Bienvenue sur le blog de mes stages et ateliers  d'écriture !

Textes écrits par des participants à mes ateliers et à mes stages d'écriture, manifestations littéraires, concours... 

Dernière publication

Noémie N.
22 avril 2024
Textes d'ateliers

Texte d'origine : « La douleur qui précède la chute. Les fantômes qui dansent devant les yeux. Autour, tout est anéanti. C'est vide, déserté. L'image sans le son. On regarde autour de soi. Les formes, les objets, les gens qui habituellement font sens, sont vidés de leur substance. Comme lo...

Mon autre blog littéraire

Des articles sur l'écriture, des conseils, des exemples, des bibliographies et mes propres textes. Ci-dessous, les derniers articles publiés.

Visitez mon blog

Dernier article paru
Dernier article paru

Orwell et le langage

Le langage contemporain aurait-il quelque chose d'orwellien?

Lire

Taille du texte: +

Fenêtres de vie

Il y a une petite fille près de la fenêtre, elle a huit ans, elle regarde la nuit qui tombe. La croisée se découpe en sombre sur le mur rose pâle. Le peintre sans doute un peu novice a laissé quelques grumeaux dans la peinture. Ce n'est pas grave c'est joli quand même ce ton doux et discret. Lucile aime cette couleur, elle y est habituée, elle adore passer son doigt sur les petites imperfections, glisser du rêche au lisse, comme par jeu. Pourtant elle est triste. Depuis deux jours, tous les soirs à ce moment précis qui n'est plus le jour et pas encore la nuit les larmes lui montent aux yeux. Elle ne sait pas pourquoi. Au fur et à mesure le rectangle de la fenêtre s'habille de bleu saphir, de bleu de Prusse, de bleu marine et l'angoisse monte. Elle a peur de mourir. Et surtout elle a peur que ses parents meurent. Elle sent que la mort de ses parents est inéluctable, elle ne supporte pas cette idée. Elle n'y avait jamais pensé avant. Elle ne fait pas le rapprochement mais l'autre semaine elle a traversé brusquement au carrefour pour rattraper son ballon. Dans sa tête résonne encore le gémissement des freins, le cri du conducteur qui a calé et son coeur qui a fait un bond de géant, comme elle pour franchir le dernier mètre. La voisine d'en face a tout vu, elle a eu très peur, elle a grondé la petite fille, puis elle l'a embrassée. Et n'a rien dit à ses parents heureusement. Lucile se sent coupable. En même temps elle a conscience d'être heureuse, d'être chérie par son père et sa mère, d'avoir de la chance. Que se passerait il si tout s'arrêtait soudain ? Elle en tremble, elle sent comme une menace, elle pleure en cachette, elle renifle en douce mais ne dit rien.

Il y a une jeune femme étendue sur le canapé de velours marron, elle a glissé un oreiller sous sa tête pour être plus à l'aise et se repose, tranquille. L'appartement est situé au quatrième étage, il est largement éclairé par de grandes baies vitrées qui vont du sol au plafond. De là on passe par dessus les toits de la ville et on voit les collines vertes où en étépaissent les troupeaux de vaches. Ici, les vaches sont rouges avec de longues cornes effilées, ce sont des Salers, une race rustique et rude, élégante aussi. Lucile a toujours aimé les vaches,depuis l'enfance ces animaux la rassurent, lui procurent une sorte de paix. La main sur son ventre Lucile se demande si son petit bébé aura lui aussi une connivence avec les animaux. Elle convoque avec tendresse le souvenir de deux ou trois de ses chiens qu'elle a beaucoup aimés. A ce moment son ventre se met à onduler par petites vagues, cela la fait sourire, c'est doux et attendrissant. Son bébé semble à l'unisson ! Elle aimerait bien que ce soit une petite fille, pour tenir compagnie au petit diable de trois ans qui pour le moment est sage vu qu' il fait sa sieste dans le lit à barreaux de la chambre d'à coté.Une petite princesse après un petit prince vif argent cela serait une aubaine. N'est ce pas ce que l'on appelle le choix du roi ? Lucile se dit que peut être elle en réclame trop à la vie, qu'il ne faut pas y penser, que cela porte malheur. Après tout un autre petit garçon c'est bien aussi.

Il y a une dame aux cheveux blancs accoudée à la fenêtre de sa chambre. Elle contemple le verger, les pruniers, le figuier et le jeune pommier qui est tout proche de sa fenêtre. Parfois, en douce elle va voler une pomme en vérifiant que personne ne la regarde. C'est un verger d'agrément dans la parc de la maison de retraite, on n'est pas censé ramasser les fruits.Mais Lucile ne peut pas s'en empêcher. C'est une petite vieille gentille, pas aigrie du tout par l'âge, qui fait plus de sourires que de nez grognons. Mais la rapine, elle ne peut pas s'en empêcher ! Elle a toujours fait ça, ramasser les pommes tombées sous les arbres, pour en faire de la compote, des tartes. Quand ce sont des pommes récupérées, pas des pommes achetées chez le marchand, cela lui procure une satisfaction bien supérieure… Elle est d'une époque où l'on ne gaspillait pas, ni les fruits un peu gâtés, ni les vêtements usagés, on gardait les cartons, les ficelles, les sacs en papier et même le dos des enveloppes que l'on avait reçues. Sait on jamais si les disettes et les guerres revenaient… Alors elle continue à amasser tout ce qu'elle reçoit, les papiers d'emballages des cadeaux, les pots de confiture vides, les boites de gâteaux secs. Tout s'empile, souvent en équilibre instable. Il faudrait ranger, mais elle n'y voit plus guère. Alors elle laisse comme ça. Elle préfère ouvrir sa fenêtre le matin pour laisser entrer le soleil. Elle s'accoude un bon moment à la petite balustrade où pendent deux pots de fleurs. Elle dit : « c'est dommage je ne vois jamais passer personne ! »

Aimer la vie plus qu'un homme
Le papet
 

Commentaires

Pas encore de commentaire. Soyez le premier à commenter
Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
samedi 27 avril 2024

Textes à redécouvrir

16 juin 2019
Le soir fait sens. Les pirouettes des arbres s'épanchent au sommet de la colline et dorment en dentelle. On entend le vent chahuter dans les cerfeuils...
1473 lectures
20 décembre 2021
Janvier, curieux prénom d'autant qu'il est né en Septembre. Mais cela lui donne une touche anachronique et romanesque. Janvier est marcheur sur c...
719 lectures
5 mars 2024
Voici le texte officiel qui présente le thème de cette année 2024, " la grâce ".  "Quel vocable de fière lignée, qui soi...
166 lectures

Phrases d'auteurs...

"Le romancier habite les seuils, sa tâche est de faire circuler librement le dedans et le dehors, l'éternité et l'instant, le désespoir et l'allégresse."  Yvon Rivard

" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

"Les grandes routes sont stériles." Lamennais 

"Un livre doit remuer les plaies. En provoquer, même. Un livre doit être un danger." Cioran

"En art, il n’y a pas de règles, il n’y a que des exemples." Julien Gracq, Lettrines 

"J'écris pour me parcourir. Peindre, composer, écrire : me parcourir. Là est l'aventure d'être en vie."Henri Michaux

"La littérature n’est ni un passe-temps ni une évasion, mais une façon–peut-être la plus complète et la plus profonde–d’examiner la condition humaine." Ernesto Sábato, L’Ecrivain et la catastrophe

"Le langage est une peau. Je frotte mon langage contre l'autre. " Roland Barthes, Fragments d'un discours amoureux 

 

 

Mots-clés

Absence Adresse Afrique Allégorie Alpinisme Amour Anaphore Animal Antonin Artaud Attente Auteur participant aux ateliers Autoportrait Baiser Bateau Blaise Cendrars Cadre Campagne Christian Bobin Chronologie Cinéma Construction Corps Couleur Couleurs Couple Course Covid Description Désert Désir Dialogue Diderot Douleur Ecrire Ecrire ailleurs Ecriture automatique Emmanuel Berl Enfance Enumérations Ephémère Epiphanie Erotisme Exil Fable Faits divers Faulkner Felix Fénéon Fenêtre Fête Fiction Filiation Flux de conscience Folie Fragments Gabriel Garcia Marquez Gestes Giono Guerre Haïkus Henri Michaux Humour Idiomatiques Ile Imaginaire Inceste Indicible Instant Japon Jardin Jean Tardieu Jeu Julio Cortázar Langue Laurent Gaudé Légende Léon Bloy Lieu Littérature américaine Main Maternité Mauvignier Médias Mémoire Métaphore Métro Miroir Moment historique Monologue Intérieur Monuments Mort Mots Mouvement Musicalité Musique Mythe Mythes Narrateur Noms de personnage Nourriture Nouvelles Novalis Nuit Numérique Objets Odeurs Oxymores Pacte de lecture Paternité Patio Paysage Peinture Personnage Photo Phrase Phrases Poésie Point de vue Polyphonie Portes Portrait Printemps des poètes Projection de soi Quotidien Raymond Queneau Récit d'une vie Réécriture Rencontres Résilience Rituel Roman Romantisme Rythme Scène Science-fiction Sculpture Secret Sensation Sève d'automne Silence Soir Solitude Son Souvenir Sport Stages Steinbeck Stupéfiants Style subjectivité Sujets d'actualité Synesthésie Synonymes Téléphone Témoignage Temporalité Texte avec "tu" Textes écrits à plusieurs Tobias Wolff Vieillissement Ville Visage Voix Voyages Voyeur Zola Zoom