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Sylvie Reymond Bagur. Écrivain, animatrice d'ateliers d'écriture.

L'écriture a toujours fait partie de ma vie, journal intime, réflexions sur mon travail de chorégraphe ou mes études de philosophie, poésie, fictions, j'écris, une nécessité pour me sentir vivre pleinement. Mes ateliers sont le fruit de cet engagement dans l'écriture et de ma passion pour la lecture. Ils font écho à ma pratique de la danse, du chant et à ma formation philosophique. Un de mes romans "Sève d'automne" est disponible aux Editions de Paris - Max Chaleil. Un second roman "L' Autre d'une femme" est maintenant disponible en librairie. Je vous souhaite un bonne visite de mon site.

Pour découvrir mon approche des ateliers d'écriture en ligne et des stages d'écriture ainsi que mes projets.

Interview pour Tourisme Culture Magazine, le lien entre mon travail d'écrivain, mes ateliers et mes stages d'écriture.

Actualités des ateliers d'écriture et des stages 2024 - 2025

- Ateliers d'écriture en ligne et en visio
Quatre groupes d'ateliers en ligne à la rentrée 2024
Les inscriptions pour les ateliers en ligne par mail et en visio pour l'année 2024-2025 sont ouvertes par mail ou par téléphone. Devant la multiplication des personnes désirant s'inscrire à mes ateliers en ligne, je propose un quatrième atelier le mercredi soir en plus des mardi, jeudi et samedi matin.
- Stages d'écriture juillet et août 2024
Trois stages d'écriture pour l'été 2024
Il est encore possible de s'inscrire à deux des trois stages d'écriture que je propose pour cet été 2024 : stage sur le style et la réécriture en juillet 2024 et stage de découverte en août 2024.
- Stages de week-end à la rentrée juillet et août 2024
Trois stages d'écriture auront lieu l'an prochain
Le premier stage d'écriture est programmé pour les 5 et 6 octobre 2024
- Rencontre et dédicace
Mercredi 6 novembre 2024
J'ai été contactée pour venir présenter mes livres à la bibliothèque de Saint Maximin (près d'Uzès), cette rencontre aura lieu le 6 novembre 2024

Sortie de mon dernier roman en librairie

C'est avec un immense plaisir que je vous annonce que mon roman, "l'Autre d'une femme" vient d'être publié aux Editions Les Impliqués. Il peut être commandé dans toutes les librairie et sur toutes les plateformes de vente en ligne !

Présentation

Derniers instants de vie dans l’atmosphère tendue du second confinement du Covid : Flo accompagne sa mère. À partir de ce silence autour d’un lit d’EHPAD, elle part à la reconquête de son parcours et d’une histoire familiale mouvementée. Surprises, révélations, aveux, ce livre reconstitue deux relations mère / fille hors du commun entre amour, emprise, haine parfois. Au travers de trois générations de femmes au fil du XXe siècle, le récit interroge la transmission des héritages culturels et historiques et la force de vie qu’ils recèlent. Images, sensations, réflexions, un récit intense qui mêle présent et passé, réel et fiction, histoires et Histoire.

L'Autre d'une femme

Comment se déroule un atelier d'écriture ?

 

Bref résumé des deux  sagas familiales : 

- L'histoire des Scorta, une famille pauvre rivée, malgré quelques tentatives d'exil, au village de Montepucci. Tout commence par la défloration d'une jeune femme par un brigand, Luciano Mascalzone (scélérat en italien). Au sortir d’une peine de prison de quinze ans, il retourne à Montepuccio son village natal, il espère y retrouver Filomena Biscotti, la jeune fille qu’il aime mais le destin veille et de quiproquos en rebondissements…il la confond avec sa soeur. De ce  viol par erreur d'une "vieille fille" naîtra la lignée des Scorta qui n'aura de cesse de réussir pour se venger des habitants du village qui aurait voulu éliminer l’enfant à sa naissance! Ce fils, Rocco, devient orphelin et brigand à son tour. Il fait fortune. Le village finit par le respecter. Avant de mourir, il donne son argent à l'église, déshéritant ses enfants. Ils tenteront d'émigrer à New York, reviendront vite, lutteront pour ouvrir un tabac qu'un héritier fera brûler par amour. Il semble que tout doit disparaître pour que tout vive, sauf le soleil des Scorta. 

- Épopée de la fondation, de la grandeur et de la décadence du village de Macondo - inspiré du village natal de García Márquez- à travers celle d'une famille, les Buendía, depuis la fondation de la ville jusqu'à sa disparition après plusieurs générations. Macondo semble vivre d'abord une sorte d'âge d'or, fait d'innocence et de simplicité, connaît ensuite les guerres civiles, puis le développement économique et les conflits sociaux que lui apporte une prétendue civilisation, pour sombrer dans la décadence et être enfin balayée par un cataclysme.

 

Facilité, accessibilité de lecture, plaisir?

"Cent Ans de solitude"  a dérouté certains des participants, notamment par la densité de ce livre « qui ne laisse pas le temps de respirer ». Malgré cette lecture « en apnée » et ces « fichus Buendia » avec leurs prénoms mélangés, l’originalité et la qualité du livre  semblent faire l’unanimité.

 

Pour nous mettre dans l’ambiance de ces deux oeuvres voici les deux Incipit:

"Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendía devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena faire connaissance avec la glace. Macondo était alors un village d’une vingtaine de maisons en glaise et en roseaux, construites au bord d’une rivière dont les eaux diaphanes roulaient sur un lit de pierres polies, blanches, énormes comme des œufs préhistoriques. Le monde était si récent que beaucoup de choses n’avaient pas encore de nom et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt. Tous les ans, au mois de mars, une famille de gitans déguenillés plantait sa tente près du village et, dans un grand tintamarre de fifres et de tambourins faisait part de nouvelles inventions. Ils commencèrent par apporter l’aimant. Un gros gitan à la barbe broussailleuse et aux mains de moineau, qui répondait au nom de Melquiades, fit en public une truculente démonstration de ce que lui-même appelait la huitième merveille des savants alchimistes de Macédoine. Il passa de maison en maison, traînant avec lui deux lingots de métal, et tout le monde fut saisi de terreur à voir les chaudrons, les poêles, les tenailles et les chaufferettes tomber tout seuls de la place où ils étaient, le bois craquer à cause des clous et des vis qui essayaient désespérément de s’en arracher, et même les objets perdus depuis longtemps apparaissaient là où on les avait le plus cherchés, et se traînaient en débandade turbulente derrière les fers magiques de Melquiades. «Les choses ont une vie bien à elles, clamait le gitan avec un accent guttural ; il faut réveiller leur âme, toute la question est là.»

« La chaleur du soleil semblait fendre la terre. Pas un souffle de vent ne faisait frémir les oliviers. Tout était immobile. Le parfum des collines s’était évanoui. La pierre gémissait de chaleur. Le mois d’août pesait sur le massif du Gargano avec l’assurance d’un seigneur. Il était impossible de croire qu’en ces terres, un jour, il avait pu pleuvoir. Que de l’eau ait irrigué les champs et abreuvé les oliviers. Impossible de croire qu’une vie animale ou végétale ait pu trouver- sous ce ciel sec- de quoi se nourrir. Il était deux heures de l’après-midi, et la terre était condamnée à brûler. »

 

Deux sagas familiales plusieurs générations en un livre :

Deux histoires sur un temps long : ce que Zola a raconté dans les 20 tomes des Rougon-Macquart, GGM le raconte en 437 pages et L. Gaudé en 200!

Un détail devient une épopée et des années ne sont pas évoquées, voici deux extraits qui évoquent la notion du temps dans chacun des ouvrages:

« En reconnaissant la voix de son arrière-grand-mère, il tourna la tête vers la porte, essaya de sourire et, sans le savoir, répéta une ancienne phrase d'Ursula.

- Que voulez-vous, murmura-t-il, le temps passe.

- C'est un fait, répondit Ursula, mais pas à ce point-là.

En disant ces mots, elle se rendit compte qu'elle était en train de lui adresse la même réplique qu'elle avait reçue du colonel Aureliano Buendia dans sa cellule de condamné et, une fois de plus, elle fut ébranlée par une autre preuve que le temps ne passait pas - comme elle avait fini par l'admettre - mais tournait en rond sur lui-même. »

"Les générations se succèdent. Il faut juste faire de son mieux, passer le relais et laisser sa place". « C’est la famille qui compte. Sans elle tu serait mort et le monde aurait continué de tourner sans même s’apercevoir de ta disparition . Nous naissons , nous mourons….toi et moi, pris seul, nous ne sommes rien . Mais les Scorta, ça, c’est quelque chose. »…

 

Il semble que le temps soit au coeur de ces deux récits, mais qu’il s’écoule différemment. Construction comme un seul récit pour CAdeS, récit  à deux voix pour Laurent Gaudé. On a parlé à propos de L. Gaudé d’un imaginaire poli à la lecture des tragiques grecs, Eschyle et Euripide notamment avec une histoire de destins qui s'enchaînent à partir d'un acte manqué. La parabole du secret de cet acte manqué transmis de génération en génération. Si le Soleil des Scorta est d’une lecture plus facile, il a été souvent évoqué une impression de stéréotypes culturels et de clichés dans l’écriture.

Constructions différentes, mais aussi temporalités différentes, intérêt et attachements aux personnages, il y avait beaucoup à dire . Certains participants  ont notamment apprécié le talent de Gaudé pour restituer la chaleur ainsi que la mentalité particulière du sud de l’Italie.

 

Le destin chez Laurent Gaudé

« Il est probable que je crèverai à Montepuccio sans avoir jamais rien vu du monde que les collines sèches du pays. Mais vous êtes là, vous. Et vous savez bien plus de choses que moi. Promettez-moi de parler à mes enfants. De leur raconter ce que vous avez vu. Que ce que vous avez accumulé durant votre voyage à New York ne meure pas avec vous. Promettez-moi que chacun d’entre vous racontera une chose à mes enfants. Une chose qu’il a apprise. Un souvenir. Un savoir. Faisons cela entre nous. D’oncles à neveux. De tantes à nièces. Un secret que vous avez gardé pour vous et que vous ne direz à personne d’autre. Sans quoi nos enfants resteront des Montepucciens comme les autres. Ignorants du monde. Ne connaissant que le silence et la chaleur du soleil. »

Il me semblait qu'une main à nouveau passait dans mes cheveux. La même qu'autrefois. Celle de mon père. Celle du vent maudit des collines des Pouilles. Cette main me rappelait à elle. C'était la main sèche de la malchance qui condamne, depuis toujours, des générations entières à n'être que des culs-terreux qui vivent et crèvent sous le soleil, dans ce pays où les oliviers sont plus choyés que les hommes. »

 

 Des relations incestueuses dans Cent Ans de solitude?

 

« Auréliano sourit, la prit à deux mains par la taille, la souleva comme un pot de bégonias, et la fit tomber à la renverse sur le lit. D’une secousse brutale, il la dépouilla de son peignoir de bain avant qu’elle n’eût eu le temps de l’en empêcher, et se pencha sur l’abîme d’une nudité fraîchement lavée, dont il n’était pas une nuance de peau, pas une moirure de duvets, pas un grain de beauté dissimulé, qu’il n’eût imaginé dans les ténèbres d’autres chambres. Amaranta Ursula se défendait avec sincérité, usant de ruses de femelle experte, embelettant d’avantage son fuyant et flexible et parfumé corps de belette, tout en essayant de lui couper les reins avec les genoux et de lui scorpionner la figure avec les ongles, mais ni lui ni elle ne laissèrent échapper un soupir qu’on ne pût confondre avec la respiration de quelqu’un qui eût contemplé le frugal crépuscule d’avril par la fenêtre ouverte. C’était un combat féroce, une lutte à mort, qui paraissait pourtant dénuée de toute violence, parce qu’elle était faite d’attaques contorsionnées et de dérobades décomposées, ralenties, cauteleuses, solennelles, de sorte qu’entre les uns et les autres, les pétunias avaient le temps de refleurir, et Gaston celui d’oublier ses rêves d’aéronautique dans la chambre voisine, comme si il se fut agi de deux amants essayant de se réconcilier au fond d’un aquarium diaphane. Dans le grondement de ce corps à corps acharné et plein de cérémonie, Amaranta comprit que tout le soin qu’elle mettait à garder le silence, était tellement absurde qu’il aurait pu éveiller les soupçons de son mari, à côté, bien plus que le vacarme guerrier qu’ils essayaient d’éviter. Alors, elle se mit à rire les lèvres serrées, sans renoncer à la lutte, mais se défendant par de feintes morsures, et en débelettant peu à peu son corps, jusqu’à ce qu’ensemble ils eurent conscience d’être à la fois adversaires et complices, et cette mêlée dégénéra en ébats conventionnels, et les attaques se firent caresses. Brusquement, presque en jouant, comme une espièglerie de plus, Amaranta Ursula négligea de se défendre, et, lorsqu’elle voulut réagir, effrayée par ce qu’elle-même avait rendu possible, il était déjà trop tard. Un choc énorme l’immobilisa en son centre de gravité, l’ensemença sur place, et sa volonté défensive fut réduite à rien, par l’irrésistible appétit de connaître quels étaient ces sifflements orangés et ces sphères invisibles qui l’attendaient de l’autre côté de la mort. À peine eut-elle le temps de tendre la main, de chercher à tâtons la serviette de toilette, et de se la mettre entre les dents comme un bâillon, pour empêcher que ne sortissent les petits miaulements de chatte qui étaient déjà en train de lui déchirer les entrailles. »

 

Le thème de l’inceste qui sous-tend "Cent Ans de solitude" a fait l’objet d’une discussion plus serrée atour d'un univers dénué de morale et d'une façon d’amener les scènes d’inceste  particulière, vivante et une forme de normalité ambiguë qui sera contestée par certains. 

 

Le ton et le rapport à la réalité 

« Chaque fois que j'entreprenais Cent Ans de solitude , je n'y croyais pas. Alors je m'aperçus que la faille était dans le ton et je me creusai la tête jusqu'à penser que le ton le plus vraisemblable était celui de ma grand-mère quand elle racontait les choses les plus extraordinaires, les plus fantastiques, sur un ton absolument naturel, et c'est, je crois, ce qui est fondamental dans Cent Ans de solitude et au point de vue du métier littéraire. »

 

GGM: Avec  ce ton particulier qui a été désigné comme le "Réalisme magique" nous assistons à la  création d’un nouveau style d’écriture.

C'est d'abord un réalisme. Le réalisme est le moyen de présenter ou de considérer les choses telles qu’elles sont. Une posture réaliste n’exagère pas les évènements et ne les atténue pas non plus.

Dans le contexte de l’art, en peinture, cinéma ou littérature, le réalisme affirme chercher une reproduction fidèle de la réalité. 

Sans réalité, il n'y a pas de réalisme magique: réel et illusion s’entre-pénètrent constamment par le truchement du rêve, du fantasme, du cauchemar… il semble sou-entendre que le rêve ou le fantasme sont aussi réels que le réel palpable autour de nous. 

Le réalisme magique se différencie du fantastique ou du merveilleux dans la mesure où les phénomènes étranges, voire paranormaux, sont tout bonnement acceptés par le narrateur, et les personnages et conséquemment par le lecteur, mais où l’on demeure dans un cadre réaliste et non totalement inventé, invraisemblable. Une autre façon de chercher la vérité des êtres et des choses.

 

Exemple de ce ton particulier:

« Ils pénétrèrent dans la chambre de José Arcadio Buendia, le secouèrent de toutes leurs forces, lui crièrent à l 'oreille, lui mirent une glace devant les narines, mais ne parvinrent pas à le réveiller. Peu après, tandis que le menuisier prenait ses mesures pour le cercueil, ils virent par la fenêtre tomber une petite pluie de minuscules fleurs jaunes. Elles tombèrent toute la nuit sur le village en silencieuse averse, couvrirent les toits, s'amoncelèrent au bas des portes et suffoquèrent les bêtes dormant à la belle étoile. Il tomba tant de fleurs du ciel qu'au matin les rues étaient tapissées d'une épaisse couverture et on dut les dégager avec pelles et râteaux pour que l'enterrement pût passer. »

Ce qui a frappé plusieurs participants c’est la puissance imaginative de GGM « on ne peut jamais deviner ce qui va venir » ainsi que son humour.

Chez Gaudé, un réalisme plus classique tente de coller à la réalité pour en révéler un aspect,  les paysages, la réalité de la région  essentiellement le soleil… et les mentalités, la vie à cette époque:place du clergé, rejet villageois, émigration, contrebande...

Dimension politique et sociale

"Mais ce qui me préoccupe, ce n'est pas que tu me fasses fusiller, parce qu'en fin de compte, pour les gens comme nous, cette mort est la mort naturelle." [...] " Ce qui me préoccupe, poursuivit-il, c'est qu'à force de tellement haïr les militaires, de tant les combattre, de tant songer à eux, tu as fini par leur ressembler en tous points. Et il n'est pas d'idéal dans la vie qui mérite autant d’abjection. »

« On mange dans le Sud avec une sorte de frénésie et d'avidité goinfre. Tant qu'on peut. Comme si le pire était à venir. Comme si c'était la dernière fois qu'on mangeait. Il faut manger tant que la nourriture est là. C'est une sorte d'instinct panique. Et tant pis si l'on s'en rend malade. Il faut manger avec joie et exagération. »

 

Un participant a noté chez L. Gaudé la présence et l’aide apporté à un migrant. Toutefois, l'idée de multiplication des stéréotypes est revenu plusieurs fois dans la discussion.

 

« Lorsque le soleil règne dans le ciel, à faire claquer les pierres, dit Domenico, il n’y a rien à faire. Nous l’aimons trop cette terre. Elle n’offre rien, elle est plus pauvre que nous, mais lorsque le soleil la chauffe, aucun d’entre nous ne peut la quitter. Nous sommes nés du soleil. La chaleur nous l'avons en nous. D'aussi loin que nos corps se souviennent, il était là, réchauffant nos peaux de nourrissons… Les pêches. Les olives. Les oranges. C'est son parfum. Avec l'huile que nous buvons, il coule dans nos gorges. Il est en nous. Nous sommes les mangeurs de soleil… »

Style: 

« J’avance. Je suis escorté par un long banc de poulpes. Les poissons entourent ma barque et la portent sur leurs dos d’écailles. Je m’éloigne. Le soleil me montre le chemin. Je n’ai qu’à suivre sa chaleur et soutenir son regard. Il se fait moins aveuglant pour moi. Il m’a reconnu. Je suis un de ses fils. Il m’attend. Nous plongerons ensemble dans les eaux. Sa grande tête hirsute de feu fera frémir la mer. De gros bouillons de vapeur signaleront à ceux que je quitte que Donato est mort. Je suis le soleil… Les poulpes m’accompagnent… Je suis le soleil… Jusqu’au bout de la mer… »

« Dès que José Arcadio eut refermé la porte de la chambre à coucher, un coup de pistolet retentit entre les murs de la maison. Un filet de sang passa sous la porte, traversa la salle commune, sortit dans la rue, prit le plus court chemin parmi les différents trottoirs, descendit des escaliers et remonta des parapets, longea la rue aux Turcs, prit un tournant à droite, puis un autre à gauche, tourna à angle droit devant la maison des Buendia, passa sous la porte close, traversa le salon en rasant les murs pour ne pas tacher les tapis, poursuivit sa route par l’autre salle, décrivit une large courbe pour éviter la table de la salle à manger, entra sous la véranda aux bégonias et passa sans être vu sous la chaise d’Amaranta qui donnait une leçon d’arithmétique à Aureliano José, s’introduisit dans la réserve à grains et déboucha dans la cuisine où Ursula s’apprêtait à casser trois douzaines d’œufs pour le pain. »

 

Style caractérisé de façon évidente chez L.Gaudé par des phrases courtes et souvent des phrases incomplètes. Le style de Garcia Marquez : la phrase  longue classique et même parfois très longue, style qui  n'a pas été critiquée tandis qu'une participante a souligné que les phrases courtes de Gaudé étaient utilisées systématiquement sans lien avec le contenu, tandis qu'une autre faisait remarquer qu’elle avait été surprise par le rapprochement de ces deux livres qui lui paraissaient incomparables. Certains ont toutefois trouvé le style de Gaudé adapté au lieu et à cette famille des Scorta. 

En conclusion, il semble que, quelle que soit sa difficulté, Cent Ans de solitude soit un livre que l’on n’oublie pas tandis que le livre de Laurent Gaudé, malgré ses qualités notamment de construction,  soit plus de l’ordre du plaisir immédiat.

 

Fin  des deux livres 

 

« Elia se signa.Embrassa la médaille de la madone qu'il avait au cou et que sa mère lui avait offerte.Sa place était ici.Oui.Il n'y avait pas de doute à cela.Sa place était ici.Il ne pouvait en être autrement. Devant le tabac, il repensa à l’éternité de ces gestes, de ces prières, de ces espoirs et y trouva un profond réconfort. Il avait été un homme, pensa-t-il. Juste un homme. Et tout était bien. Don Salvator avait raison. Les hommes, comme les olives, sous le soleil de Montepuccio, étaient éternels. »

« C'était l'histoire de la famille, rédigée par Melquiades jusque dans ses détails les plus quotidiens, avec cent ans d'anticipation. [...] Mais avant d'arriver au vers final, il avait déjà compris qu'il ne sortirait jamais de cette chambre, car il était dit que la cité des miroirs (ou des mirages) serait rasée par le vent et bannie de la mémoire des hommes à l'instant où Aureliano Babilonia achèverait de déchiffrer les parchemins, et que tout ce qui y était écrit demeurait depuis toujours et resterait à jamais impossible à répéter, car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n'était pas donné sur terre de seconde chance. »

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