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Everest

Valleraugue, juillet 2021, stage d'écriture sur le style. Atelier d'écriture sur le mouvement.

Le crack fut bref, retentissant. Jack se raidit, étouffa un juron. Il tourna la tête, cria « Danger » à l'arrière, dans les hurlements du vent. Trop tard. Sous son pied fugitif, la glace céda, le précipitant dans la béance sombre et menaçante. 

Elle l'admit comme un objet inerte et sans un intérêt, un caillou à faire glisser, sautiller, cabrioler, fracasser dans des tunnels noueux. Les éclats de crystal couraient sur les murs et déchiraient, de leurs pointes assassines, la combinaison de Jack. Sursaut de lucidité dans le chaos terrifiant. Jack tenta, de toutes ses forces, d'harponner son piolet à la paroi. Il parvint à l'érafler, à la griffer même, mais dans sa fourberie, la paroi se déroba, et soudain, il ne heurta plus rien, s'enfonçant, toujours plus vite, dans le ventre dans l'abîme. Une secousse brutale arrêta net la descente.

Son corps tournoya lentement, tel un pendule, et il retint son souffle, craignant la suite, l'écrasement final. Tout était silence. La colère du vent s'était tue. Il était enveloppé d'une nuit glaciale et opaque qui lui interdisait de voir et d'entendre. Son corps était un champ de bataille perdue, de douleur et de sang. Pantin ridicule suspendu à un fil, perdu dans l'immensité, il gisait, vertical, immobile, impuissant. Sans la douleur immense, il se serait évanoui.
Jack inspira profondément et expira lentement l'air de ses poumons, le temps que son cœur en crue retrouve son lit, que ses battements affolés ne bruissent plus dans les tempes. Robert ne donnait pas de signe de vie. La tempête l'avait-elle emporté ? Il était déjà très affaibli lorsqu'ils avaient entamé leur descente. La corde tenait encore le coup, mais pour combien de temps ? Il cria « Robert » avec la force du désespoir.
— Roooooo…beert, Ro…beeeeer, beeeeeeer, lui répondirent les échos lugubres et fantomatiques de la paroi.
— Noooooooon !, cria-t-il en tournant sur lui-même. Dans la mosaïque d'ébène et de larmes, une lueur blanchâtre emplit tout l'espace. Il sentit la main de son père attacher un baudrier autour de sa taille d'enfant. Il entendit son rire clair au sommet du Mont-Blanc, le rire incoercible d'un jeune roi ivre de sa victoire, puis la voix tremblante de sa mère : « L'Everest, c'est pas le Mont-Blanc. Beaucoup d'alpinistes chevronnés n'en reviennent pas… n'en reviennent pas… n'en reviennent pas… ». Les yeux verts de Joséphine, doux et confiants, emplis d'un amour immense, plongèrent dans les siens. Il baissa la tête. Ils n'auraient jamais dû laisser Pedro monter jusqu'au sommet alors qu'il n'en était plus capable. Pedro avait terminé toute l'oxygène, et cela n'avait servi à rien, il était mort, Robert peut-être aussi.
Jack tressaillit comme s'il se réveillait d'un cauchemar. Une sorte de chuchotement parvint à ses oreilles. Il devait divaguer, il était toujours seul, au fond d'un trou. Le murmure persistait pourtant, il enflait même, charriant des nuances de sons et d'intensité qui composaient une sorte de chanson, une chanson douce, rien que pour lui. Jack reconnut la plainte étouffée du vent, et son corps ondoya comme la vague d'un océan qui s'éveille.
Il inspira lentement, déplia ses doigts raides et agrippa la corde tandis que ses pieds la serraient plus bas. Les bras se hissèrent et les jambes se tendirent lentement, précautionneusement, anticipant un point de rupture à chaque progression, mais la masse douloureuse ne cessa de s'élever. La stupéfaction passée, le geste devint plus assuré, il s'affina dans un mouvement continu et harmonieux.
Surtout, ne pas s'arrêter, se répétait Jack, les yeux fixés sur le prochain point à presser sur la corde. Un mètre à la fois.
Son corps s'était remis à osciller, et lorsqu'il se grandissait dans la poussée, ses jambes transperçaient le cercle à peine ébauché.
Jack entendit plus nettement le vent mordre la crevasse. Il n'était plus seul.


Stéphanie Rapoport 

L'outre-moi.
Chatte égyptienne

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"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

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