La maison s'éveille avec les effluves pénétrantes et entêtantes des grains de café que l'on grille.
Leur crépitement propulse une aura torréfiée dans les chambres et déjà les fenêtres s'ouvrent pour savourer les premières de l'aube mêlées au crissement du moulin projetant l'essence vigoureuse du café que l'on moud. Lorsque siffle la greg, les vapeurs corsées infusent une puissante allégresse dans les sens en éveil.
Installés sous la varangue, les buées des gorgées brulantes voilent les voluptueuses aromes de l'ananas tranchée, dissimule la suave odeur de la papaye épluchée mêlant ainsi le jaune et l'orangedu soleil qui maintenant glisse et imbibe les pièces de leur première chaleur.
Croquer dans la peau rugueuse et le rouge soyeuxdes letchis pour que leur saveur sucrée emplisse et submerge la bouche gourmande qui aspire le fruit et rejette l'écorce, fait tournoyer la langue, soulève la chair et évacue le noyau. Sa douce senteur enivrante envahi le corps.
Profiter de l'ivresse, traverser le jardin, piétiner l'humus des feuilles jonchées et humer les spirales fauves de la terre qui tournoient et s'unissent aux volutes des parterres de fleurs emmêlées pour enfanter des nuages de senteurs tropicales.
Puis se cacher sous le feuillage resserré et cueillir les petites boules mauves suspendues qui Attachées à la treille offrent une invisible senteur boisée. De tendres fils, vaporeux, fins, infusent une délicieuse effluve sur la peau. Les feuillent frissonnent et le murmure du vent enveloppe le corps d'un halo puissant, fruité, délicat et fragile.
Lorsqueje brise ta carapace pour prélever ton mystérieux nectar, ton parfum, pénétrant et profond, explose.
Ta couleur de soleil piqueté de sable ravit, l'espace de ce temps infini où je te savoure où ton odeur glisse et s'incruste, pétille, envahie et submerge chaque repli secret de mon être, éveille le désir, exalte l'âme à l'évocation de ton nom exotique, ardent, toi ma grenadine, fruit de la passion.