Envie d'écrire ? De faire un stage d'écriture ? De participer à un atelier en ligne?

Que vous soyez expérimenté ou débutant, je vous propose de découvrir les activités que j'organise autour de l'écriture.

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Nouveau : un module de découverte des principaux outils de l'écriture littéraire

Différents ateliers d'écriture en ligne avec accompagnement par mail et partage des textes en visio.

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Des stages thématiques et stages de découverte pendant l'été 2025 et le week-end dans les Cévennes

Stages pour débutants, stages sur la nouvelle, stages sur la réécriture, le pastiche et le style ainsi que des stages de week-end.

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Un blog pour publier vos textes, découvrir des textes d'atelier et de stages et des thèmes d'écriture

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La possibilité d'être publié par une véritable maison d'édition

L'une des missions des éditions de l'HAR à laquelle je participe est de permettre aux participants talentueux de mes stages et ateliers d'être publiés par une véritable maison d'édition.

Publication de textes

Mon blog littéraire

Textes, poèmes, conseils, remarques et réflexions sur l'écriture et sur l'animation d'ateliers, critique de livres, questions de style...

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Sylvie Reymond Bagur. Écrivain, animatrice d'ateliers d'écriture.

L'écriture a toujours fait partie de ma vie, journal intime, réflexions sur mon travail de chorégraphe ou mes études de philosophie, poésie, fictions, j'écris, une nécessité pour me sentir vivre pleinement. Mes ateliers sont le fruit de cet engagement dans l'écriture et de ma passion pour la lecture. Ils font écho à ma pratique de la danse, du chant et à ma formation philosophique. Trois de mes romans ont été publiés. "Sève d'automne" aux Editions de Paris - Max Chaleil, "L'Autre d'une femme" chez les Impliqués éditeurs et, depuis décembre 2024, "La Danse de Faust" édité par les éditions de l'HAR. Je vous souhaite un agréable visite de mon site.

A découvrir dans ce site

Ma conception des ateliers d'écriture et mon parcours

Pour découvrir mon approche des ateliers d'écriture en ligne et des stages d'écriture ainsi que mes projets.

Interview pour Tourisme Culture Magazine, le lien entre mon travail d'écrivain, mes ateliers et mes stages d'écriture.

Evocation de mes ateliers, mes stages et mes romans

Comment se déroule un atelier d'écriture ?

Actualités des ateliers d'écriture 2025-2026

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S'inscrire à un atelier en ligne
- Ateliers d'écriture en ligne et en visio
Je propose pour l'année 2025 - 2026 trois groupes différents d'ateliers d'écriture en ligne : chaque deuxième mardi soir du mois ou chaque deuxième jeudi soir du mois ou chaque deuxième samedi matin.
Deux places sont encore disponibles dans ces ateliers en ligne : une place le mardi, une place le samedi. Cette formule comprend à la fois un accompagnement individuel par mail et une visio de lecture des textes en présence du groupe.
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Nouveau ! Un atelier en ligne de découverte.
A la rentrée d'octobre 2025, l'atelier en ligne du mardi vous permettra de découvrir sur une année les principaux outils de l'écriture littéraire.
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Publication d'une recueil de nouvelles
Disponible chez votre libraire et sur les sites de vente en ligne.
Renseignements sur le site des éditions de l'HAR
Les Nouvelles de l'HAR, recueil des nouvelles choisies parmi les textes proposés par les participants à mes ateliers et mes stages est en vente chez les libraires et les grands sites d'achat en ligne et sur le site des éditions de l'HAR.
17 auteurs ont été sélectionnés pour ce premier volume de la collection que les éditions de l'HAR a décidé de consacrer à la Nouvelle. Si vous avez participé à l'un de mes ateliers ou mes stages d'écriture ou si vous comptez le faire cette année, vous pourrez proposer des textes au comité de lecture de la maison d'édition pour le prochain volume qui sera publié en septembre 2025.
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Calendrier des stages d'écriture 2025

5 jours, 6 nuits dans les Cévennes
- Un stage d'écriture en juillet et deux en août 2025
Trois différentes thématiques
Les inscriptions seront bientôt ouvertes pour les stages d'été 2026. Vous pouvez découvrir une page de présentation générale de mes stages et une page dédiée à chaque type de stage précisant leurs contenus respectifs ainsi que les dates et les bulletins d'inscription.
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Deux jours dans les Cévennes
- Stages de week-end 2025-2026
Un stage d'écriture court par trimestre avec écriture et réécriture
Le premier stage d'écriture de week-end aura lieu à Valleraugue dans le Sud des Cévennes les 15 et 16 novembre. Thème : première approche de l‘écriture de la nouvelle.
Stage sur l'écriture de la nouvelle été 2025
  Vous n'avez pas d'idée précise, mais vous avez envie de vous confronter à un texte plus long que celui de l'atelier classique ? 
  Vous avez expérimenté l'écriture de Nouvelles et vous souhaitez améliorer votre approche ?
  Vous n'avez jamais écrit de Nouvelle et vous rêvez de le faire ?  
  Vous avez un récit en tête et vous ne savez pas comment l'aborder ? 
  Vous avez un projet de roman et vous pensez que l'écriture d'une Nouvelle pourrait vous aider ?
  C'est pour répondre à ce type d'attente que j'ai conçu ce stage.
Contenu

Organisation du stage d'écriture sur la Nouvelle
-  Deux ateliers d'écriture par jour de 2h30 à 3h.
-  Un après-midi sans atelier d'écriture pour se promener,  se reposer ou faire appel à moi pour des questions concernant le stage, un écrit personnel ou toute autre question concernant l'écriture.
 

Trouver et affiner son thème de Nouvelle

Nous commencerons par trouver un ou des thèmes qui vous sont propres avec des outils que j'ai conçu pour cela.
Si vous avez déjà une idée de sujet de Nouvelle, cela vous permettra de la mettre en perspective et de la préciser.
 
Puis, à partir de ce que l'on peut appeler votre univers, tout au long du stage, nous allons construire un (ou deux si vous écrivez vite) textes dont la longueur dépasse le cadre de l'atelier d'écriture classique et du texte court qui lui est associé.Il n'y a d'ailleurs pas de longueur à atteindre, l'objectif est de développer un texte et de le terminer en l'espace de ces cinq jours de stage.
 
A chaque atelier :
- des outils, des exemples, des pistes, des textes...
- un temps d'écriture individuel avec la possibilité d'être accompagné.
- un partage de ce qui a été écrit, expérimenté.
- Cette lecture est suivie de retours constructifs et d'échanges avec les autres participants.
 
 
Le genre "Nouvelle" comme point de départ
 

Georges Braque affirme « J'aime l'émotion qui corrige la règle. »  Juan Gris lui répond « C'est la règle qui doit corriger l'émotion. » 

Nous tenterons pendant ce stage de n'oublier ni l'un ni l'autre !

 

La Nouvelle est un genre littéraire  dont la brièveté  permet d’en envisager l’écriture en une semaine. Elle est une excellente école d'écriture, chaque élément, chaque mot de ce texte court devant être choisi et ciselé en fonction de l'ensemble.

Nous préciserons les attendus de ce genre notamment l'unité d’action, la simplicité de l’intrigue, le petit nombre de personnages, les non-dits, la gestion du temps et la présence d’une « chute » ...  
Au fil des jours seront abordés des  éléments  et des thèmes appropriés à la Nouvelle comme au récit au sens large:
 
Choix d’un sujet, question de la documentation, construction de l’intrigue et des personnages, place laissée au lecteur, rythme, distribution dialogue/ action/ description, approche poétique, questions de style, expliquer ou montrer, comment commencer et comment finir,  la question de la réécriture, du titre...
 
Nous insisterons sur les questions de construction, de cohérence, de cette façon qu'a une Nouvelle réussie d'amener le lecteur vers la fin sans la rendre prévisible.
 
 
Et une grande liberté...
  
 La Nouvelle contemporaine, comme le roman, s'est ouverte à de multiples perspectives et présente une grande diversité de formes. 
Les critères du genre Nouvelle seront donc abordés comme des points de repères intéressants à connaître sans avoir le caractère de normes à respecter.
  
 
Mais aussi...
 
Cette semaine peut être une opportunité de travailler sur un projet d'écriture en cours. 
 
Nous pourrons aborder vos questionnements et vos difficultés quant à l'élaboration d'un texte long, projet de roman, recueil de nouvelles, récit de vie...   
  
N'hésitez pas à m'en parler par téléphone au moment de notre échange préalable à l'inscription. 
 
Le dernier jour, nous partagerons des extraits des Nouvelles écrites pendant la semaine au cours d'une séance de lecture. Vous pourrez faire lire votre texte par un comédien présent ou la lire vous même. Je propose au préalablement un moment réservé à l'amélioration de la lecture.
Vous pourrez également, si vous le souhaitez, partager votre texte sur le blog des ateliers et des stages d'écriture.
 
Témoignages
"Stage sur la nouvelle, août 2024: un immense merci à Sylvie pour la qualité et la densité des références et des perspectives d'écriture, pour les conseils prodigués avec sensibilté et exigence, pour les ouvertures à différentes pratiques (mise en voix, respiration... ) et pour le partage convivial et généreux de moments de beauté littéraire, musicale, artistique, avec en point d'orgue le coucher de soleil sur le mont Aigoual... J'espère revenir!"  Isabelle
 
 
 
Dates du stage d'écriture sur la nouvelle juillet 2025
Le stage d'écriture se déroulera du 19 (accueil à 18h)  au 25 juillet 2025  au soir.
 
Hébergement du stage d'écriture été 2025
 
 
 
 
Le stage d'écriture a lieu dans  la maison d'hôtes "la Coconnière" située au cœur  du village de  Valleraugue dans le sud des Cévennes.
Sauf s'il fait mauvais temp, les ateliers ont lieu dans le jardin. 
Tous commerces accessibles à pied.

Coconnière-stage-ecriture-nouvelle-2025

 

Sur place: des chambres d'hôtes et des chambres de gîte d'étape tout confort.

Les repas de midi seront pris en commun près du lieu de stage d'écriture pour 17€ ( entrée plat dessert, vin et café compris).

Il n'est pas possible de réserver directement votre chambre à la Cocconière sur internet, car toutes les chambres sont bloquées pour le stage d'écriture.  Je vous remercie de téléphoner directement à la propriétaire : 
Stéphanie Sauvier au 04.67.73.21.30
La Coconnière 5 rue Neuve Valleraugue    30570 Val d’Aigoual

https://www.lacoconniere.fr

 Accès

Pour rejoindre Valleraugue en transport en commun, il est possible de prendre un bus à Nîmes ou à Montpellier, nous venons vous chercher à l'arrêt de bus à Pont d'Hérault (Ligne Nîmes-Le Vigan ou Montpellier-Le Vigan)

Renseignements sur l'accès sur la page contact.

 
Inscription au stage d'écriture sur la Nouvelle

Tarif du stage d'écriture seul 440 € TTC.

Pour vous inscrire, je vous remercie de me joindre par téléphone au 06 62 64 36 20 ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. avant d'imprimer puis de me renvoyer le bulletin d'inscription.

  Bulletin d'inscription Stage d'écriture Nouvelles à imprimer puis à me renvoyer :    pdf

 
Le nombre de participants au stage sur le style est limité à 10.

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Derniers articles de mon blog littéraire

12 octobre 2025
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Comment commencer ? "Ami lecteur, t’attendrais-tu par hasard à me voir commencer cette historiette par : « La lune pâle se levait sur un ténébreux horizon… » ou par : « Trois jeunes hommes, l’un blond, l’autre brun et le troisième rouge, gravissaient péniblement… » ou par… Ma foi, non ! tous ces débuts, étant vulgaires, sont ennuyeux et, puisque je n’ai pas assez d’imagination pour te jeter sur la scène de mon récit d’une manière un peu neuve, j’aime mieux ne pas commencer du tout et t’avertir tout bonnement que Matteo Cigoli était, de l’aveu général, le meilleur garçon, le plus gai, le plus actif et le plus spirituel qu’eût produit son village, situé à quelques lieues de Bologne. Au moment où nous le ramassons sur la grand’route, il est dix heures du matin ; le soleil brûle la poussière et Matteo vient de faire ses adieux à monsieur son père. Que de tendresse dans ces adieux !"  Incipit de Scarmouche, roman  d'Arthur de Gobineau, 1843. Aragon évoque à juste titre "l'inquiétude qui s'empare  de l'écrivain devant le caractère conventionnel que semble prendre nécesairement l'amorce, l'incipt de tout écrit." Et  si l'on se place  du côté du lecteur, commencer à lire une nouvelle, un  texte,  un roman, un chapitre, c’est franchir un seuil et l’auteur doit réussir à attirer le lecteur de l’autre côté. Pendant ce court instant, le temps de lecture de ces premières phrases que l’on appelle l’incipit, le lecteur laisse à l’auteur le bénéfice du doute, il laisse sa chance au texte qui  doit lui. donner l’envie de poursuivre. On peut penser à l’idée d’apéritif, il faut ouvrir l’appétit du lecteur par un début incisif qui aiguise sa curiosité, le prend dans son  rythme, le touche ou le charme par son style. Alors, par où commencer ?  Comment établir ce premier contact décisif, comment construire ce lieu de passage ?  Par quoi « attraper » le lecteur ? Comment éviter des formes trop conventionnelles ? Etre original et séduisant?  Il n’y a pas de « recette », mais différents types d’ouvertures, d’amorces, peuvent être repérées.  Rappelons les mots d'Aragon : ces première phrases ont un  rôle "d'initiatrices", il leur attribue une "espèce de signification magique" un peu comme un "Sésame, Ouvre-toi !"  Cherchons donc à identifier quels pourraient être les ingrédients à notre disposition pour cette sorcellerie incitatrice... Alternatives  fondamentales  :  1.    Décrire le contexte : annoncer les thèmes, informer le lecteur, présenter le sujet, les personnages… L’objectif est alors d’intéresser, d’attirer la curiosité par un thème, une histoire, une personnalité. Il s'agit d'accrocher le lecteur par des explications, par ce qui est raconté plus encore que par la manière de le faire. 2.   Entrer directement dans l’action, sans information préalable, ce que l’on appelle commencer « in Medias res », l’objectif étant alors de dramatiser, de surprendre ou encore d’étonner : de plonger le lecteur dans une scène comme s'il y participait. 3.   Ni contexte ni plongée dans l’action : partir d’ailleurs, bousculer le lecteur par une formule, un élément étonnant. Les objectifs de ces deux dernières stratégies se recoupent, seuls les moyens divergent. L'on peut aussi exprimer ainsi les trois grandes rubriques précédentes  : —    Entrer dans le vif du sujet / poser un cadre / jouer avec le langage.  —   Une autre grille de lecture qui se recoupe partiellement avec les précédentes pourrait s'organiser autour de l'envie de :                      - s’adresser à l’esprit du lecteur  : par l’étonnement, le paradoxe, l’expression originale, la situation…                      -  s’adresser à ses  sens : par le pouvoir évocateur des mots, par leur musicalité, le rythme du style...                      - s’adresser à sa curiosité, à son goût pour l’identification au personnage, au goût pour les histoires.   La plongée brutale La première phrase plonge directement dans une scène : il s’agit de prendre le lecteur par surprise, on pourrait dire « en traitre ». D’éliminer les prémisses ! L’auteur saisit le lecteur par le collet, c’est le un début « in medias res » « au milieu des choses », procédé déjà présent chez Homère, sans préambule, sans explication préalable de contexte.   Entrer directement dans l’action :  —  Vers dix heures et demie du soir, le soldat X, sentinelle sur le chemin de ronde de l’enceinte du fort vit une ombre noire se glisser au fond des douves et grimper le long du talus.           Buzzati, Le Dernier combat —   Et c’est ainsi que j’allais chez ce Torriani qui travaillait aux forages du métropolitain milanais…          Buzzati, Le secret —    Les deux jeunes filles ont décidé de se rencontrer là, à l’endroit où la rue de la liberté s’élargit pour former une petite place.                           Le Clézio, La Ronde —   Ma mère est debout, découragée, devant la fenêtre. Elle porte sa « robe de maison » en satinette à pois, sa broche d’argent qui représente deux anges penchés sur un portrait d’enfant, ses lunettes au bout d’une chaîne et son lorgnon au bout d’un cordonnet de soie noire, accroché à toutes les clés de porte, rompu à toutes les poignées de tiroir et renoué vingt fois. Elle nous regarde, tour à tour.           Colette, La Maison de Claudine —  Ils étaient allongés côte à côte, nus sur le drap bleu pâle et ne se touchaient plus.                       Marguerite Duras Utiliser le participe présent pour donner l’impression d’assister eu mouvement : —  La Teuse, en entrant, posa son balai et son plumeau contre l’autel.                               Zola, La Faute de l’abbé Mouret Par un dialogue, une réplique : — Il n’y a rien pour le dîner, ce soir… Ce matin, Tricotet n’avait pas encore tué… Il devait tuer à midi. Je vais moi-même à la boucherie, comme je suis. Quel ennui ! Ah ! pourquoi mange-t-on ? Qu’allons-nous manger ce soir ?                                           Colette, Amour — Ce que je veux vous apporter c’est de l’eau claire. À peine ça. Mon ami le fontainier m’a dit….                 Jean  Giono,L’eau vive —   LUI : Tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien. ELLE : J’ai tout vu. Tout.                          Marguerite Duras, Hiroshima mon amour —   Veux-tu lire ce qu’il y a d’écrit au-dessus de ta partition ? demanda la dame. Non,  dit l’enfant.                             Marguerite Duras, Moderato cantabile —   Elle ne se rend pas compte-dit-il, elle ne se verra pas mourir.                                                        Madame Dargent, Bernanos Notons quel les deux protagonistes de l’histoire sont déjà dans cette première phrase. Par une adresse : Rendre le lecteur acteur par le « vous », le « nous », le « on » ou par des modes interrogatifs, exclamatifs, impératifs, des démonstratifs et prénoms personnels énigmatiques, donner au lecteur l’idée qu’il fait partie de la famille, du récit… — « Bienvenue à l’ombre »      ; « Mettons que Firmin… »                       Le Grand Pardon de Marcel Arland — Commencez par casser tous les miroirs de la maison, laissez pendre vos bras, regardez vaguement le mur, oubliez-vous.    Julio Cortázar, Cronopes —  Pensez-y bien, lorsqu’on t’offre une montre on t’offre un petit enfer fleuri….                                                Julio Cortázar — Très tôt le matin empruntez le macadam. Prenez une route tortueuse où les mares d’eau et les nids de poule sont aussi profonds que des pièges pour éléphant.                    François Nkémé, La Tragédie du chef Par un paradoxe, une présentation laconique qui n’explique rien, un exemple étonnant :  —   Ma fidèle secrétaire est de celles qui prennent leur rôle au pied de la lettre et l’on sait bien que cela signifie passer de l’autre côté, envahir les territoires, plonger les cinq doigts dans le verre de lait pour en retirer un malheureux petit cheveu.                               Julio Cortázar    —   Je m’appelle Laeticia Lizardi et je déteste le chat de ma mère.                       Carlos Fuentes, La Chatte de ma mère                           Le chat aura un rôle central dans le destin de cette héroïne. Notons l’importance du premier mot : Par exemple le « Quand » de Zola dans « la Faute de l’abbé Mouret », une façon de poser le temps comme un socle : —  Quand l’abbé Mouret ne sentit plus la Teuse derrière lui, il s’arrêta, heureux d’être enfin seul.   Le bain progressif L’attaque au cœur de l’action ou l’électrochoc ne sont pas obligatoires, on peut commencer par une introduction classique : description du personnage, du lieu, d’un détail ou de ce qui va être essentiel dans la nouvelle et ainsi créer une atmosphère. Le risque étant que le bain progressif soit un peu émollient ou trop banal . Par exemple, commencer ainsi une histoire qui se passe dans un village peut sembler "naturel"    : « Le village s’étendait sur une vaste superficie de chaque côté de la route », est-ce la meilleur solution ? Commencer par une description ou l’indication du lieu, du temps qu’il fait, mérite, et l'on peut même dire exige, de trouver une formulation originale, à moins que la banalité du début ne soit qu’un piège pour faire entrer sans crier gare dans une histoire extraordinaire. Toutes les stratégies sont permises, mais il vaut mieux en avoir une ! Une description qui « accroche » : —   Cette détestable peinture représente une veillée funèbre sur les bords du Jourdain.               Julio Cortázar, Cronopes —   Dehors, quelqu’un enfonçait des clous dans du bois dur, épais, un homme qui devait bricoler après son travail, vers six heures en juin. Les cerises étaient mûres dans les arbres, les roses entre deux floraisons, un orage avait ravivé la lumière et redonné de l’air à l’aube. On entendait aussi des enfants jouer contre les haies des jardins, devant les portes métalliques des garages où un ballon rebondissait quelquefois, tapage qui déclenchait des jurons, des menaces, criés par les fenêtres ouvertes derrière les stores abaissés là où donnait le soleil encore haut et chaud à cette heure.                Hélène Lenoir, Le Magot de Momm —   Sur un champ de bataille, un de ceux dont personne ne se souvient, là-bas, à la page 47 de l’Atlas où il y a une grande tache jaunâtre avec quelques noms contenant beaucoup de « h, » éparpillé ça et là, on a trouvé l’autre jour, lors d’un sondage effectué en vue d’une éventuelle prospection géologique, on a trouvé un général.                      Général inconnu, Buzzati Une ouverture, une annonce par un détail  ou des détails qui créent une ambiance particulière : —  Les voiles sans mouvements pendaient collées contre les mâts ; la mer était unie comme une glace ; la chaleur étouffante, le calme désespérant.                   La partie de Tric trac de Prosper, Mérimée 3. Intriguer, choquer ? Être obscur Semer un mystère qui sera éclairé ensuite, un commencement énigmatique, un hybride entre « seuil » et « boite noire ». Il s’agit de trouver quelque chose qui étonne : paradoxe, détail insolite, contradiction apparente avec le titre ou le contexte.  Commencer au milieu de nulle part, attisant la curiosité du lecteur qui va avoir envie de continuer pour reconstituer les événements antérieurs qui lui manquent comme ici dans une atmosphère spectrale, presque fantastique. —  Encore une figure blonde qui pâlit, se détache et tombe glacée à l’horizon de ces bois baignés de vapeurs grises.                             Gérard de Nerval, Promenades et souvenirs. — L’extraordinaire arriva lors de ma troisième séance chez Gustav Von Seyfertitz, mon psychanalyste venu d’ailleurs.                   Ray Bradbury, Meurtres en douceur — J’aurais dû prévoir l’étrange explosion.                    Julio Cortázar, Cronopes —  En un certain village d’Écosse, on vend des livres avec une page blanche glissée au milieu des autres. Si un lecteur débouche sur cette page quand sonnent trois heures, il meurt.       Julio Cortázar —  Quelle merveilleuse occupation que de couper une patte à une araignée….                            Julio Cortázar —  « Ça pue le bon Dieu, ici ! »                        Bloy, La Femme pauvre   Une  généralité qui englobe le lecteur : — Qui peut échapper à ce que dit le mot désir ? Ni le vêtement, ni le silence, ni la nuit, ni les fards, ni même les pensées volontaires ne dissimulent tout à fait la honte des fantasmes qui nous affolent. La femme ou l’homme qui implorerait pitié pour son désir implorerait en vain.          Augustina Izquierdo, L’Amour pur La généralité avec le « c’ » le « ça », une généralité intrigante :  — C’était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d’employés.                  Maupassant, La Parure — Ça ne pouvait pas durer toujours. Lullaby le savait bien.                                  Le Clézio, Lullaby  —  C’était comme si personne n’avait entendu.                                Robbe Grillet, Le Voyeur La généralité étonnante, paradoxale : —  On ne meurt pas souvent.                                    Michel Castanier —  Les fourmis mangeront Rome, c’est écrit.                            Julio Cortázar Le récit emboité : quelqu’un raconte ou lit une lettre, un article de presse, répète ce qu’il a entendu… — Je ne sais pas si je vous enverrai cette lettre, je vous en ai déjà écrit trois, mais, ou je me suis…                                              Shuzaku Endô, Le dernier souper   Autres pistes.   -     Par l’introduction directe du personnage central, mais pas à la manière d’un contexte « classique » : lieu, temps… en cherchant une  une forme d'’expression rapide, vive : le contexte est posé de façon condensée.  Entre banalité et proximité, quelque chose se pose ou s’absente dès le début, le personnage est là, mais il échappe, déroute. —  Dès son plus jeune âge, à peine sortie de la prime enfance, Sonietchka s’était plongée dans la lecture. Son frère aîné Ephrem, I'humoriste de la famille, ne se lassait pas de répéter la même plaisanterie déjà démodée au moment de son invention : « À force de lire sans arrêt, Sonietchka a un derrière en forme de chaise, et un nez en forme de poire ! » Malheureusement, il n’y avait pas là beaucoup d’exagération : son nez avait vraiment la forme avachie d’une poire, et Sonietchka, une grande bringue à la forte carrure, aux jambes osseuses et au maigre derrière aplati, n’avait qu’un seul atout : une volumineuse poitrine de femme poussée trop tôt et pour ainsi dire déplacée sur ce corps maigre. Elle rentrait les épaules, se voutait et portait d’amples tuniques, honteuse de cette opulence incongrue par-devant et de cette navrante platitude par-derrière.                           Ludmila Oulitskaïa, Sonientchka  —Le jeudi 24 octobre 1963, à quatre heures de l’après-midi, je me trouvais à Rome, dans ma chambre de l’hôtel Minerva ; je devais rentrer chez moi le lendemain par avion et je rangeais des papiers quand le téléphone a sonné.                                               Simone de Beauvoir, Une Mort si douce : un texte qui témoigne d’une expérience : je et moi sont omniprésents, mais sans se livrer. — Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait.                    La Vie tranquille,  Marguerite Duras — Jérôme est reparti cassé en deux vers les Bugues. J’ai rejoint Nicolas qui, tout de suite après la bataille, s’était affalé sur le talus du chemin de fer.                          Marguerite Duras — Il leur avait semblé à tous les trois que c’était une bonne idée d’acheter ce cheval. Même si ça ne devait servir qu’à payer les cigarettes de Joseph.                     Un Barrage contre le Pacifique, Marguerite Duras — Lol V. Stein est née ici, à S. Thala, et elle y a vécu une grande partie de sa jeunesse.                                Le Ravissement de Lol V. Stein, Marguerite Duras —  Temps couvert. Les baies sont fermées. Du côté de la salle à manger où il se trouve, on ne peut pas voir le parc. Elle, oui, elle voit, elle regarde. Détruire, dit-elle.                                 Marguerite Duras — Un jour, j’étais déjà âgée, dans le hall d’un lieu public, un homme est venu vers moi. Il s’est fait connaître et m’a dit : « Je vous connais depuis toujours. »                                    Marguerite Duras,  L’Amant Un personnage étonnant, une phrase à la fois banale et étonnante —    Voici, accroupi, l’ermite nu qui a dressé contre le soleil le toit de sa chemise tendue entre quatre piquets noueux, le voici accroupi torse nu sur une pierre.                              Botho Strauss   Jeu avec les temps grammaticaux et la chronologie Un travail particulier qui fera l’objet d’un article spécifique : une utilisation ambiguë des temps comme dans l’incipit le plus célèbre de la littérature française : —  Longtemps, je me suis couché de bonne heure.                  Marcel Proust, Du Côté de chez Swann Un autre incipit célèbre, cette fois-ci un jeu avec la chronologie de l'histoire : —  Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendía devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace.                 Garcia Marquez, Cent ans de solitude   Commencer par une allusion à la suite de l’histoire   Une possibilité intéressante, choisir un début à la fois prémonitoire et dissimulé, une ambiguïté, une ironie qui seront compréhensibles par la suite : en plaçant le mot essentiel, une clé encore indéchiffrable dès le début dans le titre… Une fausse évidence annonce, par opposition, la fin de l’histoire, tout le monde aurait dû de douter… — Simon Delambre n’attendit jamais.                Siloé, Paul Gadenne Début d’autant plus paradoxal que le roman sera le récit de la vie d’attente du personnage enfermé dans un sanatorium !   Chez Maupassant  — Personne de s’étonna du mariage de Maître Simon Lebrument avec Mademoiselle Cordier.                     La Dot — C’était un modeste ménage d’employés. Le mari, commis de ministère, correct et méticuleux, accomplissait strictement son devoir.                   Le Million Une allusion à la fin, le mari incapable de faire un enfant à sa femme, sera « aidé » par un ami qui ensuite sera congédié. Fin de la nouvelle : « et il faut entendre Madame Bonin parler des femmes qui ont failli par amour, de celles qu’un grand élan du cœur a jetées dans l’adultère ». — D’une lettre jetée sur la table s’échappe une ligne qui court sur la veine d’une planche et descend le long d’un pied.                                       Julio Cortázar, Cronopes La nouvelle finit par le suicide de la personne qui a reçu la lettre… Une explication de la situation qui sera lourde de conséquences : —  Avant de mourir, la mère d’Alejandro l’avait prévenu de deux choses.                                Carlos Fuentes,  En bonne compagnie Le détail qui crée la progression, concret/abstrait, détail, vue d’ensemble ou l’inverse, ou encore l'impression de mouvement, d'espace  —  Pendant plusieurs jours de suite des lambeaux d’armée en déroute avaient traversé la ville.                            Maupassant ,  Boule de suif Une négation pour un texte qui veut renverser la vision classique d’un rite : les funérailles — On n’y va pas pour….                                    Julio Cortázar, Cronopes   Du point de vue non plus du sens, mais du rythme Le rythme peut contribuer à la force, au « charme » des premières phrases - des autres aussi d’ailleurs ! La sensibilité que l’on pourrait qualifier de « rythmique » décuple le plaisir d’écriture comme de la lecture. En voici quelques exemples : Une seule phrase courte :  — Je détenais une merveilleuse idée.                     L’idée, Buzzati.  —  L’automne était pourpre.                        —   Les idées importantes en général, vous viennent dans votre jeunesse.                           Buzzati. La construction d’un espace et d’une atmosphère par une phrase courte et des répétitions.   — Elle marche sur le sable. Le sable est gris la plage est blanche et grise. La plage immense.                         La Plage, Annie Saumont Une phrase courte puis une longue —  À peine un chant. Une voix psalmodie sans fin, monotone, un peu sourde perdue dans la masse ténébreuse du château.                            Le Grand Pardon, Marcel Arland Une énigme mise en valeur par le rythme et le passage à la ligne : — Le verrait-on venir ? Tout restait sombre sur le plateau, jusqu’aux premières cimes neigeuses des alpes où, une lueur, sous me ciel nocturne, semblait veiller un autre monde. Une phrase longue puis une courte : — Maud ouvrit la fenêtre et la rumeur de la vallée emplit la chambre. Le soleil se couchait.                                           Marguerite Duras Une phrase à deux moments puis une phrase simple : — « Tel qui rit vendredi… », mais je ne riais pas. J’ai même pleuré. Contraste, rupture entre les deux premières phrases : longue puis courte — Une odeur de gazon écrasé traîne sur la pelouse, non fauchée, épaisse, que les jeux, comme une lourde grêle, ont versée en tous sens. Des petits talons furieux ont fouillé les allées, rejeté le gravier sur les plates-bandes ; une corde à sauter pend au bras de la pompe ; les assiettes d’un ménage de poupée, grandes comme des marguerites, étoilent l’herbe ; un long miaulement ennuyé annonce la fin du jour, l’éveil des chats, l’approche du dîner.  Elles viennent de partir, les compagnes de jeu de la Petite.           Colette, La maison de Claudine — Le cœur serré, non pas par le voyage nocturne, par la maison en deuil ou par le corps rigide, serré par un visage jaune et creux que j’ai à peine reconnu. Celui d’une sœur !        Le Grand Pardon de Marcel Arland — Chambres hautes de la maison, les chambres agrandies par un balcon galbé, où la soie rose était encore lisse sur les fauteuils arrondis, aux carreaux desquelles dans les coins des portes-fenêtres le jour ne voulait plus mourir et où les tables restaient une patte en l’air à cause de la déclivité du parquet. Il descendit de ces chambres jusqu’à la terre.              Jean-Loup Trassard, Paroles de laine   Phrases en écho — Elle me regarde. Regardez…                                        Le Grand Pardon de Marcel Arland : — Qui peut être cette promeneuse, qui débouche, là-haut, d’entre les ormes et les vieux charmes ? Une Parisienne en vacances à Clermont ?   Les possibilités d'incipit sont évidemment infinies et j'ajouterai régulièrement à cet article des exemples qui me semblent proposer des options intéressantes à cette "joie des débuts".    {loadmoduleid 197}
08 octobre 2025
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  Jeux des reflets et des couleurs dans l'Incipit de L'homme invisible, une nouvelle de  G.K. Chesterton   "Dans la fraîcheur bleutée du soir tombant, la boutique située à l'angle de deux rues escarpées de Camden Town -une pâtisserie- luisait comme l'extrémité d'un cigare - ou mieux, peut-être, comme une fusée d'artificier, car cette lumière offrait mille couleurs et cent détours, se brisant de miroir en miroir et dansant de gâteau doré en confiserie bariolée. De nombreux gamins des rues avaient collé leur nez à cette unique vitrine flamboyante, car les chocolats étaient tous enveloppés de ces papiers brillants de couleur rouge, verte ou or qui sont presque meilleurs que le chocolat lui-même; et dans la vitrine, la blancheur de l'énorme gâteau de mariage avait quelque chose de nourrissant et d'inaccessible, comme si le Pôle Nord tout entier eût été offert à la consommation. Ces tentations irisées avaient naturellement le pouvoir de rassembler la jeunesse du quartier jusqu'à un âge de dix ou douze ans. Mais ce coin de rue savait aussi attirer une jeunesse un peu plus mûre; et un garçon d'au moins vingt-quatre ans observait passionnément la vitrine. Pour lui aussi, cette boutique avait un charme incendiaire, mais son attrait n'était pas le fait des seuls chocolats, qu'il était cependant loin de dédaigner. C'était un grand jeune homme costaud, aux cheveux roux, au visage résolu mais aux gestes nonchalants. Il portait sous le bras un carton à dessins de couleur grise qui contenait les croquis à l'encre qu'il vendait aux éditeurs avec plus ou moins de succès depuis que son oncle (qui était amiral) l'avait déshérité pour socialisme suite à une conférence…"              {loadmoduleid 197} 
07 octobre 2025
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Il s’agit ici de textes dont le sujet est une couleur, non pas dans son utilisation descriptive, mais la couleur elle-même dans ses dimensions symboliques,  psychiques et existentielles, des textes remarquables par l'intensité et la densité de leur expression  et la force des enjeux qui y sont à l’œuvre.     – Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand Céline Un texte avec quelques indications de contexte, une situation qui se devine, une exploration de  l’angoisse, du sentiment de l’absurde au moyen de la couleur qui se fait présence oppressante, presque palpable.  « Le noir, c’était pas seulement la nuit, c’était autre chose, quelque chose de plus lourd, de plus épais. Un noir qui s’infiltrait partout, dans les murs, dans les poumons, dans les pensées. Ce n’était pas l’absence de lumière, non, c’était une présence, une matière qui pesait sur les épaules, qui collait aux semelles, qui bouchait les yeux. Ce noir-là, je l’ai vu dans les tranchées, dans les regards des hommes qui n’espéraient plus rien, dans le fond des verres vides qu’on laisse sur la table. Il n’avait pas de forme, mais il avait un goût, un goût de cendre et de ferraille, un goût qui restait dans la bouche des années après. Le noir, c’était la guerre, c’était la peur, c’était tout ce qu’on ne dit pas et qui vous étouffe quand même.» — Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa, écrivain et poète portugais Le noir sans aucun contexte comme absence métaphysique, un paradoxe philosophique, couleur de l’intériorité fragmentée et du vide existentiel.  « Le noir n’est pas une couleur, c’est le néant qui se pare de formes pour nous tromper. C’est un noir si dense qu’il absorbe la lumière sans la rendre, un vide qui se remplit d’échos intérieurs, de ces pensées qui tournoient comme des ombres dans une pièce sans fenêtres. Je l’ai contemplé dans les nuits d’insomnie, où il s’étend non seulement sur le ciel, mais sur l’âme elle-même, un noir velouté qui caresse et étouffe à la fois, qui dessine les contours d’un moi absent. Il n’est pas froid, ce noir ; il est tiède comme un manteau usé, imprégné des regrets et des possibles avortés, un noir qui murmure des secrets inavouables, qui teinte les rêves d’une opacité fertile. Dans ce noir, tout se fond : les souvenirs deviennent taches indélébiles, les espoirs se dissolvent en encre invisible. Il est le berceau de l’intranquillité, cette couleur qui n’éclaire rien mais révèle tout, en nous laissant face à notre propre obscurité, infinie et complice.»  – Le Livre de l’intranquillité de Fernando Pessoa Le blanc comme métaphore de l’absence et de l’intériorité.    « Le blanc est une couleur qui n’en est pas une. C’est un silence, un vide qui contient tous les possibles et aucun à la fois. J’ai vu le blanc dans les matins d’hiver, quand la lumière refuse de se lever, quand le monde semble suspendu dans une attente infinie. Ce n’est pas le blanc du papier, ni celui de la neige, mais un blanc plus profond, un blanc qui avale les formes, qui dissout les contours, qui efface jusqu’à l’idée même de contour. Ce blanc-là, je l’ai senti dans mes pensées, dans ces moments où l’âme se tait, où elle se perd dans une contemplation sans objet. Il est effrayant, ce blanc, parce qu’il est tout et rien, parce qu’il est le miroir où je ne vois que moi-même, et où je ne me vois pas du tout.» Voici des exemples portant un peu moins nettement sur une couleur de façon générale, une réflexion plus liée à un contexte, un lieu, un objet : – La Route des Flandres de Claude SimonLe vert, la force immersive de la  forêt, devient un espace, une mémoire. « Le vert n’était pas une couleur, c’était un monde. Un vert qui ne se contentait pas d’être vu, mais qui s’imposait, qui vous enveloppait, qui vous avalait tout entier. C’était le vert des forêts d’août, un vert si saturé qu’il semblait suinter, goutter, respirer comme un être vivant. Il y avait dans ce vert des éclats d’émeraude, des ombres de jade, des reflets de mousse humide, et pourtant il était plus que tout cela, il était une présence, une mémoire, un temps arrêté. Ce vert-là, je l’ai porté dans mes yeux longtemps après avoir quitté les bois, il s’était incrusté en moi, comme une tache indélébile, comme un souvenir qui ne veut pas mourir. Il me parlait de la guerre, de l’attente, des hommes perdus dans les feuillages, de tout ce que la forêt avait englouti et ne rendrait jamais.» – Les Nuits de Paris de Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne (1788-1794)Rétif de la Bretonne est un écrivain libertin, prolifique -et oublié!-  du XVIIIe siècle, éclipsé par ses contemporains comme Diderot. « Le vert des feuillages nocturnes n’était pas un simple voile sur la ville ; c’était une respiration, un murmure qui s’infiltrait dans les veines des pavés humides et des âmes errantes. Ce vert-là, saturé d’humidité et de secrets, se dégradait en nuances infinies : du jade profond des haies du Palais-Royal, où les amants se frôlaient sans se voir, au vert acide des lanternes éteintes, qui teintait les visages d’une jalousie végétale. Il n’était pas statique, ce vert ; il pulsait avec le sang des intrigues, s’épaississait dans les recoins des allées sombres, où l’on sentait son goût âpre sur la langue, comme une herbe fraîchement foulée. Il enveloppait Paris d’une tunique vivante, un manteau de feuilles qui cachait les vices et révélait les rêves, un vert qui n’appartenait ni au jour ni à la nuit, mais à ce limbe où les corps se cherchent dans l’obscurité complice. Longtemps après, ce vert me hantait, imprégné dans mes vêtements, dans mes souvenirs, comme une teinte indélébile qui colorait l’absence elle-même.»  – L’Amant de Marguerite Duras La couleur du Mékong et du ciel se mêle à une méditation sur le désir et la mémoire. Le bleu devient une entité hypnotique et insaisissable. « Le bleu du fleuve n’était pas un bleu ordinaire. C’était un bleu qui portait en lui la chaleur du jour, un bleu qui vibrait sous le soleil, un bleu qui semblait vivant, gorgé de reflets d’argent et de boue. Ce bleu-là, je l’ai regardé jusqu’à ce qu’il devienne une partie de moi, jusqu’à ce qu’il dissolve les contours de mon corps et de mes pensées. Il n’était pas seulement dans le fleuve, il était dans l’air, dans l’horizon, dans le tremblement des feuilles au loin. Ce bleu, c’était l’amour, c’était l’attente, c’était l’absence. Je l’ai porté en moi longtemps après avoir quitté la rive, comme une tache dans l’âme, une tache qui ne s’efface pas.»  – Clair-obscur de François Migeot (2013) Dans ce recueil inspiré des pièces pour piano de Brahms, François Migeot, poète contemporain, explore le jaune comme une lumière incertaine, entre ombre et révélation.  « Le jaune surgit non comme une couleur, mais comme un frisson de la lumière elle-même, un éclat qui hésite entre le jour et l’ombre, entre le son d’un piano qui s’éteint et celui qui naît. C’est un jaune pâle, filtré par les rideaux d’une chambre d’hôtel oubliée, où les murs suintent une humidité dorée, un jaune qui se dépose sur la peau comme une poussière d’or fané, évoquant les pages cornées d’un livre lu à la bougie. Il n’est pas joyeux, ce jaune ; il est teinté de mélancolie, de ces heures creuses où le temps semble se dissoudre en filaments lumineux, en traînées qui rampent sur le sol de bois craquant. Dans ce jaune, je sens le poids des notes de Brahms, graves et suspendues, qui colorent l’air d’une attente infinie, un jaune qui avale les contours des objets pour ne laisser que leur essence fragile, comme un souvenir qui s’effiloche au réveil. Il persiste, ce jaune, tapi dans les plis des draps, dans les silences entre deux accords, une couleur qui n’illumine pas mais questionne, qui fait du clair-obscur non une opposition, mais une fusion intime, un murmure où l’âme se perd et se retrouve.» – Perceval ou le Conte du Graal de Chrétien de Troyes (fin XIIe siècle)Chrétien de Troyes, précurseur du roman arthurien, dans ce passage sur le Graal, pose le rouge comme symbole féminin et mystique. « Le rouge du Graal n’était point un rouge de sang ou de vin, mais un rouge vivant, un carmin qui pulsait comme un cœur battant au centre de la salle obscure. C’était un rouge si pur qu’il semblait suinter des parois de l’écuelle d’or, un rouge qui se répandait en nappes fluides, teignant l’air d’une chaleur intérieure, d’une passion qui n’appartenait ni au corps ni à l’esprit, mais à l’âme en quête. Il évoquait les lèvres des dames de la cour, rougissantes sous les regards, et les flammes des cheminées où les chevaliers forgeaient leurs serments. Ce rouge-là ne s’éteignait pas ; il s’intensifiait dans l’ombre, devenant pourpre profond dans les replis du tissu qui le voilait, un rouge qui chuchotait des mystères païens et chrétiens mêlés, un appel à la pureté par le feu de la chair. Longtemps après la vision, ce rouge hantait Perceval, imprégné dans ses veines comme une tache sacrée, une couleur qui guidait ses pas vers l’inconnu, éternelle et dévorante.» – Écrire la couleur : un défi poétique de Liliane Louvel (2002) Une autre approche : la couleur chez un artiste, le bleu comme « défi » linguistique, inspiré de Cézanne et la couleur devient un enjeu inter-artistique, reliant peinture et littérature. La dimension de critique d’art laisse toutefois la part belle à une quête personnelle de la couleur. « Le bleu de Cézanne n’est pas un bleu donné ; c’est un bleu conquis, un azur qui se bat contre le vert des feuillages pour émerger, pur et insaisissable. C’est un bleu qui vibre dans l’air de Provence, un bleu ciel qui descend jusqu’au sol en traînées légères, comme si la montagne elle-même respirait cette teinte, l’expirant en volutes subtiles. Il n’est pas statique : il palpite, se nuance en indigo profond dans les creux des vallées, en turquoise clair sur les crêtes érodées par le vent. Ce bleu-là, je l’ai poursuivi dans les mots, cherchant à le capturer sans le figer, car il fuit comme l’eau entre les doigts, un bleu qui évoque non la mer, mais l’infini d’un regard levé vers un horizon qui recule. Il colore l’âme d’une attente, d’un silence habillé de ciel, un bleu qui n’est ni joie ni tristesse, mais le seuil d’un monde où les formes se dissolvent en pure sensation, en une lumière qui n’éblouit pas mais enveloppe, persistante et éternelle.»        {loadmoduleid 197} 
07 octobre 2025
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Couleurs chez Heminway : l’option minimaliste  « Les couleurs de Cézanne visent une réalité pure, dégagée de toute narrativité, de toute mimétique accidentelle. Voilà ce qui fait d’elles l’allié essentiel d’un poète qui guette les épiphanies de la réalité à travers le miroir des mots. » Rilke Hemingway, fasciné par Cézanne, a affirmé avoir réussi à écrire comme Cézanne peint, affirmation certes audacieuse. L’on pourrait penser qu’il s’agit d’un exemple de la forfanterie dont l’écrivain était coutumier. Toutefois, cette déclaration n’est peut-être pas totalement injustifiée et il est tentant d’essayer de percer le secret d’Hemingway comme Hemingway dit avoir percé celui de Cézanne. Pour Hemingway, c’est en disant « moins », en se plaçant « en deçà du sens » et en ne « transmettant aucune information » que la parole de l’écrivain trouve sa dimension littéraire. Les mots doivent sembler dictés par le réel lui-même – ou plutôt par une vision codifiée, stéréotypée du réel – et non par une quelconque intention de l’écrivain.Pour cela il utilise la répétition d’expression d’association d’un type d’objet et d’une couleur spécifique, citation la répétition de « green plain », « green valley », « the white road », « the brown montains » et de « dark mountains » présents à des courts intervalles dans le texte. Hemingway emploie « dark » comme un adjectif de couleur, car le mot fait référence à une impression visuelle.Par la récurrence d’associations entre un type d’objet et une couleur spécifique, Hemingway crée une palette stéréotypée. De nombreux critiques ont d’ailleurs établi un parallèle entre la répétition des mots chez Hemingway et celle des touches de couleur chez Cézanne.Ces répétitions semblent vider les mentions de couleurs de leur charge signifiante et de leur charge symbolique pour insister sur leur simple aspect sensoriel : la couleur s’éloigne du pôle de l’expression pour rejoindre celui de l’expressivité. Elle est toujours employée de façon réaliste et ne renvoie pas à un sens caché tel qu’un sentiment, une position sociale ou une idéologie. La couleur n’est mentionnée par l’auteur qu’à propos d’objets auxquels elle s’associe de façon évidente, dans des cas où elle est connue d’avance du lecteur par acquis culturel.« In the bed of the river there were pebbles and boulders, dry and white in the sun, and the water was clear and swiftly moving and blue in the channels. »« Dans le lit de la rivière, il y avait des cailloux et des rochers, secs et blancs au soleil, et l'eau était claire, rapide et bleue dans les canaux. » Posé ainsi en post position séparé, le lecteur ressent le bleu de l’eau non pas tant comme une information qui lui a été communiquée au niveau sémantique que comme une partie de son expérience personnelle qui a été activée par le texte. L’adjectif « bleu » sans dimension symbolique ni information supplémentaire permettrait néanmoins de faire référence à l’expérience de la présence de l’eau. Le lien passe par la participation du lecteur et la convocation de son expérience. La couleur demeure mimétique, c’est à dire cherchant à « ressembler » à la réalité , mais d’une façon convenue, afin que le lecteur puisse évoquer un pan de son expérience personnelle et conférer à un adjectif presque vide de sens le pouvoir d’évocation du visible.La confrontation du lecteur avec la dimension sensorielle de la couleur est programmée par la structure du texte dans sa globalité. Une telle stratégie permet de donner par le langage l’impression d’une communication pré-verbale car le lecteur, obligé de se représenter l’objet dans sa matérialité et fait appel à son expérience. L’adjectif de couleur s’éloigne de sa nature de signe pour devenir presque un stimulus. Cette approche insiste sur la perception au détriment de la signification, s’approche de l’utopie d’un langage qui renverrait directement à l’objet. L’objet ainsi décrit est-il ressenti de façon plus immédiate que ne le permet une description plus fouillée? Nous sommes là dans un choix esthétique et artistique.   Voici un texte qui reprend  mon texte intitulé Patio, une deuxième version du texte avec une écriture moins « littéraire », une écriture qui n’est plus la mienne, une tentative de se rapprocher du minimalisme, une autre façon d’aborder la couleur au niveau stylistique. Blanc, on pourrait dire blanc. Non, trop tendre pour être vraiment blanc, crème plutôt.  Et grâce à lui, rien n’est sombre dans ce patio. Les murs montent sans vous enfermer tandis que la lumière plonge jusqu’au sol qui forment des motifs gris-bleu un peu compliqués. Le blanc, le vrai, est là aussi en dessous de la balustrade sur trois des côtés. Il semble froid. La vielle rambarde en fer forgé, bleue, grise, elle aussi, un peu rouillée disparait par endroit sous le jaune orangé des clématites. En face, un grand mur granuleux monte jusqu’au bout de ciel bleu que l’on aperçoit tout en haut, un ciel du Sud qui fait honneur à sa réputation, lumineux, pur, à peine coloré. Il semble déjà vibrer de chaleur alors que la journée commence à peine. Trois trompe-l’œil dans ce mur aveugle. Un miroir sombre près du sol, en forme de fenêtre, s’ouvre sur la réplique du jardin tandis que les deux lucarnes en ogives reflètent le bleu limpide du ciel, plus coupant, plus lumineux encore que le vrai.  De chaque côté, les murs se découpent en multiples fenêtres hautes, étroites, avec leurs rideaux écrus ; leur cadre d’aluminium brille. Leur couleur taupe va bien avec les persiennes et leur infinité de lamelles, couleur vieux bois, doré, irrégulier. Et puis, plus bas, les camaïeux de vert des jeunes plantes qui pointent chacune leur couleur et leurs formes. Les larges aplats vert sombre, lustré, des arums s’étalent au bout de leur tige raide, et leur fleur, corolles en dégradé du vert au jaune pale jusqu’au blanc presque transparent, forment le cœur du patio et donnent le ton de la palette.  Quelques touches violettes, près des massifs verts dentelés des grimpantes et des feuilles épaisses et charnues de l’oranger, scintillent çà et là. Le mauve rosé du bougainvillier révèle quelque chose de bleu dans la couleur du mur. Les campanules alignées, un peu mauves, contrastent avec les verts tendres du feuillage des cœurs-de-Marie et les fleurs rose bonbon, couleur de savonnettes. Quelques verts panachés, vert sombre égayé de blanc, s’étalent sous le bleu vert des feuilles de l’olivier, une repousse qui est montée comme un palmier sur un tronc gris et strié.  Les fleurs du jasmin, douceurs jaunes et pâles, confortent la douceur de l’ensemble.  Au fond, on aperçoit un feuillage effilé rouge zébré de vert et de violet. Les taches vives des fleurs du citronnier tourbillonnent d’abeilles, seul mouvement dans cet espace clos et immobile sous son ciel bleu.  Et puis, posés, par-ci par-là, autour du gris léger des tables de fer forgé, des coussins jaunes semblent lier l’ensemble. Toutes ces couleurs, ces feuillages, ces fleurs, ne sont-ils pas là, finalement, pour nous, pour nous inviter à  nous assoir parmi elles ?       {loadmoduleid 197} 
Deuxième volume des Nouvelles de l'Har

Deuxième volume des Nouvelles de l'Har

Mes stages et ateliers vous ouvrent la possibilité d'être publié par les éditions de l'HAR

La publication d'un premier recueil de dix huit nouvelles écrites par des participants à mes ateliers et stages a eu lieu en mars 2025. Un second volume est prévu pour le dernier trimestre 2025.

Les éditions de l'HAR

Publications et manifestations organisées par les éditions de l'HAR

Naissance des éditions de l'Har en 2024
Une nouvelle éditions nîmoise !
Avec un groupe d'amis, nous venons de créer notre maison d'édition : "les éditions de l'Har". Son siège social est à Nîmes. Vous pouvez consulter son site avec nos projets d'édition. Une de ses missions sera de permettre la publication des romans et nouvelles des participants à mes ateliers qui souhaitent être édités.
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- 13 septembre 2025
Concert lecture à Salindre
13 septembre avec lecture d'extraits du recueil "Lignes de Temps" d'Anne-Marie Malclès, participante aux ateliers en ligne.
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- 27 septembre 2025
Concert lecture au Théâtre Les Rendez-Vous d’Ailleurs
109 rue des Haies - 75020 Paris
Chant, piano et extraits de mon recueil de poésie qui sera édité bientôt.

Mon troisième roman "La Danse de Faust"

Mon nouveau roman "La Danse de Faust" édité par les éditions de l'HAR est disponible en librairie. Il peut être commandé à la FNAC et sur Amazon

En savoir plus

Quatrième de couverture

 « Et si le grand soir et sa lumière plein feu ne venaient jamais ? Si le spectacle n’avait pas lieu ? »

"Ultimes répétitions, mises en place des chorégraphies, des éclairages, questions esthétiques et danseurs au travail, les corps et les intrigues se nouent et se dénouent sur la scène comme dans les coulisses.
Les obstacles se multiplient, tel un Faust de la création artistique, pris entre héritage et modernité, le chorégraphe fait face, jusqu’à ce corps retrouvé sur la scène.
Récit d’une double création, celle d’un spectacle et d’un livre, La Danse de Faust nous fait entrer dans le monde fascinant du théâtre et de l’écriture."