Par Christine T. le dimanche 21 novembre 2021
Catégorie: Textes d'ateliers

LA ROBE ROUGE

Sous la pergola, une femme robe rouge mi mollet, les deux pieds parallèles, bien alignés derrière une ligne imaginaire. Le droit se soulève, la pointe vers le ciel, talon en bas. Le corps chancelle, le côté en appui titube et une ondulation dans le corps va chercher l'équilibre. Puis rotation de la cheville, le pied dessine un cercle dans l'air, la boucle de l'escarpin lance des lumières qui tourbillonnent dans la pièce. Claquement sur le sol, vibration du parquet, soubresaut de la jambe gauche, le pied à nouveau derrière sa ligne.

La femme robe rouge se relève. Les miroirs autour d'elle lui renvoient son image. Ils ne lui importent pas. Elle avance en regardant ses pieds, en écoutant le claquement sec de ses talons sur le parquet. Son cou gracieusement incliné vers l'avant est masqué par un épais chignon enroulé en torsade. Elle a posé les deux mains autour de sa taille et sent sous ses doigts l'ondulation de son corps. Arrivée au centre de la pièce, elle s'arrête, regarde le miroir qui lui fait face, qui la provoque peut-être. Alors elle se redresse, s'immobilise avec orgueil.

Puis elle lève ses deux bras dénudés, en enroule un autour d'une épaule imaginaire tandis que l'autre attrape une main invisible. Son cou s'incline sur le côté. Elle glisse d'un pas en avant et dedeux sur le côté, répète plusieurs fois le mouvement. Chaque pas est un élan dont la vitesse est contrôlée. Le geste est souple mais s'arrête brusquement, scandé par le claquement des talons. Maintenant qu'elle a commencé, la robe rouge se déploie dans l'espace, virevolte dans des cercles de plus en plus larges. Ses pas s'allongent, et sa cuisse franchit de plus en plus souvent la fente de la robe. Aucune note de musique ne trouble le silence. Seuls le martèlement des pieds et le froissement à peine perceptible du tissu. Et puis son souffle, de plus en plus fort qui se met à remplir la pièce lorsque enfin elle s'arrête. Sa poitrine se soulève, son visage ruisselle mais le miroir l'approuve, alors, enfin, elle sourit.

Anne-Marie et Christine. 

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