Par sylvieB le dimanche 4 avril 2021
Catégorie: Textes d'ateliers

A partir des 2 photos proposées et de l'incitation "écrire l'instant"

Photo 1

… crime de guerre, règlement de compte ? Une fraction de seconde. Une éternité.

Le gars va tirer, non, d'ailleurs il tire, la détonation résonne dans cette rue vide, se répercute dans chaque balcon, chaque vitre, elle claque, déchire le calme, dérange l'air. L'homme au bras tendu, placide, déterminé, tire bras tendu comme on décoche une flèche ! Il tient un Smith & Wesson calibre 38, une petite arme de poing, celle des gangsters, maniable, légère, il dégaine, ajuste, tire. L'ombre des branches sur l'asphalte démultiplie le coup de feu, l'amplifie. L'air vibre. La balle ? invisible. Elle a déjà transpercé le crâne, n'est pas ressortie, un léger halo nimbe la tête. L'homme en bras de chemise tire et le jeune homme en chemise à carreaux, entravé, col béant, plisse les yeux, ses lèvres entrouvertes n'esquissent pas même un cri, une protestation. Sa tête s'incline légèrement à la douleur qui le traverse, le pan de sa chemise s'écarte doucement, imperceptible vacillement. Plutôt que de figer l'instant, l'espace qui sépare le canon de l'arme de la tempe de la victime piège une durée, une éternité. Sidération. Silence. La mort ne fait jamais de bruit.

Photo 2

C'est la fable du loup et de la marmotte, c'est une fable quotidienne qui se joue au ras de l'herbe, parmi les cailloux. La marmotte est sortie, tranquille, le loup, attend, à l'affût.

Non ! c'est l'histoire de deux stars, le loup et la marmotte, le scénario qui les met en scène est celui de l'éternelle prédation. On leur a demandé de forcer un peu le trait pour être crédibles.

C'est un matin humide, frais, vaguement gris, la brume ne s'est pas encore dissipée. Deux silhouettes émergent. L'une ramassée, l'autre raidie, tension extrême, suspens des membres, sidération de la marmotte, frôlement du loup, patte en avant, oreilles dressées, prêt à bondir, aucune interrogation, son regard dit l'assurance. Le cri de la marmotte reste entre ses dents, sa bouche démesurément béante est muette, ses griffes acérées s'écartent d'impuissance, le poil hérissé, le regard vide, halluciné, elle vacille. Jaillissement de l'effroi. Imminence de l'attaque.

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