Par Camille L. le mercredi 8 mai 2024
Catégorie: Textes d'ateliers

La vie

Le canon

Un matin d'été. Une grande avenue, silencieuse. Quelques rares passants. Peu de voitures. Un dimanche peut-être ? Le soleil filtre à travers les ruelles. Une femme marche dans la ville dans un calme qui l'étonne et la réjouit.

Loin derrière elle, quelques notes d'une mélodie familière, une voiture arrêtée à un feu ? une fenêtre ouverte ? Les sons se rapprochent, se précisent ; des voix de femmes, d'hommes qui se mélangent et l'enchantent. Elle se retourne. Au milieu de l'avenue, un trio insolite, une jeune femme blonde à l'allure conquérante sous un grand chapeau de paille et deux complices, pédalant tranquillement sur leur vélo, chantent en canon « Au clair de la lune, mon ami Pierrot… » comme s'ils étaient seuls au monde.

La vie est parfois faite de poésie.

13 ans.

« Sophie, descend, il fait beau ! »

Allongée en travers du vieux fauteuil, jambes jetées par-dessus l'accoudoir, la main jouant avec une mèche de cheveux, elle n'entend rien. Elle est ailleurs, loin. A l'auberge de la Jamaïque, au domaine de Jalna, dans les hauts de Hurlevent ; elle s'appelle Jane, Catherine, Alayne, Scarlett ; elle vit des histoires d'amours comme elle n'en a jamais vues avec des hommes tellement beaux, Heathcliff, Renny, Darcy, Reth. Chaque jour son cœur bat un peu plus fort, elle ferme les yeux, ce monde c'est le sien, ces personnages sont sa vraie famille, elle les aime plus que tout. Ne le dites à personne. C'est son secret.

La vie c'est plus beau dans les livres.

Voler

Un ciel parsemé de voiles multicolores comme autant de ballons échappés de la main d'un enfant. En traversant la petite ville entourée de montagnes, une évidence, j'allais faire ça ! Aller là-haut ! Voler ! Idée surprenante pour une froussarde.

Au lâcher du sol, une sensation de vide effrayante, vision de mon corps en chute libre,tourbillon, vertige, mais très vite, la force du vent et la voile m'emportent, mon corps plane, flotte, tournoie au-dessus de la vallée dans le berceau de la montagne.

Une aile géante dans le dos, tel un oiseau, je m'envole doucement dans la légèreté de l'air.

Quelque chose de jubilatoire, d'inoubliable.

Un an après la mort de mon père.

La vie a des ressources infinies.

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