dans l’œil de celui qui voit un objet coloré qui ne sera jamais identique à la couleur du même objet vu par son voisin. En tout cas, nous ne pouvons pas le vérifier ! Par convention, on s’accordera sur un mot qui peut recouvrir un vaste spectre comme "rouge" sachant que: le rouge d’une rose, par exemple, est une autre couleur que le rouge du sang.On peut être tenté par le relativisme : il n’y aurait pas de « réalité » de la couleur. Autre objection majeure  : la référence, la précision de couleur seraient-elles un simple "effet de réel" (voir l'article sur ce que désigne cette expression) ? C’est-à-dire un détail ajouté pour tenter de rendre plus réel ce qui est raconté ? Un détail qui fixe l’imaginaire ou l’emprisonne sans partager vraiment un contenu ?  Relevons donc le défi d’écrire les couleurs !   L'écriture de la couleur se heurte à deux principales difficultés  1 Les notions d’immédiateté et d’expressivité sont toutes deux antinomiques au fonctionnement du langageLa couleur est « l’endroit où notre cerveau et l’univers se rejoignent » P. Cézanne.Si l’on fait fi du processus physique réel, la vue des couleurs nous parait de l’ordre de l’immédiateté. La couleur surgit et nous atteint comme expressivité pure, tandis que le langage ne peut être que transcription, médiation par les mots, détour.2 La question du général et du particulierLe Traité des couleurs de Goethe nous l’explique : « Pour simples que soient les couleurs dans leur première apparence élémentaire », c’est-à-dire en tant que phénomènes originels, « elles se font infiniment multiples lorsque, hors de leur état pur et pour ainsi dire abstrait, elles se manifestent dans la réalité, notamment sur les corps où elles s’exposent à mille contingences. Il en résulte une individualisation illimitée qu’aucune langue ni toutes les langues du monde réunies, ne sauraient désigner ». Rappelons que l’œil humain peut différencier près de huit millions de nuances de couleurs.L’expérience sensorielle de « la » couleur dans sa singularité concrète est irréductible à une description abstraite. Le langage, par nature, « généralise », il classe par catégories, à moins d’attribuer un nom propre, ce qui n’aurait pas de sens pour les trop nombreuses nuances de couleurs. Nous ne pouvons  que faire le constat de la difficulté de restituer une couleur, l’expérience vécue de la couleur avec les mots.    Vocabulaire de la couleur Comme pour les odeurs, la langue française manquerait de mots ?"Aucun mot ne saurait exprimer la clarté vaporeuse qui enveloppait les côtes lorsque, par un magnifique après-midi, nous sommes arrivés à Palerme", nous dit Goethe.Faisons l’inventaire des nombreux moyens à notre disposition.  Des termes spécifiques, « directs », sans lien évident, de nos jours, avec un référent et assez peu nombreux : bleu, rouge, vert, jaune, mauve, etc., ce sont les « vrais » mots de la couleur. Notons que le nombre et la liste de ces mots peuvent varier d'une langue à l'autre, d'une culture à l'autre.  Des termes référentiels « concrets » : par association à des pierres précieuses, des végétaux, des matières (coquelicot, saumon, ébène, etc. ) Des  termes référentiels « abstraits », par association avec une idée  : rouge passion, rouge glamour, bleu rêve, blanc pur, etc. Cependant, le langage et, en particulier, le langage littéraire, dispose de bien d’autres ressources et l'on peut déjà préciser notre objectif : partager la couleur avec des mots, suggérer plus que de dire, faire le choix de l’indirect, de l’allusion sans renoncer toutefois à décrire, à chercher la précision, une sorte de ressemblance qui n’est pas celle du « faire voir ». Se servir de vocabulaires spécifiques Une des possibilités qu'offre l'écriture littéraire consiste à utiliser un vocabulaire spécifique et à se servir de son pouvoir d'évocation en l'utilisant dans un autre domaine. Le plus utilisé est celui des pierres précieuses eu naturelles ( lapis-lazuli, cristal de roche, jade, saphir, améthyste...) En voici deux autres exemples :  1. Les couleurs du vin Les couleurs du vin ne se bornent pas au choix classique entre rouge, blanc, rosé, distinction qui porte déjà pourtant en elle tout un imaginaire : fraîcheur associée au rosé, imaginaire de l'été et de vacances, transparence du blanc de sable, puissance  du rouge d'un bourgogne... L'on voit combien l'écriture de la couleur gagne à chercher du côté de la synesthésie, non pas au sens du mélange des sens, mais de leur complémentarité, de leurs possibilités de recréer toute une  "sensation de monde réel" en se renforçant mutuellement. Le domaine des vins est un excellent exemple d'univers synesthésique, car, si le vin, c'est un goût, un degré d'alcool, un arôme, c'est aussi une couleur, des teintes particulières : l'oenologie utilise pour cela un  beau verbe métaphorique : la robe - la couleur- habille le vin. Ainsi, parmi les vins rouges, se distinguent des robes allant du pourpre à l’orangé. Les vins évoluent de phase rubis, vermillon à des grenats et l'étonnant "tuilé" associé à des  reflets bruns ou orangés qui développent des arômes de tabac, de cacao,  de café et de fruits confits. . . Des "rouges " peuvent être dits noirs, orangés, marrons, bleus, violine.  Prendre la couleur - et la matérialité? - de la brique. Avec les vins rosés s'ouvre  un camaïeu qui va  du rose pâle au pétale de rose, au  claret, au rose saumon jusqu'au  rose cerise et même à ces rosés dits "gris". Une sensualité délicate anime ce vocabulaire qui parlera si musicalement de "note" pelure d’oignon et de "note" orangé. Terminons par la déclinaison des blancs qui, étonnamment déploie des jaunes, avec de "jeunes blancs"commençant par du  "jaune vert" "argenté" pour s'adoucir en jaune paille puis  brillant d'un jaune d'or, se corsant jaune ambré ou même jaune topaze et pourront, en vieillissant, devenir des blancs aux reflets orangés, puis cuivrés pour terminer marrosn.  2. Les couleurs des chevaux Moins connues,  les couleurs des chevaux offrent aussi un vocabulaire qui, pour le néophyte, ne fait pas "voir" la robe du cheval, mais sollicite un imaginaire cinématographique ou pictural qui déborde et s'étend vers l'espace et la géographie. Couleurs de western ou de steppes, de grandes chevauchées ou d'amitiés homme-animal, l'alezan, la couleur pie, l'isabelle ont  le luisant du cuir noir, la soie du blanc d'une crinière, l'odeur de paille, de sueur, de batailles ou de fuites éperdues, elles embarquent l'imagination et peuvent donc être utilisées avec profit hors de leur domaine animal. Les mots techniques de la couleur   Il existe un large vocabulaire technique de la couleur comme il existe un vocabulaire spécifique aux sons. La valeur d'une couleur Elle distingue, couleur claire, foncée selon la luminosité entre blanc et noir. On peut retrouver une certaine dimension philosophique aux valeurs de la couleur : classicisme du blanc, épure que l’on retrouve dans les intérieurs design minimaliste, profusion des couleurs, diversité, multiplicité qui peut être envisagée comme un gage de spontanéité (évaluation positive) ou perçue comme bariolée (évaluation négative).Notons aussi l'importance de l’idée de « part d’ombre » qui serait la "condition nécessaire à toute œuvre" pour Goethe. La couleur se fait aussi par la lumière et les jeux de lumière et d’ombres. La table est marron, mais avec le soleil à certains endroits, elle est blanche, de quelle couleur est-elle ? Est-ce que cela va entrer dans ma description ? La couleur dépend des heures, de l’éclairage et pose la question du paraître et de l’être.Le mur est blanc et une partie est à l’ombre, est-il toujours de la même couleur ? Mais ombré ?Relevons les pôles : couleur vive/éteinte. Fraicheur/ombrage. Assombrie, clair-obscur / aveuglante, éblouissante. Terne / miroitant, moiré, éclat…Le mat / le brillant semblent des caractéristiques indépendantes de la couleur :  pourtant bleu mat, vert mat ne sont-ils pas des couleurs différentes que bleu satiné ou vert brillant ? Notons ici l'importance du reflet qui était déjà dans les couleurs du vin ci-dessus : la couleur se fait, se distingue, s'apprécie par sa capacité à capter, à diffuser la lumière.   Le ton ou la tonalité d'une couleur Ton ou tonalité désignent la couleur que l’on voit, alors que le mot « couleur » peut aussi désigner la peinture qui sert à la créer. Les tons se regroupent en champs chromatiques qui se reflètent dans le langage. Par exemple, couleurs chaudes et froides avec tout le vocabulaire associé, du glacial au brûlant. Dans le disque chromatique, les tons proches du pôle orangé sont dits chauds et ceux proches du pôle bleu sont dits froids. Les tons situés à mi-chemin, gris, pourpres et verts, n’ont pas de « chaleur » en eux-mêmes, mais on peut dire de n’importe quel couple de tons que l’un est plus chaud que l’autre. On « réchauffe » et on « refroidit » des tons en y ajoutant une couleur proche qui les rapproche des pôles orange et bleu.   Valeur esthétique et quasi "éthique" de la couleur   Il existe une ambivalence de la couleur : pureté / sensualité ou sauvagerie / sagesse. Quelle différence existe il entre sombre et noirâtre ? Du négatif circulerait par la couleur quand elle est ainsi dévalorisée  : le rougeâtre, couleur de bâtardise, une  couleur peut-être salie ou épurée.Valorisation de la couleur originelle / sophistiquée, primat de l'authenticité, justesse de la couleur naturelle / couleur chimique, synthétique, artificielle. Pigments contre colorants? On peut faire ici un parallèle avec la distinction Majeur / mineur en musique.Autres polarités : - Concentration ou dilution de la couleur comme des formes d'activité/ passivité ? - Transparence / opacité . Apparition /disparition. - Netteté  /flou. - Vulgarité / Délicatesse?    Nuances et teintes  Ce sont les petites différences entre des tons de même désignation. Le langage professionnel des coloristes a développé bon nombre de termes d’usage pratique qui n’ont pas nécessairement de définition précise et universelle : bleu de Prusse, cyan… Ces noms ne sont maitrisés que pas les peintres ou les teinturiers, ils gardent, en dehors de la couleur spécifique associée, un pouvoir d’évocation et d’activation de l’imaginaire en dehors même de toute précision. Les mots désignant les teintes de couleurs sont parfois utilisés pour leur sonorité, aimés, choisis et placés pour eux-mêmes, pour leur dimension expressive et poétique.    Description par l’effet produit  : la couleur comme activité Le regard, la perception sont transformés par la couleur. On trouve ici tout un vocabulaire qui permet de préciser cette "activité" de la couleur :- Force, violence, douceur de la couleur : couleur équilibrée et couleur détonnante- Couleur agressive, délicate, fragile, criarde, glaciale, reposante, somptueuse, solennelle, agréable, désagréable, magique, inquiétante…- Couleur-matière et qualités tactiles : profondeur, surface, texture en lien avec la matière qui la porte... Rugosité, couleur granuleuse / lisse, douce… - Masse colorée : couleur épaisse.  - Bande, étroitesse... la couleur dépendrait de son déploiement : l'adjectif chatoyant s’emploie pour une grande surface, tandis que scintillant serait pour une petite surface ?-  Couleur brisée, cassée ?   Dimension vibratoire de la couleur L'on retrouve ici, que même avant de disposer de l'explication scientifique de la couleur, on a pu lui associer une dimension vibratoire.   Polarité électrique de la couleur : le plus, le moins et leurs effets attraction / répulsion.Notons les termes intensité, irradiation, énergie, pulsation, couleur tremblante… Incandescence !Il faut ici rappeler l’importance de la notion de saturation. Le degré de saturation d'une couleur est une mesure de son intensité ou de sa pureté. En termes simples, il indique à quel point une couleur est éloignée du gris.  Une couleur très saturée sera vive et éclatante, tandis que faiblement saturée, elle paraitra plus atténuée.   Unité ou variation, composition colorée Les enjeux sont nombreux : monochromie, polychromie, uniformité, dégradés, couleurs fondues, couleurs heurtées, transition ou coupure, couleurs mélangées, côte à côte, juxtaposées, couleurs qui se frottent, se repoussent...La page est blanche ? Est-elle uniforme ? Si je peignais devrais-je mettre du gris ? Et pourtant j’en reste là, malgré les ombres, les tâches : « la page est blanche. »On retrouve ici la dimension d'évaluation liée aux couleurs : ordre / désordre, unité, harmonie, camaïeu, contraste et puis l'idée de bariolé, de bigarré, de barbouillé... La couleur se fait lieu de polarité, d’opposition entre pureté / mélange, combinaison. Les couleurs se rencontrent, interagissent : se renforcent, s’éteignent…Question de l’harmonie : degré, gradation, spectre,  groupe de couleurs, règles physiologiques ou règles non fondées, conventions culturelles  ? Pas de fondement, mais effort, cohérence, un refus du n’importe quoi ? Existe-t-il une « logique » des couleurs ? Ou est-ce une limite à la liberté ?   Adjectifs ou substantifs modulent l'évocation de la couleur L'on peut par exemple s'interroger sur la différence entre l’or et le doré ? Le nom évoque une substance, une essence (Le bleu, Le noir..), il est du côté de la matière tandis que l'adjectif par sa natre de qualificatif reste du côté de la surface, de l'artifice, du non essentiel.   Couleur et temporalité Persistance, constance, stabilité, couleur qui vit, couleur mouvante, fixe, mourante, couleur morte, figée, fuyante, couleur vide, couleur pleine, se déploie toute une vie de la couleurCouleur rime parfois avec fragilité : trace, vestige, preuve, nostalgie. Lien avec l’éphémère ?   Voir les couleurs avec les yeux du peintre Certaines des distinctions précédentes sont inséparables des techniques de peintres : reflet lumineux dans le clair-obscur, juxtaposition (impressionnisme) par tâches, pointillisme, traitement par aplats, formant un glacis… et puis les pigments, les surfaces,les  transitions, les discontinuités, comme chez Cézanne.Que signifie voir une « impression de couleur » ? Le pointillisme est-il plus proche de la réalité ?  La couleur se précise aussi avec le vocabulaire de la composition: couleur de premier plan, d'arrière-plan. Horizon, géométrie, point de fuite... le regard et les recherches des peintres démultiplient les mots de la couleur et les questionnements sur les sensations colorées et les formes qu'elles dessinent, et, in fine, sur notre accès à la réalité.  Et puis il y a "la tache" : est-ce un morceau de couleur séparée?  Pourtant un tableau n’est-il pas un ensemble de taches?   Ces questions mériteraient un et m^me plusieurs articles chacune, j'y reviendrai... Métaphores, comparaisons, synesthésies Comme pour les sons, les figures de style sont un moyen de partager une teinte colorée :- Métaphores musicales et couleur Harmonie, cuivre, bois, orchestration colorée, accord, justesse, dissonance, baroque, jazzy, grinçante, mélodique, tonalité… - Parallèle de la couleur avec la nourriture  Couleur gourmande, épicée, fade, insipide, acide, appétissante, amère, délicieuse, nauséeuse… Couleur qui relève l’ensemble, l’affadit ? - Personnification Couleur nue, bienveillante, gracieuse, noble, puissante, vigoureuse, enjouée, joyeuse, mélancolique, digne, hardie, soumise… Couleur vulgaire ? Couleur blême.Animale : plumes, pelages… Imagerie du peuple, de la société : guerre et paix des couleurs, union, rencontre, alliance de pigments… Négociation ?Noms de matière, d’objets, placés en position d’adjectifs, accolés (voir exemple de Fromentin) Jeux de langage « Tirant sur, tirant vers » : on définit parfois le lilas comme un bleu tirant sur le rouge et le blanc, quel est le sens de ce mouvement de la couleur ?  Se représenter un orange tirant vers le bleu ou un violet tirant vers le jaune ? Est-ce possible ?Il y a aussi l'énigmatique demi-teinte… L'écriture des couleurs offre  une grande zone de liberté et d'invention (je vais mettre ces jours-ci en ligne un article sur la couleur chez Michel Castanier et chez les surréalistes.) L'on peut surprendre avec des couleurs inattendues ou oxymoriques : un gris ardent est-il possible ? Une lumière brune ? Le gris est parfois lumineux… Ou des effets inattendus : contraire à la norme admise ? « Les feuilles ivres-rouges des platanes tardifs  » Botho Strauss Poser autrement la question de l'écriture de la couleur ? Après avoir cherché à lister les moyens d'écrire la couleur, le problème ne serait-il pas, finalement,  mal posé : les mots ne font pas "voir" les couleurs, ils suscitent les associations,  font référence à une expérience commune et personnelle: le "ciel bleu" ne fait pas voir du bleu et pas même un ciel bleu, mais foit vibrer tous les moments où le ciel a été bleu pour le lecteur : plus qu'une couleur, une atmosphère, des attendus de beau temps, l'idée du ciel sans nuages...  La couleur, ce n'est pas un adjectif, une qualité, c'est un imaginaire, ce n'est pas une onde, c'est une circonstance, une donnée de l'expérience, un morceau de l'immense puzzle du souvenir et du vécu. J'y reviendrai...    {loadmoduleid 197} 
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Les Éphélides d'Azur ou Les Volcans de peau

volcan- Printemps des poètes -Écriture volcanique


Boulimique Azur
aux dorsales de cendres
Ce Sapajou d'incises gothiques
hume les étincelles
confit d'étoiles naines.

O prosélyte du souffre
prolifique Azur
Tu frises la fièvre
punique et sûr.

La ruse te profite
enfle tes apprêts
Perfide Azur
tes gammes se profilent
en gangues éméchées

Et brûlent tes lèvres
condiments de fièvres opiacées
Des vapeurs sortent
et capitulent.

Le Crépuscule t'immole

La Terre te vomit

L'obscur
ouvre un passage
à ta nudité de cendres.

L'Azur Prophète
conspue
ton Éphéméride. 





Coulée du 18,19 et 20 mars 2025


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Gérard ... à Brûle-pourpoint. 

Un petit dérivatif
Mario

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"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

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"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

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