Par Maurice Berthon le vendredi 21 février 2020
Catégorie: Textes d'ateliers

Folie de l'écriture Antonin et Dieu

Dieu oh mon Dieu ! Très Saint Père, puis-je avoir l'honneur de m'adresser à vous ?

Puis-je connaître ton prénom, mon cher ami ?

Dieu oh mon Dieu, mon très Saint Père bien aimé, je m'appelle Antonin

Dis-moi, Antonin, quelles sont tes occupations sur cette terre ?

Dieu oh mon Dieu, père de toute l'Humanité, je suis poète, je suis écrivain, je suis poète. Je suis né à Marseille. Maintenant je suis incarcéré à Rodez, je suis incarcéré à l'Hôpital Psychiatrique de Rodez, je suis incarcéré à l'Hôpital Psychiatrique de Rodez depuis dix ans.

Que ce doit être dur pour toi mon bon Antonin. Tu dois vivre d'atroces souffrances. As-tu toujours été près de moi, as-tu toujours été en quête de mon aide ?

Dieu oh mon Dieu, toi, mon très Saint Père, dans la première partie de ma vie, je n'étais pas du tout tourné vers toi, non mon Dieu pas du tout, Mon Dieu, mon Père, je te demande de bien vouloir de pardonner mes péchés. J'ai écrit une lettre au Pape. J'ai écrit une lettre d'injures au Pape. J'étais dans la débauche. Je buvais beaucoup. Je fumais. Je prenais beaucoup de drogue. J'étais dans la jouissance sexuelle. Je voyais des prostituées. Je vivais dans le péché de chair. Je contrevenais à toutes les règles. Je contrevenais à toutes les règles de ta très Sainte Eglise.

Mon bon Antonin, je te comprends, je te pardonne, car aujourd'hui tu es près de moi. Car aujourd'hui, tu es près de moi et tu te confis à moi. Quant au Pape, tu as bien fait, tu as bien eu raison. Les curés, les vicaires, les prêtres, les évêques, les cardinaux, les archiprêtres, le Pape sont des malfaisants, des corrompus, des pédophiles.

Dieu oh mon Dieu, mon très Saint-Père, je te remercie pour ta bonté, Oh pardon mon Dieu, je viens de vous tutoyer, je suis un misérable pêcheur. Oh mon Dieu, je vous prie de bien vouloir m'accorder votre pardon.

Mon bon Antonin, tu viens de me confesser tes péchés. Tu es un honnête homme. Mon bon Antonin, tu es mon frère. Mon bon Antonin, tous les deux, nous sommes frères. Mon bon Antonin, je vais te dire une chose. J'ai fait descendre, Christ, mon fils, sur la Terre pour combattre les guerres entre les hordes d'humains barbares. Avec ses apôtres, avec courage, avec détermination, avec abnégation, il a avancé, il a progressé lentement dans l'aridité du désert, et arrivé dans la vallée du Jourdain, lors d'un grand repas avec le peuple rassemblé, le pain et le vin vinrent à manquer. Christ réalisa alors un miracle : il partagea le pain et le vin et chaque convive eut ainsi à boire et à manger. Le partage. Oui, le partage. Depuis ce temps-là, sur cette Terre, il est communément dit que Christ est le premier communiste de l'histoire de l'Humanité.

Dieu oh mon Dieu, Je t'ai dit que j'étais incarcéré à l'Hôpital Psychiatrique de Rodez. Je vis d'horribles sévices. Les soignants sont des monstres d'inhumanité. Les électro-chocs détruisent mon corps et dévastent mon esprit. J'ai écrit une lettre incendiaire au Directeur de l'Hôpital Psychiatrique de Rodez. Pardonne-moi, mon Dieu ! Pardonne-moi

Mon ami Antonin, oui, je te pardonne. Au contraire, je dis que tu as raison, sur cette Terre, tous les hommes de pouvoir sont des tyrans.

Dieu, oh mon Dieu, je vais te dire des mots qui ne sont pas beaux. Ces mots, je les ai humblement écris dans la cellule de l'Hôpital Psychiatrique de Rodez.

Vas-y Antonin, ne soit pas inquiet, dis-moi tout.

Dieu oh mon Dieu, je vais essayer de le faire, Dieu oh mon Dieu ! je le fais.

Le pain éventré par Dieu…. La bonne sœur enculée par le Prie-Dieu… Marie la verge folle…Oh mon Dieu béni soit ton saint nombre des ombres pénétrées et encrassées… Le défenestré bénitier papal à la faucille et au goupillon défroqué…Le Père San Pietro de la putréfaction... L'enfant triste au Saint-Tabernacle du Dieu découpé en rondelles...La sainte alouette du Pape éborgné… La déglutition vagino-faciale de Dieu qui vient se masturber sur des enfants impubères….

Dieu oh mon Dieu, ça y est, je l'ai fait, Dieu oh mon Dieu, ça y est, je te l'ai dit.Dieu oh mon Dieu, ça y est, je t'ai livré ces maudits mots. Mon Dieu pardonne-moi, je t'en supplie Dieu oh mon Dieu pardonne moi de t'avoir offensé.

Mon bon Antonin, ne t'inquiète pas, ne tremble pas, tu ne me choques pas, tu ne me blesses pas, tu ne m'offenses pas, au contraire, avec toi, j'apprends. Je découvre ton écriture. Tu es un poète. Tu as un immense talent de poète. Je suis fasciné par ton génie, mon bon Antonin. Merci, mon bon Antonin.

Dieu oh mon Dieu, toi le tout puissant, merci, merci, merci, tu es trop bon.

Mon bon Antonin, maintenant, nous nous connaissons de mieux en mieux. Nous sommes libres l'un avec l'autre. Nous nous faisons confiance. Pour toi, je ne suis plus le Dieu mystérieux, froid et inquisiteur que l'on te décrivait au catéchisme.

Dieu oh mon Dieu ! Maintenant, je comprends la violence du vieux curé qui se disait aveugle et qui me frappait quand je ne m'agenouillais pas … à sa cuisse. Je comprends maintenant le froid glacial du confessional…

Maintenant, mon bon Antonin, si tu le veux bien, passons à quelque chose de plus serein, de plus léger, de plus agréable, de plus vivant. Oui, ne restons pas dans le mal-être, dans la violence, dans la monstruosité, dans la mort. Jouons, mon bon Antonin, oui, jouons, jouons, jouons !!! Mon bon Antonin, je te propose d'inviter tous tes amis, je te propose que nous soyons heureux, je te propose que nous soyons joyeux, je te propose que nous fassions la fête !!!

Dieu, Oh mon Dieu Nous allons rire et chanter ! Nous allons boire et manger ! Allons-y ! Allons-y ! Allons-y ! Saint-Pierre est dans les buts. Saint- Jean-le-Baptiste est avant-centre. Saint-Thomas-d'Aquin est arrière-droit. Christ est l'entraîneur. Sainte-Bénédicte est milieu de terrain. Saint-Judicaël est arrière-gauche. Saint François-de-Sales est arrière-central. Saint-Charles le Bon est milieu de terrain. Sainte-Marie est l'arbitre. Les joueurs jouent, jouent, jouent. Sainte-Marie siffle, siffle, siffle. Le ciel est bleu. Le soleil brille. Dieu s'occupe du repas. L'eau est fraîche. Le vin est fruité. Le pain est croustillant. De l'amitié. Du partage. De la joie. De la fraternité. Du jeu. Du bien-être. Du bonheur. Oui,que du bonheur… que du bonheur … que du bonheur !!! 

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