Par Brigitte V. le mercredi 1 décembre 2021
Catégorie: Textes d'ateliers

Aspara

Le soleil s'éveille doucement, les premiers rayons sont déjà brûlants, la journée sera caniculaire. 

Après plusieurs heures de piste, nous voilà enfin arrivés à l'entrée du canyon, dans lequel elle se niche : APSARA, la cité de sable pétrifié.

 Une foule de véhicules patientent en file indienne, devant l'entrée.

 Notre tour arrive, et après avoir réglé le montant requis, nous passons enfin la barrière qui donne accès au canyon.

 La route est très ensablée, et seuls les guides chevronnés savent manœuvrer leurs 4X4 pour éviter l'enlisement.

 Nous roulons dans un sable lourd encore mouillé de l'humidité nocturne, et petit à petit le décor devient époustouflant.Sous un ciel bleu éclatant, surgissent en majesté d'immenses dunes de sable rouille, dont les reflets d'or scintillent au soleil. Le sol est une étendue de sable blanc comme le gypse. De grandes plaques de sel apparaissent ci et là entre les dunes, des troncs d'arbres pétrifiés tels d'immenses silhouettes implorant le ciel, figées pour l'éternité,

 Tant de sérénité me laisse muette et je n'entends plus les explications de notre guide.

 Nous roulons depuis 3 heures, 45 kms, puis soudain à l'horizon les contours d'APSARA se dessinent.

 Son origine est incertaine car les historiens ne tiennent pas le même discours, mais il semblerait que la cité ait été érigée au 16ème siècle par un empereur pour y loger sa famille. A la mort de ce dernier, la citée fut désertée. Depuis 50 ans le gouvernement en a entrepris la restauration afin de redonner vie à ce lieu unique, classé depuis 1978 au patrimoine mondial de l'UNESCO.

 Je fais face à un immense mur, rempart de protection, sur lequel trônent les vestiges de ce qui aurait pu être une tour de guet ; j'escalade un petit muret pour parcourir le paysage et j'imagine la poussière au loin annonciatrice de hordes d'envahisseurs ou peut-être d'animaux sauvages, nombreux dans cette région.

A l'intérieur une immense place, d'où jaillissent de ci delà quelques carcasses d'arbres pétrifiés cernés par des buissons d'acacias ; on peut imaginer que jadis les femmes assises à même le sable passaient leur journée à palabrer, tout en préparant les repas et surveillant les innombrables enfants qui couraient et jouaient.

Disposées tout autour de l'atrium, les appartements composés de pièces uniques abritaient la famille de l'empereur. Avec le temps et les nombreuses tempêtes, le sable a adhéré aux murs faits de bouse de vache séchée, donnant à la citée une couleur rouge ou or, selon l'orientation du soleil. Partout au sol, le sable mélangé au mica scintille comme si des milliers de petites pierres précieuses avaient été semées.

Nous déambulons dans toutes les pièces, imaginant la vie de ces habitants. Aucune fenêtre, juste une ouverture pour l'entrée, et des plafonds assez bas, ce qui laisse penser que ses occupants étaient de petite taille. Je fais le tour des bâtiments et me retrouve à l'arrière dans un grand espace autrefois dédié à la protection des dromadaires.

Le soleil commence à tourner ; les murs de sable rouge changent de couleur et deviennent petit à petit ocre.

Notre temps de visite arrive à échéance ; il est temps de partir.

APSARA s'éloigne doucement au fur et à mesure que nous roulons.

A cette heure de la journée, la couleur des dunes est passée du rouge au jaune ocre, vision certes moins spectaculaire que ce matin, mais toujours aussi grandiose, baigné par une chaleur accablante.

Le contrôle pour la sortie du canyon est assez rapide, les rangers devant s'assurer que tout véhicule entré ce matin soit bien ressorti avant 17H.

Tous les jours une multitude de touristes du monde entier viennent visiter APSARA, la cité de sable pétrifié; une aubaine pour les autochtones habitant à proximité, tous convertis dans la vente de souvenirs, soit disant fait de manière artisanale, mais qui en réalité proviennent pour la plupart d'un grand pays d'Asie.  

Après l'agitation de la journée, le canyon et les animaux profitent enfin du calme, du silence et de la fraîcheur que leur offre la nuit.

Article en relation

Laissez des commentaires