Qu'est-ce qui précède l'idée? La sensation, les images mentales, les mots? Ou est-ce de l'idée que découlent le flux du texte en s'appuyant sur le ressenti, les sens, les associations…
Vraisemblablement tantôt l'un, tantôt l'autre et les deux à la fois. Explorons donc. Une boule d'Anduze, senteur miel, m'a été offerte pour Noël. Ronde, en terre, lazurée de blanc, elle exhale son odeur dans la pièce. Je me mets à l'écoute de mes images intérieures. Des réminiscences enfantines me reviennent: traces du passé qui constituent mon présent et construisent l'avenir. L'écriture est un fil qui relie l'intérieur à l'extérieur pour dire et se dire. La couleur ambrée du nectar, le mauve de la bruyère en fleur sur la montagne, le grand-père en tenue blanche qui sort les cadres de la hausse, le goût de terre sucrée dans la bouche avec les morceaux de cire qu'il faut recracher, le chant des butineuses… Tout cela, en vagues successives, se presse dans ma tête. Il me faut donc écrire la trame de la mémoire et ce vers quoi cela me porte. Tirer l'essence de ces images. Que disent-elles? Elles soulignent la joie, la paix, le silence et surtout cette sérénité qui me nourrit dans le vivre. Il faudra axer l'écriture sur cette idée. Tout d'abord raconter la lande et ta présence :
Je me glisse sur le chemin mauve où tu as caressé chaque fougère de la lande, il faut supprimer, c'est lourd, il faut épurer…peut-être utiliser l'infinitif pour ouvrir vers le lecteur, l'impliquer. Des allitérations pour donner la sensation de frôlement
Se glisser
sur le chemin mauve du rucheroù tu as caressé chaque fougère
Faire venir l'idée de joie :
Et dans le silence le souvenir de ton sourire qui donne la joie… j'ai perdu les abeilles qui étaient à la base, préciser peut être le silence ne pas oublier l'infinitif
Dans la respiration du silence,
laisser monter ainsi la sève du miel
de ton sourire qui donne la joie
Pas assez juste, trop alambiqué je dois simplifier et peut-être faire s'entrechoquer les mots, ils doivent se frotter les uns les autres pour donner à voir, coudre les sensations.
Dans la respiration du silence,
laisser monter en soi,
la sève ambrée de la joie.
et le doute qui s'infiltre là, faut-il en dire plus ? Le doute à chaque fois, le doute qui renvoie à la solitude. Est-ce le doute qui donne sens à la solitude, sens à l'écriture puisqu'écrire c'est être seul ? Chercher, trouver le mot juste, sans trop en faire ? s'obliger à se mettre dans le corps du mot. Fouiller l'idée pour mieux la dire.
C'est vivifiant de compter sur hier pour habiter l'aujourd'hui dans tout ce qu'il y a à vivre et creuser
Trop long… le rythme est perdu.
Compter sur hier
pour habiter l'aujourd'hui
et creuser chaque jour
le chemin du vivre.
Ou le sillon de la vie ? Rester, peut-être sur la première idée..
Se glisser,
sur le sentier mauve du rucher
où tu as caressé chaque fougère.
Laisser monter en soi
la sève ambrée de la joie
dans la respiration du silence
Compter sur hier
pour habiter aujourd'hui
et creuser chaque jour
le chemin du vivre.