Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Noémie N.
22 avril 2024
Textes d'ateliers

Texte d'origine : « La douleur qui précède la chute. Les fantômes qui dansent devant les yeux. Autour, tout est anéanti. C'est vide, déserté. L'image sans le son. On regarde autour de soi. Les formes, les objets, les gens qui habituellement font sens, sont vidés de leur substance. Comme lo...

Mon autre blog littéraire

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Dernier article paru
Dernier article paru

Orwell et le langage

Le langage contemporain aurait-il quelque chose d'orwellien?

Lire

Taille du texte: +

La piéta aux bras croisés

Texte d'atelier avec plusieurs narrateurs Atelier Narrateurs conjugués

La Vierge Marie

Dans une chapelle au fond d'une forêt

Une sculpture de bois sans âge

Elle n'est pas debout

Elle n'ouvre pas les bras en un geste d'accueil universel

Elle ne porte ni sa tiare de reine, ni son manteau de ciel

Elle ne sourit pas

Elle est assise

Un homme étendu en travers des genoux

Elle ne se penche pas vers lui, ne le retient pas.

Le buste droit, elle est là.

Les bras croisés.

Non pas ces bras formant croix sur la poitrine en signe de totale oblation, comme les artistes l'ont si souvent représentée lorsque l'Ange lui annonce sa prochaine maternité. Non, un geste de rejet, pareil à l'expression défiante de son visage. Tout en elle semble refuser ce corps encombrant.

Imagine-t-elle que ce n'est pas son fils ?

Après avoir longtemps sangloté sur ce corps supplicié, défiguré, maintenant que ses pleurs s'assèchent et ne lui troublent plus la vue, elle a un doute. Est-ce bien le fruit de ses entrailles ? Et si c'était l'un des larrons crucifiés à ses côtés ?

Cette suspicion s'est-elle transmuée en certitude ? Les bras niant, d'un croisement résolu, la filiation de cet homme, là, sur ses genoux.

Et si cette attitude de déni n'était pas celle de la Vierge Marie mais ne faisait que révéler l'interprétation du sculpteur ?

Sans doute l'artiste détestait-il sa propre mère. Pressenti par les autorités religieuses pour exécuter une oeuvre destinée à la ferveur populaire, il n'avait pu se dérober. Mais, au grand jamais, il n'était parvenu à maîtriser sa répulsion envers sa génitrice. Mu par un transfert freudien, il avait immortalisé la sainte femme en matrone soupçonneuse.

A moins que le modèle qu'on lui avait imposé, ait par ce geste, signifié son refus de poser. Une créature recueillie par les nonnes après avoir mis au monde l'enfant du péché, pauvre fille contrainte de supporter au cours d'interminables séances d'immobilité, le poids du jardinier du couvent, un bon à rien, un lourdaud qui s'abstenait du moindre effort pour éviter de peser.

Pourtant, à m'abîmer dans la contemplation de cette oeuvre sibylline, je crois voir les lèvres de cette mère se crisper atrocement et distinguer, s'en échappant, des sanglots, talonnés par des imprécations

''Je n'ai plus de larmes pour pleurer. Maintenant, il faut que je crie ma colère. Les coups, les crachats, les insultes et pour finir ces clous dans ta chair, dans MA chair. Comment as-tu pu m' infliger tout cela ? Il n'a pas suffi que mon ventre s'arrondisse sans que Joseph m'ait connue ? Un brave homme qui m'a épousée quand même et t'a élevé comme son fils. Il n'a pas suffi que tu nous causes l'angoisse de notre vie quand on t'a cherché partout. Et toi, tu philosophais avec les docteurs de la Loi ! Il n'a pas suffi que tu délaisses le bon métier de charpentier pour les chemins de Galilée, que tu t'acoquines avec cette Marie-Madeleine à ce qu'on dit. As-tu seulement guéri les aveugles et les paralytiques ? Comment as-tu pu marcher sur l'eau ? Et ce Lazare que tu prétendais ramener d'entre les morts ? Tous ces gens te suivaient et flattaient ton orgueil. Alors, si tous disent vrai, reviens-moi. Oui, reviens-moi !

Tu reviendras.

Et 2000 ans plus tard, pour célébrer ta naissance, ils s'empiffreront d'huitres et de foie gras.

Tu reviendras.

Et pour fêter ta résurrection, ce sera la ruée sur les oeufs en chocolat !

Tu reviendras.

Et pour commémorer ta montée au ciel, les voitures feront touche-touche sur le pont de l'Ascension.

Mais oui tu reviendras.

Pour MOI, TA MÈRE, tu reviendras..."



Françoise 

Cévennes
L'annonce

Sur le même sujet:

 

Commentaires 3

Jean-Francois Dietrich le samedi 11 novembre 2023 14:59

Françoise, je relis avec plaisir ce texte "pieta-contrepied". Il est vrai que cette sculpture est étonnante et que en fait une approche toute singulière. Merci.

Françoise, je relis avec plaisir ce texte "pieta-contrepied". Il est vrai que cette sculpture est étonnante et que en fait une approche toute singulière. Merci.
Invité - Hélène Delprat le dimanche 5 novembre 2023 17:38

Bravo Françoise! J'ai adoré ton texte sur la Pieta aux bras croisés. C'est tellement rafraichissant de temps en temps de casser les codes. J'ai bien ri. Merci! Hélène D

Bravo Françoise! J'ai adoré ton texte sur la Pieta aux bras croisés. C'est tellement rafraichissant de temps en temps de casser les codes. J'ai bien ri. Merci! Hélène D
Invité - Françoise Gailliard-Ghezzi le jeudi 9 novembre 2023 14:01

Merci, Hélène, pour ton chaleureux commentaire.
J'ai eu du mal à te trouver sur le blog. J'ai lu ton texte ''Je...'' sur les fragments de vie. Quelle chute ! Bravo pour ce feu qui couve sous des apparences innocentes et paisibles.

Merci, Hélène, pour ton chaleureux commentaire. J'ai eu du mal à te trouver sur le blog. J'ai lu ton texte ''Je...'' sur les fragments de vie. Quelle chute ! Bravo pour ce feu qui couve sous des apparences innocentes et paisibles.
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
jeudi 2 mai 2024

Textes à redécouvrir

21 février 2020
Dieu oh mon Dieu ! Très Saint Père, puis-je avoir l'honneur de m'adresser à vous ? Puis-je connaître ton prénom, mon cher ami ? Dieu oh mon Dieu, mon ...
1205 lectures
14 août 2022
Il aurait voulu dormir le plus tard possible, ne pas avoir à attendre. Se réveiller : c'est fini. À trois rues de là, le clocher de l'église Sain...
588 lectures
16 juin 2019
Confronté à l'urgence,il se mit courir en tous sens, sautiller, gémir, s'arracher les cheveux, faire tourner ses yeux, invoquer la clémence divine, im...
1459 lectures

Phrases d'auteurs...

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Construction Corps Couleur Couleurs Couple Course Covid Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar Langue Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musicalité Musique Mythe Mythes Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Réécriture Rencontres Résilience Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Vieillissement Ville Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom