Sa déambulation baroque, colosse barbu porté par son caddy, animait tout le quartier. Je craignais son apparition, démarche incertaine, marin bousculé par une mer houleuse. Il fendait sans un regard le flot des voitures, capitaine au long cours à la recherche d'un port d'attache, insensible aux clam...
Et ils s'en vont.
Sont-ils alignés en attendant leur tour,
ou forment-ils des grappes en partance ?
Un flux, un saut, un pas de plus,
de trop ?
Non, de l'inéluctable.
Ils ont terminé un voyage
héros d'un jour, du dernier jour,
ils sont immenses
dans la pensée qui se fait sensation
immense de leur présence,
immensité profuse
surpuissants, ces absents,
d'une puissance qui n'agit pas, qui vibre.
Simple projection de mes émotions ?
Je ne veux pas y croire.
Ils flottent, ils sont là,
ils échappent au temps.
Ils animent l'espace,
et c'est leur rôle d'âmes.
Leurs grands yeux étonnés,
ont enjambé la ligne entre morts et vivants,
leurs derniers mots confus, nous ont pris par la main
pour nous ouvrir la route.
Faire renaitre le mystère,
Ré enchanter le regard des blasés
Ressusciter le monde où ils ne sont plus,
son épaisseur, sa complétude autant que sa douleur,
ils savent si bien le faire,
- merci !
les disparus.