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Noémie N.
22 avril 2024
Textes d'ateliers

Texte d'origine : « La douleur qui précède la chute. Les fantômes qui dansent devant les yeux. Autour, tout est anéanti. C'est vide, déserté. L'image sans le son. On regarde autour de soi. Les formes, les objets, les gens qui habituellement font sens, sont vidés de leur substance. Comme lo...

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Traversée

La dernière chose dont se souvenait Théo, c'est qu'il était au volant de son bijou rouge de voiture sportive. Pourtant, sans savoir comment ni pourquoi, il se trouvait à présent face à une double porte gigantesque, en bois massif bien vernie et parsemée de formes géométriques en fer forgé. Il sonda les poches de son jean, à la recherche de son portable mais toutes étaient vides et même son portefeuille avait disparu.

Avait-il fait un coma éthylique ? Etait-il en train de rêver ? Se demande-t-on si l'on rêve dans un rêve ?

Il se retourna lentement, les yeux balayant ce lieu mystérieux mais le reste de la pièce était complètement plongée dans le noir. Elle semblait vaste mais il lui était impossible de distinguer la moindre forme, ni même les murs. Tournant sur lui-même pour revenir face à la porte, ses deux mains s'étaient glissées le long de ses joues, remontant davantage avant de s'arrêter, enserrant ses tempes telles des étaux. Il referma ses doigts sur ses cheveux, dont certains cassèrent sous la pression.

Tant de questions sans réponses se bousculèrent dans son esprit quand il avança d'un pas, les mains dégageant ses cheveux. Chacune se posa délicatement sur un pan de porte et dans un grincement sa main droite fut entraînée vers l'avant. La porte était ouverte. Son cœur se serra, il s'essuya les deux mains sur son jean puis les reposèrent dans un même geste sur le battant ouvert pour le pousser plus fort. Inutile, aucune résistance ne s'opposa et la porte s'était comme envolée, dévoilant devant lui une scène à peine croyable.

Une foule de personnes lui faisait face. Ils étaient nombreux, impossible de les compter. Tous vêtus à l'identique, ils arboraient une sorte de tunique de couleur violette, pieds nus, cheveux courts comme un commando, si ce n'est que l'expression enjouée qu'ils manifestaient n'avait rien de comparable à des G.I. L'expression ravie sur leurs visages lui donna l'impression qu'ils l'attendaient. Pourquoi ? Qui étaient-ils ?

« Bonjour… euh, je suis désolé de vous déranger, je crois que je me suis perdu », balbutia-t-il timidement, prêt à faire demi-tour.

« Bienvenue Théo ! », s'exclamèrent-ils en cœur, souriant de plus belle. Les entendre prononcer son prénom le figea, ses jambes tremblaient. Un instant il s'imagina au sein d'une secte. Pourtant ce n'était pas son genre.

Alors qu'il essayait de se remémorer quelques détails de ces dernières heures, le groupe devant lui se scinda en deux, offrant un couloir d'où une lumière blanche se diffusait, de plus en plus forte, jusqu'à l'éblouir au bout du passage. Leurs mouvements avaient l'air orchestrés, comme dans un ballet. Puis une voix douce mi-féminine mi-masculine le pria d'avancer.

Il sentait des auréoles se dessiner dans le creux de ses aisselles, avec pour centre la couture de son T-shirt blanc et se propageant de part et d'autre. Il croisa les bras devant son cœur, se pinçant les deux biceps jusqu'à ressentir une douleur suffisamment saisissante pour confirmer qu'il ne dormait pas. « Pince-moi je rêve » pensa-t-il en fermant les yeux aussi fort que possible, espérant qu'en les rouvrant, il se réveillerait. Loupé !

Il hésita un moment, puis quelqu'un s'approcha, lui murmurant de ne pas avoir peur. C'est sans s'en rendre compte que ses jambes démarrèrent la marche, gauche-droite-gauche-droite, comme s'il ne contrôlait plus son corps et ce qui l'attendait au bout du couloir l'effrayait autant que l'intriguait. Les diverses voix avaient été chaleureuse, les regards posés sur lui émanaient de la tendresse. « Une secte ! », se répéta-t-il. Un rituel de bienvenue. Cela expliquerait la mise en scène, les visages béats trahissant peut-être même une prise de stupéfiants. Des souvenirs qui lui restaient du lycée, ces quelques fois où il s'était laissé tenter, c'est exactement ce qu'il avait ressenti. Un trop-plein d'amour et un sourire niais.

Une drôle de sensation le ramena au moment présent. Il était encerclé. Il avait dépassé les premiers individus qui fermaient maintenant le couloir derrière lui, lui ôtant la seule possibilité de fuir. Ils avaient certes l'air gentil mais il se sentait piégé. Ils étaient trop nombreux pour tenter de se frayer un chemin pour sortir de là.

« N'aies pas peur, viens » reprit une voix douce.

Il avait envie de courir, de crier, de demander ce qu'il faisait là et ce qu'ils lui voulaient, or il n'était plus maître de son corps, les bras toujours croisés, ses mains serraient ses biceps, sa mâchoire demeurait scellée, ses membres inférieurs déambulaient. Seules ses pensées demeuraient vives mais il n'était pas sûr non plus de les contrôler. A chaque fois qu'il baissait la tête, une lumière vive lui brûlait les yeux, ce qui l'obligeait à contempler ses hôtes aux visages curieusement similaires, qui le mettaient mal à l'aise. Il se sentait impuissant, contraint à exécuter sa marche telle une marionnette envoutée. Il parvint néanmoins à faire un tour sur lui-même pour se rendre compte que chacun des individus portait pour seule expression, toujours le même sourire. Leurs corps se mouvaient, avançant sur lui dans son propre rythme. Les dizaines d'autres, qu'il n'avait pas encore passé, étaient toujours face à lui, comme attendant le passage des marathoniens en pleine ville, les cris et les banderoles en moins. Ce silence était pesant et pourtant une quiétude le gagnait. Il ne trouvait aucune explication mais au fond de lui, il se sentait en sécurité.

Il se trouvait tout proche de la ligne d'arrivée quand le lieu fut plongé dans le noir avant de donner place à un faisceau lumineux juste devant lui. Théo sentit un frisson le parcourir et se retourna, constatant avec stupeur que tous les béats avaient disparu. Comment était-ce possible ?

Plus rien n'était visible que cette lumière à la limite de l'éblouir. Habituellement, il n'aurait pas pu la fixer, mais curieusement, il ne pouvait décrocher son regard. La voix reprit son discours, et au rythme de la voix, la lumière se dilata. Sa tête se mit à tourner, ses jambes à chanceler et d'un coup Théo s'effondra sur sol. 

LA CHARRETTE
Emanation
 

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vendredi 26 avril 2024

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" La vie procède toujours par couples d’oppositions. C’est seulement de la place du romancier, centre de la construction, que tout cesse d’être perçu contradictoirement et prend ainsi son sens."  Raymond Abellio

"Certains artistes sont les témoins de leur époque, d’autres en sont les symptômes."  Michel Castanier, Être

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