Par Bernard N le dimanche 6 décembre 2020
Catégorie: Textes d'ateliers

Une odeur

 C'est une petite odeur discrète et sans chichi

Pas plus grosse qu'une coccinelle ou qu'une larme de souris

Mais câline et rêveuse

Pieds nus dans le brouillonnement des landes et des collines

Dans un souffle de lumière, une volute de ciel

Un froissement de feuilles sous les pas d'un renard.

Buissonnière, vagabonde, elle raffole des vents d'autan

Où elle se laisse flotter légère comme une amoureuse

Un rien de jaune l'arrange le mieux

Pas le jaune cru et pâteux de Van Gogh,

Ni le jaune Versailles, ni l'or croustillant des icônes

Non, mais un jaune secret, furtif, pâlissant

Le jaune de l'ambre lavée et délavée par les vagues de la Baltique

Le jaune de l'arc-en-ciel déprisé par ses aristocrates voisins, vert et orange

Le jaune tremblotant des étoiles frigorifiées par le gel des nuits d'hiver

C'est une odeur qui ne fait pas de bruit, ou si peu

Mais si vous avez l'oreille formidablement fine

Savourez ce petit bruit neigeux et feutré des grelots de pollen

Qui voltigent dans l'air,

Minuscules messagers du miel

Invisible vous dites ? Vous vous trompez.

C'est dans les Cévennes que je l'ai rencontré

Nue, sauvage, limpide

Elle avait des longs cheveux bruns rouille

Et des fleurs de genêts pour tout habillage

Blodeuwedd*, déesse celtique du mont Aigual

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Blodeuwedd* déess de la mythologie gaélique. Littéralement: "Visage de fleurs" 

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