Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Camille L.
13 novembre 2024
Textes d'ateliers

Un petit chapeau aux couleurs fanées sur la tête, ce matin-là, comme chaque matin, tenant à la main son cabas duquel dépassaient poireaux, fanes de carottes et plumes de volaille fermière - c'était jour de marché - Albertine Parut poussa de toutes ses forces la lourde porte de l'église, franchit le ...

Derniers commentaires

Invité - Jean-Francois La tentation d'Albertine
16 novembre 2024
Ah! Albertine...
Invité - Roussin La tentation d'Albertine
13 novembre 2024
Un récit haletant hallucinant aux parfums enivrants de l'encens qui fait perdre les sens. Plonger so...

Mon blog personnel

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Nouvelles de Julien Green

Le "Voyageur sur terre" est un recueil de quatre nouvelles découvert parmi les lectures de textes fantastiques que j'écume depuis plusieurs semaines : le fantastique est l'un des premiers thèmes de cette nouvelle année d’ateliers. Que ce soit au travers de romans, nouvelles ou livres théoriques, je m'y suis plongé avec, je dois le dire, une certaine volupté. On entre dans ce recueil comme dans un brouillard. Green...

Lire

Taille du texte: +

Cristal

Je surplombe le vallon, bercé par la lente danse, de sa végétation. Pas un bruit, pas d'apparente présence. Pourtant, tout semble bien là, réuni. Cristal, serait aujourd'hui, son seul, et unique possible nom.

Perdus dans le vert intense de cette luxuriance, j'aperçois au loin, ça et là, de furtifs points blancs. Sans doute, les traces de quelques rares habitations, aux reflets changeants, bercés par la lumière matinale, des premiers vents de saison.

J'hésite à pénétrer ce lieu, au combien séduisant. Pour nous humains, je crois, encore, trop souvent inconnu. Dans ces balancements d'hésitation, c'est souvent le dernier souffle, sur l'une des intimes braises de ma vie, qui finit par me mettre en mouvement.

Je descends, j'avance en sous-bois. Mes mains s'agrippent, aux profondes nervures de vieilles écorces primaires. Je suis dans la contradiction étrange, d'une attirante hostilité. Celle d'un monde, que je ne pourrais pas éternellement refuser, et un chemin de solitude, irréversible, jamais pratiqué. La peur d'un inconnu, qui attire.

Mes pas sont lents, incertains, glissants sur un chemin escarpé. Après de longs moments ombragés, je traverse clairières parfumées, contourne rochers, amas de sable aux formes mouvantes, portés par le vent de dunes éloignées, d'un océan incertain, invisible, puisqu'imaginé.

Toujours seul, en apparence, je sens cette ville mystérieuse, possible autre lieu de vie, s'approcher. Les indications du vieux livre du grenier, pourtant incertaines, semblent vraies. Incapable de me retourner, entre la peur d'être suivi et le douloureux besoin de tout quitter, mes pas m'accélèrent.

Espérant me distancier, de vieilles ombres à oublier, je me sens porté, non plus par de volontaires mouvements, mais par un de ces élans, qui rend léger. Celui des rêves, et de la pensée.

J'arrive enfin, à cette intime paroi inconnue, que je peux maintenant décrire. Sans la situer, ni la révéler. Seul, un abandon peut y conduire. Quelques éléments de la vieille carte imprimée, au dos du livre, m'ont permis de l'approcher et de la reconnaître, après un long cheminement intérieur, durement préparé. Cristal, nom d'une paroi aux facultés étranges, perdue au milieu de nulle part. Le seuil d'une porte, vers un unique nouveau monde.

J'essaie, j'avance, toujours porté par cet étrange élan, d'hésitante volonté. Je ne connais pas sa forme, invisible à l'œil. J'y appose les deux mains, y approche la totalité du corps, rien ne se passe. Étonnamment, je ne sens pas la fraîcheur d'une vitre, contre laquelle on viendrait s'appuyer, mais la chaleur, d'une laiteuse maternelle douceur.

Je l'imagine sphérique, sur une hauteur illimitée. Je me glisse contre elle, fais de nombreux pas de côté. Je sens l'émotion me gagner. Je sais, si je continue à croire l'histoire de cette possible autre vie, que la suite sera sans retour. Suis-je porté par l'élan de quitter mon passer, ou celui de rejoindre un avenir ?

Rien ne change. Révélé, par la lecture de mes nombreux rêves, je dois m'y prendre autrement.

Je recule légèrement, pour toucher cette paroi, d'un caressant bout du doigt. L'index de la main droite, sans importance, c'est naturellement celui que j'ai choisi, comme pour un chemin, que je voudrais indiquer. Je l'approche délicatement. Je le sens maintenant s'enfoncer. Les mots du livre le précisaient, pour que la magie opère, il faut croire à un autre possible. Cheminer et avancer, progressivement.

Je ne peux plus le retirer. Sans douleur, presqu'en joie, je le sens fondre et se transformer. Lentement épelé, de toutes les lettres qui le composent. D'où je suis, je me vois progressivement absorbé, par cet autre monde, pour renaître enfin, de l'autre côté. Désincarné, porté par ces nuées de lumières, maintenant libre de les approcher et de m'y confondre.

Plus de corps, plus de gain, plus de perte. Plus d'humaines matérialités. Certains penseraient, plus d'utilité, donc plus de vie. Alors que pour moi, dans cet instant, dans l'élan de ce nouvel idéal, dans cette vie de Cristal, tout pourrait simplement exister.

Je comprends mieux, puisque plus approché, le sens des nuées blanches, perçues du haut du vallon. Inconsistantes, elles sont le reflet lumineux de nos mots et de nos pensées. Ici, libres de se composer, sans quête de raison ni de sens particulier. Juste, pour la beauté d'exister. Tout ne devient alors, plus que danse et mélodie, sous le prisme d'une lumière, aux couleurs et aux densités variées.

Que l'on se comprenne bien, ce monde n'existait pas à priori. Uniquement, si ensemble, lettres et notes, décidions de le nommer et de le créer. Plus on s'éloignait de la paroi naissante de cette ville, plus tout était vide, puisque de musiques et de mots, encore à inventer et à composer. Nous décidions ainsi, au fil de nos joies, de nous rassembler, pour dessiner autour de nous, autant de tableaux, de poèmes et de mélodies, dignes de la nature et des plus grands maîtres de nos vies.

Nous ne nous arrêtions jamais, au sens premier. A la couleur d'une fleur ou à l'aspect d'un instrument. Ils n'étaient que prétexte, à émotions, beautés, rires et larmes. Nous dansions en nuées, regroupées, étirées ou séparées, selon ce que nous voulions vivre, chanter et partager.

Nous écoutions la musique des arbres, différente au printemps, de la fin de l'été. Nous pleurions, sous le chant des violons. Nous rêvions de l'intimité incertaine, d'une goutte de pluie, posée sur un pétale. Allait-elle s'évaporer sous le soleil, ou se laisser glisser au cœur de cette rose, d'un parfum, au souvenir jamais oublié.

Je ne comprends plus rien de la révélation de ces mots. Quoi de plus infligent, pour une nuée de lettres, que d'être qualifiée, de rêves et d'imaginaire. Elles passent aisément, de l'avant à l'après, et s'enivrent sans fin, de leurs incessantes créativités. Ne s'amusent-elles pas tout autant de nous, que nous nous distrayions de leur danse effrénée ?

Les ajoncs commencent à fleurir, sentent-ils la vanille, ou le coco ? Plus je m'en approche, moins je le sais. Leurs parfums évoluent, en fonction de la couleur de l'océan et de la présence qui m'accompagne. De quel côté du Cristal, sommes-nous le plus souvent ? Le craquement des feuilles à l'automne, est-il si différent, de la douceur du printemps ?

Suis-je vraiment, en train de rêver ?

Ville bleue
Pourquoi ?

Sur le même sujet:

 

Commentaires 2

Bernard N le lundi 15 novembre 2021 19:09

magie rimbaldienne

magie rimbaldienne
Sylvie Reymond Bagur le lundi 15 novembre 2021 07:34

Un texte poétique, onirique, qui se saisit d'une façon très originale de la proposition sur la ville matière. Au travers d'un parcours initiatique quelque chose se joue de la question de l'art et de l'écriture.

Un texte poétique, onirique, qui se saisit d'une façon très originale de la proposition sur la ville matière. Au travers d'un parcours initiatique quelque chose se joue de la question de l'art et de l'écriture.
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
jeudi 21 novembre 2024

Textes à redécouvrir

12 décembre 2019
Hier soir, dès l'aube, un soleil noir illuminait la nuit. Les ombres blanches des arbres s'étiraient comme des ressorts contractés sur le sol plat tro...
1349 lectures
9 janvier 2023
Il est dix heures, je pousse la porte. Son grincement fouille mes nerfs comme une lame de couteau, l'augure d'une lutte future résonne à mes oreilles....
704 lectures
19 avril 2020
Elle porte l'Afrique sur sa tête. L'Afrique entière. Avec les savanes et les forêts vierges. Elle porte une grande bassine d'eau. Toute l'eau de l'Oub...
1266 lectures

Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Bourreau Buzzati Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Concours Construction Corps Corse Couleur Couleurs Couple Course Covid Crescendo Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Ecrivain Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Famille Fantastique Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar La vie Langue Larmes Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lettres Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Micro nouvelles Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musée Musicalité Musique Mythe Mythes Naissance Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Obsession Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Prison Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Recueil de nouvelles Réécriture Rencontres Résilience Révolution Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Souvenirs Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Venise Vie Vieillissement Ville Violence Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom