Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Camille L.
13 novembre 2024
Textes d'ateliers

Un petit chapeau aux couleurs fanées sur la tête, ce matin-là, comme chaque matin, tenant à la main son cabas duquel dépassaient poireaux, fanes de carottes et plumes de volaille fermière - c'était jour de marché - Albertine Parut poussa de toutes ses forces la lourde porte de l'église, franchit le ...

Derniers commentaires

Invité - Jean-Francois La tentation d'Albertine
16 novembre 2024
Ah! Albertine...
Invité - Roussin La tentation d'Albertine
13 novembre 2024
Un récit haletant hallucinant aux parfums enivrants de l'encens qui fait perdre les sens. Plonger so...

Mon blog personnel

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Nouvelles de Julien Green

Le "Voyageur sur terre" est un recueil de quatre nouvelles découvert parmi les lectures de textes fantastiques que j'écume depuis plusieurs semaines : le fantastique est l'un des premiers thèmes de cette nouvelle année d’ateliers. Que ce soit au travers de romans, nouvelles ou livres théoriques, je m'y suis plongé avec, je dois le dire, une certaine volupté. On entre dans ce recueil comme dans un brouillard. Green...

Lire

Taille du texte: +

Une plongée dans le corps de Renée-Lise Jonin Août 2017

Je suis un aviateur, une aviatrice. Je suis Mermoz, Élise Deroche. Je vais cent fois plus vite que le vent. J'ai dépassé le mur du son... Et puis clac, c'est fini. Je meurs dans une flaque d'eau. Elle est grise, elle est froide. Glacé dans le silence, le cri du prof de gym me pénètre le ventre. Je meurs. Je veux continuer la course en courant après mon âme qui, elle, veut se détacher de mon corps.Sous moi, la flaque. Au-dessus le ciel qui ressemble à une étendue d'eau. Mon souffle est si ténu ! Je n'ai plus de souffle. J'attends le Souffle avec un s majuscule. On ne meurt pas de mort. On meurt de la grande Vie qui vous envahit. Ma poitrine a pris l'eau. Le prof de gym, agenouillée à côté de moi, a pris ma poitrine. C'est ça, l'élan géant vers le ciel ? C'est ça le Ciel, cet Infini qui vous fond dessus ? Non, ça c'est mourir petit. Certains meurent dans les tranchées. Pour la France. D'autres dans une flaque d'eau de la cour de l'école. Trachée artère. J'étouffe. Accident de parcours. Au maximum de ma vitesse, je croyais mourir grandiose.Je meurs dans une flaque. Boueuse. Je meurs modeste. Il y a un instant, j'étais en pleine ivresse. À présent, c'est la flaque qui est grise. Je meurs sobre et sordide. J'ai couru trop vite, trop fort. Je ne peux plus courir. Je ne peux pas courir après mon âme. Elle est coincée dans ma trachée artère. Je vais cracher mon âme. Tout simplement. C'est comme ça qu'elle partira. – Essayez de respirer, dit le prof de gym, à genoux devant moi. Je voudrais répondre que je ne peux pas respirer. Je ne peux pas répondre. J'essaie de faire remonter mon âme coincée. Rien à faire.
– Essayez de boire, dit le prof qui a envoyé une fille chercher un verre d'eau. Je vais, dans une simple gorgée, avaler mon âme. – Buvez comme si vous aviez le hoquet dit le prof. – Buvez comme si c'était la canicule, dit le prof.

L'eau qu'elle s'efforce de me faire boire coule de mes lèvres jusque dans la flaque.

Certains meurent dans l'océan et d'autres dans des flaques. Mourir au large. Au large des îles Baléares. De la Corse, de la Grèce, de la ville de Douvres. Mourir avec une poitrine à l'aise. Une poitrine au large. Ma poitrine est serrée comme dans une chaussette. Mes chaussettes sont sèches, mon derrière est mouillé. J'ai froid au derrière et à mon âme aussi.

Il faut faire un dernier effort, un dernier, immense effort. Tenter une nouvelle ivresse en avalant le ciel. C'est ça la Vie qui entre et qui chasse l'autre ! C'est ça ! Mais non... Pas de place pour le ciel dans mon corps malmené. Il faut d'abord que mon âme quitte ma trachée. Il faut d'abord cracher.

– Mon Dieu, crie le prof, c'est la fin !

C'est la fin. Le prof s'adresse à Dieu.

Une foule de petits êtres me descendent le long de la trachée. Ils fourmillent et me picotent. Ce sont des secouristes. Ça y est, je vais cracher, je crache, j'ai craché. J'attends une splendeur, j'attends la musique des sphères. Dans la flaque, un petit crachat jaune. Si c'est une âme, elle est plutôt minable. Aucune trace de ciel. Pas même son reflet dans la flaque. Après le premier crachat, un deuxième, un troisième.

– Essayez de vous asseoir, dit le prof.

J'essaie de m'asseoir, je m'assieds. C'est fini, je suis sortie d'affaire. Je regarde mes trois crachats qui flottent à côté de moi. Le plus petit est le plus jaune. L'âme est décoincée, c'est sûr, puisque je respire. Mais on n'en parle plus. Non, plus question d'âme dans cette histoire. C'est tout de même dommage. J'ai failli mourir petit. C'est petit que je vis. Sans la moindre mention d'âme. C'est petit que je vis. 


l'homme du rond-point
Récit à deux crayons, Philippe et Elia 11/2016

Sur le même sujet:

 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
jeudi 21 novembre 2024

Textes à redécouvrir

17 janvier 2020
La tête entre les mains, il se cache dans ce jardin public pour fuir l'effervescence de la maison. Peut-être va-t-on l'oublier comme souvent, d'ailleu...
1290 lectures
16 juin 2019
WHITE SPIRIT (inspiré du tableau Kavemérui de René Guiffrey) Un carré blanc de 60 par 60. Mes yeux parcourent d'un air interrogatif de périmètre de 24...
1442 lectures
11 mars 2023
Les draps froissés de mon immobilité grise ne chantent plus. Pourtant, ils ont eu leurs heures rouges, les heures arc-en-ciel, les caresses embaumé...
685 lectures

Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Bourreau Buzzati Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Concours Construction Corps Corse Couleur Couleurs Couple Course Covid Crescendo Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Ecrivain Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Famille Fantastique Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar La vie Langue Larmes Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lettres Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Micro nouvelles Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musée Musicalité Musique Mythe Mythes Naissance Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Obsession Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Prison Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Recueil de nouvelles Réécriture Rencontres Résilience Révolution Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Souvenirs Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Venise Vie Vieillissement Ville Violence Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom