C'est une petite odeur discrète et sans chichi
Pas plus grosse qu'une coccinelle ou qu'une larme de souris
Mais câline et rêveuse
Pieds nus dans le brouillonnement des landes et des collines
Dans un souffle de lumière, une volute de ciel
Un froissement de feuilles sous les pas d'un renard.
Buissonnière, vagabonde, elle raffole des vents d'autan
Où elle se laisse flotter légère comme une amoureuse
Un rien de jaune l'arrange le mieux
Pas le jaune cru et pâteux de Van Gogh,
Ni le jaune Versailles, ni l'or croustillant des icônes
Non, mais un jaune secret, furtif, pâlissant
Le jaune de l'ambre lavée et délavée par les vagues de la Baltique
Le jaune de l'arc-en-ciel déprisé par ses aristocrates voisins, vert et orange
Le jaune tremblotant des étoiles frigorifiées par le gel des nuits d'hiver
C'est une odeur qui ne fait pas de bruit, ou si peu
Mais si vous avez l'oreille formidablement fine
Savourez ce petit bruit neigeux et feutré des grelots de pollen
Qui voltigent dans l'air,
Minuscules messagers du miel
Invisible vous dites ? Vous vous trompez.
C'est dans les Cévennes que je l'ai rencontré
Nue, sauvage, limpide
Elle avait des longs cheveux bruns rouille
Et des fleurs de genêts pour tout habillage
Blodeuwedd*, déesse celtique du mont Aigual
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Blodeuwedd* déess de la mythologie gaélique. Littéralement: "Visage de fleurs"