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Claudine G
07 octobre 2024
Textes d'ateliers

Elle est là discrète, recueillie. Le toit rouge brique de la maison d'en face se découpe sur le fond gris du ciel.Un gris épais presque noir. Elle ne voit que la maison aux volets vert amande. Aux volets clos. La façade blanche est recouverte de glycine. La glycine est fanée. Derrière la fenêtre de ...

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Nouvelles de Julien Green

Le "Voyageur sur terre" est un recueil de quatre nouvelles découvert parmi les lectures de textes fantastiques que j'écume depuis plusieurs semaines : le fantastique est l'un des premiers thèmes de cette nouvelle année d’ateliers. Que ce soit au travers de romans, nouvelles ou livres théoriques, je m'y suis plongé avec, je dois le dire, une certaine volupté. On entre dans ce recueil comme dans un brouillard. Green...

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Vortex

Texte style Léon Bloy Atelier Démesure avec Léon Bloy

Elle était immonde, grosse loche, limace visqueuse géante, elle profusait, s'étalait, se répandait tel un mammifère marin, occupait la place avec une jouissance dénaturée. Une débauche de chair qu'un amas de coussins aux couleurs incertaines ne parvenait pas à circonscrire. C'était une créature venue des abysses, translucide comme ces poissons des grandes profondeurs qui vivent dans le noir.

Avec le temps sa peau flasque et gélatineuse avait tourné au gris sale et recouvrait en partie ses yeux toujours à l'affût, guettant, épiant tous ceux qui, munis de pattes, d'ailes ou de poils traversaient son espace à leurs risques et périls, devenant ainsi fatalement une proie dont elles'emparait sournoisement. De ses petites mains replètes, elle les raflait d'un geste expéditif puis, triturait de ses ongles rouges soigneusement taillés, mandibules, pattes, élytres, prothorax, abdomen et s'en faisait un casse-croûte croustillant qui lui arrachait un sourire d'enfant et la rendait dangereusement joyeuse.

Autrefois, Botéro aux volumes généreux, qui avait beaucoup payé de sa personne, aujourd'hui baudruchedésertée, déballonnée ; d'opulence il n'y avait plus, tout dégoulinait, tout desquamait, tout se fissurait ; son visage n'était plus que rides, pattes d'oies, craquelures ; ses mamelles sèches depuis longtemps pendaient opiniâtrement et la proéminence de son ventre se déclinait en bourrelets, plis et replis, anticlinaux et synclinaux, qui tel un glissement de terrain avançaient inexorablement sur ses cuisses, chargés de leurs scories, dissimulant ainsi à tout regard l'Origine du monde.

Elle se délectait de cette aberration qu'était devenu ce qui lui tenait lieu de corps et qu'elle exposait crânement, sans aucune vergogne, comme un mannequin obscène dans sa vitrine.

Tout le jour, sur un vieux matelas qui lui servait de lit, elle trônait dans la pénombre, fenêtres et volets fermés, marmottant à longueur de journée des discours eschatologiques sur les dangers venus de l'extérieur et sur la fin du monde à venir.

Reine morte d'un royaume sans sujets, sa seule jouissance c'était lui, l'enfant sans nom, le bâtard, né de l'enfer maternel.

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Un grand échalas, raide comme un piquet, tout en angles droits, des jambes comme des échasses perdues dans un pantalon trop court, fait de brindilles, aussi efflanqué qu'elle était énorme.

On aurait dit que la vieille lui avait pompé le sang de l'intérieur, comme une tique hématophage accrochée à son hôte ; un teint chlorotique, avec cet aspect verdâtre si caractéristique ; tout le corps empêché, freiné, retenu par une fatigue ontologique, dont les mouvements au ralenti révélaient l'effort désespéré qu'il faisait pour vivre encore.

Depuis que le ventre mille fois labouré de sa génitrice l'avait pondu à son corps défendant, il était pris dans un incessant vortex de violence qu'elle lui faisait subir à longueur de journée. Brimades, humiliations, avanies, sévices raffinés dont elle faisait son miel, tout était prétexte pour le punir de sa présence superfétatoire, stigmate ingrat du ruisseau aux relents nauséabonds dont il était issu.

Avec le temps il avait appris la prudence et lorsque, la voix perfide et grinçante réclamait sa présence pour des motifs aussi fallacieux que perfides, il veillait à maintenir une certaine distance entre elle et lui, restant là, lémure avant l'heure, n'espérant plus ce qu'il savait ne jamais devoir venir.

Certains jours, il avait beau se coller au mur, se fondre dans les motifs improbables de la tapisserie antédiluvienne, les yeux d'opale noire, tels des serres aux griffes acérées, le harponnaient, le pénétraient, l'envahissaient ; de son regard funeste de folle dégénérée, elle le tenait dans ses deux rayons lasérisés, prenait possession de tout son être et, forte de son droit de jouissance usufructuaire, elle le broyait, le phagocytait, le châtrait jusqu'à ce que terrifié, paralysé, tétanisé, il sente le Grand Mal revenir et la crise arriver.

Alors, son corps en déroute lui échappait et, de soubresauts de cabri déstructurés, de gesticulations stroboscopiques en convulsions volcaniques, il perdait le contrôle ; des tics déchiraient son visage, un coup la bouche, un coup les yeux, les épaules, ça tortillait, ça vrillait, ça saccadait et elle, le crochant toujours voluptueusement du regard, fixait avec une joie de baleine en rut, ses rictus de rats en colère. Elle ne le lâchait pas, et sous l'emprise de ses prunelles moites, le corps, tendu dans l'éclair d'un arc électrique, se contorsionnait plus fort, avec des cris d'animal blessé, exécutant une véritable chorée giratoire, telle la danse de Saint Guy, qui le menait au bord de l'ictus apoplectique.

Et quand la turbulence cessait enfin, le laissant exsangue, vidé de toute substance, un rire énorme, inhumain, tératologique, un hennissement aux accents méphistophéliques éructait du tas de chairs, tonitruait, rebondissait, cascadait en de multiples hoquets pour finir par exploser en une sorte de pinacle orgastique, aux vocalises de chaine rouillée et par retomber d'un seul coup, comme un pneu crevé, asséché, vidé de son jus.

Elle avait eu son spectacle.


Le visage sombre du garçon n'était plus alors qu'un paysage de désolation, un paysage abandonné dans lequel seul l'éclair des yeux trahissait la haine tapie en lui et l'animal assoupi qui attendait son heure.

Camille L.13 mai 2023 

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vendredi 18 octobre 2024

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"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

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