Par Anne-Marie Dufes le dimanche 14 avril 2024
Catégorie: Textes d'ateliers

Écrire

​Qu'est-ce qui précède l'idée? La sensation, les images mentales, les mots? Ou est-ce de l'idée que découlent le flux du texte en s'appuyant sur le ressenti, les sens, les associations…

Vraisemblablement tantôt l'un, tantôt l'autre et les deux à la fois. Explorons donc. Une boule d'Anduze, senteur miel, m'a été offerte pour Noël. Ronde, en terre, lazurée de blanc, elle exhale son odeur dans la pièce. Je me mets à l'écoute de mes images intérieures. Des réminiscences enfantines me reviennent: traces du passé qui constituent mon présent et construisent l'avenir. L'écriture est un fil qui relie l'intérieur à l'extérieur pour dire et se dire. La couleur ambrée du nectar, le mauve de la bruyère en fleur sur la montagne, le grand-père en tenue blanche qui sort les cadres de la hausse, le goût de terre sucrée dans la bouche avec les morceaux de cire qu'il faut recracher, le chant des butineuses… Tout cela, en vagues successives, se presse dans ma tête. Il me faut donc écrire la trame de la mémoire et ce vers quoi cela me porte. Tirer l'essence de ces images. Que disent-elles? Elles soulignent la joie, la paix, le silence et surtout cette sérénité qui me nourrit dans le vivre. Il faudra axer l'écriture sur cette idée. Tout d'abord raconter la lande et ta présence :

Je me glisse sur le chemin mauve où tu as caressé chaque fougère de la lande, il faut supprimer, c'est lourd, il faut épurer…peut-être utiliser l'infinitif pour ouvrir vers le lecteur, l'impliquer. Des allitérations pour donner la sensation de frôlement       

Se glisser

sur le chemin mauve du rucher

où tu as caressé chaque fougère

Faire venir l'idée de joie :

Et dans le silence le souvenir de ton sourire qui donne la joie… j'ai perdu les abeilles qui étaient à la base, préciser peut être le silence ne pas oublier l'infinitif

Dans la respiration du silence,

laisser monter ainsi la sève du miel

de ton sourire qui donne la joie

Pas assez juste, trop alambiqué je dois simplifier et peut-être faire s'entrechoquer les mots, ils doivent se frotter les uns les autres pour donner à voir, coudre les sensations.

Dans la respiration du silence,

laisser monter en soi,

la sève ambrée de la joie.

et le doute qui s'infiltre là, faut-il en dire plus ? Le doute à chaque fois, le doute qui renvoie à la solitude. Est-ce le doute qui donne sens à la solitude, sens à l'écriture puisqu'écrire c'est être seul ? Chercher, trouver le mot juste, sans trop en faire ? s'obliger à se mettre dans le corps du mot. Fouiller l'idée pour mieux la dire.

C'est vivifiant de compter sur hier pour habiter l'aujourd'hui dans tout ce qu'il y a à vivre et creuser

Trop long… le rythme est perdu.

Compter sur hier

pour habiter l'aujourd'hui

et creuser chaque jour

le chemin du vivre.

Ou le sillon de la vie ? Rester, peut-être sur la première idée..

Se glisser,

sur le sentier mauve du rucher

où tu as caressé chaque fougère.

Laisser monter en soi

la sève ambrée de la joie

dans la respiration du silence

Compter sur hier

pour habiter aujourd'hui

et creuser chaque jour

le chemin du vivre.

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