Par Claude B. le jeudi 1 février 2024
Catégorie: Textes d'ateliers

Désert

J'ai toujours été attirée par les déserts, désert blanc d'Egypte, sable rouge du Wadi Rum, sable blond et roches ciselées de l'Adrar… cette impression chaque fois d'être avalée par le paysage, de ressentir le silence comme une caresse, entendre le vent chanter sur le sable, et voir au soleil couchant la masse confuse et noire de la dune se transformer en chef d'œuvre absolu. 

Au fur et à mesure que le soleil joue à cache- cache derrière les reliefs, le plus petit détail prend un aspect surprenant, presque angoissant. Sous la coupole du ciel, le désert mis à nu se revêt d'une autre couleur, les reliefs expriment de façon plus brutale la force de leurs modèles. Un horizon pétrifié, un paysage minéral, où les roches sculptées par le vent ne sont plus qu'impressions, émotion, musique, et moi écoutant le silence me parler, abreuvée de tout ce qui m'entoure, me laissant sans voix au milieu du néant , respirant l'ampleur de tant de beauté. Peu à peu, ce décor statique semble se mettre ne mouvement, et moi-même me retrouver au sein d'une danse effrénée. Le sable n'en finit pas de se décomposer et de rouler sous mes pieds, est-ce lui ou moi qui pleure des larmes de soif ? 

Au loin, un mirage, qui m'attire et guide mes pas. Mais tout me semble inaccessible, au fur et à mesure, le mirage s'éloigne, et je demeure seule au milieu de nulle part, un lieu sans route, sans eau, sans habitants, où règne la sécheresse et l'ombre de la mort. Le temps se fige dans un état de sidération et de fascination devant tant de beauté. Mais qui suis-je, qui me parle ? Moment magique, mais hallucinatoire. Seuls me parviennent les mots de liberté et de pureté, est-ce un rêve ou la réalité, le silence lui-même est devenu relief, pierre et sable, lumière, et mystère. Le désert impossible à imaginer parce que ne ressemblant à rien d'autre, m'entoure, et me demande de croire qu'il n'est là que pour jouer avec mes sens, me faire pleurer de joie, m'émouvoir au point de devenir une autre, ou était-ce justement mon moi caché enfin dévoilé par tant de splendeur inouïe, douce et puissante à la fois.  

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