Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Camille L.
13 novembre 2024
Textes d'ateliers

Un petit chapeau aux couleurs fanées sur la tête, ce matin-là, comme chaque matin, tenant à la main son cabas duquel dépassaient poireaux, fanes de carottes et plumes de volaille fermière - c'était jour de marché - Albertine Parut poussa de toutes ses forces la lourde porte de l'église, franchit le ...

Derniers commentaires

Invité - Jean-Francois La tentation d'Albertine
16 novembre 2024
Ah! Albertine...
Invité - Roussin La tentation d'Albertine
13 novembre 2024
Un récit haletant hallucinant aux parfums enivrants de l'encens qui fait perdre les sens. Plonger so...

Mon blog personnel

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Nouvelles de Julien Green

Le "Voyageur sur terre" est un recueil de quatre nouvelles découvert parmi les lectures de textes fantastiques que j'écume depuis plusieurs semaines : le fantastique est l'un des premiers thèmes de cette nouvelle année d’ateliers. Que ce soit au travers de romans, nouvelles ou livres théoriques, je m'y suis plongé avec, je dois le dire, une certaine volupté. On entre dans ce recueil comme dans un brouillard. Green...

Lire

Taille du texte: +

Louise

Louise Atelier Fragments d'imaginaire

Il y a la musique d'All You Need is Love, reprise en chœur par les copains et les cousins, quand Louise, au bras de son jeune mari, sort de la petite chapelle tournée vers la mer. Elle a voulu se marier sur l'ile grecque où elle a passé presque tous ses étés d'enfant et d'adolescente.

Une robe couleur ivoire, des sandales dorées, des fleurs dans les cheveux, un hymne à l'été, à l'amour, à la vie,

Et il y a de la musique par intermittence, pendant que le soleil se couche sur la mer. Le copain DJ installe et teste son matériel, pendant que les employés du restaurant dressent des tables sur le sable d'Argyris Beach pour la fête de ce soir.

Avant d'aller se changer (Louise les veut tous en blanc), les jeunes jouent dans l'eau, plongent du ponton, s'envoient des ballons, rigolent, s'apostrophent.

La mère de Louise les regarde, ces gamins beaux comme de jeunes dieux.

Elle jette un regard circulaire sur les tables à la déco blanche et dorée, respire les odeurs mélangées de la mer, du jasmin et des grillades.

Un petit paradis.

Elle se détend, expire, sourit.

Elle a mené sa fille à bon port, vers cette ile, cette fête, vers l'avenir.

Il y a les cris d'une enfant en colère, un soir d'octobre. Dans le couloir gisent en tas une robe noire pailletée, une cape étoilée et un chapeau de sorcière.

La mère de Louise les a achetés au rayon jouets du Bon Marché, hésitant entre plusieurs déguisements, rajoutant à la dernière minute un seau orange en forme de citrouille au prix complètement déraisonnable.

Mais Louise ne veut pas de cette robe, de cette cape. Elle les a enlevés sitôt essayés. Elle veut mettre le costume de princesse que sa marraine lui a envoyé pour ses cinq ans, il y a quelques jours. Une robe à paniers bleu ciel, avec un jupon dont les baleines en plastique font balancer la jupe à chaque pas, un plastron lacé, un diadème étincelant. Louise n'aime pas le noir, les sorcières, les squelettes, encore moins les araignées. Elle aime la lumière, les princesses, les fées et les licornes, le bleu et le doré.

Elle regarde sa fille, cette blondinette aux yeux bleus pleins d'orage, les joues écarlates de colère, si déterminée, si forte, et elle fond de tendresse.

La sorcière attendra l'année prochaine, mais Louise prend le seau orange pour sa récolte de bonbons chez les voisins du quartier.

Il y a les applaudissements nourris qui accompagnent les gracieux saluts de Louise, seule sur la glace.

Quelques minutes seulement depuis son entrée, sur les premières notes du classique « Ange et Diable » de Rodriguez, aérienne dans sa tunique de velours bleu à paillettes et manches en gaze. Menton relevé, bras arrondis, un port de reine. Le chignon réglementaire et les lèvres rouges lui donnait des airs de femme.

Ses quinze ans ont dessiné sur la piste des arabesques, elle a virevolté, sauté le corps en vrille, déployé en mesure ses bras et jambes encore un peu arrondis.

Sur les gradins sa mère a retenu son souffle, partagée entre l'émerveillement et la peur. De la faute, de la chute surtout.

Il y aura les notes, bientôt, sur les écrans géants, un retour au vestiaire triomphal ou amer, les patins qu'on délace.

Mais pour l'instant elle savoure, elle se repait de la vision de sa fille saluant le public, essoufflée et radieuse sur la glace bleutée.

Il y a ce bip qui devient continu et strident, les flashes rouges qui s'allument, à l'autre bout de la salle.

Elle somnole dans une sorte de grotte sous-marine. Pénombre bleutée, chaleur humide, chuintement des nébulisateurs, clignotement des moniteurs, mouvements et chuchotements de créatures lunaires en sur-blouses bouffantes, charlottes et chaussons roses ou bleus.

Hier, sur les conseils de la maman de Tiago, elle est passée au Bon Marché, rayon poupées, et a choisi une grenouillère et un bonnet rose pour poupon Corolle.

Car tout à l'heure Louise sera baptisée par l'aumônier de l'hôpital. Un rituel pour affirmer que ce corps translucide, hérissé de tuyaux et de capteurs, qui pèse moins d'un kilo, est celui d'un membre de la communauté des humains.

Elle a voulu pour sa fille une tenue digne de l'occasion, par-dessus la couche microscopique, le bonnet tubulaire noué et des sparadraps blancs zébrant sa peau.

A la caisse, elle a refusé la proposition d'un paquet cadeau. 

Rue du saut du loup
Face à la mer

Sur le même sujet:

 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
jeudi 21 novembre 2024

Textes à redécouvrir

14 mars 2023
Assise sur mon rocher, j'épie l'île plantée au large de notre côte sauvage. Aucune embarcation ne s'aventure près de ce lieu ombrageux martyrisé...
464 lectures
15 juin 2023
Toi
"Que serais-je sans toi, qui vins à ma rencontre... Ne me quitte pas, ne me quitte pas, ne me quitte pas. Moi, je t'offrirais…" Moi, je t'ai tout donn...
448 lectures
18 décembre 2021
 Une tâche jaune, jaune moutarde, tout au fond du couloir bondé, elle s'approche, une doudoune qui avance, vite, très vite, qui double, bouscule ...
823 lectures

Phrases d'auteurs...

"Si vous avez quelque chose à dire, tout ce que vous pensez que personne n'a dit avant, vous devez le ressentir si désespérément que vous trouverez un moyen de le dire que personne n'a jamais trouvé avant, de sorte que la chose que vous avez à dire et la façon de le dire se mélangent comme une seule matière - aussi indissolublement que si elles ont été conçus ensemble."  F. Scott Fitzgerald

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Bourreau Buzzati Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Concours Construction Corps Corse Couleur Couleurs Couple Course Covid Crescendo Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Ecrivain Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Famille Fantastique Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar La vie Langue Larmes Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lettres Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Micro nouvelles Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musée Musicalité Musique Mythe Mythes Naissance Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Obsession Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Prison Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Recueil de nouvelles Réécriture Rencontres Résilience Révolution Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Souvenirs Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Venise Vie Vieillissement Ville Violence Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom